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CLOPÉDIE SCIENTI IQUE
BLIÉE SOUS LA DIRECTION DU D: TOULOUSE
V
BIBLIOTHÈQUE DIRECTEURS
Prof" I. LECOMTE et L. MANGIN
Utilisation
s Aloues Marines
CAMILLE SAUVAGEAU
Gasron DOIN ET C*, ÉDITEURS A PARIS
Gaston DOIN, éditeur, 8, place de l'Odéon, Paris.
ENCYCLOPÉDIE SCIENTIFIQUE
. Publiée sous la direction du D' TOULOUSE
BIBLIOTHÈQUE
DE BOTANIQUE APPLIQUÉE
Phanérogames Cryptogames
— ms
Directeur : H. LEGOMTE (| Directeur : L. MANGIN
Membre de l’Institut Membre de l'Institut
Professeur au Muséum d'Histoire Directeur du Muséum d'Histoire
naturelle, naturelle
* Les ouvrages qui doivent composer cette série sont aussi
_ nombreux que variés et leur liste, qui est un véritable pro-
gramme, est loin d’être actuellement aussi complète qu'elle
pourrait l'être.
C’est qu’en effet la botanique forme la base d’une multi-
tude de sciences spéciales qui empruntent leurs matériaux
d'étude au monde des plantes et qui ne peuvent, sans la
17 ENCYCLOPÉDIE SCIENTIFIQUE Fe
connaissance des végétaux, acquérir de la précision | atde
l'intérêt.
Comment serait-il possible, en effet, de fie connaître les +4
bois industriels, les céréales, les arbres fruitiers, les plantes des Pa D:
jardins et des serres, les plantes à caoutchouc et à quitta, les
plantes médicinales, les palmiers, les arbres des forêls et des
ne #3
squares, les épices, etc., sans grouper méthodiquement les 4
plantes à étudier et sans fournir au lecteur leurs caractères
biologiques et taxinomiques ?
L'étude des plantes n'intéresse pas seulement le botaniste,
# ru a
mais aussi tous ceux, horticulteurs, industriels, commer- Le
çants ou simplement amateurs, qui recherchent, dans le * 4
monde si varié des végétaux, la source de leurs intérêts ou la
satisfaction d’une légitime curiosité.
La Bibliothèque de Botanique appliquée Rs à donc.
une série importante d'ouvrages relatifs aux diverses plantes 3
5 % nt “4
utilisées par l’agriculture, l’industrie ou l’horticulture, de- 1
d 4 d ] f x e F ill ( ne.
puis ies modestes plantes fourragères qui eémaillent nos
prairies ou les plantes potagères cultivées dans nos jardins, be
#
jusqu'aux arbres qui peuplent les forêts ou les squares et les”
plantes de grande culture comme le riz, le caféier, la canne
à sucre ou le cotonnier, qui sont une source permanente
d’activité et de richesse pour la métropole et pour les colonies.
-BOTANIQUE APPLIQUÉE III
Cette série ainsi comprise, constituée par des ouvrages
éminemment variés au point de vue des matières traitées,
mais prenant toujours dans la connaissance des plantes une
base solide et nécessaire s'adressant à la fois aux botanistes,
au public instruit, aux agriculteurs, aux industriels, aux
commerçants et aux coloniaux, rédigée par des spécialistes
et des savants connus, est appelée, nous l’espérons, à rendre
_ de réels services et à prendre place dans la bibliothèque de
tous ceux qui ne séparent pas des progrès de la science le
développement ininterrompu des rs de Pidustie et de
l’agriculture.
Les volumes sont publiés dans le format in-18 jésus; ils forment chacun
de 300 à oo pages avec ou sans figures dans le texte. Le prix marqué de
chacun d'eux, relié toile, est fixé, quel que soit le nombre de pages, à 7 fr. 50.
Chaque ouvrage se vend séparément,
Voir, à la fin du volume, la notice sur l'ENCYCLOPÉDIE
SCIENTIFIQUE, pour les conditions générales de pu-
blication.
TABLE DES VOLUMES
ET LISTE. DES COLLABORATEURS
D
Les volumes parus sont indiqués par un *
PHANÉROGANES
UE, . Les Céréales indigènes et exotiques.
2. Les Plantes potagères.
ne Les Plantes à tubercules alimentaires, par M. H. Jumerre,
. _ Professeur à à la Faculté des Sciences de Marseille.
1 Les Plantes fourragères, par M, Gacxepaix, Assistant au
Muséum.
à 5: La Vigne.
acts Les Arbres fruitiers indigènes et exotiques.
Los Les Arbres des forêts et des squares, par M. Pécuouree,
Professeur au Lycée Louis-le-Grand.
8. Les Plantes à sucre.
:9 9. Café, cacao, thé, par M. H. Juwerte,
10, Les Épices.
Us, Les Plantes médicinales, par M. Janin, Professeur à l’École
A de Pharmacie de Strasbourg.
| ia, Le Tabac.
ii ÉA Les Plantes à parfum, par M. Janix.
14. Les Plantes textiles, par M. Beauvene, Professeur à la Fa-
d RES des Sciences de Clermont- Ferrand. |
=
Q9
ENCYCLOPÉDIE SCIENTIFIQUE
. Les Bois industriels, par M. Brauvenie.
. Les Plantes à gommes et à résines, par M. Jacos pe Cor-
pEmoy, Chargé de Cours à l'Ecole de Médecine de Marseille.
. Les Plantes à caoutchouc et à gutta-percha.
. Les Palmiers, par M. Garix, préparateur à la Sorbonne,
. Les Plantes des jardins.
. Principales Plantes de serres.
. Les Plantes oléagineuses, par M. Duran».
CRYPTOGAMES
. Utilisation des Algues marines, par M. C. Sauvaceau, de:
_fesseur à la Faculté des Sciences de Bordeaux.
. Culture et utilisation des Champignons.
. L'utilisation des Bactéries.
| D SCIENTIFIQUE
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION
joe Hautes-É tudes.
Secrétaire général : H. PIiÉRON.
Ù Phanérogames Cryptogames
: : H. LECOMTE
Membre El ra
Directeur : L. MANGIN
Membre de l'Institut
Directeur du Muséum d'Histoire
à naturelle
AR
‘ UTILISATION
DES ALGUES MARINES
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ILISATION
DES
l
PAR
Camille SAUVAGEAU
_ CORRESPONDANT DE L'INSTITUT
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE BORDEAUX
Avec 26 figures dans le texte
«<
PARIS
LIBRAIRIE OCTAVE DOIN
GASTON DOIN, Eptrreur
8, PLACE DE L'ODÉON, 8
1920
he Aie Tous droits réservés
LOUES MARINES
MMaiRE. — Mode de vie des Algues marines. — Importance des
Igues dans la classification botanique. — Intérêt de leur étude
Fi scientifique. — Livres où elles sont décrites — Leur nomencla-
_ ture. — Plantes marines autres que Îles Algues — Substances
L _ que: renferment les Algues ; leur analyse chimique et causes bio-
os des erreurs. — L’iode et le brome dans les plantes ma-
; ines. == - Goémon et Varech.
2 INTRODUCTION
D’autres, qui ignoraient tout de la mer, s’étonnèrent | "
qu'elle ne fut pas mieux exploitée : jai moi- même | reçu. : |
plusieurs lettres se résumant en ceci : La mer contribue
largement à l'alimentation de l'homme en lui fournissant |
d'excellents poissons, crustacés et mollusques ; pourquoi
laisse-t on perdre les Algues marines qui abondent sur
nos côtes au lieu de les utiliser pour notre nourriture?
Certains se posaient simplement la question a priori, sans
se demander si nous utilisions, au mieux de nos intérêts,
les Fan terrestres sauvages autrement plus faciles à
récolter et à préparer que les plantes marines. &
Sur ces entrefaites, l’Intendant militaire ADrxaN, préoc- LE
cupé de la nourriture des chevaux de l’armée, essaya de
leur faire manger des Laminaires qui avaient été indus-
iriellement et chimiquement traitées pour en retirer les
sels et, après réussite, il annonça que ces Laminaires
pourraient avantageusement, au moins dans une certaine
proportion, remplacer l'avoine. Cela fit naître l'espoir
que la crise de l’avoine, particulièrement intense en 1915
et 1918, était résolue. Certains pensèrent aussitôt à fonder
des usines pour tirer profit de l’idée d’Aprrax ; d’autres
parlèrent de culuiver les Laminaires comme on AE les
Huitres et les Moules. Les Algues marines leur parais-
saient devoir jouer un rôle aussi important dans l’alimen-
tation humaine ; elles devaient pourvoir à bon marché à
tous nos embarras alimentaires. En présentant au grand
public les résultats obtenus par AprrAN, un savant très
connu disait d'une Laminaire boréale qui descend sur nos
côtes de la Manche, l’Alaria esculenta, qu'elle est l'ah-
INTRODUCTION | »
dinaire (sic /) des populations littorales de l'Ir-
e l'Ecosse, du Danemark, des Feroë et cela, heu-
nt pour ces populations littorales, est considéra-
exagéré. De pareilles a faussent le
, _. du pres
bus Eu et de le économie rurale, . encore au
point de vue industriel, car les américains, après avoir
temps négligé cette source de revenus, l'ont récem-
mn. étudiée Re ER el ui vouloir
e ir les résultats déjà obtenus par eux, il ne paraît
as inutile non plus d’ es pourquoi les conditions de
1 INTRODUCTION
»
celte exploitation seraient moins rémunératrices en France
qu'en Amérique.
Quelques remarques préliminaires s'imposent.
Si l’on veut non pas se borner à des études de labora-
toire ayant un intérêt purement scientifique, mais établir
des faits pratiques, économiquement ou industriellement,
il faut tenir compte des conditions dans lesquelles se pré-
sentent les Algues marines, conditions bien différéntes de
celles auxquelles les plantes terrestres nous ont habitués,
et qui peuvent en rendre l'exploitation ou trop difficile,
ou trop onéreuse, ou trop intermittente. |
Les Algues vivent sur les rochers ou sur les pierres que
couvre la mer, dans des eaux propres et soumises à une
certaine agitation ; les plages sableuses, les eaux tran-
quilles ou malpropres, ou mélangées d’eau douce, sont
quasi stériles ou n'abritent qu’un petit nombre d'espèces.
Dans la Méditerranée, la récolte à la main se limite donc
à celles qui sont voisines de la surface. Sur les côtes de
l'Océan, on atteindra à la main toutes celles que découvre
la marée ; ici, la possibilité et l'abondance de la récolte
dépendront de la pente de la côte, de l'amplitude de Ia
marée au point considéré, des périodes de morte eau et
de vive eau. En outre, la plupart des espèces d'Algues
vivant à un piveau vertical déterminé,f caractéristique
pour chacune d'elles, telle espèce sera accessible chaque
jour, telle autre, qui vit plus profondément, ne sera acces-
sible qu'aux marées de syzygies ou même aux marées
d'équinoxe ; la récolte de ces dernières, à moins qu'elle
sk la Fes chez ce un pigment
mentaire . ou rouge, dont l’abondance varie
es Pa définis Bree et non d'après leur
D S us qui, outre ces caractères
6 INTRODUCTION
générale des végétaux, les Thailophytes s sont opposés 4
trois autres embranchements de même importance théo—
rique : Muscinées, Gryplogames vasculaires et Phané PoE
games. C'est tout au moins ainsi que la plupart de “+
livres d'enseignement tn en France divisent le règne
végétal. Ge système n'a d'autre valeur que sa
il est vieillot et donne une idée inexacte de l'importance 1
relative des groupes. Re”
D'apparition relativement récente sur le globe, les Dhs
nérogames sont dans leur plein épanouissement et cons- et |
tituent un ensemble assez homogène : les Algues sont
plus anciennes et celles que nous voyons sont les restes .
d'un monde plus vaste ; leur ensemble est hétérogène ; _
l’organisation anatomique des Algues est moins complexe
que celle des Phanérogames, mais les phénomènes de a.
production y sont infiniment plus variés ; ils sont même
très différents entre deux groupes d’Algues auxquels on
n’accordait pas autrefois plus d'importance taxinomique %
qu'à deux familles de Phanérogames. Tandis que nos #
connaissances progressaient, on a donc essayé d'établir n.
une classification tenant mieux compte des rapports ek 2
des différences ; naturellement, on ne fait rien de définitif 524
dans cette voie, on cherche seulement à faire mieux que :
les devanciers. Plusieurs auteurs allemands de traités gé-
néraux, comme Exczer (Syllabus), Scuexx (Lehrbuch de 1
STRASBURGER) admettent une douzaine d’embranchements
dans le règne végétal au lieu de quatre, et cela est autre- ni
ment plus suggeslif; pour eux, et je suis entièrement dæ e.
_leur avis, la totalité des Phanérogames continue à former Fi
INTRODUCTION 9
._ un seukembranchement, landis que les Algues proprement
… dites, c’est-à-dire en dehors des Flagellés, des Diatomées
_ et des Characées en constituent quatre : les Conjuguées
_ qui sont toutes des Algues d'eau douce {Spirogyra), les
_ Algues vertes ou Chlorophycées (Vaucheria, ŒEdogonium,
Fe Ulva, Enteromorpha), les Algues brunes où Phéophycées
(Chondrus, Gelidium, Rhodymenia), la couleur que ces
noms mentionnent n'étant qu'un accessoire dans leur ca-
…_ ractéristique botanique. Cette interprétation est un no-
table progrès sur l’ancienne manière de voir. Elle n’em-
- pêche pas, d’ailleurs, que le terme collectif Algues con-
…_ tinue à désigner, dans le langage courant, l'ensemble des
plantes à chlorophylle rangées dans l'ancien groupe des
Thallophytes. On devra toutefois se souvenir que le groupe
… Algues est hétérogène, que par suite ce qui, au point de
_ xuedes propriétés économiques ou de l’utilisation, s’appli-
querait à telle ou telle Algue ne s'appliquerait pas néces-
sairement à telle ou telle autre.
Par leur pigment supplémentaire brun ou rouge, les
Algues marines affectent donc des teintes variées. Or,
l’eau absorbe inégalement les diverses radiations lumi-
neuses. Quand un faisceau de lumière solaire traverse une
épaisse couche d’eau, non seulement il s'atténue gra-
duellement, mais il perd en route peu à peu ses consti-
tuants ; l'absorption se fait dans l’ordre des couleurs du
spectre, les rayons rouges sont absorbés les premiers,
puis les rayons orangés et ainsi de suite jusqu'au violet;
plus bas, aucune radiation lumineuse ne pénètre et, les
. (Æucus, Laminaria), les Algues rouges ou Floridées
8 INTRODUCTION
nee ne pouvant vivre à l'obscurité, la végétation cs
à une certaine profondeur qui d'ailleurs varie suivant les DE:
localités ; il y a des eaux plus transparentes que d' autres. LEE:
La mesure des radiations qui pénètrent à telle ou telle pro=
fondeur présente des difficultés ; toutefois, les Algues qui
vivent dans l’eau à une profondeur donnée ne recevront
pas, on le conçoit, une lumière de même compositionque
celles d'un niveau plus haut ou plus bas. Or, les solu-
tions simples obtenant souvent du succès, même quand
elles ne sont pas exactes, parce qu’elles évitent de cher-
cher davantage et de réfléchir, on voit encore dans les
livres, et sous l'influence d'ExGEzmANx, que le pigment
superposé au pigment vert permet à la plante d'assimiler
aux dépens de radiations qui parviennent profondément
et inutilisables par la chlorophylle, que, par suite, ce
pigment supplémentaire règle la distribution verticale des
Algues marines. On a ainsi parlé de bandes successives de
végétation marine, verte puis brune et inférieurement
rouge, qui se partageraient les rochers littoraux et sublitto-
raux. Cela est considérablement exagéré". Il est cepen-
dant exact que, en général, les Algues rouges dominent
ou sont presque exclusives à une certaine profondeur.
D'ailleurs, Kvuix a montré que les pigments supplémen-
taires sont moins uniformes qu’on le croyait?, et l’obser-
vation dans la nature démontre qu'ils favorisent l'utilisa-
1C. SauvAGEAU, — Sur la coloration des Floridées, Comptes rendus
de la Société de Biologie, t, LXIV, Paris, 1908.
2 Harald Kyrin. — Ueber die pe be der Florideen und Cyanophy-
seen, Svensk Botanisk Tidskrift, t,. VI, Stockholm, 1912.
PATTIR
Care bia dr" à haie
SI ue spécifiques comme ils ont une forme spéci-
: rs et ee les Se qui ne e reposent io sur
2
sont pas les mêmes que celles des ré gions t
golfe de Gascogne, de Bayonne à Saint-Sébastien
tion nr est très étendue, ce sont 1 1
10 en FO RUE &
Pre
nière ne avec les chraaté 1 Akon
des régions lropicales et, dans des limites pl ur S] re
celle du nord de l sa est toute différente Re
contraire, la rive anglaise et la rive française de la Man
ont presque toutes leurs espèces communes.
Certaines espèces s'accommodent de condition à
re D'autres sont cantonnées dans des
1C. Sauvaceau. — Note préliminaire sur les Ale n
golfe de FR Journal de Botanique, t. XI, Pas Ex
INTRODUCTION 11
_ pratique ; } aime à espérer cependant que leur vanter les
avantages intellectuels de la science pure et de la re-
cherche désintéressée serait inutile. Néanmoins, je puis
bien dire que rien n’est agaçant comme d'entendre des
personnes, ignorantes et prétentieuses, après avoir insisté
pour visiter des Laboratoires, après avoir vu un algologue
penché durant de longues heures sur son microscope et
lui avoir posé diverses questions saugrenues, finir par
poser celle-ci : « Mais, à quoi cela sert-il, tout ce que
vous faites-ià ? » Plusieurs l'avaient déjà posée à l’un de
mes amis ; il avait essayé de faire comprendre que tout
se tient, qu'une découverte aujourd’hui sans importance
pratique peut en acquérir beaucoup dans l'avenir, que
presque toutes les découvertes dont nous profitons dans
la vie courante ont eu pour principe des expériences dé-
sintéressées de laboratoire ; mais ceux qui l’interrogeaient
aussi naïvement étarent généralement incapables de com-
prendre sa réponse. Un jour, mon ami impatienté répon-
dit brusquement à une dame : « Gela sert, Madame, à
_ prouver que l'homme descend du singe » ; la dame qui
avait des prétentions à une lignée plus distinguée fut
suffoquée, ne sachant si elle devait prendre cela pour une
impertinence personnelle. C'était cependant exact: on
n'arrive à posséder des notions sur la filiation ou la des-
cendance des êtres dans la suite des temps qu'en étudiant
dans leurs moindres détails ceux que nous offre la nature,
et les êtres inférieurs sont pour cela d'excellents sujets
d'études. |
Mon ami aurait pu répondre : « Si l’homme parvient
RER —"= = —
PRES A 1 A Er
boutade, Le mystère de la fécondation a toujours Be
cupé les-humains. Aussi longtemps qu’ils bornèrent leurs
études à l’homme et aux animaux supérieurs, als Pa
arrêtés dans leurs observations et réduits à des supposi= 4
tions. C'est l’algologue Taurer qui, en 1853, vit pour la
première fois en quoi consistait une fécondation, et cela
précisément chez le Fucus serratus (fig. 5) que nous.
citerons plus d’une fois à propos de son utülisation…
comme engrais. Et depuis que Tuurer a indiqué la voie,
rien n’est plus facile à vérifier ; il suffit d’avoir des Fucus
filles, il | le un aux ou ». Et ceci i n'est ee
Li
À
frais, un peu d'eau de mer et un microscope. Lesindi-
vidus de Fucus serratus ou de Fucus vesiculosus sont les
uns mâles, les autres femelles ; exposés à l'air humide,
les premiers laissent sortir par les orifices de leurs con-
ceptacles une gouttelette rougeâtre épaisse, les seconds,
dans les mêmes conditions, une gouttelette brune. A
l'aide d’une aiguille, mettez un peu de chacune de ces
gouttelettes dans une goutte d’eau et regardez au micros-
cope ; ce qui était brun se dissocie en grosses masses.
sphériques, foncées, opaques, sans motilité, ce sont les:
éléments femelles ;: ce qui était rougeàtre se dissocie en à
#
#
innombrables corpuscules, très petits et très agiles, qu
courent rapidement dans l’eau, ce sont les éléments mâles
ou anthérozoïdes ; ils s'orientent bientôt dans leur mou-
vement, comme si les éléments femelles les attiraient,
tournent tout autour, luttent entre eux à qui s’en rappro-
chera le plus et y pénétrera. Il y a beaucoup d'appelés,
6: ci
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INTRODUCTION A de
ne = femelle: il remplit son rôle fécondateur en se fusionnant
avec lui. Dès lors, l'œuf est constitué, il s’entoure aussitôt
- rozoïdes qui n’ont pas trouvé à s’employer courent vers
_ un autre élément femelle: tous les éléments femelles sont
_ ainsi fécondés, tandis qu'une multitude d’anthérozoïdes
_ meurent sans avoir pu Jouer leur rôle. L'expérience est
donc très simple, mais il fallait penser à la faire, savoir la
faire et savoir pourquoi la faire. Si vous n'avez pas de
_ microscope, vous pouvez cependant constater indirecte-
_ ment la fécondation : Remplissez une assiette d'eau de
. mer, agitez-y un instant une extrémité fertile mâle et
une extrémité fertile femelle du Fucus et abandonnez
l’assietie près d’une fenêtre ; vous ne verrez pas les anthé-
rozoïdes, ils sont trop petits ; si vous avez de bons yeux,
vous pourrez voir les éléments femelles tomber sur le
fond de l'assiette où ils seront fécondés ; ils deviendront
chaque jour plus visibles parce que ce sont désormais des
embryons qui grossissent et se cloisonnent, et bientôt
_ vous obtiendrez des miniatures de Fucus. Il ÿ a bien eu
__ fécondation, et elle est nécessaire; en effet, prenez trois
- assiettes d’eau de mer au lieu d’une; dans l’une faites
_ comme il vient d’être dit : dans la seconde, agitez seule-
ment un sommet mâle, dans la troisième seulement un
sommet femelle ; la première assiette seule vous donnera
rte jeunes Fucus : dans les deux autres, les éléments
_ sexués périront sans germer. |
| Cette expérience de Tuurer eut un énorme retentisse-
_ maispeud élus ; un seul réussit à pénétrer dans l'élément
_ d'une membrane protectrice, va germer; les anthé-
14 INTRODUCTION
ment; l’auteur accompagna sa narration de dessins
d’une rare perfection qui devinrent aussitôt classiques.
Cependant, la plante choisie par Taurer n’est pas par-"
faite à tous égards ; l’opacité et la grosseur de l'élément
femelle, le nombre des anthérozoïdes qui s’agitent au-
tour, la rapidité de la fusion, empêchent de saisir la pé-
nétration. |
Peu de temps après, en 1856, un autre ie
PrixGsHeiM, s'adressant à une petite Algue verte des
ruisseaux d’eau douce, l'OŒEdogonium, en apparence insi-
gnifiante, bien que de. sexualité hautement diflérenciée,
et où la disposition sexuelle est plus favorable à l'observa-
tion, vit l'anthérozoïde pénétrer dans l'élément femelleet
se fondre avec lui. La démonstration était complète. De-
puis, la fécondation a été vue et étudiée chez bien d’autres
Algues et chez de nombreux animaux. On conçoit que
des plantes ou des animaux inférieurs, où la fécondation
se prête à l'observation directe, où les éléments sexuels se
laissent manipuler, où les embryons se laissent cultiver
dans des conditions que l’expérimentateur fait varier à
son gré, puissent fournir la solution de problèmes que
l'on chercherait vainement à résoudre chez les animaux :
supérieurs et chez l'homme. |
Toutes ces études sont d’un intérêt captivant, elles né-
cessitent naturellement un travail préliminaire d’initia-
tion ; or, les espèces d'Algues marines sont nombreuses
et avant d'étudier leur biologie il faut savoir trouver dans
les livres le nom qui leur a été donné, autrement dit en
faire la détermination. Malheureusement, bien que la
«
France ait produit des algologues de grande valeur, nous
_ sommes très pauvres en ouvrages de détermination.
L'Atlas d'Harmor (Atlas des Alques marines les plus ré-
_ pandues des côtes de France, Paris, 1892) est tout à fait
insuffisant ; la compétence ne manquait pas à son auteur,
il faut sans doute incriminer les conditions imposées par
l'éditeur. La Florule de Drray, bien que dépourvue
d'illustrations, peut rendre de grands services (Florule des
Alques marines du nord de la France, Bulletin scienti-
_ fique de la France et de la Belgique, t. XXXII, Paris,
1899). Les Anglais se plaignent parfois de manquer de
Jivres et cependant ils sont beaucoup mieux partagés que
nous ; le Phycoloqia britannica de Harvey, en 4 volumes
illustrés (Londres 1846-1851), est classique, de même
que le résumé de ce ivre, À manual of the british marine
Algæ, 2° édit., Londres, 1849. Avant Harvey, GREVILLE
avait publié un excellent livre, Algæ britannicæ (Edim-
. bourg, 1830) où beaucoup d'espèces sont bien figurées.
Joaxstons et Croazz ont publié aussi un traité en 4 vo-
lumes (The nature-printed British Sea-weeds, Londres,
1860) où les espèces britanniques sont remarquablement
figurées, par un procédé spécial ; le texte est inspiré de
Hanvex. Les Anglais possèdent encore un ouvrage illustré
plus réduit, British Sea-Weeds (Londres, 1867), par
Gray qui rendra service à défaut des précédents. Le lec-
teur français doit recourir à ces livres anglais ; tous sont
malheureusement un peu anciens et, la science ayant pro-
gressé depuis leur impression, bien des noms génériques
_ sont à changer. Le traité de Haucx (Die Meeresalgen
INTRODUCTION 15.
16 INTRODUCTION .
Deuischlands und OŒEsterreichs, Rabenhorst's Kryptogamen
Flora, Leipzig, 1885), est bien fait, mais s'applique seule-
ment aux espèces de la mer du Nord et de l'Adriatique.
Outre le livre de Haucx, on déterminera les plantes mé-
diterranéennes à l’aide du Phycologia mediterranea (Wa-
rese, 1886), par AnDissoxe, en Italien et sans figures, et
"à l’aide des Algæ, par Prepa (1909) du grand ouvrage
italien Flora ilalica cryplogama, édité par la Société bota-
nique italienne. Enfin, les livres suivants sont des ouvrages
d'ensemble utiles plutôt aux spécialistes : KürzmwG,
Tabulæ phycologicæ, J."Acarou, Species Algarum, De
Ton, Sylloge Algarum, Exccer et Pranrz, Die natürli=
chen Pflanzenfamilien. À un autre point de vue, pour se
mettre au courant de l'anatomie, de la physiologie, de la
biologie des Algues en général, on consultera avantageu-
sement Ocruaxxs, Morphologie und Biologie der Algen,
Téna, 1904, 2 volumes.
Si, enfiñ, l'on veut parler de telle ou telle Algue ou
lire ce qui la concerne dans un ouvrage botanique, 1l faut
savoir, et certains auteurs d'articles de vulgarisation
semblent l'ignorer, qu'au début du xix° siècle, le nom
générique de Fucus s’appliquait à toutes les Algues ma-
rines de consistance ferme ; on en distinguait déjà
quelques centaines, bien que les explorations géogra-
phiques et les études locales attentives n'eussent pas en-
core fourni le grand nombre d'espèces qu'elles ont révélé.
Etudier tous ces Fucus de plus près fut un travail.cousi=-
dérable, long et délicat, œuvre d’une pléïade de bota-
nistes ; en y reconnaissant des affinités diverses, on put y
| dr
Mi PE CE
CT —
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ni
ie al LE tË \
Leu Tens DPI RE
TR PET € 2% 14
INTRODUCTION 7
= habhir de bin ples coupures qui nécessitèrent la cr éation
_ de noms nouveaux pour désigner des genres extraits de
_ ce capharnaüm, et le Dei de Fucus est actuellement ré-
_servé à un tout petit groupe d'Algues comprenant peu
. d'espèces ; c’est ainsi que les noms de Fucus vesiculosus
et Fucus serratus, créés par Lixxé, désignent encore des
_ plantes bien caractérisées, abondantes sur nos côtes: la
PR des autres Fucus européens ont changé de nom.
Il ne faut donc pas citer comme s'appliquant à deux
espèces distinctes des noms tels que Fucus crispus et
_ Chondrus crispus ou bien Fucus saccharinus et Lamina-
É ria saccharina... etc. ; le premier nom est périmé, le
second est seul en usage parmi les initiés. Certaines
espèces ont même appartenu à plusieurs genres parce que
la notion de genre se perfectionne progressivement ; ainsi,
avant la création du genre Chondrus, le Fucus crispus fut
placé pendant un certain temps parmi les Sphærococeus,
qui constituaient alors un genre trop vaste, et on l'appe-
_ lait Sphærococcus crispus, nom relégué aujourd'hui
parmi les synonymes.
La mer nourrit aussi une trentaine d'espèces de Phané-
rogames, nombre infime en comparaison de celui des
Algues, ayant chacune une large répartition géographique
et couvrant parfois de vastes étendues. Tandis que les
Algues sont saxicoles ou épiphytes, les plantes à fleurs
vivent sur des sols sableux ou vaseux que fixe leur tige
traçante. Celles qui habitent nos pays, Zoslera marina L.
Z. nana Roth, Cymodocea æquorea Kün. (C. nodosa
Aresch.) et Posidonia Caulinu Kün. (P. oceanica Del.), ces
18 INTRODUCTION
deux derniéres méditerranéennes, et aussi la plupart des.
autres, ont des feuilles longues, étroites, à nervures pa-
rallèles, rappelant les feuilles des Graminées. On ne peut
les confondre avec des Algues, mais on pourrait les
confondre entre elles ; toutefois, l'étude anatomique
permet toujours de les séparer '. Les botanistes consi-
dèrent les Algues comme un groupe primitif et très an—-
cien dont l'existence fut toujours aquatique, tandis que
les Phanérogames marines résultent d’une adaptation
relativement récente de plantes terrestres à la vie aqua-
tique.
Toutes ces plantes marines, Cry Hu ou Phanéro-
sames, renferment dans leurs tissus une forte proportion
d’eau, variable avec les espèces, qui oscille autour de 8o ?/,
et atteint même parfois 95 ‘/,; on comptera donc, d'une
manière générale, qu'il faut en retirer de la mer et trans-
porter à terre cinq fois le poids utile; autrement dit,
pour obtenir 100 kilogrammes de plante sèche, 1l faut
transporter à terre 500 kilogrammes de plante fraîche
renfermant 400 kilogrammes d’eau et même davantage
si l’on tient compte du liquide adhérent entre les Algues
entassées au sortir de la mer. Celte énorme quantité
1C SauvacEau. — Sur les feuilles de quelques Monocotylédones
aquatiques, Annales des Sciences naturelles, Botanique, sér. 7,
t. XEIE, Paris, 1891.
C.-H. Osrexrezp (Sea-Grasses, in Report on the Danish oceano-
graphical Expeditions 1908-1910, Copenhague, 1918) a récemment
publié des cartes indiquant la distribution géographique de cha-
cune de ces espèces.
#
e
«
INTRODUCTION 19.
: d’eau grève leur exploitation de frais considérables qui
:: ‘ajoutent à à l'inconvénient de l intermittence de la récolte
_ mentionné plus haut.
_ Toutefois, celte énorme proportion d’eau permet aux
. Algues marines d’accumuler dans leurs cellules, à l’état
_ dissous, les matières chimiques qui en font la valeur.
_ Bien que vivant dans un milieu de composition peu va-
- riable, où elles puisent tout ce qu’exigent leur existence
_eb leur croissance, puisqu'elles n'empruntent rien au
support, elles absorbent néanmoins les sels de l’eau de
mer dans une proportion sans rapport avec sa composi-
tion centésimale ; les Laminaires, par exemple, emma-
gasinent plus de sels de potassium que de sodium, et les
cellules de certaines espèces accumulent de l’iode, bien
que lanalyse de l’eau de mer en déceèle seulement des
traces, moins de deux milligrammes par litre d'eau
filtrée d'après A. Gaurier'. D'ailleurs, l’activité cellu-
laire varie considérablement d'une espèce à l'autre,
probablement aussi suivant l’âge et suivant la saison,
et les analyses chimiques, jusqu’à présent pratiquées.
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4 sur un petit nombre d'espèces, nous renseignent im-
à parfaitement à cet égard, en partie par la faute des opé- |
Le _ rateurs. | |
le. _ Chaque chimiste met en relief l'excellence de la mé-
b thode d'analyse qu'il a suivie et, cependant, les résultats |
de diffèrent tellement, d'un individu à un autre de la même
és
A
te LA. | GauriErR, — L'iode dans l'eau de mer, Comptes rendus de
_ l'Académie des Sciences, t. GXXVIN, Paris, 1899.
PERTE LAS *
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1 nr * fihés % ee
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espèce, qu'à moins de supposer Pire :
tions dans la vie nee on admettre, ju |
Je n'insiste pas sur ce sujet que j'ai traité p
4
Je
en effet, dt S ‘être préoccupés Re de. d
substances qui pouvaient êlre utiles au point de vue
cole ou industriel, et ils ont souvent pris leurs . i: U
sans les choisir, sans ire une assez grand de | ail Û £
par a les résultats varient dans de larges be:
Les auteurs croient prévenir la critique en RE
moyenne de plusieurs analyses; bon quand il s”
d'analyses de minerais, le procédé a moins de vi
pour des plantes croissant dans un milieu unifor
Nous ne,saurons rien de vraiment scientifique aussi lon
temps que les analyses ne tiendront pas comple, si
des individus récoltés en place, de la saison, de
ducteur, autrement dit aussi Ra qu elles ne
ront pas pe biologiques. On a pie de ee
plante, de variations entre l'hiver et l'été : Me
très possibles ; Que les documents fournis : à l'a] ve
Fe. pouvant intervenir n'ont pas été
INTRODUCTION : 21
guement ‘ailleurs * et que James Ifexpricx a traité à son
| hs récentes recherches de AT; Fe de l’Uni-
. versité de Manitoba, sur [la terreur en iode des plantes
_ marines® méritent cbhendtent une mention spéciale ; elles
_ ont été faites dans un but scientifique sur de nombreuses
| espèces récoltées en place et déterminées par des spécia-
_ listes. L'auteur admet que, d’une manière générale, les
| Algues de la zone intercotidale renferment moins d'iode
que celles qui vivent en dessous. Chez toutes, la mue
d’iode semble dépasser 0,001 °/, du poids sec; iln'y a
_ pas de différence générale à ce sujet entre les Algues
_ brunes et les Algues rouges ; parmi les premières, les La-
1C. Sauvacrau. — Réflexions sur les analyses chimiques d’Alques
_ marines, Revue générale des Sciences, Paris, N° du 15 octobre 1918.
_ — Depuis la publication de ces Réflexions, j'ai eu connaissance
- d’une brochure de Desuoimes, présentée le 16 juillet 1915 à Mont-
_ pellier pour obtenir le diplôme de Docteur de l’Université, intitulée :
_ De la teneur en iode des Alques de Bretagne ; différents modes d’extrac-
_ tion de l'iode ; état actuel de la question. L'auteur ignore tout des
Algues dont il publie les analyses. Il a analysé à tout âge et en
toute saison un certain Fucus slenobolus qui ne correspond à rien.
Comme il croit que le Fucus slenophyllus est différent du Laminaria
digitata 11 y trouve toujours beaucoup plus d’iode quand il
_ l'appelle Laminaria que lorsqu'il l'appelle Fucus. Il dit avoir analysé
= le Lam. Cloustoni à chaque mois de l’année 1914 et cependant il
2 _ attribue à celle plante un stipe spiralé | Il prend le Gracilaria con-
| _ Jervoides pour une Algue verte. On croirait qu'il n’a jamais vu les
ie dont il donne cependant la teneur en iode.
2James Hexpricx. — The Chemistry of Seaweeds, Nature,
Londres, N° du 20 février 1910.
3A.-T. Cameron. — Contributions 1{o de biochemistry of iodine,
a _ Journal of biological chemistry, t. X VIN, ror4 et t XXIIL, 1915.
SR NES GTR PER TRE
22 se INTRODUCTION |
minaires ont un pourcentage plus élevé que des.
mais, parmi les secondes, Îles Nitophyllum ont un p: ,
centage comparable à celui des Laminaires. Les jeunes
individus en contiennent plus que les adultes. Des va i |
tions entre individus d’une même espèce, croissant dans
les mêmes conditions, laisseraient croire à des variations ve
individuelles dans l’activité cellulaire. L'auteur prenait
toujours le soin, autant quil le poupee d'opérer sur
plusieurs exemplaires, de sorte qu'une analyse s'appli-
quait à un échantillon moyen; néanmoins, certains de a
ses chiffres supporteraient peut-être une autre interpré- 3%
tation. Camerox donne, par exemple, les teneurs en iode
des Laminaria bullata et L. saccharina d'individus jeunes se
et d'individus âgés ; ces désignations sont trop vagues; à : :
moins que ces individus soient âgés au point d’ attendre
une disparition prochaine, ils se régénèrent constamment |
à la base de la lame où les tissus sont aussi jeunes que
ceux des jeunes individus ; les Fucus, au contraire,
s’accroissent par le sommet de chaque branche de la K
fronde, et l'auteur ne tient pas compte de leur stérilitéou
de leur état de fructification. Re
L'une des causes d'erreur des chimistes dans leurs ge ; .
lyses des plantes marines, réside peut-être dans la sensi— +20
bilité même des méthodes employées. Ainsi, par les mé- 2
thodes dues à Baumanx, à Huvrer, à Bourcer, à KeNpare : 2
on arrive à déceler 0"5005 d'iode avec des chances d'er- ‘4
reur de 2 °/, seulement, aussi opère-t-on sur des quan- Rés
tités minimes de substance; A.-T. Camerox en prend au 5
maximum O$50 (de matière séchée à 100), souvent
f
“INTRODUCTION 23
- moins. Cette quantité, suffisante quand il s’agit d'un Nj-
um ou d’un Porphyra supposés convenablement
récoltés, ne l'est plus pour des Laminaires longues de
_ quelques mètres ; le mélange de plusieurs individus pour
l’échantillonnage est presque illusoire ; avant de conclure
Res des variations de latitude, de saison... etc., 1l serait in-
_ dispensable que l’on procédât plus méthodiquement, que
le même opérateur analysät séparément des prises faites
en divers points d’un même individu, et qu'il répétàt les
analyses sur des prises faites à des niveaux comparables
sur d'autres individus choisis dans la même station. En-
fin, plus la quantité mise en expérience est minime, plus
d'échantillonnage doit être méticuleux, plus il est néces-
saire de se rendre préalablement compte si les portions
prélevées ne contiennent d’épiphytes d'aucune sorte, si
«elles sont stériles ou fructifiées, si elles sont entières ou
superficiellement rongées par des Mollusques, sinon la
précision cherchée au millième de muligramme est illu-
soire.
Bien qu assez uniforme, la composition chimique de
l'eau de mer présente des variations dans une même mer.
-J'emprunte les deux tableaux suivants à Taourer (L'Océa-
_nographie, ses lois el ses problèmes, Paris, 1904) qui les
donne comme un type moyen de la composition en poids
des sels contenus dans 1000 grammes d’un échantillon
d’eau de l'Atlantique ; l’auteur n’y tient pas compte des
substances contenues en quantités très minimes (iode et
autres), car presque tous les corps simples se rencontrent
2h INTRODUCTION
dans l’eau de la mer. On Re la très forte DEAR
tion du sodium par rapport au potassium.
Chlorure de-sodium NaCT *. Nan
Chlorure de potassium KCI. . . . . . 0.9921
Chlorure de rubidium RCI . . . . . 0,0190
Sulfate de chaux GaS0f.: LT Lee 1,3229
Sulfate de magnésie MgSOt. , . . . . 2,2437
Chlorure de magnésium MgCl. . , . . 3,3625
Bromure de magnésium MgBr°?. . , . . 0,0947
Métaphosphate de chaux CaP?051, ,. . . 0,0156
Bicarbonale de chaux GaG205 . à 2" 0,0625
Bicarbonate de fer FeG?05 : . , .. . 0,0026
Silice MO) Re NICE Ve St 0,0149
39,0631t
Si l'on calcule la proportion de chaque sel en cen-
tièmes du total des sels on trouve :
Chlorure de sodium. ."."15.2. 0.000. x
Chlorure de magnésium. . . . . . . 6
Sulfate”de maSuësies.,<, 1.206 "pe 6,5:
Dullite dé-Chaux:. 002 ETS RSS 3,7. 9
Chlorure de potassium . . . . . , . 1,8:
Bromure-de magnésium... 1%. Le 0,2 »
Bicarbonale-de chaux." 2x ES ea De
Or, les Aloues n'empruntent rien au sol ; elles se nour-
rissent aux dépens de l’eau qui les baigne et y pratiquent
une sélection des sels dissous en proportion variable avec
les propriétés spécifiques de chacune.
1 Le métaphosphate de chaux ne peut exister en soluiion : À a été
vraisemblablement indiqué dans cette analyse parce que c’est lui qui
figure comme produit ultime dans la calcination des phosphates
calciques ; lion phosphorique ne peut exister en solution que sous
la forme ortho et non sous la forme méta,
D tes géantes ie côte one: es—
voisines, 4 vivent HABle et
Macrocystis - Nereocytis Pelagophycus
pyrifera Luetkeana Porra
RE ve Me cl vide.) 2,09
RTE CAE 21 AS Re PR
een : 10,92- ir D 8,63
mL 20 A0. 32,00 34,73
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Per, h,44 3,10 1.606
D Vu le 2,30 1,91 2107
97:20
-26 INTRODUCTION PER 1
Les auteurs ne s Es pas sur l’ état de l' pe dans net
les Algues brunesd’ou on l'extrait. GAULTHIER DE Causes ! #
qui découvrit en collaboration avec Cox la coloration
bleue de l’amidon par l’iode, disait en 1815 que l iode : sy
trouve à l’état d'iodure (hydriodate de potasse). D'après
EscaLe?, qui s’est adressé au F. vesiculosus sec desoff-
cines, il entrerait dans une combinaison organique ;
d’après Tsuxamoro et Fururawa*, il serait au contraire à
l'état inorganique. M°° Sscers-Laureys * étudiant les Au-
cus vesiculosus et F. serratus, les Laminaria saccharina et
L. flexicaulis, constate que tout l'iode s’y trouve à l’état
d'iodure de potassium et fixé sur le protoplasme.
Outre ces espèces, Ky1ix a étudié l’Ascophyllum et le |
Lam. Cloustonu* ; il trouve l’iode à l’état d'iodure dans
les macérés alcooliques d’où il précipitait les sucres qu’il
voulait isoler : resterait à prouver, dit-il, si, avant ces
manipulations, l'iode n'était pas à l’état de combinaison
organique. Chez certaines Algues rouges (Bonnemaisonta
asparagoides et Spermothamnion roseolum), le même
i Gaucrmien De CLaurry.— Recherches sur l'existence de l’iode dans
l’eau de la mer et dans les plantes qui produisent la soude de varecks,
et analyse de plusieurs plantes de la famille des Alques, Annales de
Chimie. t. XCIIE, Paris, 1815.
2 Escuce. — U jee der Todgehalt einiger Algenarten, Hoppe- tés S
Zeitschrift für physiologische Chemie, t. XXIIT, Strasbourg, 1897.
3 Journ Agricult. Soc., 128, 1a12. — Cité d’après Oxupa et Exo.
* Adrienne SeGErs-LaurExs. — Recherches sur la composition et la
structure de quelques A loues officinales, Recueil de l'Institut botanique
Léo Errera, t. IX, Bruxelles, 1913. |
5 Harald K yLix. — eee über die Biochemie der FT
. gen, Hoppe-Seyler’s Zeitschrift für physiologische Chemie, t. XCIV,
Strasbourg, 1915. — On ÿ trouvera la bibliographie du sujet.
” vtt Cat x + à Mr
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INTRODUCTION 27
_ auteur à étudié des cellules spéciales où s'emmagasine un
composé iodé, de dissociation facile, qu'il suppose être
un moyen de protection contre les Mollusques herbi-
vores. Une autre Floridée, l'Asparagopsis Delilei, à
en juger par les larges bandes bleues qu'elle produit
sur le papier’, doit être beaucoup plus riche en iode,
mais on n'a pas recherché s’il s’y localise dans des cel-
lules spéciales.
D'après Oxupa et Ero, les espèces japonaises renfer-
ment l’iode surtout à l'état organique?. Ces auteurs firent
d'abord quelques essais qualitatifs avec des extraits frais
d'Ecklonia bicyclis, sans obtenir aucune réaction indi-
quant de liode fibre, ni un iodate ni un periodate ; par-
fois cependant, ils en trouvaient des traces. Mais l'extrait
donnait toujours une forte réaction d'iode après fusion
_avec le carbonate de soude ou le nitrate de potasse ; l'iode
semblait donc principalement en combinaison organique.
Diverses expériences sur la même espèce et sur les Æcklo-
ma cava, Turbinaria fusiformis, Sargassum enerve et
Sarg.Hornert montrent que des échantillons frais ren--
ferment environ 4 ‘/, du total d'iode à l’état d'iodure, le
reste étant à l’état organique et soluble, mais non associé
à une protéine ; en outre, la quantité d'iode croît d'hiver
_enétéet les vieux individus en renferment plus que les
jeunes. Le Dashikombu, aliment japonais préparé avec
1 C0. SAUVAGEAU, — A propos des Cystoseira de Banyuls èt de Gué--
thary, Bulletin de la Station biologique d'Arcachon, 14° année, 1912.
? Yusuru Okup4 et Toku Ero. — On the Form of Iodine in marine-
Algæ, Journal of the College of Agriculture, t. V, Tokyo, 1916.
28 INTRODUCTION SN à
des Laminaires, par une légère a 0 après dessic- | * 4
cation, leur montre au contraire que 95 ?/, de l’ iode Lo F4
tal est sous forme d'iodure, néanmoins, les auteurs pré 3
sument que, dans la plante fraîche, sa forme principale 4
est la forme organique ; la transformation d' étatorganique 4
en état inorganique s’opérerait sous une influence micro- 3
bienne, idée appuyée sur quelques expériences qu'il serait
intéressant de poursuivre. SUR
Le brome nous fournit un autre exemple du choix que Le
font les Algues parmi les substances dissoutes dans l'eau
de la mer. CHezre à montré, par la nouvelle méthode,
CA Y
vas Et ET
F \ LAS
KE +
A+ 2°
Pa
Pur
simple et sensible, de Denicès et Cuezce, que la quantité 3
de brome contenue dans un litre, beaucoup plus cons-
tante que le laissaient croire les analyses antérieures, est.
relativement considérable ; elle s'élève (mer Noire et mer
Baltique mises à part) à environ 1 décigramme, ce qui
représente environ 3 à 4 millièmes de la quantité totale
de chlore‘. Néanmoins, la soude de varech, produit de
“NS PR Es à É æ
l'incinération d'Algues appartenant surtout aux groupes
des Laminariacées et des Fucacées, renferme plus diode
que de brome. Ceci est d’ailleurs une notion globale, car
on ignore à peu près tout des variations de ques de
brome contenu dans les diverses espèces. :
Par la méthode spectrographique, CorxEc? a reconnu
1J.-L. Cuerre. — Etude d'ensemble sur le dosage et la diffusion
des bromures dans les eaux minérales françaises, les eaux marines, et
les sels alimentaires, Gazette des eaux, Paris, 1914.
* Eugène CorNec. — Elude spectr rephioue des cendres de ns
marines, Comptes rendus de l’Académie des Benne t. es <2
Paris, 1919. pie &
“
-
"1
Le
nu
+ Xoe
* ie 4 à « -T
A En DD S'RRSALRE
te
ee
24
. da présence de 19 corps simples dans des cendres de La-
_minaires, parmi lesquels l'antimoine, le Aa le
_glucinium, le titane, le tungstène, le vanadium n'avaient
encore été signalés ni dns les plantes marines, n1 dans
les eaux de la mer.
À l'ensemble des plantes marines, et plus particulière-
ment à celles que rejette le flot, ou que les riverains cou-
pent pour leur usage, correspond un nom qui varie avec
les régions ; au xvu® siècle déjà, on les appelait «en
Normandie varech ou vraicq:; en Aunis, Saintonge et
Poitou, Sar ou Sart; et en Bretagne, gouesmon » ‘. D'après
l'Encyclopédie, 1 est vraisemblable que le mot vareck
_« dérive de l'anglais wrack ou wreck, qui signifie nau-
frage, “ee mot normand que ce peuple a porté en An-
gleterre » ?
Le terme "ous est encore couramment et à peu près
exclusivement employé aux îles de Ré et d'Oléron; le
> mot Gouesmon qui s’écrivit ensuite dans les actes officiels
“à gouémon, puis gonesmont, puis goëmon, et maintenant
- goémon, s'est répandu bien au-delà des limites de la Bre-
3 _ tagne, mais a conservé le même sens ; le terme Varech a
E _ changé de sens. Il désignait autrefois, en Normandie, l’en-
semble des épaves, « toutes chosesque l’eau jette À terre par
ï 1R.-J. Varix, — Nouveau commentaire sur F Ordonnance de la ma-
: _ rine du mois d'août 1681, t. I, La Rochelle, 1:60.
ie ? Dineror et n'AcemBErr. — Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné
r _ des sciences des arts et des métiers par une société de gens de lettres,
nouvelle édition, t. XXXIV, art. Varech, Genève, 1778.
INTRODUCTION 29.
30 | INTRODUCTION
tourmente et fortune de Mer ; ou quiarrivent si près dela
Terre qu’un Homme à cheval y puisse toucher avec sa
Lance » ! et sur lesquelles les seigneurs du pays avaient
un droit de naufrage, ou droit de varech, « exception
unique et privilégiée en faveur de la province de Nor-
mandie », si ancien que Vaux n’en connaissait pas l’ori-
gine (oc. cit., p. 611). Outre ce sens général d'épaves, la
célèbre Ordonnance de Louis XIV sur la marine lui ac-
corde celui de synonyme de goémon. Plus tard, on l'écrivit
souvent Varec avec un sens encore plus restreint, semble-
t-il, comme si on l’appliquait plutôt aux Algues utilisées
pour fabriquer la soude? ; il servit aussi à désigner la
soude qu’on en retirait*. Les botanistes du début du
xIxe siècle, Porrer, DE Caxpozr... etc., employaient ce
mot varec avec cette dernière orthographe, comme syno-
nyme français du mot Fucus*.
1 Pesxerce, Couitume de Normandie, 3m° édition, Rouen, 1750,
p. 6ro.
2Macquer. — Dictionnaire de chimie, 2m° édition, Paris, 1778 :
« On comprend sous le nom de varec plusieurs espèces de plantes
marines qui croissent sur les rochers en différents endroits de la
mer, ct particulièrement sur les côtes de Normandie. Ces plantes.
sont du genre des fucus ».
# « En Normandie, on prépare une mauvaise soude, qui est appelée
varec, en brûlant le varec et plusieurs autres espèces de fucus ; avant
de les brüler, on les fait sécher » (Article Soude, par Fourcroy, in
Encyclopédie méthodique, Chimie, t. VI, Paris, 1815).
4 Lemax écrit à l’article Fucus du Dictionnaire des sciences naturelles
de Levrauzr (t. XVII, Strasbourg et Paris 1820) : « La soude qui
_ en provient est appelée soude de varec, parce que, sur les côtes de-
France baignées par l'Océan, on nomme varec ou varech toutes les.
plantes marines rejetées par les flots ; et comme les fucacées en for-
LT par le commerce pour la literie, l ee
elc., ; en Do sous le nom de crin “végétal Dans ce
ment la plus grande partie, les bolanistes français ont donné au:
_ genre Fucus de Lixnæus le nom de varec, »
__ {Enwarp C.-C. Sraxrorn, On the economic Application of Sea--
era, Journal of the Society of Arts, Londres, 14 février 1862.
RE
CE CE
:
DES
ALGUES MARINES
CHAPITRE PREMIER
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON
É mon épave. — Le goémon de rive ; les Ordonnances, Déclarations
royales, Arrêtés et Décrets qui en règlent l'exploitation; la
coupe du goémon en divers points de nos côtes, — Le Zostera
: marina. — Le goémon de fond.
_ Le goémon géant d'Amérique ; Ner eocyslis, Pelagophyeus, Ma-
cronysli, Alaria. — La coupe par les moissonneuses mécaniques.
S Le soémon élant utilisé en agriculture, comme engrais,
#. et. dans l’industrie, pour l'extraction des composés chi-
ds miques qu'il renferme, sa récolte est réglementée. L'ar-
_ticle 1 " décret du 8 février 1868 en ap trois
3 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON
basses mers d'équinoxe ; les goémons poussant en mer qui,
tenant aux fonds et aux rochers, ne peuvent être atteints
du pied à la basse mer des marées d’équinoxe !.
Les réglements qui concernent la récolte du goémon
donnent souvent lieu, dans la pratique, à des difficultés
d'interprétation ; d’ailleurs, les habitants des côtes sont très
jaloux des droits que les décrets leur confèrent et beau-
coup aussi ne craignent pas le risque d'une contravention.
Les infractions aux réglements ne sont pas rares. Ainsi
L. AyraurT, dans une étude parue en 1879, dit : « depuis
le décret du 8 février 1868, le tribunal de Lannion a été
saisi de près de sept.cents affaires concernant la coupe et
la récolte des goémons » ?. À Roscoff, et il en est proba-
blement de même ailleurs, tout agent assermenté (garde-
champêtre, garde-maritime... etc.) peut dresser procès-
verbal à celui qui coupe du goémon en temps prohibé ; le
délinquant est traduit en police correctionnelle et
l’amende infligée varie généralement de 15 à 25 francs ?.
1 Je cite le décret de 1868 et non le quadruple décret du 4 juillet
18953 qui définissait déjà « les diverses herbes marines », car celui-
ci entendait « par goëmons poussant en mer, ceux qui, tenant aux
fonds et aux rochers, ne peuvent être atteints de pied sec aux basses
mer d'équinoxe », La mention de pied sec était manifestement exa-
gérée.
2? Lucien Avyraucr, — Etude sur la législation réglementant la coupe
et la récolte des herbes marines, Revue maritimeet coloniale, t. LXIII,
Paris, 187g. Ce travail, écrit par un magistrat, étudie la question
au point de vue juridique ; les ordonnances et décrets qui concernent
le goémon y sont réunis en appendice sous le titre « documents lé-
gislatifs ».
8 Les. réglements britanniques sont plus simples que les nôtres ; le
Board of Agriculture and Fisheries de Londres a bien voulu me 2e
savoir qu'ils se limitent, sur les côtes d'Angleterre et du pays de
LE GOÉËMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 39
_ Le goémon épave ou de dérive ou d’échouage est un mé-
lange de tout ce que rejette le flot ; on y trouve toutes les
_ plantes qui croissent au voisinage et les courants en
apportent aussi d'origine lointaine ; chaque marée en
amène un peu, dont l'odeur particulière est bien connue
_de tous ceux qui fréquentent les plages ; aprèsles tempêtes,
la mer en dépose parfois des amas considérables. Toute-
fois, 1l est rejeté en grande quantité seulement sur les
côtes opposées aux vents dominants et qui descendent en
pente douce vers la mer ; la présence d'écueils ou d'ilots
rocheux à peu de distance augmente encore cette quan-
tité. Il est plus ou moins frais ou plus ou moins décom-
_ posé selon le temps depuis lequel 1l est arraché, selon
qu'il a été exposé au soleil, à la pluie... etc.
Ce goémon épave appartient à tout le monde ‘ et les
riverains s’en emparent; celui qui dispose du plus de
. main d'œuvre et de charrettes en prend le plus, soit pour
Galles, au paragraphe 53 du Sea Fisheries Act de 1868 d’après le-
quel les restrictions à la libre récolte des Algues marines concernent
Paccès des pêcheries ou des bancs et des parcs d’huîtres et de
moules. Eu Irlande, le Department of Agriculture m'a informé que
le goémon épave, appartient à la couronne ou à son concessionnaire ;
toutefois, 1l est habituellement récolté par les propriétaires des ter-
rains riverains ; la coupe du goémon de rive est jalousement gardée ;
celle du goémon de fond, au contraire, est entièrement libre.
1 L’ordonnance de 1681 l’a reconnu. « Dans la règle, dit Vaxix
(loc. cit., p. 630), les épaves de mer, par rapport aux choses qui
n'ont appartenu à personne, comme étant du crü de la mer telles
4
que sont l’ambre, le corail, les poissons à lard et autres semblables,
ne sont pas acquises en entier à ceux qui les trouvent sur les grèves.
Il ne leur en revient que le tiers, ct les deux autres tiers doivent
être partagés entre le Roi et M. l’Amiral. Mais en ce qui concerne le
sart, il y a ici dérogation à la règle, puisque notre arlicle (art. 5 de
s
36 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOËMON
“est nécessairement aléatoire, car elle dépend en majeure
l’em aployer directement soit pour le Ms. cette ae se
partie des intempéries ; en diverses localités, toutefois, elle
est certaine aux époques des marées d'équinoxe. J'en re- |
parlerai à propos de son utülisation comme engrais. | pi a
appartient à lout le monde, mais en réalité, et surtout À A
cause de l'énorme poids d'eau qui grève son transport, 1:
profite aux seuls riverains. « Les îliens de Batz, dit Cia
Vazraux ‘, en tirent plus de ressources que de la culture
des pommes de terre « prime », et certains fermiers de la je
région côtière, entre Plone tie et Plouescat, retirent
dé la vente de leur peer une très grande partie de
leur prix de fermage » ‘ Hs
Parfois cependant, Le riverains établissent eux-mêmes
une sorte de réglement. Ainsi, à l’île d'Ouessant, Je. MOn- -
l'ordonnance) attribue au premier occupant tout celui que la mer aura
jetté à la côte ».
D’après l’article 7 du décret du &8 février 1868, les goémons
épaves qüe la mer dépose dans l'intérieur des ndché parcs et
dépôts à coquillages appartiennent aux détenteurs de ces établisse-
ments. | A
Le 19 février 1884 est intervenu un nouveau décret « concernant
la récolte de nuit des goémons épaves ». Sonarticle unique dit : Les
maires des communes riveraines sont aulorisés à interdire la récolte
de nuit des goémons épaves, quand celte interdiction sera réclamée
ar les conseils municipaux, sauf approbation de la mesure parles …
préfets de département et par les préfets maritimes.
1 Camille Varraux. — La Basse Bretagne. Etude de géographüe
humaine, Thèse de Doctorat ès lettres, Paris, 1906. =
1 Voici comment l'Encyclopédie (article Varech) décrivait le irans-
port à terre du goémon au xvin° siècle :
« Lorsque les pêcheurs ou les riverains, qui n’ont pas de bateaux ;
ou gabarres, trouvent à la basse eau une Sr quantité de gouémon,
où qu’ils en font la récolte dans le temps permis et réglé par l’ordon- #
LE GOÉMON-ET LA BÉCOLTE DU GOÉMON 37
_ <eaux de goémon épave sont rejetés en hiver dans les
Æchancrures de la falaise ; les habitants du hameau le plus
proche y descendent ensemble après les forts coups de
vent; d'un commun accord, un ancien établit, par des
_ marques, des lots approximativement égaux et chaque fa-
mille a droit à autant de lots qu'elle compte de membres ;
l'enlèvement se fait seulement pendant que les phares sont
éteints. En été, alors que le goëémon est moins abondant
er empressement à sa récolte moins grand, chacun prend
ce qui lui convient.
Les Zostera, et particulièrement le Z. marina, de beau-
- coup plus grande taille que le Z. nana, sont parfois reje-
F5 a
Ke
d
ut
2
Lu
M Are
Re: s :
tés en abondance sur certaines côtes ; ils constituent par
exemple la majeure partie du goémon épave sur les rives
du bassin d’Areachon. Dans la Méditerrannée, le goémon
nance, ilsramassentles herbes marines, en font de gros tas ou meulons,
. qu'ilslient comme ils peuvent avec de mauvais cordages, souvent seu-
_ lement avec du chanvre retors et mal fabriqué ; plusieurs personnes
‘se mettent sur ce gouémon avec des perches et attendent que Île flot
soulève leur meulon pour le conduire à la côte au dessus du plain,
… et pouvoir ensuite plus aisément l’emporter en haut sur Îles terres;
. si la marée est tranquille et la mer étale, ils y abordent aisément ;
mais pour peu qu'il fasse de moture, et que le vent soit contraire,
4
ils ont peine à gagner le bord ; et si les vagues s'augmentent,
comme il arrive souvent sur le coup de la pleine mer, et qu’elles
entament tant soit peu ces meulons, ils se dissipent et séboulent
aussitôt el pour lors, les hommes et les femmes lu s y sont STE
tombent à la mer, et sont souvent noyés, sans qu’on puisse leur don-
ner aucun secours, et il n’est que trop ordinaire dans les paroisses
où ces sortes de meulons sont en usage, de voir périr quantité de
\ personnes, et mème des familles entières ; c’est le sujet des remon-
… trances des recteurs des paroisses riveraines, le motif que le seigneur
évêque diocésain a eu d'en faire un cas réservé ; ainsi ces cine
doivent être défendus, à peine de punilion corporelle...
[SE
Utilisation des algues marines.
épave, tout au moins cab qui est nets d. assez rég Qu.
À lier, est plutôt constitué par le Posidonia. Aux environs
4 _de Banyuls, les débris de Posidonia, feuilles et tiges ( OM :
D 1 + vertes de débris fibreux, sont accumulés par la violenc ce: .
ne du vent en dépôts denses hauts de plusieurs décimètres, .
: | dans toutes les découpures des Albères, depuis. la fron- Le
lière espagnole jusqu'à Argelès. Ces date se constituent
parfois très rapidement ; Ja mer les entame ensuite.
2 comme une minuscule falaise, les reprend et les entraîne =.
au fond : d'autre fois, quand une couche de sable les re- 5
L. recouvre, les feuilles pourrissen! et on les retrouve ne
‘4 tard à l'état de terreau. J'ai vu sur les côtes de Provence
# des accumulations\ de Posidonià dépassant Ja hauteur a)
: d’un homme : elles sont énormes aussi sur la côte espa- Ai
À gnole, en priiculier dans la ROVER d’ Lei. te À : F
Mais on récolte aussi le goémon en place, fixé : aux ro # F
+4 chers dans sa station naturelle, et c'est alors du goëmon de
coupe dont or distingue deux sortes : goémon de rive que 4
l'on peutaticindre du pied et goémon de jond submergé,
en mer. Cette distinction, nécessairement
cu poussant!
ce dépend de F amplitude de la ma |
vague des la
: rée au jour considéré ; telle Laminaire, qui est du g0émon
| de fond #3 des marées moyennes, devient goémon de:
4 rive aux marées d équinoxe ; toutefois, de vastes étendues.
couvertes a Laminaires restent inabordables même aux.
+ marées d'équinoxe par les temps les plus calmes ; c'est le
7 : ; ue L ? 4 9 He
+ vrai goémon de fond. Beaucoup d'espèces d' Algues cor-
D a on ; ces niveaux et pourraient rentrer dans ces
définitions : en fait, celles-ci s’appliquent aux espèces uti-, - a
:vérains ou les industriels. c’est-à- -dire, pour
lisées par les a
ve, surtout aux }'ucus, Iimanthalia, Chon- ÿ
le goémon le
SÉE> GOËMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 39:
" à à l'Etat qui en An ti tement D pics aux
-ommunes côtières. Dans chacune, un arrêté du maire
- tribue le territoire littoral entre les habitants. Autrement,
{. Ja coupe deviendrait promptement le privilège de quelques
4 riverains aux dépens des autres ; on évite ainsi des discus-
% sions et des rixes. Cette réglementation varie d’ailleurs,
4 dans le détail, suivant les loealités: Guérin en a récem-
: à ment cité plusieurs cas à propos du Finistère !.
La récolte du goémon épave et du goémon de rive est
à “un énorme. avantage pour les populations côlières qui
_ l'utiisent en its comme engrais, et c est toujours
. un sujet d’étonnement pour un terrien de voir l'Etat
l'abandonner aussi généreusement ; toutefois, Varrx (loc.
Fe cit., p. 623) nous affirme que ce privilège est un juste dé-
ee dommagement des inconvénients du voisinage de la mer®?.
de 1P. GuÉRIN. HT récolle des Goémons dans le Finistère. Revue
+ scientifique, n° du 6 janvier 1915.
Se 2« La raison pour laquelle le sart vif (c'est-à-dire celui qui tient
| par la racine au rocher ou à la banche) a été attribué aux habitants
_ de chaque paroisse du territoire où 1l croît, est sans doute l’incom-
du et le dommage qu'ils reçoivent du voisinage de la mer ; soit
É per les vents imprégnés de parties salées qui brulent et désssblrene
… si souvent la feuille et la fleur des arbres et des vignes, de même
‘4 que les fruits de toutes espèces, des terreins {rop près des côtes ;
42 II était donc juste que les possesseurs des terres sujettes à de pareils
ravages, dont le moindre effet est de les rendre arides et brulantes,
| recussent une sorte de dédommagement, au moyen de l'octroi du
privilège de recueillir sur leurs côtes une herbe propre à fertiliser
ces mênies terres ».
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” pour ainsi dire une édition modifiée de l'artidlé Goémon pass
LE por
ET LA RÉCOLTE E Du
côte, la last En Satoe qui ol à celte zone n d>
ritime un cachet tout PRES » 1, 5
tie da Fer public, ë jé riverains n'étant POS impo- |
sés de ce chef, cette raison ne saurait être invoquée. Mois. ÿ “4
quels que soient les motifs qui aient pu légitimer à so À
origine le monopole accordé aux paroisses riverain
nous men voir es É maintien de ce a une ju
public. et non la reconnaissance d'un droit acquis » LE 2. Ne
F5 tte
lus rouges ; le vrai goémon de coupe, ou goëmon Meg
est constitué par les Fucus et Ascophyllum que RE 1
tique de Ha L. XII, Paris, 1971. ts S article ro
t. VIII en 1863.
2 Ceci est affirmé par de nombreuses da et notamment par
un arrêt du conseil d'Etat du 14 décembre 1897 (L, Axraver, loc.
cut, P. 494), Re
PRO 5 ne Pi RE FR Le INR MT NT ET PA LV hFdee 1 PER PTE PORT A EE GRECE ES
La PERS. 5 4
- LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON FA 1
die: quel le F. nodosus en forme ne , Mais, par
ailleurs, ces plantes sont fort voisines. Par ôur repro-
luclion sexuée, elles appartiennent au groupe des Fucacées,
pui est une division des Phéophycées ou Al, lques brunes ; ce
mot «brune » indique le pigment suraJouté à la chloro-
phy Île bien plus que l'aspect extérieur qui est plutôt oli-
“tre, parfois jaunâtre dans certaines conditions. Ce sont
des plantes peu différenciées extérieurement, en ce sens
. fronde, fixé au rocher ou aux pierres par ûn épatement
5 basilaire, se ramifie en branches semblables aux axes et, à
| la saison de reproduction, chaque sommet devient fertile ;
4 pour cela, il se renfle plus ou moins selon les espèces én
un réceplacle où sont creusées de petites cavités ou concep-
_ lacles, ouvertes au dehors par un orifice étroit, et dans les-
quelles s’élaborent les organes reproducteurs : anthéridies
_ fournissant Îles anthérozoïdes, oogones fournissant les élé-
. ments femelles ou oosphères. Or,nos trois espèces de Fucus
_ vivent dans la zone littorale‘, c’est-à-dire la zone qui
ÉL découvre par les marées, chacune à son niveau verti-
al propre, naturellement avec des mélanges aux niveaux
. de contact. Si la côte rocheuse, un peu or s'incline
doucement vers la mer, ou inversement si c’est une falaise
. à pic descendant profondément, on rencontre successive-
fs er Ë +
diese
er roe
”
Ferre
Lu
rt
- Les SAT Si
D it décrit une nouvelle espèce bien distincte, le
_ À. dichotomus, hermaphrodile comme le F. platycarpus, connue jus-
‘4 de à présent seulement dans le bassin d'Arcachon (Sur une nouvelle
…_ espèce de Fucus, F. dichotomus Sauv., C. R. de l’Académie des
- Sciences, t CLX, r915) ; elle fera l’objet d’une étude plus détaillée
dont les circonstances ont retardé la publication. On ne tient pas
comple ici du Fucus lutarius très localisé, ni du F. ceranoides des
eaux saumäâtres.
F que toutes Les parties en sont semblables ; leur thalle ou
PET NÉE VS NE EN PNA CE TOR lee, GRR
+. Ne UE à LS 1 PR DIN Frs :
- AT Fe 4 4 : , _ tÉ « , ; # 2
A A ETS AU ME ENS
ment ces trois espèces : mais si las côte est “t
. niveau encore plus élevé ; la marée ne l’atteint même we” aux
* $
Ma ie LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE pu
trop abritée, si ‘elle commence trop bas on
tôt, l'une ou l’autre peut manquer. |
L'espèce du niveau le plus élévé est le F. platye
dontles dés une présentent une étroite bandelette ma
» ginale;, une pelite toufle
poils sort de chaque conce
lable qui renferme simulta-
nément des organes mâles ét. +
des organes femelles. Ce est :
Tuars qui a extrait le F. .pla-
lycarpus du F. vesiculosus
avec lequel on le confondait,et
la ligure restuneréduction en
croquis du dessin nue à
qu'il en a donné; la plante 1
peut atteindre une bien plus Fa Le
EH taille. Jamais le
[°. platycarpus ne possède de
vésieules Re ou Fe L:
Fig. 1. — Fucus plalycarpus, Thur. qui Re au niveau supé= Va
Croquis de la figure publiée par rieur de la zone, surtout dans
Taurer et représentant un jeune l L llée (_ a
exemplaire, — 1/4 gr. natur. des stations ensolei 83, 0 Fe.
frent parfois des boursou-
flures irrésulières, pareillement remplies d'air, mais de
Sdificaton morphologique toute différente. Gette forme Ë
du niveau supérieur diffère de la forme ypique, dans ses
PE A
# a 8
s. +
1 En réalité, une autre Fucacée, le Pelvetia pm ne à un
époques de morte eau.
2 + LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 45 cl
Box al
L. états extrêmes, par une > fronde plus étroite, souvent tor- ail
fe due, des D pppiavier Di globuleux.… etc. ; toutefois, elle |
# : 4:
É. ; ù Pal
# fl
|
4
Fig. 2. — Fucus platycarpus var. spiralis Sauy.
Fragment d’un Eéuue récolté à San-Vicente-de-la-Barquera (Espagne).
— 1/4 gr. mat. — Les réceptacles paraissent épineux parce qu'on a
supposé la plante examinée vivante, dans l’eau, et les pointes représentent
les touffes de poils qui sortent des conceptacles.
reste hermaphrodite, on l'appelle F. plaltycarpus variété
_ spirahs et elle présente tous les intermédiaires avec le
=. 24
Et
PAT LT nr Dr : : 7
FC > L 4 F Va ; ï
DE) » i - pr
I Peas =
asie > 1 : Le sm “#
LA
ARE
TAC
type’. La fé 2 néant da variété spiralis d'
LE GOËMON ET: LA RÉCOLTE DU. GoË
y»
x NS
* ÉD NS re Li - (Te
* 4 RC #2
4 LT LS
*
à
un SP adulte > dépourvu de boursouflures ré cl
Fig. 3. — Fucus vesiculosus L.
Fragment d’un exemplaire récolté à Roscoff
en février. — 1/4 gr. natur.
2C. SauvacEar. — Sur deux Fucus
platycarpus et F, lutarius). Bulletin de
cachon, 11° année, Bordeaux, 1908.
PA TS
5 À:
sur la côte d'Espe
mais cette variété
très : commune sur n
Côtes SDS
dr AE
m2:
z. 3
Te
Plus bas, on ren
contre le Fe vesiculosus
1 Le nom 4 PS platyear= 2
pus Thur. était accepté par. à
(ous et avec raison, lorsque ci
)
récemment, et sous prétexte LR
x”
de droit de priorité, certains. E
auteurs ont cru prétérable : 4
Linxé malgré impossibilité D:
d'en délimiter la vraie si=
gnification ; ils appellent le. c 4
Fucus platycarpus Thur., ‘4
lFucus spiralis L, Ufles 4
quandil correspondent àun
progrès de nos connaissan-
ces, les changements de
noms imposés aux plantes
sont déplorables quand ils
sont aussi peu justifiés.
(CF. G. Sauvacrau, Une
question de nomenclatare 6 5
tanique, Fucus platycarpus …
ou Fucus spiralis, Bulletin
de la station biologique
d'Arcachon, 12° année, 4. :
Bordeaux, 1909). AT
récoltés à Arcachon (Fucus
Ja Station Mi d Ar- ‘4 Li
de faire revivre un ‘nom de ee.
{1
EM
+ s LE (GOËÉMON
Fe
ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 45
| oc de la Re mais asie régulièrement
dans ses rues jeunes; les réceptacles, toujours unisexués,
Roi Fig. 4. — Fucus vesicul:sus L.
Fragment d un exemplaire récolté à RoscoT en février. —
e 1/h gr. nature,
ee manquent de la petite marge caractéristique du F. platy-
| Carpus, parfois indiquée bon nt par un liseré. Comme
. on le voit sur la figure 3, les dimensions et la forme des
e réceptacles varient parfois sur un même individu; le
ni nombre des aérocysies varie aussi, sur des individus ré-
AE ER
D
7
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOËMON 43
_ parfois 80 centimètres à r mètre
_ delongueur et constitue des touffes
volumineuses. Le fragment repré-
senté sur la figure 4 montre à sa
| base de petites proliférations, plus
nombreuses sur d'autres exem-
_ plaires, et dont quelques-unes, en
grandissant, rajeuniront la plante
lorsque, les réceptacles étant épui-
sés, les branches qui les portent
se détruiront. |
_ En descendant davantage vers
la basse mer, on rencontre le
Facus serratus dont les’ frondes
)
découpées en dents de scie, n'ont
jamais d’aérocystes; ses récep-
tacles, unisexués comme ceux du
F. vesiculosus, sont plus plats,
plus longs et moins nettement
délimités (fig. 5). Cette espèce est
_ beaucoup plus homogène que le
F. vesiculosus.
Les trois espèces précédentes
caractérisent trois niveaux suc-
cessifs. L’Ascophyllum se ren-
contre au niveau du F. vesiculo-
sus,mais seulement dans les sta-
tions abritées, sinon un peu
vaseuses, bien qu'il s'attache lui
aussi sur les rochers. Il forme de
grosses et longues touffes grâce
* aux nombreuses branches rami-
Fig. 6. — Ascophyllum
nodosum Le Jol.
Base. et branche fructifée
d’un individu récolté à
Roscoff en février.
a, Polysiphonia fastigiata Grev
1/4 gr. natur.
te | à; lient
H 27 "et traits de volumineux aérocyses, atleignant D
ME
y
Has que Ascophyllum nodosum Le Jol. jé se an M sc
Petit individu fructifié, récolté à Roscoff en février. — 1} , gr. natur, te
plusieurs centimètres de longueur ; ses rameaux die .
sont de remarquables flotteurs que les courants entraînent
au loin, jusqu'à des centaines de kilomètres. ee leur lieu
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON | Ag
_ d'origine. À l'automne, l'Ascophyllum développe de courts
_ et nombreux ramules qui, pendant la saison froide, se ter-
_ minent chacun par un réceptacle globuleux allongé et
D. aspect de la plante en est complétement modifié. Les deux
figures 6 et 7 représentent cet état fructifié. Quand les ré-
a cles Le mürs, le sexe de l'individu se reconnaît au
premier coup d'œil ; les réceptacles mâles sont d’un jaune
d'or, tandis que les femelles sont brunâtres. Dans beaucoup
bert; Moours- Tasion dit qu'on l'appelle aussi Vraigin".
J'ai représenté sur une branche tronquée de la figure 6,
en a, une petite touffe d'une Algue floridée qui se fixe très.
fréquemment sur l’ Ascophyllum, c'est le Polysiphonia fas-
ligiata : on ne la trouve jamais sur les rochers voisins et
très rarement sur les Fucus ; néanmoins, dans une station
très exposée de l’île d'Ouessant, des Fucus, si déchiquetés
qu'on ne pouvait guère définir s'ils appartenaient à
l'espèce platycarpus cu à l’espèce vesiculosus, m'en ont
montré de nombreux exemplaires.
Bien d’autres Algues croissent dans la zone littorale de
nos côtes océaniques; celles que je viens de citer sont dites.
caractéristiques à cause de leur taille et de leur grande
abondance ; elles constituent le goémon de coupe ou de rive.
Je ne crois pas inutile de résumer ici à travers quels
avatars a passé le privilège de la cueillette du goémon
pour aboutir à fa réglementation actuelle.
1 Dans son bel ouvrage de vulgarisation, Le monde de la mer,
publié sous le pseudonyme d'André Frépoz, 2° édit., Paris, 1866,
qui malheureusement n’a pas été réédité, ï donne he Craquet
__ comme nom vulgaire du F°. vesiculosus, et Vraiplat comme nom vul-
_ gaire du F, serratus.
_ de localités, l’Ascophyllum est connu sous le nom de on
sémhéémestenmenimmanniimmmmnehatiios
PEN ER ONE R PAM ER NE:
te “raf vd oi L. " + ANR € Ca 1-4 "2277 M", NS LES à a) Ÿ
U ROME TES PAPE Ee gi CRE de {” RP PO M al
+ - é 4 + - Me À po TA Ë
FAN PART NN De ce ia
_bo LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU sofa, RP LE
L’ordonnance royale de 1681 fixe. pour la première 4
fois les conditions dans lesquelles le goémon peut être
coupé ‘. Toutefois, certains détails manquent de précision. ee
Elle dit que les paroisses décideront au début de janvier
à quelle date se fera la coupe, mäis elle n’en fixe pas la
durée ; on peut supposer toutefois que l'habitude était
alors de la pratiquer en hiver ?. Elle défend de Re |
& ; ni
1()rdonnance de la marine, Fontainebleau, août 168r ; livre IV,
titre X ; de la coupe du aie ou Vraicq, Sur ou FE,
Ce AR X se compose des cinq articles suivants :
1° Les habitans des paroisses situées sur les côtes de la mer, s’as-
-sembleront le premier dimanche du mois de janvier de chacune
année, à l’issue de la messe paroissiale, pour régler les jours aux-
quels devra commencer et finir la coupe de l’herbe appelée varech
et vraicq, sart ou gouesmon, croissant en mer à l'endroit de leur ter-
ritoire.
2° L'assemblée sera convoquée par les syndics, marguilliers ou
‘trésorters de la paroisse ; et le résultat en sera publié et affiché à la
principale porte de l'église, à leur diligence, à peine de dix livres
d’amende. |
3° Faisons défenses aux habitans de couper les vraïicqs de nuit, et
hors les temps réglés par la délibération de leur communauté, de
les cueillir ile que dans l'étendue des côtes de leurs paroisses,
et de les vendre aux forains, ou porter sur d’autres territoires, à
peine de cinquante livres d'amende, et de confiscation des chevaux
et harnois.
1° Faisons aussi défenses à tous Re des Fiefs voisins de la
mer, de s'approprier aucune portion des rochers où croît le varech,
d'empêcher leurs vassaux de l'enlever dans le temps que la coupe
sera ouverte, d'exiger aucune chose pour leur en accorder la liberté,
et d’en donner la permission à d’autres, à peine de concussion.
5° Permettons néanmoins à toutes personnes de prendre indiffé-
remment, en tout temps et en tous lieux, les vraicqs jettés par le
‘flot sur Le grèves, et de les transporter où bon leur semblera.
2? Varan (loc. ve p. 625) dit à ce sujet :
L'article 1 « en fixant l’assemblée au premier Dimanche du mois
5 & z £
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 51
| goémon pendant la nuit. Si cette défense, dit Vaux (loc.cit.,
_ p.628), «n a plus pour objet d'empêcher quelques habitans
_ de couper le sart en cachette au préjudice des autres, elle
ee be au moins pour un autre motif, qui est de s'assurer
_ si le sart n'est point arraché plutôt que coupé. »
Æ
D'après Isid. Prenre, cette réglementation avait pour
objet de « ménager les intérêts de l'agriculture et ceux
de l'industrie soudière, en réservant ee goémons vifs aux
_ riverains, ct laissant PRE épave aux premiers OC--
7
es qui en pouvaient disposer comme ils l'enten-
daient ». Et c était peut-être l’une des raisons dominantes
en ce qui concerne la Normandie.
D’après Vaux, qui habitait La Rochelle où la pêche
à “+ ait tandis que l'industrie soudière était peu déve-
#
+
loppée, elle visait surtout à protéger les alevins, car on
“croyait alors que le poisson dépose son frai parmi le goé-
_ monderive;il s agissait donc d'empêcher qu'on enlevât
_ les herbes marines à l’époque de sa reproduction.
Quoi qu'il en soit, les pêcheurs craignirent que la
N ‘coupe du goémon détruisit le poisson et firent entendre
- :
*
En + £
de Janvier de chaque année, indique natureilement que l’usage étoit
alors de couper le sart dans le même mois de Janvier ou au plus
tard dans le mois de Février : car on ne s'assemble pas à dessein de
régler des opérations de cette nature, pour en reculer l’exéeution.
Cela n’empêchoit pas néanmoins que les habitans ne pussent s’assem-
bler avant le mois de Janvier, pour anticiper la coupe du sart,
pourvu qu'elle ne commençät pas avant le mois d'Octobre et qu’elle
finit avant le mois de Mars, pour ne pas nuire au petit poisson, et à
la reproduction de cette herbe ».
Certains avaient intérêt, en Aunis, à ce que la coupe se fit en
Octobre, Novembre ou Décembre parce qu’ils le répandaient sur
leurs vignes sans le laisser pourrir et devenir fumier.
leurs doléances, prétendant « que le frai 7. un
52 ; LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON
s’amasse autour de ces herbes: que les poissons Les
éclosent y trouvent un abri et une pâture assurée. etc. »
Louis XV ordonna une enquête à ce sujet en End
Boulonnais, Hg nt et Normandie!, d’où résulta sa Dé-
claration de 1791 ° qui confirme toutes les dispositions
de l'ordonnance de 168r et en ajoute de nouvelles qui, il
esf vrai, s'appliquent seulement à ces provinces.
« La coupe ou récolte des dites herbes sera faite à la |
main avec couteau ou faucille. Défendons de la faire
d’une autre manière et d’arracher les dites herbes avec la
main et avec des râteaux et autres instruments qui puis-.
1«.. Nous avons fait faire des visites exactes sur les côtes des
dites Provinces, pour être informé des endroits où les habitans ne
peuvent point s’en passer pour l’engrais de leurs terres et de ceux
cet engrais, ebà
faire de la soude (marchandise nécessaire pour la fabrication du
.\
où il y en a suffisamment pour pouvoir fournir à
verre), et du temps pendant lequel il convenoit d’en permeitre l&
coupe, ensconciliant la conservation du frai du poisson, et du poisson
du premier age, avec le besoin que les habitans pourroient avoir de
ces herbes plutôt dans une saison que dans une autre... etc. »
« que Nous pourrions permettre la coupe de ces herbes sur les
côtes de l’Amirauté de Cherbourg, pour être converties en soude,
parce qu’il y en croît au-delà de ce qu'il en faut pour l’engrais dos
terres, et que cette coupe peut y être faite pendant l'été, sans qu'il
en résulte un grand préjudice au frai du poisson et du poisson du
pre mier age ».
pécli-btion du Ro, au sujet des Herbes de Mer, connues sous les
noms de Varech ou Vraicq, Sar ou Gouesmon, sur ne côtes des Pro-
vinces de Flandres, Pays conquis et reconquis, Boulonnois, PHAre à
Normandie, Neniles 30 mal 1 791.
Le Forte général Muret (t. XXI) ne donne tpas le titre I de
celte Déclaration, où sont énumérées les dates de la permission de
couper le goémon dans les diverses paroisses. La Déclaration est re—
produite tout enlière par Vaux (loc. cil., t. II, p. 632).
.
pu DE AE"
SE SE
‘LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 5%
sent les déraciner ». « Nous avons en même temps dé-
_ fendu, dit la Déclaration, de faire cette coupe dans les
ÉE DENTS que le frai du poisson et le poisson du premier
àge séjourment à la côte ».
A -
L'article 1 de la Déclaration autorisait la coupe pen-
_ dant trente jours seulement, lesquels étaient choisis par
l'assemblée des habitants dans des limites variables selon:
les paroisses, mais fort restreintes. Il distribue les pa-
roisses en onze groupes, pour cinq desquels ces trente
jours doivent être compris entre le troisième jour avant
la pleine lune de mars et le troisième jour après la pleine
_ lune d'avril, pour un autre entrele 15 janvieretle5 mars
suivant, un autre avait du 1° février jusqu'au huitième
jour après la pleine lune de mars, un autre n'avait même
pas à choisir, l'autorisation courant du 15 mars au
19 avril suivant. Ce goémon devait être utilisé comme en-
grais. C'est seulement dans les paroisses de Cherbourg
et voisines que le goémon, à cause de son abondance et
de la vaste étendue qu'il recouvre, pouvait, en outre,
être coupé en été : « ceux des dites paroisses qui voudront
. employer les dites herbes à faire de la soude, pourront
en faire la coupe, à commencer du quinze juillet jusqu'à
la fin de septembre ». Nous verrons, à propos des décrets
de 1853, combien _ Cherbourgeois tenaient à ce pri-
vilège. |
: na concernait les rochers attenant à la terre, même
sur le territoire des « pêcheries exclusives ». De plus, la
coupe était autorisée en tous temps, en toutes SaiSOnS el
pour tous usages « sur les îles et les rochers déserts en
_ pleine mer ». Enfin, il était également permis « à toutes
personnes de prendre indifféremment, en tous temps et
_en tous lieux » le goémon épave, « et de le transporter ou
-54 __‘ LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOËMON = 0.
bon leur semblera, soit pour être employé à l’engrais des
terres, ou à faire de la soude » ; toutefois, il ne pouvait
être brûlé « que dans le temps que le vent viendra de terre CEA
et portera du côté de la mer ». | L
>
Cependant, les restrictions apportées par cette Décla-
ration de 1731 à l'exploitation du goémon de rive étaient
trop étroites ; elles furent corrigées par la Déclaration de
1772 ‘, devenue encore plus nécessaire après un certain
arrêt du Parlement de Rouen. La fabrication de la soude
de varech, demandée par les verreries, enrichissait la ré-
gion de Cherbourg. Dans le pays de Caux, la hauteur de
la falaise qui longe la côte rendait si pénible le transport
-du goémon dans les champs, qu'on ne l'’utilisait guère
-comme engrais ; en 1739, le roi permit de le brüler. Au
pied de la falaise, s'établirent alors de nombreux fours à
soude consommant, outre le goémon d'échouage, le goé-
mon de rive réservé par les réglements à l’engrais, et
au lieu de le couper, on l'arrachait; le pays, jusque
là pauvre, connut la prospérité. :
Mais de nouvelles plaintes s'élevèrent ; à celles des pè-
1 « Les inconvénients apportés par notre déclaration ne tardèrent
pas à se faire sentir. Nos sujets riverains n’ayant plus la faculté @e
couper et faire brûler le varech pour en fabriquer des soudes, ils se
trouvèrent privés d’un moyen unique d’assurer leur subsistance, et
la disette des soudes devint telle, que les grosses verreries de notre
province de Normandie manuérent absolument d’une matière pre-
mière étroitement nécessaire à la fabrication des verres à vitres, et.
que cette branche importante de commerce de notre royaume, par.
*
tous les secours qu’elle procure à nos sujets riverains occupés à la
fabrication des soudes, et par les sommes considérables que les envois
:. du seul superflu de nos verres chez l’étranger procurent annuelle-
-ment, était sur le point d’être irrévocablement perdue. » Ç
_ LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 5
_ <heurs se joignirent, plus vives encore, celles de certains
riverains ; on accusa la fumée des fourneaux à soude
d’occasionner des maladies épidémiques, de nuire aux
plantes en fleurs, aux arbres fruitiers..., etc. Ces plaintes
_ «furent exposées dans des Mémoires que signèrent des
_ Gentilshommes, des Seigneurs riverains, et un grand
_ nombre de personnes de tout état ». Les intéressés protes-
tèrent ; «au moins pouvaient-ils être certains que la fumée
du varech n'altérait point leur santé ». Les plaignants
-opposèrent d'autres Mémoires chargés de signatures ; « on
les appuya de faits notoires, de certificats de curés, de
pièces légales ». Influencé, le procureur général du Par-
lement de Rouen « considéra la fumée du varech comme
pestilentielle, comme une vapeur qui désolait depuis
quelques années les bords maritimes de la province ».
D’après son réquisitoire, « intervint un arrêt du Parle-
ment de Rouen, le 10 mars 1769, qui, en vertu d’une
Déclaration du Roi, donnée en 1731, ne permit de
couper le varech pour le réduire en soude, que dans la
seule Amirauté de Cherbourg, et qui ne laissa par con-
_ séquent aux habitans de toutes les autres côtes de la
.… haute et basse Normandie, d'autre avantage à tirer de
la quantité immense de varech dont elles sont garnies,
que celui de l'employer comme engrais. » (Tiver,
loë-rcit.: p. 311).
C'était la ruine pour les verriers et soudiers normands.
Le litige fut soumis à l’Académie des Sciences. Une com-
mission de trois de ses membres étudia la question sur
place. Guerrarp se rendit sur les bords de la Méditer-
_ ranée; Fouceroux et TiLzLET parcoururent pendant plu-
- sieurs mois les côtes de la haute et de la basse Normandie,
participant à la vie des pêcheurs et des soudiers, exami-
r}
es + e me ee
< fe
ON.
a
26 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GO
re
_ nant le varech sur pied pour y chercher lé jte du poisson, k
s’exposant volontairement et longuement à la fumée du
varech en combustion pour juger de ses effets. Tout cela
est admirablement exposé dans le Mémoire lu par Ticcer
en son nom et au ou de Fouceroux devant 1 ‘Académie
le 13 novembre 1771 '. Les conclusions en sont précises : D t ee
« Le varech considéré soit à la vue simple, soit à la loupe,
ne nous a offert ni la plus légère trace de frai, ni le.
moindre poisson du premier âge » (loc. cil., p. 315).
« Si le poisson cherche un abri dans le varech, il est
plus sûr entre des plantes vigoureuses et toujours cou-
5 X
vertes par la mer, que sur celles qui restent à sec par in-
tervalles, où la chaleur du soleil, mille accidents peuvent
le faire périr ». Si la diminution du poisson dans nos
mers est aussi réelle qu'on l'annonce, la consommation
du varech qu'exige la soude n'en est pas la cause ; la
cause est plutôt Fi multitude de marsouins qui ravagent
les côtes de Normandie. Quant à la fumée quis Frost =
des fourneaux de combustion du varech, si son odeur est
désagréable, comme celle d'herbes brülées, elle n'est dé-
létère ni pour l'homme, ni pour les bestiaux, n1 pour les.
cultures.
Après avoir parcouru les côtes de la Méditerranée,
GUuETTARD visita celles du Sud-Ouest : La Teste, Bayonne,
Biarritz, Bidart, Saini-Jean-de-Luz..., etc. ; ses concilu-
sions confirment celles de TiLLET et FOUcEROUXx.
1 Sur le Varech, Histoire de l’Académie royale de Sciences, année
ire Paris, 1774, et Tizcér, Observations faites par ordre F Roi,
* les côtes de Normandie, au sujet des effets pernicieux qui sont
rats dans le pays de Gaux, à la fumée du Varech, lorsqu'on brûle
cette plante pour ila réduire en Soude, Mémoires, p. 807. Ibid.
ART
À
Le
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 97
La troisième question à résoudre fut l’objet d’un se-
<ond Mémoire.
«On demandoit depuis long-temps s'il est plus avanta-
geux pour la reproduction du Varech, de couper cette
plante, ou s’il convient plutôt de l’arracher ; nous espé-
rons que le Ministère pourra se décider d’après des expé-
riences que nous avons répétées en différents endroits ;
elles seules peuvent conduire avec süreté pour appuy er
la loi sur des fondements inébranlables ».
Les auteurs recherchèrent, parmi les nombreuses plantes
de mer croissant sur les rochers, les « espèces de Fucus
que l'on brüle en Normandie pour la fabrique de la
soude », et ils en citent huit espèces auxquelles ils con-
sacrent deux planches ?, mais leurs observations ou expé-
riences portent sur les espèces auxquelles on réserve Main-
tenant le nom de Fucus.
« Nous avons vu vers le mois d'Août des rochers entiè-
rement couverts de plantes, qui en naissant étoient aussi
! Sur le Varech, Hist. de l’Acad. des Sciences, année 1752, seconde
partie, Paris, 1576, et Fouceroux DE Boxparoy et Ticcer, Second
mémoire sur le Varech, Mémoires p. 55, Jbid.
? Ge sont : 1° le Quercus maritima ou Varech à feuille de Chéne
(P. serratus) ; 2° le Varech à vessies (en majeure partie F. platycar-
pus) ; 8 le Varech à vésicules (F. vesiculosus) ; ces trois espèces s’ap-
pellent aussi Chéne de mer ; 4° le Roberl ou nodosus (Ascophyllum
* nodosum) ; 5° le Lacet (Himanthalia lorea) ; 6° le Varech à silique
(Halidrys siliquosa) ; 7° le Varech à main (dont la tige est ronde,
Laminaria flexicaulis et peut-être L. Clouslonü, ou aplatie, Sacco-
rhiza bulbosa) ; 8° le Baudrier (Laminaria saccharina).
Outre « les espèces que l’on brülait pour les réduire en soude »,
ils mentionnent « un Fucus parasite qui souvent s’attache à d’autres
_ facus et végète sur ceux-ci » de couleur rougeätre ou lie de vin ;
«“ quelques personnes le mangent en salade » ; c’est le Porphyra.
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TL ‘ : Lie SU
58 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOËMON | ae
proches les unes de autres, que Pb V épée sur ie
couche, des laitues qui sortiroient de leurs graines: on
conçoit que ces pieds s’éclaircissent, et que le nombre de. 5
ces plantes diminue, les plus fortes étouffant les plus pe-
tites » ; « la plante parvient à sa perfection, suivant les. Le.
ouvriers, au bout d’un an, quoiqu'’elle puisse croître ou | A
au moins subsister pendant trois ou quatre années».
« Sur le même rocher et près d’un grand pied de varech,
on en voit d’autres qui sont encore jeunes et pelits; les
ouvriers ont grand soin de ménager ces derniers, en fai-
sant la récolte des grands varechs ». « Les gelées gâtent
les grandes plantes en les déracinant ; il est encôre cOns—
tant que les /ucus poussent pendant l'hiver, et dans cette
morte saison, les petites plantes se forment un empate-
ment de racines, et ne font que de faibles productions en …
comparaison du printemps ou de l'été, qui sont bien ue
favorables à leur végétation ». |
« Les ouvriers qui font en Normandie la soude avec le-
varech, arrachent les plantes, quoiqu'un article de lOr-
donnante prescrive de les couper ; on a tenu la main à
l'exécution de la loi, jusqu’à ce que les ouvriers de cette:
province aient représenté, qu'ils ne coupoient le varech.
qu'au détriment de la multiplication de la plante, et de-
puis on a fermé les yeux sur la façon dont ils faisoient la
récolte » ; d'ailleurs, «1l leur coùtoit plus de temps et de
peine pour arracher que pour couper ces plantes car elles.
tiennent fortement à la pierre » ; « un grand avantage
attaché à la façon d’arracher les plantes, c'est qu’au mois:
d'Avril, on ménage, avec le plus grand soin, des pieds trop
jeunes, pour être alors employés, et qui se trouvent le
_ long et près des grands : ceux-là, donnent lieu à une se-
conde récolte vers le mois de Septembre de la même
_ LE GOËMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉËÉMON 59:
4 année ». « Les ouvriers ajoutoient encore à cette pre-
_ mière raison qu'ils s'étoient convaincus que les pieds
coupés ne poussoient plus, qu'ils pourrissoient, et que si
_ on les coupoit près de leurs extrémités supérieures, qu'ils
ne faisoient plus que de faibles productions, et nuisoient
_ à la pousse des ; jeunes plantes voisines, qui seroïent deve-
nues beaucoup plus belles; ils nous faisoient voir
_ quelques extrémités de tiges, qui, s'étant cassées à la der-.
mière récolte en voulant les arracher, n’avoient point
_ poussé et commençoient à pourrir ».
Cependant, comme on était d'avis différent en Bre-
tagne et en Normandie, les enquêteurs choisirent, vers la.
fin d'avril, deux endroits éloignés l’un de l’autre de plu-
sieurs lieues ; dans chacun, ils marquèrent une place « où:
le varech fut arraché entièrement », et une autre place.
où (On en coupa plusieurs rangées à deux pouces de:
l'empatement de la racine, d’autres à quatre ; et les der-
_ nières rangées aux trois quarts desa hauteur ».
«À la fin de Septembre ,disent-ils, la partie dont nous
- avions arraché les plantes au mois d'Avril, étoit garnie de
nouvelles, qui avoient autour de 2 à 3 pouces de hau-
teur, et le 25 Novembre, le varech avoit environ 6 pouces,
et quelques pieds étoient déjà crus de plus de 9 pouces.
Celui qui avoit été coupé ayant été examiné à la fin de-
Septembre, nous reconnümes qu'il étoit encore dans le-
même état que le mois d'Avril où on l’avoit soumis à
l'expérience... On voyoit seulement çà et là quelques
pieds qui étoient venus de graines, et éloignés des tiges »
coupées. Sur les plantes coupées à 3 et { pouces, et seu-
_ lement quand on n'avait pas coupé des feuilles latérales,
on « voyoit une houppe de nouvelles feuilles qui ne pa-
raissoient pas devoir donner de belles productions. Le 25 de-
Co ET : à
"60%" LE GOÉMON ET LA en, :
Far" ,
ke Ft
on #n vu une nouvelle tige d'environ un pouce et demi :
de hauteur attachée à son empatement », et qui provenait
sans doute d'une germination. : ht DO
La conclusion de ce Mémoire est que Ron LT
«moyen employé dans la Normandie pour récolter le
varech, n’est point nuisible à la multiplication de ces 14
plantes ; et nos observations ne peuvent-elles pas encore
conduire à penser qu'il est même plus avantageux d’arra-
cher le varech que de le couper, et que les ouvriers de-
mandoient, pour le bien, et pour concourir à une plus
grande multiplication de cette plante utile, qu'on ne sui-
vit pas l’Ordonnance qui prescrit de le couper ? »
Des conclusions précises de ces deux rapports résulta la
Déclaration Rogale de 1772, beaucoup plus libérale qe LT
celle de 1 791. ÿ.
Tous les riverains en général, de toutes les côtes mari-
times du royaume, € pourront librement, chacun dans
l'étendue de leurs paroisses, cueillir et ramasser pour …
l'engrais de leurs terres, les herbes connues sous lesnoms
de Yet ou vraicq, sar où gonesmont, pendant les mois
de janvier, février et mars de chaque année ». « Lesdites
herbes pourront être arrachées avec la main ou autres
instruments ». Les provisions de varech nécessaires à
l’engrais étant faites en ces temps, « tous les dits riverains
à #
1, A
1 Déclaration qui permet à lous riverains des côles maritimes de cueil-
lir, ramasser et arracher le varech, Fontainebleau, 30 octobre 1772.
Isimserr, Recueil général. etc, t. XXI,
GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMOX SO
- qui voudront fabriquer ds soudes, pourront cueillir les
br herbes et les arracher avec (a mains, râteaux el
_ autres instruments depuis le 1° juillet Jusqu'au 1° oc-
_ tobre de chacune année seulement ». Dans le cas où les
_ riverains ne voudraient pas les utiliser, le refus étant
_ constaté, 11 est loisible à tous particuliers, autres que ces
habitants, « de les arracher, amasser, et leur donner toutes
les préparations nécessaires pour les convertir en soude ».
Sont maintenues les « très-expresses inhibitions et dé-
fenses d'allumer leurs fourneaux dans les temps où les
vents venant de la mer porteraient les fumées sur les
terres » ; ces réserves ne ‘visaient probablement plus les
prétendus dommages nmiés par Triier, mais les fumées
_ d’incinération pouvaient gêner les navires en leur dissi-
_mulant l'aspect de la côte, car elles sont lourdes, épaisses
et se dissipent lentement.
Le 12 ventôse, an 1 (1794), le représentant du peuple
Le CarpenrierR, en mission dans les départements de
_ l'Ouest, estimait que le privilège accordé aux riverains
. « était injurieux à l'égalité, préjudiciable à la fécondité de
la terre et qu’il en résultait une déperdition sensible du
_varech, dont le surplus n'était pas consommé par le pro-
priétaire ». « Cet abus est échappé jusqu'à ce moment au
creuset de la révolution, et je pense disait-il que sa des-
truction générale n’intéresse pas moins l’agriculture que
l'égalité ». Il prit un arrêté qui appelait toutes les com-
munes, soit des côtes, soit de l’intérieur, à recueillir le
_goémon.
Mais les populations lésées protestèrent énergiquement
contre cette mesure. On fit valoir que l’arrêté dépouillait
« les communes d’un droit acquis par un usage immé-
l
RENNES
morial et non métros que ce droit {tenait < “esse:
tiellement à la propriété que ces communes ‘acquittaient
les contributions pour les rochers sur au Ne cro ssai Je
varech..., etc. » | Es CRC À
Un très bref arrêté du 18 thermidor, an x (1802)! M
gné de Bonaparte, premier consul, annule celui du 12 ven
tôse an 11 et dit en outre, art. 2 : « Les préfets pour- 0
ront déterminer, par des réglements conformes aux lois,
tout ce qui est relatif en goëmon et varech ». C'était, en
opposition avec les ordonnances royales, un acte de cen-
tralisation administrative. EE CS
Puis, des commissions furent nommées, des projets
furent élaborés sur l'ensemble des pêches côlières pour
aboutir à un long décret de 1852? où il est dit, presque L
incidemment, que les règlements relatifs à la récolte as î
varech, sart, goëmon et autres herbes marines sont
FAST Toutefois, disait l’article 24, les règlements an-. 4
térieurs continueront à être exécutés jusqu'à lé pe sa
de décrets spéciaux qui devait être faite la même année ; J
elle éut lieu seulement le 4 juillet 1853?. 1:40
Les quatre décrets concernant les quatre arrondisse-_
Liert FAR, Fi
1 Arrêté concernant la pêche en goémon et varech du 18 thermidor, F 28
an X. et Arrêté du 12 ventôse, an Il, cités ici d’après L. Arai É
(loc. cit., p. 13 et 650).
2 Décret du 9 janvier 1852 sur l'exercice de la péche côtière, en | ‘
&rgr, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, oienente #4
et avis du Conseil d'Etat, t. LIT, Di 1859. Were 4
3 Décret du ! juillet 1893, portant 66 te sur la Pêche maritime. à
côtière dans le premier arrondissement maritime (Cherbourg). Bulletin
des Lois de l'Empire français, X[° série, suppl. N° 623. Trois autres
décrets de la même date concernent ju trois autres srrondissements |
maritimes (Brest, Lorient, Rochefort).
-#
«
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 63
_ «ments diffèrent peu les uns des autres en ce qui concerne
les goémons. Le 1° article, concernant le goémon de rive,
_ consacre le droit de l'Etat en disant : « Abandon est fait
.-exclusivement aux habitants de chaque commune du
| goëmon altenant au rivage de cette commune ». Ge
qu'un décret abandonne, un autre décret peut donc le re-
prendre. Une.« disposition commune à tous les goëmons »
dit : « art. 125. La coupe et la récolte des goëmons ne
doivent avoir lieu que pendant le jour. Il est permis
d'arracher ces herbes ou de les couper à la main avec
couteaux ou faucilles. La récolte des goëmons épaves sera
opérée avec des fourches ou des perches armées d’un seul
croc ». «Il est expressément défendu de vendre le goëmon
de rive aux forains et de le transporter hors du territoire
de la commune, à moins de décision contraire du Con-
seil municipal ». L'art. 107 dit : « La coupe du goëmon
de rive ne peut avoir lieu qu'une fois par an, dans la pé-
-riode comprise entre le 1° octobre et le 31 mars, aux
_ jours déterminés par l’autorité municipale... » ?.
Cependant, les Cherbourgeois s’émurent ; des pétitions
1 Le N° 107 est celui du décret concernant Cherbourg : dans les
autres décrets, ce sont : No 112 pour Brest, N° 112 pour Lorient,
où les dates sont du 22 septembre au 30 mars, N° 95 pour Roche-
fort.
? L'article 113 du décret concernant le 2° arrondissement dit :
« Par disposition spécialement applicable à l'île de Bréhat, qui ne
produit d’autre combustible que Île goëmon, une seconde coupe est
autorisée ; ..… elle a lieu du 1° août au 1° octobre.
« Par dérogation à l’article 112, la coupe de la zostère marine,
<onnue sous le nom de pailleule, pourra commencer le 15 juillet
_ dans le quartier de Granville, où les dispositions de l’article 111
, (interdisant la vente aux forains) ne sont point applicables à ce
_ fucus ». |
64 LE GOÉMON
ET LA
furent signées, la Société locale d’ Areulte re ls RS n
« Les communes de roi de Cherbourg, di
sait la Société, étaient donc, depuis plus d'un cle, en
possession du droit de faire chaque année deux coupes de |
varech, lorsque le règlement de 1853 est venu leur enlever, Le
au moins en parlie, cette source de bien-être ct qe ni A
chesse. ORNE
__ « Une mesure aussi grave devait reposer sur des mo- Que.
tifs d’une égale gravité. Par les documents qui accom- à
pagnent le décret du 4 juillet 1853, un seul donneàce
sujet quelques explications : c’est un rapport de M. Royer.
CoccarD professeur à la faculté de droit, membre d'une
commission instituée en 18/49 pour Me: d' un pee. °%e
de loi sur la pêche côtière : LS
« Les observations pratiques, qui ont été faites par Le 14
« chefs du service maritime, les ont conduits à penser que
« la commission nommée par l’Académie des Sciences en
(1772, a pu se tromper en assurant que ces herbesne
« servaient pas à abriter le frai ni le poisson du premier
« Âge ; ce ne serait donc peul-êélre pas sans inconvénients
« qu’on laisserait à la récolte du varech une liberté aussi
« grande que celle qui résulterait de la déclaration de rs
L T'ATOEA 4
Et le rédacteur de la protestation ne néglige pas. de :
meltre en balance les suppositions du professeur de droit
avec les affirmations des savants et des praticiens *. _ >
résumé, les pétitionnaires demandaient :
1 Mémoire sur la récolie du varech, Société 7 EN de Cher-
bourg, séance du 14 mai 1857.
2Les Cherbourgcois se montfraient généreux en se bond à a)
mettre en doute 1# compétence scientifique et pratique de ce profes-
seur de droit, La Commission comprenait neuf membres qui, à part
Lee
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMOX 65
“CT : Que la coupe du varech de rive soit autorisée deux.
. fois par an, sur tout le littoral du sous-arrondissement
maritime de Cherbourg, depuis et compris le quartier de
la Hougue jusqu à Goal : ; et que chaque coupe ait
fieu dans une limite de trente jours, conformément aux
anciennes ordonnances.
« 2° Que la récolte du varech d'épaves puisse avOIr
_ lieu à toute heure de jour et de nuit, sauf à n’en permettre
l'enlèvement que pendant le jour. »
Finalement, 1ls eurent gain de cause : un décret spécial
_intervint en 1868, où il est dit :
_« Art. 4. Deux coupes de goémon de rive peuvent
_ être autorisées chaque année. Les époques et les jours
consacrés à ces deux coupes sont fixés par l'autorité mu-
nicipale. » La vente du goémon de rive est permise aux
forains, et cela s'applique non seulement à Cherbourg,
mais à toutes les- côtes de la Manche et de l'Océan. La
_ récolte du goémon de fond y est permise de jour pendant
_ toute l’année. Il n’y est plus question des restrictions
relatives à l'incinération. Un autre décret, de 1873°
“
_ montre que la principale difficulté, dans la réglementa-
tion du goémon de rive, est de déterminer la qualité des
le sous-commissaire de la marine DE Box, étaient tout aussi peu
qualifiés pour donner un avis sur cette question ; on y voit un chef
. de la 2e division à la Préfecture de police ; un chef du bureau des
affaires criminelles au ministère de la Justice, etc.
C’est ce quadruple décret de 1853 qui mentionnait la récolte du
goémon de pied sec (CE. p. 34).
! Décret du 8 février 1868 relatif à la récolle des herbes marines,
_ Duvercier, loc cit., t. sxvrrr.
? Décret du 31 mars 1873 relatif à la récolte des goémons de rive
par les propriétaires de terres siluées dans les communes du littorai,
mas qui n' habitent pas ces communes, Düuvercier, loc, cil., t. Lxxm.
4.
At"
A RS Me ee "a M ee
66 | LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON l RE HER
personnes admises à la récolte !. D après le dattes le 4 ÿ
récent (1890), ce sont, outre les habitants des commune:
riveraines, les propriétaires non habitants y ponte à
au moins 15 ares de terre cultivée, exploités par eux?
L'art. 4 du décret de 1868, non abrogé, par le Mi |
de 1890, parle des coupes du goémon de rive, comme si
l'arrachage était interdit. En faits cela est sans impor-
tance, car les arrêtés des maires fixent un petit nombre
de jours pour la récolte, et la concurrence étant grande
entre ceux qui s y adonnent, aucun d’eux ne songerait à
arracher plutôt qu'à couper, le travail serait trop pémible
ettrop lent; un coup de faucille est plus avantageuse-
ment donné ; ils cherchent à en perdre le moins possible
et coupent aussi ras qu'ils le peuvent, car chacun: nr |
comme il veut.
D'ailleurs, si étonnant que cela puisse sembler, on ne
connait guère mieux la pousse et la repousse des Fucus
qu’au temps de Triier et de Foucrroux. On les voit
apparaître en foule dès qu'un mince dépôt vaseux, sou-,
vent suivi de l'apparition de petites Algues vertes (Entero-
morpha), couvre des digues récemment construites, ou à
1L. Ayraurr relate un procès assez curieux que le tribunal de.
Lannion jugea le 7 avril 1855. Huit personnes avaient fait l’'acquisi-
tion indivise, sur le PTERNT de la commune de Trebeurden, et par
devant notaire, au prix de 180 francs, d’une parcelle de terre de la_
contenance d’un are environ, soumise à un impôt de quarante-sept
centimes par an ! Or, l’un des huit propriélaires était accusé d'aller
« tous les jours chercher du goémon qu’il vendait à Lannion
25 francs la batelée ». Il fut condamné,
2? Décret du 28 janvier 1890 modifiant la réglementation relative à
la récolte du c goémon de rive dans la Manche et dans l'Océan. Duver-
ir, loc. cit., t. XC.
PORT A
«
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 67
des pierres jetées à la mer au niveau convenable, et leur
croissance m'a paru rapide * ; les plantules qui supportent
le mieux la concurrence ni Lille étouffent les autres, gran-
dissent, fructifient, répandent leurs œufs, mais on ignore
combien de temps vivent ces adultes’. C’est aussi un
fait d'observation courante qu'un Fucus, tronqué sur l'une
de ses branches, repousse sur sa section et produit une
nouvelle branche parfois plus vigoureuse que celle
qu'elle remplace, mais les conditions qui nous occupent
sont différentes, il s’agit d'une coupe générale, comme
aux spoques autorisées.
Les expériences de Tizzer et Foucsroux seraient à re-
prendre. Le cas de l’Asc. nodosum (fig. 6) diffère de
celui des Fucus, car les frondes produisent normalement,
à leur base, des branches identiques à elles, dont une
_troncature favorise le développement ou l’apparition ; de
nouvelles frondes sortent aussi du disque fixateur qui
s'épaissit et s'élargit par la soudure de la base des frondes
anciennes. Au contraire, le disque fixateur des vrais
Fucus prolifère exceptionnellement. Les F. plalycarpus
et F. vesiculosus renouvellent leur fronde de deux façons
qui peuvent se présenter séparément ou simultanément.
Composée d’une lame ramifiée parcourue en son milieu
1 Des expériences entreprises par Harior à Talihou (Sur la croissance
des Fucus, Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. CXLIX,
1909) et par Madame P. Lemoine (Quelques expériences sur la crois-
sance des Fin marines à Roscoff, Bulletin de l’Institut océanogra-
phique, N° 25-, Monaco, 1913) sont restées incomplètes.
2 £a st espèce F, dichotomus Sauv. (Cf, p. ler) est annuelle :
zu autres espèces ont une plus longue durée. D’après Corrox fe.
D. 58) le F. serratus cultivé dans la région de Clare Island est
4e après deux ans de croissance,
réduits à quelques conceptacles. | 0 0
ME 7 Se re Fa
68 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU COÉSNN > RCE k OR
5 | ANCeRT PT ARTE EM :
é Fe Gi ts LE LA ES 1:20
par une nervure saillante, leur fronde perd progressive | ;
ment de bas en haut ses parties latérales minces pourse
réduire à la nervure qui continue à s’épaissir et semble ” her
alors une tige pour la plante; or, cette partie inférieure
dénudée émet fréquemment, de préférence sur deux gé-
nératrices approximativement dans le plan ancien, de
pelites frondes latérales qui sont souvent plus nombrebses 4
ct plus serrées que sur la figure 4; parfois sans utilité
apparente, ces frondes latérales régénèrent d’autres fois
la plante vieillie qui s’est dégradée après la fructification. |
Mais si la plante est tronquée à un niveau plus ou moins
bas, certaines de ces frondes latérales prennent le dessus |
sur leurs voisines, croissent rapidement, et la plante nou-
velle est plus touffue que la première. Dans ce cas, la
troncature facilite simplement le développement de ces
pousses basilaires de remplacement. Souvent, elle inter-
vient plus directement ; une prolifération plus ou moins
abondante apparaît sur la troncature même de la nervure,
rarementssur les parties minces latérales, et produit un
bouquet de petites frondes nouvelles. J'ai vu des indi-
vidus de F. plalycarpus et de F. vesiculosus qui avaient
été coupés au niveau où ils étaient divisés en douze
branches dichotomes, et qui repoussaient ainsi sur cha—
cune -des douze nervures sectionnées. Ces bouquets sont
généralement trop fournis pour que chaque fronde nou-.
velle se développe convenablement; ou bien quelques-
unes prennent le dessus sur les autres qui restent minus-
cules ou bien toutes restent courtes, et même il n'est pas
Fate que certaines se transforment aussitôt en FRS
Le premier mode de régénération paraît rare chez le
F. serralus, tandis que le RS est commun aux {trois
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 6g
espèces. J'ai vu à Roscoff des individus de 7. serratus
composés d’une tige, haute de quelques centimètres, por-
tant une dizaine de grosses branches nées en un même
point, coupées elles-mêmes à quelques centimètres ;
celles-ci bourgeonnaient en bouquet dense de frondes
ayant alors 1-2 centimètres, mais qui paraissaient appelées
_ à bien se développer; la repousse s'était donc produite
_ deux fois et, d’après la grosseur des tiges, la première
correspondait peut-être à la coupe autorisée de l'année
précédente. Il était impossible, pendant les années de
guerre, de se rendre compte de l'effet de la coupe sur la
repousse, car la police étant très insuffisante, les règle-
ments n'étaient point suivis, et l’on coupait un peu en
tous temps. Une repousse trop vigoureuse, produisant
une touffe très dense et très volumineuse, pourrait devenir
une cause de destruction, car le disque fixateur ne
s'élargit pas proportionnellement, et, les vagues ayant
plus de prise sur l’ensemble, la plante peut être arrachée.
Outre les variations individuelles, un individu dans sa
première année d'existence repousse probablement plus
vileet mieux qu'un individu âgé et, a priori, un individu
dans sa dernière saison d'existence ne survit pas à l'am-
putation.
On ignore aussi quelle longueur de moignon est indis-
pensable pour permettre cette prolifération ; évidemment
en rapport avec la proportion de matières de réserves,
elle n’est vraisemblablement pas la même pour les
différentes espèces et aux différentes saisons. Enfin,
l'observation sur place, faite en passant, indique les
individus qui repoussent, mais non ceux qui ont dis-
paru ; elle devrait être fréquente et embrasser un large
espace, où tous les individus auraient été coupés.
ee DE RUES PL GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOËMON
J'avais prié M. pus l'un de mes anciens élèves,
déjà connu par ses travaux de mycologi le, qui OCCU-
pait alors une villa sur le bord du Bassin Are dpar
de faire une expérience à ce sujet. Un gazon épais
et continu de F. platycarpus et de F. vesiculosus cOu-
vrait le péret de la villa. Au début de janvier 1919,
M. Durrexoy coupa tous les Fucus sur un espace de
quelques mètres carrés, en laissant des moignons hauts
de 1 à 10 centimètres ; il fallut attendre mars pour voir
les plus longs commencer à repousser, mais l’Enteromor-
pla compressa se répandit alors sur tout ce terrain dé-
_nudé avec une telle rapidité qu'il le couvrit d’un tapis
continu d’un beau vert, si long et si dense que les Fucus
étaient complètement cachés ; les Fucus furent comme
étouffés ; on n’en trouvait plus du tout en avril, ils étaient
morts et les vagues les avaient détachés et emportés ; ils
y réapparaitront sans doute, par des germinalions, quand
la saison des Enteromorpha sera terminée. |
M. Dorrexox fit alors une autre expérience ; dans les
premiers jours d'avril, en divers points marqués, il
coupa seulement quelques F. platycarpus et F. vesiculosus
les uns courts, les autres longs, d’autres seulement sur un
de leurs rameaux, mais de façon que tous fussent pro-
tégés par leurs voisins intacts. Lorsque je les ai vus, à la
fin de mai, ces derniers avaient formé, sur la nervure
coupée, un bouquet de frondes longues d'environ 2 cen-
luimètres ; ceux qui avaient été sectionnés entièrement
avaient fourni un bouquet de frondes de quelques milli-
mètres à 1 centimètre, et enfin ceux qui avaient été
coupés à 2 à 3 centimètres de la base ne présentaient en-
core aucune repousse. :
Si les rochers arrondis ou irréguliers obligent les ré-
ETS
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No
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; VER ARE Tele
+ en ©! _ rs
ut Ex
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_faucille tond les rochers plats en laissant un moignon si
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 7e
colteurs de goémon à épargner la base de la plante, la:
court quil restera stérile, en même temps qu'elle décapite:
de jeunes individus qu'une coupe longue épargnerait. Un
moignon long. même sil ne possédait pas la propriété
de bourgeonner et s’il devait dépérir, arrêlerait néan-
moins utilement les œufs flottants, accélèrerait le repeu-
plement en abritant les germinations contre la chaleur,
lé froid, ou la pluie pendant la basse mer‘. Bien que l’on
_ trouve toute l’année des Fucus fertiles, leur reproduction
se fait surtout pendant la saison froide ; par suite, les
rochers sont déjà ensemencés à la fin de l'hiver ou au
début du printemps lorsqu'on récolte le goémon de rive,
et d’ailleurs il reste toujours des individus épargnés qui
assureront le repeuplement. Enfin, j'ai entendu des culti-
vateurs prétendre que le goémon coupé en hiver est un
meilleur engrais que celui de la fin du printemps ou de
l'été. D'après J. Hexpricx qui, comme on le verra plus
loin, a étudié la question de l’engrais marin (loc. cit.,
p. 120), les Fucus coupés repoussent rapidement et, dans
certaines localités de l'Ecosse, on les coupe régulière-
ment deux fois par an, mais l’auteur ne dil pas quelles
sont les époques, n1 si les intéressés prennent des précau-
hüons qui facilitent la repousse, et peut-être s'agit-il de-
l’Ascophyllum plutôt que des vrais Fucus. À priori, la
coupe du goémon à une certaine distance de la base en-
_traînerait la possibilité d'autoriser des cueillettes plus
fréquentes ?.
1 Cette hypothèse n’est pas conforme aux asserlions de Tirer et
. FoucEeroux.
2 La pétition adressée en 1857 par la Société d'Agriculture de:
Cherbourg à propos des décrets de 1853 dit : « On pourrait croire
LÉ GPREAN ET LA RÉCOLTE
À Roscoff, on fait ds coupes, mais la sn est.
plutôt la prolongation de la première. La première a lieu =
en février-mars, selon les marées, et dure six jours ; les Ne
‘trois premiers Jours sont réservés aux riverains qui em-. e
ploient, pour le transport du goémon coupé, des mannes,
brouettes ou civières ; ceux qui disposent de charrettes 5
ou de bateaux sont admis seulement les trois derniers
jours, qui sont d’ailleurs les plus favorables. Puis, la
cueillelte est de nouveau ouverte à tous durant tout le
mois de mai. Voici ce qui se passe : Dès le premier
jour, les collecteurs sont nombreux et rivalisent de zèle
et d'activité ; dès que la mer baisse, ils coupent les pre-
miers Fucus (F. platycarpus) et s'avancent peu à peu ”
vers les F. vesiculosus et les Ascophyllum, puis les
F. serralus, cette dernière cspèce étant la plus estimée ;
toutefois, on ne fauche pas le goémon comme l'herbe
d'un pré, et la mer baissant plus vite qu'ils n'avancent,
les récolteurs laissent nécessairement des espaces non
coupés qu'ils espèrent retrouver le lendemain. Ces espaces
se font de plus en plus rares, la coupe au niveau inférieur
devenait fatigante, à cause du chemin de plus en plus long
à parcourir sur les rochers pour remonter le goémon en
haut de la grève, beaucoup, parmi ceux qui auraient.
que la récolle du varech de rive, n’aÿant lieu qu’une fois par an,
sera beaucoup plus abondante, et qu'ainsi l’agriculture n'y perdra
rien. Les observations faites démontrent le contraire; les herbes
marines croissent irès vite, se détachent quand elles viennent à
maturité et peuvent être emportées par les vents et les courants, au
préjudice de tous les intérêts qu’elles sont destinées à satisfaire. La
coupe d'hiver n'est pas plus abondante aujourd’hui qu elle n'était
* sous l'ancienne législation ». Il doit cependant y avg là quelque
exagéralion. Voir Ft loin ce qui concerne la coupe à l’fle de né
,
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 73
droit à la coupe pendant six jours, l’abandonnent avant le
cinquième. En mai, les collecteurs, bien moins nombreux,
_ prennent tout leur temps et coupent précisément les
touffes délaissées en mars qui, d’ailleurs, ont depuis
_ grandi un peu. En outre. le goémon de mars paraît plus
_ estimé à Roscoff que celui de mai’. Ceci concerne le
goémon destiné à l’engrais. La cueillette du Lichen carra-
gaheen, nommé goémon blanc par opposition au goémon
noir, autorisée de mai à octobre inclus, occupe beaucoup
moins de monde. |
Les dates et la durée d'autorisation de couper le
goémon de rive varient avec les localités, probablement
suivant les traditions locales, la densité de la population,
la nature des cultures et l'étendue de l’espace à exploiter.
Aïnsi, d’après Guérix (loc. cit.) la récolle, autorisée à
Plounéour-Trez (Finistère) du 15 janvier au 15 juin, est
pratiquée surtout en mai-juin, et l'espace intercotidal
est partagé en lots établis d'après le nombre des membres
de chaque famille : un lot pour le père, un lot pour la
mère, un lot pour chacun des enfants et aussi pour les
gens à leur service, le partage des lots se faisant, en prin-
cipe, tous les quatre ans. |
À l'île de Ré. le territoire couvert de Fucus est im-
‘Il en est de même dans l’arrondissement de Lannion, d’après
L. Ayraurr (loc. cil., p. 423) : « De l'avis général des cultivateurs,.
le goémon de rive qui doit être employé comme engrais ne possède
toutes ses qualités que pendant les mois compris entre janvier et
avril, époques auxquelles il arrive à pleine maturité. Le produit
obtenu à tout autre moment ne peut guère servir qu’à faire de la
cendre qui, pour les besoins de l’agriculture, ne représente pas le
xingtième de la valeur du goémon vert ». Ici encore, il doit y avoir
quelque exagération.
Utilisation des algues marines. 5
k KE,
MR 5 Le jrs EN RE D
PRE — LA DUT
s FÉLÉE UENS SRTERE
DR ae sue -
+ 4 HE PS
7
. Viticulture, t. XIL, Paris, 1899.
LE GOÉMON
mense ; toutefois, on ne F site pas sur Se côte S. W.,
exposée à la mer sauvage, car ie goémon épave suffit Se qe
besoins des riverains. il en est autrement sur la côte S. E.,
et en particulier sur le territoire de la commune de Loix,
où 200 à 300 hectares de prairies marines exploitables à
basse mer sont composés surtout de F. platycarpus et de
F. vesiculosus. Ses riverains étant éloignés des points
d'échouage ont avantage à pratiquer la coupe pendant la
période autorisée qui dise un mois (mars-avril). D’après
M. Brin (in liti.), on a parfois tenté deux coupes par an,
mais la coupe de septembre ou d'octobre retarde pliiôt
« l’enherbement » ëêt, au printemps suivant, les Fucus
sont trop courts pour être exploités. Le F, serratus n'est
guère coupé sur cette côte plate, sa cueillette obligerait à
parcourir un trop long chemin. Une équipe de quatre
femmes, fournissant à un homme chargé du transport avec
un âne, parvient, dans une marée de six heures, à couper
6 à 8 tonnes de varech1.
STrANFORD (loc. cit.) écrivait en 1862, après un récent
voyage aux îles anglo-normandes, que le temps de la
coupe y est fixé par la loi ; à Guernesey, il dure du 13
juillet au 3r août, tandis qu'à Jersey deux coupes an-
nuelles sont autorisées, pendant dix jours chaque fois,
l'une à partir du 10 mars, l’autre à partir du 20 juin. L&
coupe d'été est un temps de vacances régulières dans les
deux îles et l’occasion de grandes réjouissances pour les
Jeunes « vraicqueurs » des deux sexes.
Il semble bien que toutes ces dates d’autorisation de la
coupe s’inspirent beaucoup plus de traditions ou de con
venances locales que de considérations biologiques.
1F. Brin: — La fumure de la vigne aux engrais marins, Revue de
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 79
A l’île d'Ouessant, on coupe le goémon de rive seule-
À ment pour le chauffage. L'ile manque de bois ; les ajoncs
non abrités par un mur y restent nains, les bruyères
aussi: en hiver, on se chauffe et l'on fait cuire les ali-
; ments à l'aide de touffes de gazon, de bouses de vaches
préparées en forme de galettes et séchées durant l’été, de
tiges de L.Cloustonu séchées, et de goémon noir qui est
particulièrement apprécié. On coupe le goémon où l’on
veut et quand on veut, mais généralement en hiver ou au
_ printemps, car il doit rester au moins deux à trois mois
exposé à l'air et recevoir plusieurs pluies pour brûler con-
venablement. Les propriétaires des terrains en bordure
de la mer l'étendent sur leurs terres, les autres l’étendent
sur les rochers de la falaise; on le rentre sous des han-
gards quand il est bien sec. À ma question si cette coupe
faite à. volonté influait sur la repousse, on a répondu
quon n'y prête pas attention, car la quantité de goémon
de coupe dépasse les besoins (à cause de l'abondance du
-goémon épave) et l'administration municipale n’a Jamais
- à intervenir.
A l’île Molène, le goémon noir r est APE NE utilisé
pour le chauffage ; Aube une vieille coutume, cer-
taines grèves sont divisées en parcelles réparties entre les
familles de l'île et chacune y pratique la coupe à sa con-
venance; dans les grèves non parcellées, tout habitant
coupe où il veut et quand il veut.
Au goémon de rive se rattache le Zostera marina, ou
varech des emballeurs et des tapissiers, appelé aussi crin
_ végétal. Cette Monocotylédone forme de vastes prairies à
un niveau assez bas, surtout dans les anses abritées dont
ses rhizomes et ses racines consolident la vase; son
FU ë El «(Da
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OLIS ee c'RE PERL ET :1A. 2e hu « o [US
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76 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON. PR
Pillage donne asile à de Der er animaux. Li où. 261 à
de par exemple dans ji bassin d'Arcachon, dans”
l'étang de Thau (Hérault). c., il constitue la majeure
partie “du goémon épave BP ie les tempêtes ; ailleurs,
là où il est plus rare, ses longues feuilles étroites. minces
et très souples, pourvues de ou fibres cellulosiques,
suflisent pour entortiller en gros paquets les Algues di-
verses roulées par les vagues et rejetées par le flot.
À Roscoff, où il couvre cependant d’assez vastes éten-
dues, on ne le récolte pas méthodiquement ; les uns et
les autres le coupent, ou plutôt l'arrachent, quand ils en
ont besoin, quelques-uns pour faire des matelas, la plu-
part pour couvrir et em pêcher de se dessécher les tas de
goémon de réserve exposés en plein air; toutefois, ceci
n'est qu'une tolérance et 1l est entendu que les collec
teurs ne doivent pas en faire le commerce. En d'autres
régions, comme certaines côtes de Normandie (environs
de Grandcamp dans le Calvados, entre Agon et Pirou sur
la côte"ouest de la Manche), où les riverains le récoltent
pour la vente, ils l’appellent varech et ne donnent
jamais ce nom au goémon d'Algues. Avant que la mer
l'ait complétement asséché, et tandis que les feuilles flot-
tent encore sur une faible épaisseur d’eau, 1ls coupent le
varech avec des faux et des faucilles comme ils feraient
dans un pré ; les uns en chargent des voitures, les autres
des gabarres échouées ou des radeaux qui les ont amenés
LA
ER UD. D LE
et le montant les reconduit au port. Il y a, en effet, toute J
une zone où les courants ramènent à coup sûr tous ces
radeaux dans une lagune située en arrière du cordon lit-
toral (marais de Blainville). Cette variété de goémon de
rive étant l’objet d’un important commerce, sa coupe est
réglementée ; nous l'avons vu à propos du décret de
| LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON dr
Juillet 1853. Le varech est déchargé sur les terrains sa-
blonneux ; on l’étale comme on fane le foin et on le laisse
bien laver par les pluies ; on ne le ramasse pour la vente
que lorsqu'il est dessalé et desséché. Les pêcheurs luli-
lisent pour leurs matelas.
Le goémon de fond, ou poussant en mer, comme le
désignent les décrets, vit au-dessous du niveau des basses
mers d’équinoxe. Sa récolte se fait sur des bateaux, ou
goémonniers, par des marins appelés du même nom et
aussi soudiers ; l'Etat leur accorde le permis de circuler
et de couper moyennant le paiement d’une redevance an-
nuelle'. Le goémon effeclivement coupé se compose à
peu près uniquement de cinq espèces de Laminaires qui
toutes descendent dans la région toujours submergée, et
qui toutes remontent dans la zone intercotidale, mais iné-
galement baut.
Comme je l'ai fait pour les Fucus, à propos du goé-
mon de rive, je donne quelques indications botaniques
sur ces Laminaires à propos du goémon de fond?. Le
mot Laminaire étant l'équivalent français du mot Lami-
1 L'article 6 du décret du 8 février 1868 dit :
La récolte ou coupe des goëmons poussant en mer est permise de
jour pendant toute l'année. Elle ne peut être faite qu’au moyen de
bateaux pourvus de rôles d'équipage. Néanmoins, pour la récolte de
ceux de ces goëmons qui sont destinés aux besoins particuliers des
cultivateurs, ces derniers et leurs valets de ferme peuvent acciden-
tellement s’adjoindre aux équipages réguliers des bateaux, sans tou-
tefois que leur nombre excède deux individus par tonneau, non
compris les hommes du bord,
2C. Sauvacrau. — Recherches sur les Laminaires des côtes de
France, Mémoires de l'Académie des Sciences, t. LVI, Paris, 1918.
7e LE GOÉMON ET RES DU GOÉMON x
Pre a.
naria, qui désigne un genre > renfermant Ro espèces, |
il serait plus correct, d après les usages de la nomencla-
ture, d' appeler le groupe Laminartacées, comme on dit
Fucacées ; néanmoins, on dit souvent Laminaires, quiest
moins ni et j'emploie ici ce mot dans ce sens. Les ‘S ü
minaires a tent comme les Fucacées aux Algues.
brunes, ou Phéophycées ; elles en diffèrent par leur
forme et leur mode de reproduction. Leur forme simule
une Phanérogame. La plante, fixée aux rochers par des
haptères ressemblant à des racines, possède une lige ou
slipe, simple chez nos espèces, ramifiée chez d’autres, qui
se termine par une feutlle unique ou lame quand le stipe
: F3 PE URSS TS" Le Een |
r ; e ne 2 : DEA < v
de ue M ÉD ve Sas PET 12
SRE UT EE PET N PRE ANT rs $
est unique, et par autant de lames que le stipe a de ra- A il
; . À 21
meaux chez les autres ; en outre, une lame veut être sim- 2
ple, ou divisée en lanières par des déchirures naturelles,
CRE
rh STE À
Ces diverses modifications de la forme extérieure ont per-
mis d'établir parmi les Laminaires de nombreux genres,
bien représentés en particulier sur les côtes du Japon et
de l'Amérique. Un fait d’un haut intérêt phylogénique,
Ps A4 ll re
vérifié chez assez d'espèces pour induire sa constance dans
tout-le groupe, est la remarquable uniformité des stades. È
de jeunesse; quelle que soit la forme du stipe ou dela 4
lame adultes, la plante jeune à un stipe simple etune
lame simple. En outre, tandis qu'un Fucus s'accroît par à
le sommet de chacun de ses rameaux, une Laminaire …
s’accroit par une zone génératrice intercalaire, où le cloi- ;
sonnement est très actif, située au point d'union du stipe M
et de la lame, de sorte que l'accroissement du stipe et
celui de la lame sont simultanés, se font au même en- pe
droit et en sens inverse ; le sommet d'une lame étant sa
. partie la plus âgée, il est usé, déchiqueté ; la’ lame se dé-
truit par son sommet, tandis qu'elle se régénère par sa ÿ
Frs PT — LEA sn À ANS
Pa AE 96 ER | CASSER 21
LUN FA
«
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU
base. La disposition et la nature
de l'appareil reproducteur sont
. un autre caractère très général du
oroupe. À part le Saccorhiza bul-
bosa, où cet appareil envahit toutes
_ les parties de la plante, il est lo-
calisé sur la lame ; 1l y forme des
plages plus ou moins larges, à peine
saillantes, ou sores, constituées par
des sacs étroits ou sporanges rem-
plis de zoospores, et entremêlés de
cellules stériles. Un seul individu
bien fructifié peut répandre des
millions de zoospores. Les 7z00-
_ spores germent directement, car
elles sont asexuées ; toutefois, au
lieu de fournir une plante sem-
blable à la plante mère, elles four-
nissent une plantule microscopique
sexuée d'où sort, après fécondation,
une Laminaire; on dit qu'il y a
alternance régulière entre la gé-
néralion sexuée et la génération
asexuée.
Mettant à part l'A laria esculenta,
trop rare chez nous pour être
ublisé, l'espèce qui remonte le plus
haut, qui se rencontre même parmi
les Himanthalia. est le Laminaria
saccharina (fig. 8) ou Baudrier qui
possède une lame en large ruban
_ simple et ondulé crispé, qui atteint
GOÉMON 79
{
ON
Fig. 8 — Laminaria
saccharina Lamour.
Individu adulte récolté à
Roscoff en août. — En-
viron mie gr, natur,
Fig. ou Laminaria Jlexicaulis us Jol.
Individu adulte récolté à Roscoff en janvier. — Environ 1 / 5 gr.
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 81
souvent 3 à 4 mètres, portée par un
stipe cylindrique, étroit, court en com-
paraison de la longueur de la lame. On
ne sait pas combien de temps vit cette
_ espèce. Le L. saccharina remonte
parmi les Fucus serralus, où parfois .
même il abonde, mais sans y fructifier ;
on considérait autrefois cette forme
jeune du niveau supérieur comme
une espèce que l’on nommait L. Phyl
litis. Les autres espèces ont un stipe
plus gros et plus long et une lame
digitée, découpée en longues lanières
rayonnantes. C’est d’abord le: Lame: /
flexicaulis (fig. 9 et to), qui autrefois
constituait, avec le Lam. Cloustonu
(fig. r1), le Lam. digitala des an-
ciens auteurs; son stipe longuement
conique ou légèrement fusiforme,
lisse, flexible, aplati au sommet, lui
mérite bien son nouveau nom imposé
par ze Jours ; Je poids de la lame le
couche et l’étend sur le rocher quand
la marée l’assèche ; sa lame, d’une
teinte olivacée foncée, oscille entre tr et
3 mètres de longueur avec une lar--
geur très variable. La figure 10 repré-
sente la forme que prend souvent le
L. flexicaulis sur les rochers exposés
au choc des vagues ; la lame est plus
étroite que dans les stations abritées et
le stipe, plus long, est tordu sur lui-
Fig. 10. — Laminaria
flexicauls Le Jol.
Individu adulte à stipe
tordu, récolté à Ros-
coff en août. — En-
viron 1/15 gr. natur.
—
D.
re sous le nom e L. sn es auteurs. jrs lais.
distinguaient une variété stenophylla dont la lame _ k
se divise en un petit nombre de lanières, comme on la voit
figurée dans le Phycologia brilannica de Harvey. Depuis, à
certains l'ont élevée au rang d'espèce. En attendant que |
son développement soit suivi en détail et prouve son in- …
dépendance, il semble que le Z. stenophylla des auteurs
anglais n'est pas autre chose qu'une portion de notre ;
L.flexicaulis ‘. Très recherché en Bretagne pour l'engrais :
et pour l'extraction de l'iode, 1l y est connu sous le nom È
de Taly. | | +
Le Lam.Cloustonii ne découvre qu'aux grandes marées :
son stipe est droit, raide et rugueux, comme chagriné,
ce qui facilite la GR de nombreux PR és ‘s&
lame digitée et de teinte roussâtre est généralement plus
courte que son stipe tout au moins chez l'adulte. Si l’on
éprouve une difficulté à distinguer cette espèce de la pré-
cédente, on aura recours aux canaux muciferes ? : quand …
on coupe la lame de l’une ou de l’autre, des gouttelettes …
f è
1 J'ai déjà dit à propos du F, platycarpus comment la loi de prio-
rité appliquée à de vieux noms de valeur très douteuse complique
inutilement et fâcheusement la nomenclature. Les Laminaires nous 4
en offrent un autre exemple aussi regrettable. Quand Le Jours eut …
démontré dans un Mémoire très étudié qu'il fallait distinguer deux ;
espèces dans le L. digitala, il eût été très simple de suivre sa nomen-
clature ; c’est ce que nous faisons en France ; il n'en est pas de …
même partout ; le nom de L. hyperborea est rubis employé au lieu …
et place de L. Cloustonii, les noms de L. digilata et L. stenophylla 1
sont parfois employés au lieu de L. flexicaulis. #
2 L. GuicxarD. —— Observations sur l'appareil mucifère des Lami-
naires, Annales des Sciences naturelles, Botanique, série to LV:
Paris, 1892.
: ,
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 83
hyalines, épaisses et col-
lantes, sortent de la section :
au contraire, le stipe du
L.flexicaulis manque de ca-
maux, tandis que celui du
_ L. Cloustoniü en est abon-
damment pourvu; quand on
le coupe en travers, on voit
à l’œil nu surgir une couronne
périphérique de petites gout-
telettes. Le L. Cloustonit vit
longtemps, une douzaine
d'années ; son stipe présente
des anneaux concentriques
comparables à ceux de nos
arbres, chacun correspon-
dant probablement à une
année; toutefois, la lame se
renouvelle chaque année pen-
dant la saison froide et les
lames anciennes qui tombent
constituent les mantelets
dont 1l est question plus loin.
D'après Jouer ‘, les Lami-
naires de la région de Ros-
cotff descendent probablement
jusque vers 30 mètres au-
dessous du zéro ; à ce ni-
veau, je les suppose repré-
À
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Fig. 11. — Laminaria Cloustoni
Edm,
Individu au moment où la lame
ancienne, ou manlelet, va se dé-
tacher tel qu’on le voit à Roscoff
en mars. — Environ 1/15 gr.
natur.
| IL. Jourix. — Recherches sur la distribution océanographique des
_ végélaux marins dans la région de Roscoff, Annales de l’Institut océano-
graphique, t. |, Monaco, 1908.
— Laminaria Lejolisi Sauv.
Fig.
Individu adulte récolté à Roscoff, — Environ 1/15 gr. natur. : s 0
"+
lative dans les forêts sous-marines augmente avec la
profondeur. MR
«
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 89
Au même niveau, vit le L. Lejolisi (fig. 12), grande
plante munie d'un stipe gros, flexible et lisse surmonté
d’une lame blanchâtre, de la teinte d'une plante étiolée.
Bien que son stipe soit très flexible, il se tient dressé a
marée basse; la plante coupée se corrompt rapidement à
l'air. Je l'ai décrit et nommé en 1916 ‘ ; il était alors fré-
quent à Roscoff. Il est si distinct à première vue des
autres Laminaires digitées que j'ai pensé que son intro-
duction est récente, car, s’il avait existé quelques années
avant mon passage à Roscoff, les algologues qui ont ex-
ploré la région n'auraient pas manqué de l’apercevoir. Sa
présence est intéressanteau point de vue pratique ; il croit,
en effet, au niveau du L.Cloustonit, mais son développe-
mentest beaucoup plus rapide ; s’il continue à se répandre,
il pourrait donc supplanter le L.Cloustonii recherché par
les goémonniers pour l'extraction de l’iode. Pendant la
guerre, les conditions ne favorisaient pas sa recherche en
d'autres points des côtes. En septembre 1919, des cou-
peurs de goémon, rencontrés au Conquet, m'ont affirmé
que ce L.Lejolisi (qu'ils appellent Taly au lait à cause de
la teinte de sa lame) abonde autour des îles de Béniguet
et de Quéménès et qu'ils l’y ont toujours vu ; ils le né-
ghigent, et l’un d'eux, qui exerce cette profession depuis
douze ans, me l’a décrit avec une telle précision que j'ai
tout lieu de croire à l'exactitude de son affirmation.
D'après M. ze Treur, chef guetteur du sémaphore d'Oues-
sant-Créach, originaire de Lampaul-Plouarzel (sur je
1C, SauvaGEau. — Sur une Laminaire nouvelle pour Îes côtes de
France (Laminaria Lejolisii Sauv ), Comptes rendus de l’Académie
des Sciences, {. CLXIII, Paris, 1916 — GC. Sauvaceau, Recherches
sur les Laminaires, etc.. loc. cit., 1918.
_Conquet à l’Aber-Wrach ; dans sa jeunesse, quand äl L
j'ai trouvé parmi le goémon épave, y prouve cependant
LE GOÉMON ET LA RÉCOLRE : DU er
continent), la: plante se rencontre. sur r toute fa côtes.
allait couper du goémon, ses parents lui recommandasien es
de l’éviter parce qu'elle PO trop vite. Pen dant tu
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PRO SRE bulbosa de la Pyl. | 5 #
Individu adulte récolté à Roscoff en octobre, — Environ 1/15 gr. natur.
grandes marées de septembre, je l'ai vainement cherché
à l’île d'Ouessant, où le L.Cloustonü est d'une extrême
abondance; un unique exemplaire, encore frais, que L'aé
son existence, mais sans doute en faible quantité et peut-
! LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 87
. tre est-il toujours submergé. Si les renseignements que
j'ai recueillis sont exacts, la plante découverte à Roscoff
serait donc originaire de la côte Ouest ou des îles du Fi-
nistère.
À l'inverse des précédentes espèces qui ont un stipe de
, section arrondie, le Saccorhiza bulbosa (fig. 13) possède
un stipe plat dont la longueur atteint un à deux mètres et
la largeur un décimètre; ses bords sont souvent go-
dronnés. Il est donc facile à distinguer des autres espèces
à lame digitée. Son stipe semble sortir d’une grosse masse
creuse fixatrice, irrégulièrement bosselée, lisse ou couverte
d’aspérités, assez improprement appelée son bulbe. Bien
que le Saccorhiza bulbosa soit la plus grande espèce de
nos côtes, 1l est annuel. |
Au goémon de fond se rapporte aussi une Fucacée,
l’Halidrys siliquosa, qui se tent sur les rochers au niveau
inférieur de la marée et au-dessous ; en Angleterre et en
Irlande, où elle est probablement plus abondante que
chez nous, c’est l'une des principales espèces dont on re-
tire la soude. L'Halidrys forme de longues touffes brunes
longues de 1 mètre et plus, constituées par des axes étroits,
comprimés, qui portent de nombreux rameaux distiques
semblables à eux; des rameaux spéciaux se terminent
par de longues vésicules aérifères cloisonnées en logettes,
rappelant par leur forme une silique de Crucifère (d’où ie
nom de siliquosa). Ces aérocystes sont de si excellents
flotteurs qu'on les trouve séparés de la plante mère un
peu partout, sur toutes les plages.
Toutes ces espèces pourraient, à la rigueur, être cilées
dans la catégorie du goémon de rive, puisque toutes
peuvent être cueillies à la main; les Z.saccharina et
L.flexicaulis assèchent parfois assez longtemps pour per-
88 . LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON
mettre une récolte rémunératrice. En réalité, elles sont
exploitées comme goémon de fond, avec le L.Cloustenu.
Des hommes, qui se tiennent sur le bateau, les coupent au
fond de l’eau à l’aide d'une faucille ou « guillotine » em-
manchée à l'extrémité d'une longue perche, et les ra-
mènent à bord une à une. Ce travail demande de la force,
de l'adresse et de l'habitude, Les goémonniers cherchent
à couper le stipe de la Laminaire tout près de son som-
met et non à sa base malgré la forte proportion de sels de
potasse et de composés iodés qu'il renferme, car son poids
et sa forme rendent plus aléatoire la possibilité de re-
monter la plante jusqu'au bateau. Néanmoins, et malgré
leur adresse, environ une moitié du goémon coupé leur
échappe, retombe au fond ou est emporté par le courant ;
cest un véritable gaspillage. Les Laminaires inutilement
coupées ne sont pas entièrement perdues, dit-on, et,sont
tôt ou tard ramenées à la côte comme goémon épave ;
c'est probablement exagéré ; d’ailleurs, un séjour un peu
prolongé dans l'eau les altère ; un mauvais temps surve-
nant peu après en rejetterait une parlie, les autres s'en-
chevêtrent par leurs longues lanières parmi ds rochers ou.
les plantes épargnées et y restent.
Pendant la belle saison, de nombreux bateaux s’adon-
nent à la pêche du goémon de fond sur les côtes de Bre-
tagne et en coupent des milliers de tonnes. La coupe se
fait quand l’eau est basse ; dans les intervalles, le goémon
débarqué sur les dunes est d’abord séché puis brülé.
_ Cette industrie relativement récente s’est développée
quand on comprit que les Laminaires renferment plus de
potasse et d'iode que les Fucacées de rive. Les «soudiers »
ne concurrencent donc plus guère les agriculteurs dans la
cueillette du goémon de rive. Néanmoins, des plaintes
She
«
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 89
_sémblables à celles que nous avons entendues au xvim
siècle se sont élevées, car l'exploitation du goëémon de
fond devient de plus en plus active. |
On craint que la coupe des Laminaires toujours sub-
mergées n entraine un dommage pour la pèche en dé-
truisant le frai. « L'idée un moment à la mode, dit Yves
Decace:, que les goémons de fond constituent de vastes
frayères pour le poisson a été abandonnée; mais 1} n’en
reste pas moins, que, dans ces épais fourrés, nombre d’es-
pèces utiles trouvent, non seulement une obscurité favo-
rable et un abri contre leurs ennemis les Sélaciens péia-
giques et les Cétacées carnivores, mais aussi une
nourriture abondante aux dépens des mille espèces d’In-
vertébrés qui viennent y chercher eux aussi un abri contre
la lumière et contre une trop grande agitation de l’eau ».
Lorsque j'étudiais les Laminaires à Roscoff, j'ai maintes
fois longuement fouillé du regard le fond de l’eau à l’aide
de la lunette d’eau et le très petit nombre de poissons que
je voy ais circuler parmi les plantes marines m'a toujours
surpris.
Decace a cherché à déterminer quelle est, avec les pro-
cédés de récolte actuellement en usage pour le soémon de
fond, c'est-à-dire qui respectent les Laminaires les plus
profondes, le rapport entre la surface exploitable et la sur-
face totale occupée par ces Algues. D'après ses observa-
tions sur une longueur de côte de 79 milles, s'étendant de
la rivière de Lannion jusqu’à l’île Vierge, la surface ex-
ploitable est environ le 1/3 de la surface totale habitée
par les Laminaires. C’est dire que le goémon épargné doit
1Yves Derace. — La question du Goémon de fond, Bulletin de
1 Institut océanographique, N° 267, Monaco, 1913.
ke 1 i#
90 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON Dares è
suffire à l'abri du Se Toutefois, tte:
(loc. cit., p. 7) que « si la consommation d’iode aug-
mente, si les usines se multiplient, si les demardes de
goémon s'accroissent, les zones actuellement exploitées
deviendrontinsuflisantes et que l’on cherchera et trouvera
de nouveaux moyens d'atteindre les Laminairés de lazone
profonde au moyen de grappins, de dragues spéciales où
de nouveaux engins que saura bien découvrir lingénio-
sité des intéressés. |
« Gela pourrait alors créer un sérieux danger pour les
intérêts de la pêche. La chose est tellement évidente qu'il
est inutile d'en développer la démonstration. Le seul
moyen d'éviter ce mal est de réglementer le mode de ré- »
colte du goémon de fond qui, actuellement, est absolu-
ment libre. Il suffirait pour cela de consacrer par décret
l'autorisation de la faucille emmanchée de 4 mètres et
d'interdire rigoureusement l'emploi de tout autre pro-
cédé permettait d'atteindre le goémon à une plus grande
profondeur ».
Je n'ai certes pas à prendre la défense des goémonmiers,
car tous les coupeurs de goémon sont des ennemis du bo-
taniste, mais de nouvelles difficultés sont à prévoir pour
le jour ou l'administration sanctionnera la proposition de
Derace. Une perche ne pouvant être tenue efficacement |
par son extrémité, 1l faut compter près d'un mètre non
directement utilisé, d'autant plus que le marin ne la tient
pas toujours verticalement ; il reste donc 3 mètres utiles ;
c'est un peu court sur les côtes de la Manche où |’ ampli
tude des marées est considérable, et c’est plutôt long sur
les côtes des îles de Saintonge, d'Aunis, de Vendée ou du
sud de la Bretagne où ce mode de récolte a été négligé
jusqu’à présent. Quelle que soit la longueur de perche à
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON Où
*
autorisée elle on ceux du sud et contrariera ceux
du Nord.
_ Les riverains, d’ailleurs, voient les goémonniers d’un
_ œil peu favorable. Pour leur défense, ceux-ci cherchent
_ à répandre la croyance qu'en coupant les Laminaires ils
rendent service à tout le monde; elles repoussent plus
dru, disent-1l. C'est une erreur grossière. C’est une erreur
aussi de dire, comme GLoess * « que les plantes marines
sont une source qui ne pourra Jamais se tarir » (loc. cit.,
p- 101). Le mème auteur dit à propos des Laminaires :
«Îlest à remarquer que le goémon coupé repousse très vite,
surtout (sic) s’il est coupé au-dessus de sa région géné-
ratrice, c’est-à-dire au-dessus de la base des feuilles ou.
plus correctement dit, des lames. Comme il est inutile de
couper le goémon au ras du sol, que c'est même chose
pour ainsi dire pratiquement impossible, particulièrement
en coupant mécaniquement, cette méthode ne présente
aucun danger ni pour la reproduction du goémon r1 pour
ceux qui vivent de sa récolte. » (loc. cil., p. 173). Or, les
Laminaires de nos côtes, coupées en un point quelconque
de leur stipe, ne repoussent jamais, n1 du stipe n1 des ra—
cines : la zone génératrice est, 1l est vrai, limitée au point
d'union du stipe et de la lame, mais l'accroissement par
cloisonnement cellulaire se continue dans la lame bien au-
dessus de sa base et nous ne savons rien du niveau où
une troncature pourrait être impunément pratiquée ; la
1P. Gross. — L’exploilation industrielle des plantes marines,
Moniteur scientifique de Quesneville, 5 série, t. VI, Paris, 1916.
L'auteur a publié une seconde édition de ce Mémoire : Les plantes
marines. Leurs utilisalions, Bulletin de l'Institut océanographique,
N° 550, Monaco, 1919. A moins d'indication contraire, la pagina-
tion citée ici se rapporte à la première édition.
1 Me
: : É.
DT RES Re PA hein ME ES REA re Le Mes vs
RTE Tee PSS ONE D PRE DENT IE TS DN OS
> ' & , 07 0 LA + 22 . *E4 F. 4 L L » LA
;
92 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOËMON PÉMOR js 4
‘ e* vw ®
lame de toutes nos espèces (à part le Z. saccharina) est
digitée au-dessus d’une base indivise relativement courte ;
c'est sans doute vers le point d'union entre la partie indi-
vise et la partie digitée qu il faudrait donner le coup de
faucille pour permettre à la lame de repousser, et, malgré | |
J'habileté déployée par les goémonniers, on ne peut rai-
sonnablement leur demander de renouveler souvent ce
tour de force au cours de leur journée de travail J'ai vu
à mer basse, maintes fois, au sommet de stipes fixés sur
les rochers, des lames coupées par eux réduites à quel- :
ques centimètres, peut-être certaines repoussaient-elles,
mais d'autres dépérissaient sûrement. Quoiqu'’en pense
GLOESs on coupe facilement les Laminaires sur leur tige,
même près de leur base, et lorsque j'allais en mer avec
Hyacinthe Le Mat, l'habile marin de la station biologique
de Roscoff, pour étudier la flore fixée sur le Lam. Clous- u
tonu, à chacune de nos excursions, 1] m'en ramenait des
centaines d'individus dans le canot. L’affirmation de
GLoEss en ce qui concerne la reproduction du goémon
n'est pas plus exacte. Le Sacc. bulbosa est la seule espèce,
d’ailleurs annuelle, dont le stipe porte des sporanges ; on
pourrait donc le couper impunément ; malheureusement,
c'est aussi l'espèce la moins estimée. Les autres portent
leurs sporanges sur la lame et vivent plus longtemps ; on
manque de points de repère pour évaluer la durée du
Lam. flexicaulis sur nos côtes ; toutefois, elle est certai- …
nement moindre que celle du Lam. Clouslont, qui atleint
souvent une douzaine d'années. Par suite, et de toute évi-
dence, une coupe fréquente dans un même lieu doit né-
cessairement réduire progressivement le nombre des
grands individus du Lam. Clouslonti, quiest précisément
l’espèce la plus caractéristique à partir d'une certaine pro-
«
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 99
fondeur. En outre, la période de reproduction de cette es-
pèce étant bien plus nettement limitée que celle des
_ autres, car elle a lieu seulement pendant les mois froids,
la coupe deviendrait dommageable si elle s’effectuait en
hiver. Un seul individu de grande taille fournissant, il est
vrai, des millions de zoospores, suffirait théoriquement à
ensemencer une immense étendue, mais le nombre des
germes est évidemment en relation avec le nombre des
chances de destruction. Actuellement, les soudiers ex-
ploitent la mer pendant la belle saison seulement, à cause
de la difficulté de faire sécher leur récolte avant de la
brûler ; si les procédés d'extraction des matières utiles se
perfectionnent, le séchage se fera dans des usines et l'ex-
ploitation intensive s'effectuera toute l’année. Dans ce cas,
une nouvelle réglementation deviendra nécessaire.
On verra pourquoi ce qui est possible sur les côtes amé-
ricaines l'est beaucoup moins sur les nôtres.
Les Etats-Unis font une consommation considérable et
progressive de sels de potassium pour l'usage agricole. On
a dit qu'ils recevaient le cinquième de ce que produisent
les mines allemandes, et plus de la moitié de ce qui en est
exporté. Quelques années avant la guerre, leur gouver-
nement, préoccupé de l’inconvénient de laisser l’agricul-
ture tributaire de l'étranger pour des matières devenues
de première nécessité, prit l'initiative des recherches de
gisements potassiques ; de nombreux géologues, chimistes
et botanistes y participèrent *. Je n ai pas à m'occuper de
la recherche des gisements miniers. |
1 Voir entre autres : Fertilizer Resources of the United Stales.
Senate Document, N° 190, Washington, 1912 (Rapports de Sercmerz,
HS
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU. GOËMON Fe
‘ rines sur \évits terres étaient à peu près FRE à Re utiliser.
‘es En 1906 et 1909, Barcn, attrait l attention sur leur uti- è
hisation possible comme gisements de sels potassiques et 4
en particulier de chlorure de potassium *. Ce fut le point ;
de départ de recherches collectivesexigeant untravail con- “A
sidérable, et les auteurs des rapports officiels doivent
être loués du zèle et de la fructueuse activité qu'ils ont É
déployés. Toutefois, la question de Putilisation la plus
profitable des Algues marines n’est pas définitivement
Gr k 5 “ ® | : : “la
he résolue, le travail continue et chaque Jour paraissent de
. nouveaux Mémoires: Mais déjà des milliers de tonnes de
A We
goémon ou Kelp sont extraites de l'Océan Pacifique peur +4
en utiliser la potasse et d’autres produits ?. k.
4 Certaines personnes qui, en ces derniers temps, Fe. ke
pi écrit sur les Algues : marines se sont demandé pourquoi 1
É, or n'utiliserait pas en France les procédés de récolte du
\ Ruicc, Mt Farcaxp, Craxpazz, Jonxsrox, TuRRENTINE, ALsBERG, résu- À
508 més par F.-K. Camerox et Moon).
Camerox. — Potash from Kelp. United States Departement of
Agriculture, office of the secretary, Report N° r00, Washington,
| 1915 (Rapports de Camerow, Craxpazr, R1GG, Frye).
ne. 1 D.-M. Baron. — Erxtracling cn Chlor ide from isa:
Brevet U. S. 825, 953, 1 3 Juillet 1906. — On the Chemistry of cer-
tain Algæ of the Posire coast. Journal of Industrial and Engineering
Chemistry, t. I, Easton, 1909. Je n’ai pas eu ces deux documents
entre les mains ; je les cite d’après les auteurs.
2 Pour les Anglais le mot Kelp désigne le produit de l’incinération
des plantes marines, ce END appelons salin ou soude de varech.
Son sens n’est pas le même aux Etats-Unis, où il désigne les Algues
marines qui servent ou pourraient servir à obtenir cette « ae p, US
plus particulièrement les Laminaires el surtout les LA onES
= DETTE RE ET CE He EE
: AS RE F
> :
géantes.
F
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 99
_ goémon inventés par les Américains, C'était faire preuve
_ d’ignorance de la question. Les Américains appliquent les
_ procédés de récolte qui seront dits plus loin seulement à
. des espèces particulières, se présentant dans des conditions
exceptionnellement favorables, et non à des Laminaires
_ quelconques. Ce n’est pas que des espèces comparables
aux nôtres manquent sur les côtes des Etats-Unis, elles
y sont au contraire bien plus nombreuses et plus variées.
Aux trois genres de nos côtes atlantiques, Laminaria,
Saccorhiza, et Alaria, les Américains du Nord peuvent
-en opposer vingt que j'énumère d'après Sercxeze et dans
l'ordre botanique : Phyllaria Gobi, Laminaria Lamour.
Hedophyllum Setch., Arthrothamnus Rupr., Pleurophy-
cus Setch. et Saund., Cymathaere J. Ac., Costaria Grev.
Agarum Bory, Thalassiophyllum Post.et Rupr., Lessonia
Bory, Diciyoneuron Rupr., Postelsia Rupr., Nereocystis
Post. etRupr., Macrocystis OC. Ag., Pelagophycus Aresch.,
Lessoniopsis Reinke, Pterygophora Rupr., Alaria Grev.,
Eisenia Aresch., Egreqia Aresch. Tandis que nous avons
seulement 4 Lamunaria, Y compris le récent L. Lejolisu,
ils en ont 18, dont ro du type du L. saccharina à lame
- indivise et 8 du type L. flexicaulis à lame digitée ; tandis
que nous avons un seul Alaria, d’ailleurs sporadique, ils
en ont 19. [ls sont donc singuliérement plus favorisés,
Peut-être les Américains utiliseront-ils un jour ou
l'autre la plupart de ces espèces bien que, si la coupe doit
se faire à la main, comme sur nos côtes, le prix de re-
vient soit un sérieux obstacle à une expléitation en grand ;
leur attention s'est limitée jusqu'à présent aux grandes
espèces qui abondent sur la côte du Pacifique, de la Cali-
. fornie à l'Alaska, et qui permettent une exploitation méca-
nique. Certaines Laminaires, en effet, qui atteignent une
96 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON un
taille considérable et méritent bien le nom de géantes
(Grant Kelps), constituent à une faible distance des côtes
des bancs immenses et épais, d'autant plus favorablesà
une exploitation que la plupart possèdent des flotteurs
(aérocystes ou DROREIOC EN qui amènent et main-
tiennent leurs lames à la surface de l’eau. En outre, ces
Algues sont notablement plus riches en potasse que les |
espèces européennes, moins riches toutefois en iode. Ces
conditions ayant tenté des industriels, des usines ne tar-
dèrent pas à s'élever sur les côtes. |
Je décris brièvement ces Laminaires géantes, car-leur
physionomie diffère considérablement de celle de nos
espèces européennes ; elles se réduisent d’ailleurs à quatre
principales. Les livres indiquent depuis longtemps leurs di=
mepsions et la profondeur des rochers où elless’attachent :
ces donnés résultaient surtout d'observations faites en
passant et certaines paraissent exagérées. Des collabora-
teurs de CAMERON, après avoir vu et mesuré un très grand
nombre d'exemplaires, ont publié une note spéciale sur
leur t&ille !.
Bien qu'il puisse atteindre près de 4o mètres de lon-
gueur, le Vereocystis Luetkeana est annuel” ; il apparait
1T.-C. Faye, G.-B. Rice and W.-C. Craxpazz. — The size of
Kelps on the ne Coast of North America, Botanical Gazette,
bLX, 1919.
? bn la région du Puget Sound. les marins lui réservent le nom
de Kelp, les autres grandes Laminaires rentrent dans la catégorie des
Seaweeds. Is l’appellent aussi Kelp à vessie (Bladder Kelp) et Chou
de Loutre de mer (Sea-otter's cabbage). Gela ne signifie pas que la
Loutre de mer, animal carnivore, en fait sa nourriture ; on hit en
effet dans Moquix-Tanpon (déjà cité p. 49) : « On le voit souvent
couché sur des îles flottantes de Néréocyste, se réchauffant aux
rayons du soleil, ou guettant quelque proie. C’est pourquoi, dans
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 97
au printemps pour disparaitre en hiver ; certains indivi-
dus toutefois vivent plus longtemps. De nombreux hap-
tères ou racines le fixent au fond de l’eau, jusqu’à
9 brasses de profondeur. Son stipe d’une douzaine de
mètres, souvent davantage, avec un diamètre d'environ
un centimètre, semble une longue corde; il se termine
par une boule creuse, ou pneumatocyste, qui lui sert de
flotteur, de 45 centimètres de circonférence au maximum,
épais de 2 centimètres, rempli d'air (ou mieux de gaz,
l'analyse chimique n'ayant pas été faite) dont la pression
variable est, en moyenne, inférieure de 77 millimètres de
mercure à la pression atmosphérique *. Ge pneumatocyste
porte plusieurs lames comme pédicellées sur lui (fig. 14,
C), l’ensemble de ces pédicelles constituant le sommet ra-
mifié du stipe. La plante jeune a une lame unique et cor-
diforme (fig. 14, A), mais bientôt une incision naturelle
apparaît dans sa base qui se déchire en deux ; chaque
lanière se trouve unie au flotteur par une partie étroite lui
tenant lieu de pédicelle et où se localise la zone d’accrois-
sement. Le phénomène, se renouvelant plusieurs fois, pro-
duit théoriquement une sorte de ramification dicholo-
mique ; le nombre des lames augmente et elles s’écartent
l’une de l'autre par élargissement du pneumato-
cyste (fig. 14, B). Chez nos Laminaires digitées, au con-
traire, les déchirures n'affectant pas la zone d’accroisse-
ment, la base de la lame reste indivise et le stipe n’est pas
ramifié. Certains individus de Nereocyslis ont ainsi, sur un
même pneumatocyste, trente à cinquante lames indépen-
certains pays, les végétaux dont il s’agit sont désignés sous le nom
de Choux aux Tous DRE
1T,-C. Frye. — Gas Pressure in Nereocyslis, babe Sound ma-
rine station Publications, t. [, Seattle, 1916,
.dantes, Inde Ness 4 3 à me be Ru, ?
individu adulte à l'état frais varie de 7 à 30 kilos. st À ph .
-sur les côtes de l'Alaska dépassait 55 kilos, à eu .
maximum 4 20 centimètres QU ig. 14, C). Le poids
grand individu rencont:é par Frve (in CAMERoN, loc. NT
ses lames pesait 49 kilos et couvrail une surfagg de.
Fig. 14. — Nerecocystis Luelkeana P. et R. A.
Dessins schématiques des états successifs de la plante, composés d'après 2
les photographies et les FPÉAPNQEE des auteurs américains. 44)
;
8o à 85 mètres carrés. Les bateaux trouvent un abri
contre la tempête parmi ces bancs de Nereocystis quandils
n'ont pas à proximité un abri sous le vent, et les pêcheurs
“4
attachent fréquemment leur barque à une douzaine de :
pneumatocystes en attendant la fin d’un coup de vent ; ;
c'est dire la résistance des stipes et la solidité de leur
fixation.
Le pneumatocyste conduit les lames à la surface de 4
#
LE GOËÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 99-
l’eau, où elles flottent parallèlement à la surface, et un:
_ peu au-dessous, tandis que le pneumatocyste est plus ou
moins exondé. Les sores naissent sur les lames et sont
bien développés de juin à août. En septembre, la plante se
détache au-dessus de sa base fixatrice, flotte en dérive et
_ les vagues Ja rejettent par centaines de tonnes sur la
grève ; lefauchage doit se faire avant. On a remarqué que.
la densité des bancs de Nereocystis change selon les
années ; des bancs, très denses une année, sont clairsemés
l’année suivante ; on attribue ce fait à des tempêtes, mais.
la cause pourrait être biologique.
Au lieu de constituer d'immenses champs, comme le
Nereocystis, le Pelagophycus Porra” se rencontre seule-
ment en pelits ilots séparés ou bien sur le bords des bancs
de Macrocystis du côté du Jarge ; il a donc moins d'im-
portance en tant que goémoan exploitable que les trois.
autres « giant Kelps » ; d’ailleurs, on ne l’a trouvé ni
dans le Puget Sound, n1 sur les côtes de l’Alaska ; il
s'insère sur les rochers jusqu'à 20 brasses de profondeur.
C’est une plante annuelle; on le considérait autrefois.
comme un /Ver eoCYSUS ; d’ après SETCHELL, 1l est intermé-
diaire par sa ramification entre ce genre et le Macrocystis.
Sa longueur totale atteint 45 mètres. Comme celui du:
Nereocystis, son long stipe porte, au-dessus d'un rétré-
cissement, un gros pneumatocyste globuleux sur lequel,
dans la prime jeunesse, se dresse une lame unique ; celle-
c1 se divise bientôt en deux, comme chez le Nereocyslis,
sans toutefois que la dre atteigne le pneumatocyste,
de sorte que les deux lames sœurs ont un pédicelle com-
mun bifurqué en Ÿ (fig. 15, A). De nouvelles fissures se-
1 Porra, ancien nom donné à la plante par les Espagnols.
gén
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produisent dans chacune da deux times et, catre
base s’allonge, constitue un entre nœud de ce stipe se-
condaire, qui peut lui-même, par 18 même pros,
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Fig. re — Pe'agophycus Porra Setch.
produire des branches tertiaires, chacune se terminant
par une lame énorme. L’ aspect est donc celui de deux
longues branches ramifiées nées sur le flotteur en un “|
point commun (fig. 15, B). D'après les photographies
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 101
données par les auteurs (Camerox, Burp), chaque individu
a probablement une vingtaine de lames. Le poids des in-
dividus frais, entiers, récoltés par BurD sur la côte de
Californie, variait de 7 à 32 kilos.
Le Macrocyshis pyrifera est connu depuis bien long-
temps par les récits des navigateurs et par les fragments
qu'ils ont rapportés. On FFT couramment que c'est la
plante la plus grande et on lui attribuait une longueur de
300 à 500 mètres ; les études récentes ont montré V exagé-
ration de cette appréciation ; néanmoins, le stipe atteint
fréquemment 30 à 35 mètres de longueur totale sur les
côtes des Etats-Unis ; le plus long exemplaire trouvé sur
Jes côtes de Californie avait 47".,5 et beaucoup ont seule-
ment 9 à 13 mètres. M°° VALENTIN, qui a fait deux voyages
botaniques aux îles Malouines, où abonde le Macrocystis,
rapporte que le plus grand exemplaire qu'elle ait vu,
échoué après un violent coup de vent, mesurait 65 mètres :
l’ensemble de ses haptères ou racines figurait une sorte
de corbeille de 90 centimètres de diamètre. Un jour que
le bateau naviguait en eau calme et claire, profonde de
16 brasses, et que les Macrocys{is flottaient paisiblement,
elle entreprit avec le capitaine, mais indépendamment l’un
de l’autre, de les mesurer par comparaison avec la lon-
gueur du bateau, et ils s’accordèrent pour évaluer leur
longueur totale entre 50 et 56 mètres (A.-D. Corrox,
Cryplogams from the Falkland Islands collected by
Mrs. Varenrin. Linnean Society’s Journal, Botany,
+. XLIIT, Londres, 1915, p. 168).
I forme sur les côtes exposées, où la houle est cons-
tante, de vastes bancs, longs de plusieurs milles et larges
de 50 mètres à plusieurs kilomètres. Leur étendue paraît
sous la dépendance directe du relief rocheux du fond, des
6.
| Re: re } , PRET
102 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOEMON ete ME
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dépôts de pierres ou de coquilles. Déjà, on le trouve en
petits ilots sur des fonds de 5 brasses, tandis que les grands
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bancs croissent sur des fonds de 6 à 10 brasses, et ducôté
Fig. 16. — Macrocysus pyrifera Ag.
Schémas montrant la ramification du stipe et la fissuration des lames:
d’après les schémas et la description de Sxorrsserc, 1, 2, 3, 4, stipe
primaire, secondaire, etc.
du large ; là où la profondeur atteint 8 à 14 brasses, on
trouve souvent des individus de Pelagophycus. Les bancs
de Macrocysts sont parfois tellement denses qu'ils cons-
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 103
tituent un sérieux obstacle au passage des navires ; par le-
fait même, ils protègent très efficacement les côtes contre
la violence des vagues. Le poids des individus entiers de
Macrocystis récoltés par Burp sur les côtes de Californie:
variait, la partie fixatrice n'étant pas comptée, de 12 kilos
à 139 kilos. | |
On ignore quelle est la durée d’un individu; toutefois,
elle dépasse certainement une année. On dit souvent pa-
rait-1l, que des stipes coupés continuent à croître, mais,
d’après les observations de CranDazz, c'est une erreur ;
un stipe coupé se détruit progressivement de haut en bas
(comme chez nos espèces), ce qui était évident «à priori,
puisque la croissance se fait par l’extrémité libre ; si la
plante se reconstitue quand les stipes ont été coupés, et
cela paraît incontestable, ce ne peut être que par de nou-
veaux stipes nés sur la base fixatrice, ou par la fissuration
de certaines feuilles inférieures. Les sores se développant
sur les lames inférieures, le fauchage ne nuira pas à la re-
production pourvu qu'il ne s'effectue pas trop profondé-
ment. SKOTTSBERG ‘ a fait une étude documentée de la ra-.
mification du Macrocystis et les figures 16 et 17 sont com-
posées d'après ses schémas et ses croquis.
Les tout jeunes individus sont souvent fixés sur des co-.
quilles, ce qui facilite leur dragage ; la première lame est
simple, comme chez les autres Laminaires, et ses fissures,
qui affectent le stipe, le ramifient, comme chez les autres.
Laminaires du groupe des Lessoniées, mais, à l’inverse.
des Nereocystis et Pelagophycus, le stipe primaire simple
1C. Sxorrseerc. — Zur Kenninis der subantarktischen und antark-
tischen Meeresalgen, I. Phæophyceen, Wissenschaftliche Ergebnisse der-
schwedischen Südpolar-Expedition 1901-1903, Stockholm, 1907.
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24
104 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON
est toujours très court. Bientôt, le stipe primaire est bi-
furqué en deux stipes secondaires, bien plus longs que lui,
qui portent chacun plusieurs lames pédicellées séparées :
par un entre-nœud; la lame de l'extrémité distale, pro-
duisant de nouvelles lames par de nouvelles fissures,
allonge le stipe secondaire (fig. 16, A). Pendant ce temps,
les deux lames les plus rapprochées de l'angle de L’Y ba-
silaire se fissurent aussi et produisent chacune un long
stipe tertiaire (fig. 16, B) dont la lame inférieure pourra
de même fournir par fissuration un stipe quaternaire
(fig. 16, Cet D). Chaque branche du stipe s’allonge donc
par la lame de son sommet libre. et chaque nouvelle
branche du stipe naît aux dépens d’une lame voisine de
la base de la plante. Les stipes secondaire, tertiaire, qua-
ternaire, atteignent ainsi approximativement la même
longueur et leurs lames flottent côte à côte, le pédicelle
de chacune se renflant en un pneumatocyste de forme va-
riable dont la longueur, parfois de quelques centimètres
seulement, peut atteindre 25 centimètres. Le stipe, cylin-
drique et plein, est étroit en comparaison de sa longueur ;
son diamètre varie de 5 à 10 millimètres, aussi a-t-on
comparé la plante à une liane. Les lames varient de di-
mensions selon leur position sur le stipe et aussi selon les
variétés de Macrocystis, qui ont les unes des lames larges,
les autres des lames étroites ; les plus grandes lames,
parmi celles que SkorrsBERG a mesurées, avaient 120 cen-
timètres sur 20 centimètres et leur plus grande épaisseur
est de 1 millimètre. La figure 17 montre comment la
fissuration d'une lame terminale allonge le stipe et four-
nit de nouvelles lames. |
Le {4° « giant Kelp » assez abondant pour avoir une
valeur commerciale, l’Alaria fistulosa, forme souvent des
|
À
1
à
_ LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOËMON 109
bancs sur le bord intérieur de ceux que constitue le Ma-
crocyslis, car il aime les eaux moins profondes (5 brasses
au maximum) et moins agitées. [l est construit sur le
même type que l'A laria esculenta européen (fig. 22), avec
des dimensions plus vastes. Son stipe, relativement court
et grêle, gros comme un crayon, porte un bouquet de
grands sporophylles parfois très nombreux, car on en à
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Fig. 17. — Macrocyslis pyrifera Ag.
Dessin demi-schématique montrant l'origine des lames et l’allongement
du stipe, d’après les dessins et la description de Skorrsserc.
compté jusqu'à 220, dont le plus grand mesurait 65 cen-
timètres sur 8 centimètres. Au-dessus de ce bouquet, la
lame s’'élargit graduellement ; en juillet et août, elle at-
teint en moyenne 12 mètres et Jusqu'à 19 mètres de
longueur ; sa largeur varie de 50 centimètres à 2",30 ; la
nervure médiane, large de 3 à 5 centimètres, creuse et
coupée de diaphragmes transversaux, joue le rôle de flot-
teur et, dans la position naturelle de la plante, le quart en-
106 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON
viron de la lame flotte à la surface de l’eau. La haie ét
très mince, comme chez l'espèce européenne, le poids à
total de la plante est relativement faible, 3 kilos en
ne Pin l’exemplaire le plus lourd, rencontré en dira à
pesait 95,8.
J'ai déjà fait remarquer (Cf. p. 8) l’inexactitude de
Fur +”:
Sade
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(tps y,
F2
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Ph.
cette notion trop répandue dans les livres, que les Algues
brunes vivent à une profondeur -où leur pigment brun
permet l'assimilation du carbone aux dépens d’une lu=
mière incomplète, privée des radiations de la gauche du
spectre. Toutes ces Laminaires géantes s’insèrent profon—
dément, il est vrai, mais leurs parties essentiellement assi-
milatrices viennent s'épanouir à la surface de l’eau, ou
près de la surface.
Après avoir analysé la composition botanique des bancs
de ces gigantesques Laminaires, les Américains ont évalué
leur étendue. Ils essayèrent de l’apprécier par des me-
sures à l’aide de fils tendus, mais, outre des difficultés
pratiques, l'évidente variation du contour selon les années.
rendait celte précision illusoire. L'évaluation se fit donc
approximalivement, au Jugé. |
En 1913, on a déterminé 1162 bancs sur la côte sud
_est de l'Alaska et 358 sur la côte ouest, beaucoup ausst
sur la côte de Californie ; des tableaux donnent, dans le:
Mémoire de Cameron, leur situation géographique en lon-
situde et latitude, leur longueur, largeur, surface, den-
sité et l'espèce de Laminaire qui les constitue. Des ana-
lyses moyennes permettront ensuite d'en apprécier la.
valeur chimique. CamErox admet que la surface to-
tale de ces gisements, exploitables commercialement.
parlant, est de 390 milles carrés. Or, il s’agit seulement
de ceux qui avoisinent les Etats-Unis, mais le Macro-
_ LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 107
| cyslis est tout aussi abondant sur la côte de l'Amérique
du Sud.
Aux quatre espèces géantes citées plus haut, on pour-
. rat ajouter d’autres Laminaires : Ægreqia Menziesü
_ Aresch., Costaria Turneri Grev., Diclyoneuron californi-
cum Rupr., Postelsia palmæformis Rupr., grandes aussi,
mais plus dispersées. Les collaborateurs de Cameron atta-
_ chent plus d'importance à un modeste Fucus (Rockweed),
le F. furcatus C. Ag. qui croît à profusion de Monterey
{au sud de San Francisco) jusqu'à Neah Bay (entrée du
détroit de Juan de Fuca), partout où la côte est ro-
cheuse. On pourrait en récolter des quantités prodi-
gieuses. Les vagues l'arrachent parfois et l'entraînent
en dérive parmi les bancs de Kelp avec une telle abon-
dance qu'il constitue alors un appoint important de leur
exploitation.
Le mode de vie de ces « giant Kelps » per met l'usage
d' appareils plus parfaits que la faucille de nos £oémon-
niers récolteurs du goémon de fond. La profondeur à la-
quelle s'attachent ces Laminaires à lames flottantes per-
met de les atteindre facilement sous l’eau, par des appa-
reils mécaniques, sans craindre de toucher le fond, ni de
détruire les lâmes reproductrices de l’Alaria et du Macro.
cyslis. Une fois coupées, elles flottent à la surface et l’on
a le choix entre l'attente de leur rejet sur la côte par la
marée el les courants, ou la récolte immédiate par un mé-
canisme approprié. Dans le premier système, une partie
de la moisson est dispersée et perdue ; les Alaues qui
flottent pendant plusieurs jours perdent, a pr jori; une
partie de leurs seis ; en outre, elles échouent à un en se
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7. JT AMETO
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108 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON
d
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| dispersant sur une longueur variable avec la nature de la “4
ha côle et leur récolle nécessitera un nouveau et coûteux
| travail ; il vaudrait presque autant utiliser du goémon
d'échouage ordinaire. Pour être économique, la récolte
ÿ doit donc suivre immédiatement la coupe, et par consé-
à quent se faire par des moyens mécaniques.
La plupart des systèmes proposés utilisent le principe
des moissonneuses employées dans les fermes. CAMERON
décrit ainsi une machine qui a donné de bons résultats.
À l'extrémité d’une chaloupe automobile s'étend un ta-
blier roulant sans fin, incliné, large de plus de 3 mètres,
constitué par un grossier filet de pêche, et qui descend
sous l'eau à une profondeur de 1"°,30 à une brasse. A
l'extrémité submergée de ce tablier roulant est, sur toute
la largeur, une faux horizontale, à chaque extrémité de
laquelle est une autre faux perpendiculaire ; ces faux,
mises en. mouvement par le moteur, coupent les Lami-
paires comme elles moissonneraient un champ. La cha-
loupe s’avance à la vitesse moyenne de 4 milles à l'heure.
Le kelp coupé est ramassé par le tablier qui le remonte,
le rejette par-dessus, où 1l tombe sur une trémie : 1l y
trouve une série de couteaux tournants semblables à ceux
d’une faucheuse de gazon qui le coupent en morceaux
longs de 1 à 2 décimètres. De là, le kelp déchiqueté est
porté sur une chaloupe non pontée qui le conduit à terre,
A l'usine. L'opération de ce fauchage demande en tout
quatre hommes, y compris le mécanicien, et l'appareik
fonctionnant à travers un banc dense, ou moyennement
dense, peut fournir 25 tonnes de goémon frais en une
heure. Le coût moyen est difficile à apprécier, car il dé-
pend de la distance des bancs, des facilités d’accostage
près de l’usine..…., etc. ; toutefois, des Laminaires coupées \
ee A ES
CPE
+ + NT OP RS ES
VA TS +
- __. LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 109
. sur les bancs de Point Firmin et débarquées à San Pedro
_ revenaient à moins d un franc la tonne.
Cependant, l’appareil a été perfectionné. Je vois dans
un dessin qui orne une réclame de la /Jercules Powder C°
de San Diego (Californie), publiée dans le Scientific
* American du 14 décembre 1918, que cetle compagnie
emploie un appareil de récolte plus puissant, construit sur
le même principe ; il fauche une plus large étendue, car
il possède trois tabliers roulants juxtaposés. Pendant les
_ trente derniers mois de la guerre, dit la réclame, la Com-
_pagnie a récolté, pour oo aux demandes de ladmi-
nistration de la Guerre, 621.000 tonnes de Kelp dans Île
Pacifique. Et ce chiffre est faible, comparé aux possibi-
lités totales. GamErox estime, en effet, que le fauchage, à
la profondeur d’une brasse, des 390 milles carrés de
bancs de goémon géant des Etats-Unis, et en tenant
compte de la possibilité de couper le Macrocyslis au moins
_ deux fois l'an, fournirait annuellement près de 6o millions :
de tonnes de goémon frais: ce tonnage équivaudrait à
plus de 2 millicns de tonnes de chlorure de potassium,
cest-à-dire à près de 6 fois ce que les Etats-Unis
achètent à l'étranger.
Mais la source de celte moisson gigantesque est-elle
inépuisable ? S'il s’agit du Nereocystis ou du Pelagopky-
cus, on conçoit que É profondeur à laquelie on fauche est
indifférente au point de vue de la plante elle-même ; i!
suffit de la faucher pendant la période de reproduction ou
immédiatement après. S'il s'agit de l’Alaria, il suffit de
ménager les sporophylles situés près du sol: il y a une
distri du stipe où la lame coupé ce repousse ; coupée
plus bas, la plante meurt, mais pendant ce temps les
zoospores assurent la reproduction, Le Nacrocystis sup-
Utilisation des algues marines.
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110 LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOËMON |
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porte au moins deux coupes par an; cela s ‘ht par sa
la naissance de nouveaux stipes primaires sur les haptères $
ou de nouveaux stipes ternaires, quaternaires, quinaires FE
nés de la fissuration des lames née ; cette question
botanique n’est pas résolue. Le fauchage à une faible pro-
fondeur fournit donc une abondante moisson sans mettre
en danger l'existence des bancs. Le gouvernement. s’est +
néanmoins préoccupé de leur extinction possible ; depuis
peu, la « California Fish and Game Commission » régle- :
mente l'exploitation, limite la coupe à une profondeur
maximum de r®,80, l’arrète quand elle menace de ruiner
un banc, exige qu'une partie soit épargnée pour assurer
la reproduction. D'ailleurs, cette exploitation étant encore x
à ses débuts et dans la période de tâtonnements, le gou-
vernement fédéral a établi, à cet eflet, une Station expéri-
mentale à La Jolla, au nord de San Diego. &
Les Américains se sont, il me semble, préoccupés sur-
tout du côté commercial de la question : quelle est la
meilleure méthode pour ürer le meilleur parti des Lami-
naires géantes sans con promertre l'existence des bancs.
L'avenir dira si la moisson de ces grands bancs, qui s’éta-
blissent dans les endroits où la mer est souvent agitée, ne
nuit pas à la côte elle-même, si les vagues, en déferlant
plus violemment contre la côte, ne l'entansens pas Lrop
rapidement. Il faut aussi se PrÉORCRREE du point de vue
biolo RU et du retentissement qu’aura, sur la popula-
tion zoologique, la destruction de ses abris; l'industrie |
de la pêche pourrait à la longue s’en ressentir. Le fau-
chage avance seulement de peu le moment où les Nereo-
cystis et Pelagophycus iront à la dérive et échoueront sur
la plage. D'autre part, l'Alaria fistulosa paraît difficile à
détruire, car d’après Rica (in Cauwerox), on l’arrache à
j
“Ce RES,
NP Te ir
Ê +,
ETS 2
+
Va.”
Mr LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON I1F
Karluk River (Alaska) depuis 17 ans, pour libérer le
terrain des pêcheries, sans parvenir à l’extirper. Le cas
du Macrocystis est différent, et je crois à propos de
: rappeler ce que Ch. Darwix écrivait en 1834, après
avoir exploré ses gisements aux alentours de la Terre
de Feu‘.
« Je crois que pendant les voyages de l’Adventure et
du Beagle on n'a pas découvert un seul roc près de la
surface qui ne fut indiqué par cette plante flottante. On
comprend tout de suite quels services elle rend aux vais-
seaux qui naviguent dans ces mers orageuses, elle en a
certainement sauvé beaucoup du naufrage... quelques-
unes de ces plantes réunies sont assez fortes pour suppor-
ter le poids des grosses pierres sur lesquelles elles
poussent dans les canaux intérieurs, et cependant cer-
taines de ces pierres sont si lourdes, qu'un homme ne
pouvait les sortir de l’eau pour les placer dans le canot...
Des couches de cette plante marine, même lorsqu'elles
n'ont pas une grande largeur, forment d'excellents brise-
lames flottants. Il est fort curieux de voir, dans un port
exposé à l’action des vagues, avec quelle rapidité les
grosses lames venant du large diminuent de hauteur et
se transforment en eau tranquille des qu'elles traversent
fr
ET
ces îles flottantes.
« Le nombre des créatures vivantes de tous les ordres,
dont l'existence est intimement liée à celle de ces Algues,
est véritablement étonnant. On pourrait remplir un fort
gros volume rien qu'en faisant la description des habitants
de ces bancs de plantes marines. Presque toutes les
Ch. Darwis. — Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad.
Ed. Barrier, 2° édition, Paris, 1883, p. 257.
5 “À
SF ap
12%
4
Re QE a ne
T12 LE GOËÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOËMON
feuilles, sauf celles qui floitent à la surface, sont couverte
d'un si grand nombre de zoophytes qu'elles en de-
viennent blanches. On trouve là des formations extrêème-
ment délicates, les unes habitées par de simples polypes
ressemblant à l'Hydre, d'autres par des espèces mieux
organisées ou par de magnifiques Ascidies composées. .
On trouve aussi. attachés à ces feuilles, différents CO-.
quillages patelliformes, des Troques, des Mollusques nus
et quelques bivalves. D'innombrables Crustacés fré-
quentent chaque partie de la plante. Si on secoue les …
grandes racines entremêlées de ces Algues, on en voit
tomber une quantité de petits poissons, de coquillages,
de seiches, de crabes de tous genres, d'œufs de mer,
d'étoiles de mer, de RE Holothuries, des Pla-
naires et des animaux affectant mille formes diverses.
Chaque fois que jai examiné une branche de cette
plante, je n'ai pas manqué de découvrir de nouveaux ani-
maux aux formes les plus curieuses... Je ne peux com-
parer çes grandes forêts aquatiques de l’hémisphère mé-
ridional qu'aux forêts terrestres des régions intertropi-
cales. Je ne crois pas cependant que la destruction d'une
forêt, dans un pays quelconque, entrainerait, à beaucoup
près, la mort d'autant d'espèces d'animaux que la dispa-
rition du Macrocystis. Au milieu des feuilles de cette
plante vivent de nombreuses espèces de poissons, qui,
nulle part ailleurs, ne pourraient trouver un abri et des …
aliments ; si ces poissons venaient à disparaître, les cor- .
morans et les autres oiseaux pêcheurs, les loutres, les …
phoques, les marsouins périraient bientôt aussi; et,
enfin, le sauvage Fuégien, le misérable maître de ce
misérable pays, redoublerait ses festins de cannibale, 14
décroitrait en nombre et cesserait peut-être d'exister. D+ TO
LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON LTS
_ Sans aller jusqu’à craindre que les riverains des Etats
. de la côte du Pacifique mangent leurs semblables à l'instar
des anciens Fuégiens, on peut se demander si les pê-
cheurs de la côte ne souffriront pas de la moisson des
…_ bancs de Laminaires géantes. CamEerox nous dit toute-
- fois (Ferlilizer resources. p. 45) que l'United States Fish
Commission consultée n'avait aucune crainte à ce sujet,
les bancs n'abrifant point d'animaux importants pour
l'alimentation des poissons.
Si cela devenait utile, des exploitations goémonnières
pourraient se fonder également sur la côte Pacifique de
PAmérique du sud et aux environs du Cap Horn. Le
_ Nereocyslis et le Pelagophycus n'y vivent pas, mais le
Macrocysus y abonde ; on trouve en outre d’autres Algues
de grande taille, comme cette curieuse Fucacée, Dur-
villea utilis Bory, rencontrée par Dumonr p’Urvicze aux
îles Malouines! et dont il dit : « D'un disque épais et
aplati, naissent plusieurs tiges comprimées larges de 21 à
40 centimètres et qui atteignent jusqu'à 11 et 15 mètres
de longueur... ces tiges se divisent en un grand nombre
de rarmifications très étroites, allongées, lisses-comprimées
et semblables à autant de courroies... ». Ou comme cette
Laminaire à gros stipe ramifié, le Lessonia flavicans, dont
Dumoxr D'Uvizre dit : « Son tronc cylindrique, demi-
ligneux et souvent de l’épaisseur de la cuisse, se divise
bientôt en rameaux plusieurs fois dichotomes, comprimés
1J. Dumont D’Urvwizze. — Flore des Malouines, Mémoires de la
Société linnéenne de Paris, t. IV, 2° Partie, 1826. — Borx écri-
vait le nom de cette plante Durvillæa ; Hariot identifie l’espèce de
Bory avec le Fucus antarcticus Chamisso ; on doit donc écrire Dur-
villea antarctica (Cham.) Hariot,.
FA PT ERNI ET ES OR POLIUS DA RE A PP ANT ES
SANTA 1 A A MORTE HT el
AR k = LS (RL TARA je Lie
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"14 LE GOËÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON
et toujours FR par une raie lance nd.
lisse et obscurément dentée. Sa longueur dépassse rare—
ment 8 à 10 mètres... Jeté par la mn sur la côte, ce
Fucus y élève souvent une chaussée de 9 à 12 déci-
mètres. Si on a l'imprudence de s’y engager, on court le …
risque d'y enfoncer jusqu'à la cheville du pied, et ül
s’en exhale une odeur insupportable et méphitique que
je ne puis _ comparer qu'à celle des choux en dé-
composilion.
Le témoignage de M°° Varevrix (in Corrox, loc. cit.
p. 141) appuie era de Duuoxr »'Urvizze : elle a vu, aux
iles Malouines, des amas haut de 6 pieds, larges de 10 à
15 mètres et dépassant 100 mètres de longueur com-.
posés de Durvillea, Macrocystis, Lessonia. Lorsque la
violence des vagues a brisé ces Algues, les a mises en
lambeaux, elles exsudent une substance mucilagineuse si
abondante que les vagues s'aplanissent comme dans le
cas du filage de l huile:
Certaines personnes, qui prévoient pour le goémon de
fond des côtes de France un vaste débouché commercial,
ayant appris que les Laminaires se récoltent mécanique-
ment aux Etats-Unis, prévoient aussi qu on devra les
moissonner chez nous. 11 est possible et même vraisem-
blable que, si le besoin s’en fait sentir, nos constructeurs
sauront inventer des appareils à cet effet. Mais le principe
de ces instruments sera sans doute différent de la mois-
sonneuse américaine dont nous avons parlé, car les con-
ditions sont tout autres et ne sont pas à notre avantage.
Ou plutôt, les Américains ont sur leurs côtes des Lami-
naires semblables aux nôtres, mais ils ne les exploitent
pas ; la main d'œuvre coûterait trop cher. La faux de la
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LE GOÉMON ET LA RÉCOLTE DU GOÉMON 119
_ moissonneuse du goémon géant traverse horizontalement
. les bancs, parce que son constructeur n’a pas à tenir
compte du relief du fond, qui se trouve toujours à une
distance notable, souvent quelques mètres, même à basse
mer, et les parties coupées flottent à la surface. Nos La-
minaires sont bien plus courtes; une faux mécanique,
coupant un banc horizontalement sur nos côtes de Bre-
tagne, rencontrerait bientôt quelque rocher sur son
_ passage. Cette difliculté supposée évitée, ce serait une
erreur de croire que si les L. flexicaulis et Z. saccharina
atteignent quelques mètres de longueur, elles se tiennent
dressées dans l’eau, dans la position où les livres les
représentent, le stipe et la lame étalés dans un même
plan ; dans une eau tranquille, le stipe est dressé, mais
la lame du-L. saccharina s'étend presque parallélement
au sol, et celle des Laminaires digitées se recourbe vers
le bas, un peu à la manière d'un parapluie. Une faux qui
s'avancerait horizontalement à travers un banc de Eami-
naires digitées séparerait donc beaucoup de lanières de la
lame, et toute partie séparée, dans une eau tranquille,
tombe au fond ; la majeure partie de la moisson serait
perdue. En outre, si le stipe est coupé, c'est une erreur
de croire avec GLorss qu'il repousse ; il ne repousse chez
aucune espèce de nos côtes. Enfin, une coupe intensive des
bancs profonds, formés surtout de L. Clouslonu, ne tarde-
rait pas à les détruire, car celte espèce n’atteint qu'après
plusieurs années une taille valant la peine d’être exploitée.
L'arrachage mécanique serait encore plus désastreux. Les
deux procédés mécaniques, fauchage ou arrachage, s'ils
étaient proposés, devraient être formellement interdits.
C'est aussi, nous l'avons vu, l'opinion d'Yves Drrace.
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CHAPITRE 11 "98
UTILISATION AGRICOLE DU GOËÉMON
Sommaire. — [. Diverses sortes de goémon épave; le. goémon de
Belfast. — Avantages de l’emplo: agricole du goémon ; “culture ‘: ‘24
des pommes de terre. — Son MNT en diverses régions (Roscoff,
Ré, Noirmoutiers, Irlande, Canada, etc). — Expériences de Hen-
paicx en Écosse. — La culture de l'orge à l'ile de Ré. — Le .
goût de terroir des vins, — DR du goémon vert, du goémon. Ver TR
sec et à l’état de cendres, es
IT. La valeur chimique des Laminaires géantes moissonnées
dans le Pacifique. — Leur séchage et les efflorescences, — Les
Américains emploient ia et de goémon géant comme en— Se
grais. — Rapidité de la nitrification dans le sol. #
FIX. Maërl et Tangue. |
«
Le goémon épave est utilisé comme engrais, depuis un
temps immémorial, sur les côtes de l'Océan, aussi bien F2)
en Europe qu’en Amérique. Qu'une tempête survienneet
arrache les Algues à leur support ou que des courants
amènent sur la grève un goémon abondant, les riverains
quittent leur travail et accourent pour en charger des
civières, des ânes ou des charrettes ; ils le transportent
sur la côte, assez haut pour qu'il soit à l’abri des vagues. |
On se hâte à à cause de la concurrence, chacun cherie |
à s'emparer des amas de prise facile et aussi parce que la
mer pourrait le reprendre à la montée suivante : elle le.
rejetterait de nouveau, il est vrai, mais plus battu et plus
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON | 117
. déchiqueté: or, plus le goémon épave aura séjourné
_ longtemps dans l’eau, plus il sera éloigné de son état
normal et moins il aura conservé des sels qui lui donnent
sa principale valeur.
Sur certaines côtes plates et rocheuses, comme à l'ile
de Ré (côte W. et S.—-W. dite côte sauvage), les marées
d'équinoxe déposent généralement sur la grève, à un ni-
_ veau élevé, une sorte de cordon littoral formé d'Algues
._ accumulées, haut d'un mètre, large de quelques mètres et
long de plusieurs kilomètres, que les vents recouvrent
_ parfois d’une épaisse couche de sable ; le goémon s’y dé-
compose lentement à l'abri de l'air et. les riverains y
trouvent, à la saison suivante, un fumier tout préparé
grâce auquel ils obtiennent de magnifiques récoltes.
D'après Isid. Pierre (loc. cil.) on a même exploité sur
certains points de la côte de la Manche « des amas véri-
tablement immenses de varech enfouis sous le sable
depuis un temps immémorial et dont l'existence n'est
révélée que par hasard. C’est ainsi qu’on a trouvé, il y a
une dizaine d'années’, dans le Finistère, dans une anse
assez vaste de la commune de Kérouan, dans la baie de
even, un gisement considérable de ce goémon fossile
qui a dû se former par l’accumulation successive de facus
qui ont été ensuite recouverts de sable. »
La nature du goémon rejeté dépend évidemment de la
végétation côtière et de la profondeur à laquelle les
vagues font sentir leur action. En Bretagne, où les Lami-
naires abondent, elles en constituent la majeure partie,
hiver comme été; à l’île de Ré, particulièrement dans la
région de la pointe des Baleines, où la côte descerd en
1 Probablement vers 1860.
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118 UTILISATION AGRICOLE DU GOËÉMON &
étendues, celui-ci est arraché et rejet en s aLoT, Fa
langé aux Laminaires. Dans le fond du golfe de. Gas- |
cogne, de Bayonne à la Bidassoa, où les Fucus sont moins
communs et où la seule Laminaire est le Saccorhiza bul-
bosa, qui d’ailleurs perd ses parties dressées en automne, pa
la composition du goémon épave est plus saisonnière ; il
est peu abondant en hiver, à moins d’être apporté parles
courants ; les Cystoseira et le Sacc. bulbosa dominent dans
sa composition pendant la belle saison. Néanmoins, un
certain jour d’août, alors que les Cystoseira et Sacc. bu
bosa abondaient sur les rochers littoraux, j'ai vu une
énorme accumulation de goémon déposé sansinterruphon
de Biarritz jusqu’à Guéthary, que les paysans s'empres-
sèrent de prendre pour le porter sur leurs chamis;les
grandes Algues brunes littorales y étaient rares, tandis
que dominait une Algue rouge de taille moyenne, le
Calliblepharis ciliata ; or Mr est très rare sur les ro-
chers littoraux de la région, où il ne trouve ni les anfrac-
tuosités ni les grottes qui lui conviendraient, mais 1l
couvre les rochers toujours submergés; le mauvais
temps s'était donc manifesté surtout par des vagues de
fond qui avaient atteint surtout la végétation sublittorale.
Au pays basque, la récolte du goémon épave, au lieu d'être
habituelle et régulière comme en Bretagne et aux îles
d'Oléron, de Ré. ou de Noirmoutiers, est une sorte de
casuel pour les riverains.
À en juger par ce que j'ai vu, voici plus de vingt ans,
sur certains points de la côte des Asturies, le goémon
épave y est aussi rare que recherché ; c'était aux mois de
septembre et d'octobre (à Rivadesella, Llanes, Rivadeo); …
de nombreux paysans, hommes et femmes, entrés dans à
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON TI9
_ Teau jusqu'au-dessus des genoux et armés de rateaux
_ longuement emmanchés, disputaient aux vagues de rares
Algues flottantes qu'ils ramenaient en arrière BQUE en
faire des tas bien modestes en comparaison des énormes
meules bretonnes. En d’autres points cependant, ‘où la
côte descend en pente douce dans la mer (San Vicente
dela Barquera, Gijon), le goémon est parfois rejeté en
abondance (Note préliminaire, etc., 1897).
Certaines sortes de goémon d'échouage reviennent
chaque année pour ainsi dire à date fixe. Le ZLaminaria
Cloustonu en fournit l’un des meilleurs exemples. Sa
croissance s'effectue, comme chez les autres Laminaires,
par un méristème situé au point d'union du stipe et de la
lame, mais qui agit ici avec une intensité particulière à
la fin de l'automne et produit une nouvelle lame au-
dessous de l’ancienne ; celle-ci se détache tout d’une
_ pièce à la fin de l'hiver ou au début du printemps; autre-
ment dit, le stipe est vivace et la lame est annuelle:
Despréaux a bien étudié ce phénomène en 1824'. La
figure 11 montre un de ces individus peu de lemps avant
que tombe la vieille lame. Ces lames détachées sont les
mantelets des Normands, le goémon rouge où qoémon
d'avril des Bretons, le may-weed des Anglais. Le L. Clous-
don constituant sur certains fonds de la Manche de
vastes forêts très denses, le flot apporte par milliers les
mantelets sur la grève où les riverains les recueillent
avec empressement ; ce sont de mauvais flotteurs 4e les
courants ne transportent pas au loin.
Le cas de l’Himanthalia Lorea est tout autre. Gette
1C. SauvaGeau. — Recherches sur les Laminaires des côtes de
France, Mémoires de l'Académie des Sciences, t. LVI, Paris, 1918.
Le
Gironde jusqu'à Saint-Sébastien ; néanmoins, le flot en
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120 UTILISATION AGRICOLÉ DU ETS RC
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Fucacée, souvent appelée lacet, croît immédiatement 4 ds 4
dessus du niveau des Laminaires ; elle est remarquable
par son tout pelit appareil végétatif fixé aux rochers,
large de quelques centimètres à peine, qui porte un appa-
reil reproducteur, ou réceptacle, en cordons plats, jau-
nûtres, ramifiés, dont la longueur atteint souvent quelques
mètres dans la Manche (fig. 18). L’Himanthalia vit tou-
jours à une profondeur plus grande que la hauteur des
réceptacles dressés dans l’eau, mais, à basse mer, ces der-
niers s’étalent sur les rochers où 1ls rendent la marche
difficile. La plante vit, en tout, probablement un peu
plus d'une année et la fertilité du réceptacle dure plu-
sieurs mois; pendant ce temps, l'appareil végétatif perd
sa régularité et sa turgescence; des vagues, auxquelles il
aurait résisté quelques mois plus tôt, l'emportent soutenu
par les cavités aérifères du réceptacle. Plus 1lest âgé, plus
il se détache facilement. On trouve toute l’année des in-
dividus âgés, mais l'automne est particulièrement l’époque
de la maturité. A Roscoff, où on l'appelle Fitt, on pré-
vient sa transformation en goémon épave ; le maire en
autorise l’arrachage pendant quelques jours, vers l'époque
de l'équinoxe d'automne ; les cultivateurs arrivent avec
leurs charrettes, ils le nouent souvent en gerbes, en
chargent leur attelage, et le répandent, dès qu'il est
égoutté, sur la terre des champs d’artichauts ; la quan-
üté d’Himanthalia ainsi extraite et transportée est
énorme.
Cette plante flotte si bien qué les courants la con-
duisent parfois à de grandes distances. Ainsi, on en cher-
cherait vainement en place depuis l'embouchure de la
dépose toute l’année cà et là quelques individus en parfait
ne DR + LIESV PR Or AE 12 ? Her / AP N F
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LR UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON _ 19Y
Fig. 18. — Himanthalia Lorea Lyngb.
Etats successifs du développement, d’après des individus récoltés à Roscoff
en février, — À, B, GC, r/3 gr. nator.; D, 1/4 gr. natur.
#22 ‘UTILISATION AGRICOLE : DU GOÉMON rs # *
-état de reproduction malgré leur origine lointaine‘. REA È FS 4
ai vus plusieurs fois, en hiver, après des mauvais Fan De
posés en un cordon continu haut et épais sur toute la af a *$ k
longueur de la grande plage de Biarritz et dans le ee
de Guéthary.
La figure 18 montre le développement del Himanthalia |
tel qu'on l'observe à toute époque de l'année et surtout
-en hiver. La jeune plante provenant de la germination |
d’un œuf forme d’abord, sur les rochers ou sur d'autres
Algues, de petits globules pleins, de teinte olivacée ; puis
le globule s’allongeet devient cylindrique à base fixatrice
rétrécie (fig. 18, A) ; c’est le pédicelle de la future
plante ; bientôt, le sommet s’aplatit, se creuse légèrement
en son centre, puis s'étale en forme de lame circulaire
concave (fig. 18, À, B) qui s'élargit graduellement sans
dépasser quelques centimètres de TR Ne l'appareil
végétatif de l’ÆJimanthalia est dès lors constitué. Bientôt,
une ou plusieurs pustules apparaissent au centre du
-creux du,chapeau, s’ailongent très rapidement, s’aplatis-
sent en s'élargissant, et deviendront l'appareil reproduc-
teur plusieurs centaines de fois plus volumineux que la
plante végétative. Sur les individus de ia figure 18, D, la
partie végétalive a acquis sa taille dé tandis que la
partie reproductrice, jeune encore, était déjà si longue que
le dessin n'en représente qu'une partie. Cet appareil
reproducteur correspond morphologiquement à la partie
renflée qui termine les frondes des Fucus en fructification
{fig. 1, 2, 3) et à chacun des réceptacles latéraux de
1C. Sauvackau. — Sur la dissémination et la naturalisation de
quelques Alques marines, Bulletin de l'Institut océanographique,
N° 342, Monaco, 1918. |
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 123
lAscophyllum (fig. 6, 7); les individus sont unisexués.
Les conceptacles, plus espacés que chez les Fucus et les
Ascophyllu-, sontnéanmoins en nombre considérable et,
chacun conservant sa faculté reproductrice pendant
quelques mois, un individu déverse dans la mer des
myriades d'anthérozoïdes ou d’oosphères*.
Dans certaines anses vaseuses, des Algues vertes cons-
tituent presque à elles seules le goémon épave. C'est ce
qui arrive en particulier dans la baie de Belfast, étroite,
longue et peu profonde, qui a récemment fait l'objet d’une
étude détaillée ?.
Tandis que l'entrée de la baie est rocheuse et couverte
d'Algues variées, le fond est vaseux ; un long chenal dra-
gué y conduit les eaux d’égout à quelques milles de Ja
ville. Le fond vaseux assèche à basse mer longtemps et
sur une vaste étendue ; 1l était autrefois couvert de Zos-
dera marina, mais, la pollution des eaux augmentant,
celui-ci a disparu et l'Ulva latissima (U. Lactuca var. la-
üssima) l'y a remplacé, atteint une grande taille et est
_prodigieusement abondant. D'autres Algues vertes lui
sont mélangées, en moindre quantité : divers Monostroma,
Enteromorpha, Cladophora que Corrox a étudiés.
1 Jai signalé le fait (A propos des Cystoseira, etc., 1912) que l’on
rencontre parfois des individus à réceptacles plus étroits et de sec-
tion arrondie qui sont entièrement stériles.
? Nuisances due to excessive growths of Green Sea-weeds in Sewage
Polluied Estuaries, with special reference to Belfast Lough. Royal
Commission on Sewage Disposal ; Seventh Report, vol. IT, Londres,
1911. Appendices par Lerts et Ricaarps, A.-D. Cotton, …. etc.
Je dois la possession de cet important Mémoire à l’obligeance du
Board of Agriculture and Fisheries,
124 UTILISATION AGRICOLE Du GOËMON
Une série d'expériences et d’ anal} ses ont montré à fe
et Ricuarps que l'U.latissima possède une extraordinaire Ne si ne
puissance d'absorption de l'ammoniaque et des nitrates
dissous dans l’eau ambiante, et que la proportion d'azote
qu'il renferme correspond au degré de pollution de.
l’eau ; ceci explique son abondance dans ces eaux quil
purifie. Son rôle reste éminemment favorable aussi long-
temps qu'il continue à croître et qu'il reste attaché au
substratum. Toute l’année, des individus se détachent
pas l’action des vagues, le flot les emporte, les dépose
pour les reprendre, mais, à la fin de l'été et en automne,
un nombre considérable d'U.latissima se détache et esten-
traîné par le courant. Une partie se dépose dans les dé-
pressions de ce sol vaseux, change de place à chaque ma-
rée. Une autre, la plus importante, est rejetée sur les bords.
ets’y accumule; après une tempête, on a vu ces Ulva
amassés constituer, en une seule journée, des cordons
hauts de 2 pieds sur 2 à 3 milles de longueur ; 1lsentrent
bientôt en pulréfaction, particulièrement lorsque la tem-
pérature est élevée, et répandent une odeur pestilentielle ;
l'hydrogène sulfuré s’exhale parfois en telle abondance
que la peinture blanche des bateaux et des maisons noir-
cit en une journée ; du papier trempé dans une solution:
d’acétate de plomb, approché d’un de ces dépôts d’Algues,
noircit en quelques minutes ‘. Les riverains n'ont pas
manqué de s'en plaindre aux autorités, d’où les études:
entreprises sous les auspices du Board of Agriculture
and Fisheries.
4 Lerrs a étudié en: détail cette fermentation des Ulva ; les com-
posés sulfurés sont dus probablement à la décomposition de sulfates
de l’eau de mer et non aux albuminoïdes de l’Algue,
| UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 125
1 © Non seulement l'Ulva des eaux polluées croit avec plus
| d'exubérance, il est aussi plus riche en azote. Ainsi, des
| frondes récoltées sur la côte ouverte du comté de Dorset
\en renferment 1,3 ‘/, (par rapport à la matière séche) et
celles du fond de la baïe de Belfast en renferment 4,75 °/..
L'Ulva constitue alors un engrais riche que recherchent
les riverains. Lerrs et RicHarps proposent de le sécher à
l'air après un rinçage dans l’eau douce, opération que fa-
cilite la minceur de la plante ; comprimé ensuite en bal-
lots, à la presse hydraulique, il serait aisément pulvérisé
et vendu en poudre comme engrais. Par la distillation
dans des cornues à gaz, on obtiendrait aussi de notables
quantités de sulfate d’ammoniaque.
L'emploi du goémon comme engrais présente de grands
avantages. À l’inverse du fumier de ferme, il n'apporte
avec lui ni graines de mauvaises herbes, ni champignons
producteurs de maladies, n1 larves d'insectes nuisibles ;
les champs sont donc plus propres et les récoltes plus.
saines ‘. En outre, étant très hygroscopique, il absorbe
l'humidité, la conserve longtemps et épargne les arro-
sages ; ses changements de forme sous l'influence des va-
riations hygrométriques, aussi longtemps qu'il n’est pas:
entièrement décomposé, ameublissent la terre; on lui a
1 De ca Pxzate (Flore de Terre-Neuve et des iles Saint-Pierre et
Miclon, Paris, 1829) dit qu'à l'ile d’Oucssant on récolte les Lami-
naires pour les répandre sur les champs, mais on évite de prendre
le Saccorhiza bulbosa, car « on a le singulier préjugé de croire qu'il
fait croître beaucoup de chardons dans les champs », ce que DE ra
Pyrare attribue à l'extraordinaire fécondité que cette Algue fourni-
rait au sol. Le même préjugé persiste, parait-il, et le S. bulbosa n'est:
pas utilisé à Ouessant,
426. UTILISATION AGRICOLE DU GOËÉMON
reproché d’ introduire dans le sal du chlore et du ne
nous verrons plus loin ce qu’il faut en penser. À Roscoff Fa
où les agriculteurs se livrent à une culture intensive ex-
trêmement prospère et où la terre ne se repose jamais, on
-enfouit le goémon une fois par an seulement, mais en
très grande quantité; toutefois, son action bienfaisante
dure peu et la mise en terre doit être répétée chaque
année ; sa décomposilion dans le sol est donc plus rapide
-que celle du fumier de ferme. |
Malgré la rapidité avec laquelle se décompose le goé-
mon frais ou goémon vert, comme on l'appelle (qu’il soit
de rive ou d’échouage), on préfère généralement le laisser
fermenter quelque temps avant de l’employer. D'ailleurs,
! C’est ce que l’on m'a dit à Roscoff, et c'est aussi ce qu'admet-
‘tent tous les fermiers du Rhode Island (Etats-Unis) interrogés par
Wagecer et HarrweLz ; la première récolte est très favorisée par
l’enfouissement du goémon dont l’effet utile ne se fait pas sentir
sur les récoltes suivantes. ({1.-J, Wueecer et B.-L. HarrweLc. Sea-
Weeds. — Their agricullural value and the chemical composition of
certain species, Rhode Island Agricultural Experiment Station, Bul-
letin 21, 1893).
À mentionner celte curieuse idée, émise par Isid. PIERRE (art.
Varech, loc. cit.) qui était un diiste estimé :
« On a souvent répété que le varech favorisait la belle venue des
plantes à soude et à potasse, comme la pomme de terre et le navet,
-et l’on en cherchait la cause dans les matières salines que renferme
cet engrais. En admettant comme vrai le fait de cette grande effica-
cité des varechs, qui est d’ailleurs incontestable, je ne sais s’il faut
attribuer quelque importance à l'explication parce que les plantes
marines, à raison de leur proximité de la mer, sont habituellement
aussi à porlée de recevoir par les pluies, par les brouillards, etc.,
une proportion de ces matières salines bien supérieure à celle qui
“est nécessaire pour subvenir à l'alimentation des récoltes qu'on leur
fait produire ».
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 127
m'a dit M. François Camioc’u, l’un des maraîchers les
plus entendus de Roscoff, le goémon frais, excellent pour
les pommes de terre, ne convient pas aux oignons, à
cause du sel marin quil apporte avec lui; les oignons
sont donc semés ou plantés sur -un terrain dont le goé-
mon d'engrais est en partie décomposé. Bien que les
pommes de terre soient la culture qui profite le mieux du
goémon, ce qui se conçoit à cause de leur exigence en
potasse, certains cultivateurs roscovites ajoutent, près de
chaque tubercule semé, un peu d'engrais chimique dont
on n’a pas su me donner la composition, mais où entre
probablement du superphosphate. Les choux fleurs qui,
avec les pommes de terre, les oignons, les artichauts et
les panais font la fortune du pays, croissent mieux lorsque
du fumier de ferme est ajouté au goémon. Enfin, l’excel-
lente réputation des produits du sol de Roscoff m'évite
d'ajouter que l'emploi du goémon ne donne de goût par-
_ticulier à aucun d'eux. Je n’ai pas de renseignements sur
le trèfle, que les roscovites cultivent en quantité à peine
suffisante pour les besoins de leur exploitation, mais les
fermiers du Rhode Island et de Grande-Bretagne le
considèrent comme l’une des cultures qui en profite le
mieux.
Sur ma demande, M. K. Caproc'u a bien voulu faire
l'expérience suivante : Au début de 1919, et peu avant
d'y semer des pommes de terre, du superphosphate, mis
gracieusement à notre disposition par la Compagnie bor-
delaise de produits chimiques, grand fabricant de cet en-
grais, fut répandu à raison de 500 kilos à l’hectare
(comme dans l’expérience d'Hexpric) sur un carré de
terrain qui venait de recevoir le goémon. On donna une
façon - enfouir le ee vers la profondeur
où le semis de être fait. baise ce carré, la partie 6 *:
rienne de la plante fut plus vigoureuse, re feuilles furent
plus vertes, les tubercules furent plus gros et leur récolte
dépassa d’ un tiers environ celle des carrés témoins où l DH:
avait enfoui seulement du goémon. |
On ne semble pas, à Roscoff, faire de différence entre 2
le goémon de rive (on coupe de préférence le Fucus ser-
raid) et le goémon épave; on estime qu'ils se valent
comme engrais. Quand on n’en a pas l'emploi immédiat
on le dispose en meules, semblables à des meules de foin,
sans le mélanger à autre chose ; on conserve le goémon à
part et le Fee de ferme à part.
D’après M. Baux (in lut.), bien que le Fucus coupé à
l’île de Ré soit surtout le F. vesiculosus, le goémon de coupe
est toujours préféré au goémon d'échouage; celui-ci ren-
ferme cependant une très forte proporuon de Fucus ser-
ralus et de Laminaires, mais, comme on ne peut l'enlever
assez rapidement, le lessivage par les marées Jui fait per-
dre une partie de sa valeur. Le goémon d’échouage est
transporté à l’état frais, en octobre et novembre, sur les
« bosses » des marais salants, avant le semis de l'orge;
on donne une façon et, plus tard, on répand encore une
couche de Fucus sur les semis. L'effet produit est parfait,
car les champs d'orge sont magnifiques ; bien que ces
champs occupent toujours les mêmes bosses des marais
salants, que les habitants de l’île les conservent de père en
fils depuis maintes générations sans jamais en alterner la
+
culture, l'orge de Ré (escourgeon d'hiver) est très apprécié
et recherché par l’industrie de la brasserie. Au cours de
l’année, quand le goémon épave est mis en réserve, on le
. mélange toujours par couches alternatives avec le fumuer
de ferme. Quant au goémon de coupe, on le mélange
RS SO PTE ST INT te EE ep
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 129
encore avec plus de soin que celui d'échouage et tandis
qu'il est frais, à peine égoutté. Voici comment F. Brix
(loc. cit., p. 303) décrit l'opération : « Le varecb de coupe
est mis en tas par couches régulières alternant avec un lit
de fumier frais de cheval ou d’étables ; les couches infé-
rieure et supérieure étant toujours formées par le varech.
La première, très épaisse, recouvrant le sol, s'oppose par
le feutrage qu'elle forme, à la perte des ous nutritifs
qui pourraient filer dans le sol. La seconde sert d’abri à
la dernière couche de fumier en s’opposant à sa dessicca-
tion sous l'influence des ravons du soleil et des grands
vents salés ». « Le tas, terminé vers la fin de mai, devra
rester comme cela ] jusqu à fin novembre. C'est à ce mo-
ment qu’on l'utilise à Ré pour les champs de céréales et
les vignes. Chaque tas est coupé par tranches et enlevé
par cubes plus ou moins réguliers, mais toujours très
noirs, formant un tout presque homogène, et si le tas a
été bien dressé, on voit couler, sur le côté de ces blocs
humifères, une sorte de suc noirâtre qui est une excellente
pâte liante pour les terres légères ». L'auteur, qui est un
agronome expérimenté, m'assure ne pas connaitre d’en-
grais meilleur que ce mélange. Il ajoute dans son article :
« Suivant que la fumure s’appliquera aux terres légères
de groie ou aux terres fortes argileuses ou argilocalcaires,
il faudra, dans le premier cas, prendre comme fumure
complémentaire les superphosphates et, dans le second,
les scories de déphosphoration dont les prix sont relati-
vement peu élevés » ‘
1 On lit dans l'Encyclopédie (loc. cit.) à l’article varech publié en 1558:
« Les laboureurs emploient le goémon de différentes manières :
les uns le répandent sur les terres lorsqu'ils l’ont recueilli à la côte
ou qu'il a été nouvellement coupé ; mais la plupart en tont des
en fait même deux récoltes par an, l’une en juin, l’autre
en octobre, l'une des récoltes suffisant à payer l’ensemble
des frais de culture. J'ai été surpris, en circulant dans
l'île, de l'infini morcellement de la propriété ; grâce à
l'abondance du goëémon, tous ces champs minuscules
sont bien cultivés, rapportent, et l’aisance règne partout.
On compte dans l’île 13000 à 14000 habitants pour une
surface d'environ 8000 hectares, dont 1200 à 1500 sont
occupés par les marais salants.
D'après l'agronome Hervé-Maxcox qui a visité l’île de
Noirmoutiers “(Nendé) en 1859, le goémon y était alors.
employé à l'exclusion de tout autre engrais ‘. On l’em-
P10) a
fumiers qu’ils nomment mains, qu'ils composént de goémon, des.
fumiers de bestiaux et de terres franches qu'ils laissent consommer
ensemble, et qu'ils répandent ensuite sur leurs terres ;: un laboureur
est estimé d’autant plus à son aise, qu’il a nombre ou quantité de
ces mains ».
‘Hervé-Maxcox. —- Du goémon dans la culture des polders,
Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XLIX, Paris. 1850.
« Le bélail assez peu nombreux, dans l’île, est presque toujours.
renfermé. Le fumier qu'il produit et ses déjections. soigneusement
recueillis dans les étables, dans les cours, et jusque sur les chemins,
_ pétris ensemble, servent à façonner des espèces de galettes, sem-
blables à de grandes bouses de vache, que l’on fait sécher au soleil et
à l’air. Ces galettes forment pour l’hiver un combustible grossier.
La cendre entassée près de la chaumière est achetée par les cultiva-
teurs du Bocage verdéen qui apportent en échange du bois de
chauffage et ds fagots. Ce commerce singulier est mis en pratique
de temps immémorial dans l’île de Noirmoutiers. »
Outre l'orge et la vigne, les principales cultures de Ré
sont les tomates, les asperges, les pommes de terre et à
aussi la luzerne. Depuis quelques années, la qualité de
pommes de terre cultivée comme primeur (variété de &
Jersey) prend beaucoup d’extension ; en certains cas, on
UTILISATION AGRICOLE DIT GOÉMON. 131
a «
ploie dit-il, à la même dose qu'il y a un siècle ; d’anciens.
documents en prescrivent aux tenanciers de certaines.
terres le transport d’un nombre de charges d’âne précisé-
ment égal à celui que l'on met aujourd'hui dans les
mêmes parcelles. Les habitants considéraient le Rytiphlæa
_ pinastroides, qui y est malheureusement assez rare, dit
l’auteur, comme l’engrais le plus puissant de la côte et
ils le recueillent avec le plus grand soin. S'il n'y a pas.
erreur de détermination, la plante étant petite, son usage
doit être assez limité s1 elle est rare. Je mentionne à l’oc-
casion que le Rytiphlæa, aujourd'hui appelé Halopithys,
est au contraire abondant sur la côte basque. D’après les.
frères Crouax (Florule du Finistère, Brest, 1867), on
drague le À. pinastroides dans la rade de Brest « en
_ quantité considérable pour engrais ; c'est le goémon rouge
des cultivateurs ».
D'après A.-D. Corrow' qui a récemment étudié la
_ flore marine d’une partie de la côte ouest de l'Irlande, le.
goémon joue dans ce pays un rôle agricole considé-
rable. Lorsque le goémon épave est constamment assez
abondant, on l'utilise exclusivement. Sur les autres
points de la côte, les Fucus vesiculosus et Ascophyl-
lum nodosum (Black Wrack) sont coupés en février
et mars ; ils sont même cullivés pour la coupe (Voy. plus
loin, chap. vi) dans les zones sableuses où ils manquent
naturellement. À Clare Island, les Laminaires rejetées
abondent ; on les choisit quand on le peut, en négligeant
les autres espèces. Partout, la terre reçoit toujours une:
1A.-D. Corrox. — Clare Island Survey, part 15. Marine Algæ,
Proceedings of ihe royal Irish Academy, t. XXXI, Dublin, 1012.
4392 UTILISATION AGRICOLE DU. GOËMON ‘Res Ë
Pa “e LA »
% « à + NP
bonne façon avec du goémon avant ne plantation 1%
pommes de terre, et parfois si peu de temps avant, que. "4
les semences sont pour ainsi dire placées dans une couche
de goémon frais. Après la coupe des avoines, on répand
aussi une couche de goémon sur les chaumes ; on en met 4
-aussi sur les prairies et au mois de mai, dit Corron, les
lames rougeâtres du ZL.Cloustonu, les ul blanchies à #4
st
"+
l'air des L.saccharina et Ame font, avec l'herbe :
verte, une bigarrure de l'effet le plus pittoresque. Les
agriculteurs apprécient tellement les Laminaires que cer-
tains, parmi ceux qui viennent en chercher, demeurent à
15 kilomètres de la côte.
… Les légumes cultivés comme primeurs à l'ile de Résont
d'excellente qualité et l’engrais marin ne leur commu- :
nique aucun goût parliculier. Le vin, par contre, possède
un goût de terroir assez prononcé qui en diminue la va-
mois marchande. Le Commentaire de Vaux sur l'Ordon-
nance de 168x y fait allusion, et l’auteur explique ainsi
pourquoi les riverains des côtes de l’Aunis perdirent l’ha-
bitude de se réunir pour discuter la date de coupe du
goémon de rive. « Comme les côtes de l’Aunis sont
presque toutes vignobles, dit Varin (loc. cit., p. 626), et
que le sart, quoique très propre à rétablir les vignes, a
ce défaut, d’altérer pendant quelques années la qualité du
vin, Jusqu'à lui communiquer son sel et son odeur, la
plupart des cullivateurs ont négligé depuis longtemps
d'en faire usage pour leurs vignes et de là l'emploi du
sart étant devenu en quelque sorte le partage des seuls
paysans, c'est la vraie cause de la cessation lotale des as—
semblées ordonnées par cet article.
CT paraît néanmoins actuellement qu'à l imitation des
«
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMOX 133
habitans de l’île de Ré, plusieurs propriétaires de vignes
_ doivent pas s’en embarrasser, qui sont dans l'usage de
_ convertir chaque année en eau-de-vie... etc. »
La pratique de « sarter » la vigne ne s'était cependant
- pas maintenue à l’île de Ré, D’après F. Brix ‘ on croyait
que ses profondes racines lui évitent le besoin d'engrais,
-. préjugé qui, voici un demi-siècle, était encore fort ré-
pandu partouten France. L'’invasion phylloxérique changea
les idées ; on enfouit en abondance du goémon au pied
des vignes dans l'espoir de nuire au développement ou à
la propagation de l’insecte néfaste ; les résultats furent
satisfaisants. On a continué depuis et l'on attribue de
nouveau le goût de terroir à l’engrais marin. Cependant,
dit Brin, bien que le goémon soit utilisé dans toute l'ile,
ce goût est particulièrement accentué dans les communes
situées à l'extrémité nord-ouest (Ars et Saint-Clément-
_ des-Baleines). La cause serait donc différente : à l'époque
= de la véraison, coïncidant avec celle des grandes marées
de septembre, les Algues rejetées par le flot sur la côte
nord-ouest forment un immense cordon littoral large et
épais ; elles y pourrissent et leur ensablement s'accom-
pagne de dégagements gazeux que le vent conduit au loin
et dont l'odeur désagréable, absorbée par les grains et par
Ja rafle, produirait le goût de terroir.
Les deux causes, 1l me semble, agissent simultanément
et s'ajoutent. La vigne, qui est sensible à de minimes va-
riations dans la constitution chimique du sol, et produit
_ÎF. Brin. — Du goût de terroir dans les vins de l'ile de Ré, Revue
de Viticulture, t. VIII, Paris, 1897.
Le
4
2e
D EC AE CE UNI AO
* LAS ; Nr = d { AT
ADSL EE) TR TES
CNT:
es, peut bi pr absorber F ni la . du
goût de terroir, alors que les légumes n’en éprouvent au-
can inconvément. L'expérience serait d'ailleurs facile à
faire.
Bien que Roscoff soit silué en dehors de la zone de la |
vigne, on y récolte d'excellents raisins sans goût particu-
ide Contre un mur de diverses habitations bourgeoises. |
ou paysannes, est adossée une serre, non chauffée, réservée:
à quelques treilles où le Chasselas mürit parfaitement Or,
le seul engrais fourmi à ces vignes est du fumier de rent
ou de PE et jamais de goémon ; est-ce une tradition
ou le résultat raisonné de l'expérience acquise, Je
l'ig
19nOTE.
Le goémon épave est très apprécié comme engrais sur
les côtes du Danemark (Rosexvince in litt.). Les Japonais
en font aussi un grand usage pour leurs champs de r1z.
Les indigènes de la côte de l'Alaska (d'après Rice, in
F.-K. Camerox) plantent toujours leurs pommes de terre.
dans une couche de goémon d’échouage frais, préalable-
ment enfoui dans le sol et ils ne leur donnent pas d’autres
1 Je dois à mon érudit collègue de la Faculté de Médecine, le-
D* Guirraun, la connaissance du passage suivant de Pune le natu-
raliste (édit. Maxmorr, XIV, 109 ; édit. Larrré, XIV, 19, 5) :
« On fait aussi l’un et l’autre {le vin d’absinthe et le vin d’hysope)
d'autre façon, par des semis autour des racines des vignes. C’est
ainsi que se fait aussi le vin d’ellébore, avec le vératre noir selon
Caron ; ainsi, le vin de scammonée, les vignes par nature s'empa-
rant à merv eille de saveurs étrangères. Cest pourquoi encore les.
vendanges sentent le saule aux marais de Padoue ; et qu’à Thason:
on sème de l’ellébore, du concombre sauvage ou de la scammonée-
pour avoir du vin dit phthorion parce qu'il fait avorier ».
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON : 135
je
sains de culture; à défaut de goémon d’échouage, ils
À «coupent de préférence l’Alaria fislulosa. Il me paraît su-
perflu de citer d’autres exemples de l’utilisation agricole
du goémon ; on peut dire que, dans tous les pays, les ri-
verains cultivateurs l’étendent sur leurs champs. Les
études d'Hexpricrk, en Ecosse, méritent cependant une
mention particulière.
Après une enquête sur les côtes S. W. et N. E. de
YEcosse, J. Hevoricx entreprit, en 1895 et 1596 des
‘expériences sur la meilleure utilisation du goémon !
_ Avant de rapporter ces expériences, Je donne le résultat
des analyses effectuées par l’auteur ; elles concernent les
espèces qui constituent la majeure partie du goémon
paye ; je choisis les plus récentes (19:16), car elles portent
sur un plus grand nombre d'exemplaires, allant de 8 à 15
pour une même espèce ; je prends seulement les moyennes,
Jaissant de côté les maximum et minimum. Elles
n'échappent cependant pas à la remarque générale faite
précédemment (Voy. 20), certains individus de L. Clous-
tonu ayant été pris en place, et d’autres parmi le goémon
échoué ; on n y tient pas compte de la fertilité ou de la sté-
rilité dé Fucus et Ascophyllum ; l'auteur, il est vrai, visait
l'utilisation agricole et industrielle, et avait surtout à se
préoccuper des teneurs moyennes. J'ai disposé les plantes
dans l’ordre où on les trouverait en venant de la mer vers la
côte, en supposant toutefois que le F. platycarpus n'ait pas
été compris dans le F. vesiculosus ; on voit que les variations
? James Hexoricx. — The Use and Value of Seaweed as Manure,
Transactions of the Highland and agricultural Society of Scotland,
Sér. 4, t. X, Edimbourg, 1898.
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138 UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON
chimiques tiennent à l'espèce de la plante et non à la pro-
fondeur à laquelle elle vit. On ne perdra pas de vue, dans
l'appréciation d’un pourcentage total, que le stipe du
L. flexieaulis est relativement peu développé par rapport
à La lame, à l'inverse du L. Cloustonu.
La côte S.-W. (A yrshire) est très favorablement exposée
pour la récolle du goémon, aussi l’utilise-t-on large—
ment et son action est particulièrement appréciée sur les
terres légères. Dans les points de la côte où le goémon
épave arrive en énorme quantité, les riverains le pré-
férent au goémon de coupe, lequel, disait-on à Hexprick,
vaut à peine le travail qu'il nécessiterait, même là où sa
cueillette s'effectuerait sans difficulté. Le goémon de
coupe est, au contraire, très apprécié en d’autres endroits
de la côte et certains agriculteurs le préfèrent, à poids
égal, au goémon épave. Bien que j'ignore tout de l'Ayr-
shire, cette divergence, à moins qu'elle résulte simplement
de préjugés, pourrait, 11 me semble et sauf erreur, s'ex-
pliquer ainsi : le goémon épave, s'il est riche en Lami-
naires, contient plus de potasse que les Fucus coupés :
dans les endroits où la mer le rejette en abondance, il
arrive directement à la côte et en bon état, contient toute
sa potasse et son action fertilisante est plus efficace. Dans
les endroits où 1l est peu abondant, sa récolte est incer-
taine au moment du besoin, et il échoue probablement
après avoir été brassé, déchiqueté, dépouillé d’une partie
de ses sels ; par suite, le goémon de coupe devient préfé-
rable, car sa récolte et son emploi sont moins aléatoires.
Sur la côte N.-E. d'Ecosse (Kincardineshire et Aber-
deenshire), moins pourvue de goémon épave, son emploi
se maintient là où il arrive en abondance. Ailleurs, son
utilisation diminue progressivement depuis une trentaine
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 139
_ d'années ; Hexpricx en donne les raisons suivantes : faci-
lité de se procurer des engrais chimiques, répugnance des
valets de ferme pour le travail fatiguant de la récolte du
goémon épave, nature du pays où dominent Îles terrains
dérivés de roches gramitiques ou métamorphiques déjà
pourvus de potasse, abondance du fumier de ferme dans
la région.
D'une manière générale, et en chiffres ronds, le goémon
frais analysé par J. Hevpricx fournit en moyenne, outre
des sulfates, de la chaux, de la magnésie : 0,5 °/ d'azote,
un peu plus de 1 °/, de potasse et moins de 6,1 °/, d'acide
phosphorique. Il contient donc les diverses substances
que les plantes extraient du sol. Hexpricx accorde au fu-
mier de ferme la composition approximative suivante :
0,5 ‘/, d'azote, 0,6 ‘/, de potasse, 0,3 ‘/, d'acide phos-
phorique. Le goémon fournirait donc au sol la même
quantité d'azote, notablement plus de potasse et moins
d'acide phosphorique, la proportion de celui-ci étant
mème insuflisante. L'azote du goémon est surtout à l'état
d’atbuminoïdes que la nitrification devra transformer ;
néanmoins, la totalité de l’azote des Algues est plus rapi-
dement assimilable que la totalité de l'azote du fumier. Le
goémon serait donc avantageux pour les sols déficitaires
en potasse ou pour les récoltes qui en réclament particu-
hèrement, comme les pommes de terre ou le trèfle.
Hexpricx a entrepris, chez des amis, et non dans des
terrains vierges, des expériences comparatives sur les
pommes de terre hâtives cultivées sur la côte S. W.
d'Ecosse, bien que, dit-1l, les variétés tardives eussent
probablement permis de faire mieux. Il a essayé divers
mélanges et additions d’engrais chimiques et. si j'ai bien
compris, les expériences avec le goémon épave n'ayant
140 UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON
pas réussi à cause de conditions météorologiques particu-
lièrement ficheuses, les résultats suivant s'appliquent
plutôt au goémon de rive frais.
Il semble que, à poids égal d'engrais, le goémon donne
le même poids de récolte de pommes de terre que le fu-
mier de ferme ; l'addition de superphosphate au fumier
de ferme n’a pas augmenté la récolte, tandis que son addi-
tion au goémon, à raison de 500 kilogrammes par hec-
tare environ, l’a notablement accrue. Toutefois, la qualité,
d’ailleurs moins facile à apprécier que la quantité, était
meilleure avec le fumier de ferme qu'avec le goémon.
Le Leaflet, n° 254, édité en 1911 et révisé en 1918 par
le Board of Agricullure and Fisheries, engage les agri-
culteurs britanniques à utiliser le goémon, particulière-
ment dans les terres légères, et à le mélanger, d'après le
principe énoncé par Hexprrok, avec des superphosphates
ou des scories, ce qui, comme on l’a vu, était aussi re-
commandé par F. Brix et qui m'a fourni de bons résul-
tats à Roscoff. Wurezer et HarrweLz (loc. cit.), recom-
mandaient aussi de le mélanger à de la poudre d'os ou à
un autre composé riche en phosphates. D’après le Lea/let
254, le mélange du goémon à du fumier de ferme hâte-
rait la décomposition de celui-ci.
SaurT qui donne les résultats d'analyses d'Algues ma-
rines récoltées sur la côte atlantique du Canada! recon-
1 FT. Suvrr, — La potasse en agriculture, Ministère de l'agri-
culture, Fermes expérimentales, Services de la chimie, Circulaire
No =, Ottawa, 1914. Les analyses se rapportent aux Fucus furcatus .
el F, vesiculosus, Asc. nodosum, Porphyru laciniata, Laminaria longi-
cruris, espèces qui croissent sur nos côtes, ou sont voisines des
nôtres.
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 14E
naît aussi leur valeur comme engrais potassique et azoté ;
on en fait d'ailleurs grand usage; elles donnent les
« meilleurs résultats sur les terres franches, modérément
_ légères qui sont chaudes et humides, et de moins bons
résultats sur les argiles lourdes, mal draïnées et hu-
mides » ; le Re moyen d'employer l'herbe marine
«est de bols directement au sol avec lequel elle
s incorpore très rapidement. C'est essentiellement un en-
grais à action rapide ». « [Il est tout à fait inutile de la
mettre en compost, mais on ne ferait pas une grande
perte en l’empilant en tas avec de la tourbe ou d’autres
matières végétales qui absorberaient et retiendraient les
produits de décomposition, pourvu que le tout ne soit
pas exposé aux pluies ». Pour obtenir un engrais complet,
l’auteur canadien conseille le même mélange que les au-
teurs cités plus haut.
L'emploi du goémon vert, ou sec, ou plus ou moins
lermenté, n'est pratique, à cause des frais de transport,
qu à une petite distance de la mer; par la force des
choses, il est quasi réservé aux communes riveraines.
Dans certaines régions, comme à Roscoff, où la culture
est intensive, on n’en à jamais assez et il atteint des prix
élevés ; certains habitants de l’île de Batz, située en face
et mieux placée pour recevoir le goémon épave, le ré-
coltent journellement, en font des tas qu'après dessication
ils transportent à Roscoff pour le vendre. Dans d’autres
régions où la quantité de goémon échoué est considé-
rable, la majeure partie est perdue. C’est le cas, par
exemple à l'ile de Ré, dont F. Brin dit (loc. cit., p. 363):
« Diverses tentatives ont été faites pour diminuer le poids
brut de ces substances et les porter plus loin ; mais les pro-
1/42 UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON
cédés employés jusqu'ici ont toujours nécessité une main-
d'œuvre qu'il a fallu payer et dontle montant se rapproche
sensiblement du bénéfice fait sur le transport. Il n'y a donc
rien de fait encore pour tendre à l’utilisation pratique des
masses énormes de ces varechs qui se perdent à certains
moments de l’année et qui seraient si profitables aux cul-
tures en général et à la vigne en particulier ». Trente-
cinq ans avant, Isid. Pierre écrivait : € On a essayé de
comprimer le goémon sous la forme de tourteaux pour le
rendre plus transportable ; il peut alors constituer un en-
grais bien supérieur au fumier de ferme », car sa richesse
en azote est plus que double‘.
_ Le canadien Saurr, cité plus haut, se demande aussi
si le séchage des plantes marines près de l'endroit de leur
récolte n’en pourrait faciliter le transport aa loin. H a eu.
l’occasion d'analyser une poudre grossière, d'un vert
sombre, préparée en Nouvelle-Ecosse avec du Fucus fur-
catus séché à une chaleur modérée, facilement applicable
avec l'appareil épandeur attaché au semoir ; le séchage,
1 Ces lignes de son article goémon {loc. cit.}, paru en 1863, sont
supprimées dans son article varech, paru en 187r.
Dans son article varech, il signale un autre procédé d'utilisation
dù à PLacxe, pharmacien en chef de la marine, qui « consisterait à
soumettre à l’action d’un courant de vapeur, à une température
élevée, les varechs, préalablement desséchés et décomposés au moyen
du coupe-racine, puis efblochés. Sous l'influence de ce traitement,
les cellules végétales se désasrègent, et une pression énergique per-
met d’en séparer, à l’état de dissolution, la plus grande partie des
matières salines, laissant une espèce de tourteau qui contient encore
2 °/, à 2,5 °/, de sels solubles ».
Du liquide extrait, on retirait sans doute la potasse, l’iode, etc.,
tandis que les tourteaux pouvaient s’expédier comme engrais.
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 1AS
conclut-il, n'avait pas produit de perte appréciable dans.
les éléments de fertilité.
maintes fois occupée de l’utilisation du goémon el ses.
Transactions renferment de nombreux sn sur ce
« Serait-il possible, dit l'auteur en terminant, de pré-
parer cette poudre d'herbe marine sur une échelle com-
merciale ? Des essais ont déjà été faits en Europe où on
avait cherché à faire des herbes marines un engrais con-
centré et de manutention facile, mais jusqu'ici, dans le-
séchage et la mouture de la plante, on s'est heurté à des
difficultés mécaniques et autres dépendant de la nature
mucilagineuse de l'herbe marine, et la fabrication s'est
faite à perte. Nous ne croyons pas, cependant, que les
difficultés soient insurmontables et il serait à propos, dans.
les circonstances actuelles, de faire de nouveaux essais
dans cette voie. »
Toutefois, comme on le verra plus loin, d’après les.
expériences de SrewarT, 1l ne faut pas s’en rapporter
uniquement aux analyses chimiques, toujours brutales,
pour apprécier la valeur fertilisante du goémon desséché ;
son azote peut se nitrifier plus ou moins rapidement sui-
vant les espèces envisagées et aussi suivant la température
à laquelle la dessication a été faite.
La florissante Société écossaise d'agriculture s’est
sujet. Récemment, l’un de ses membres, M. Morratr!
rappelait l'énorme consommation de potasse allemande
qui se faisait en Ecosse où l’on en répand, à terrain égal,
1Morrarr. — Seaweed as a source of potash for agriculture, Tran--
sactions of the Highland and agricultural Society of Scotland, Edim-
bourg, 1919.
de Enr he nn 10 me LAS end 2-5 1f5rt le
rh/ UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON
quatre fois plus qu’en Angleterre ; pour remédier à la pé-
nurie de cet engrais pendant la guerre, il proposait une
exploitation intensive du goémon de fond. L'auteur passe
en revue les diverses manières dont on pourrait l'utiliser :
à l’état frais, mais son transport dans l'intérieur des
terres serait trop coûteux ; à l’état sec, mais cela de-
mande trop de main d'œuvre ; brülé, suivant le procédé …
des soudiers, mais cela entraîne une perte de substance et
une difficile utilisation ; à l'état de charbon de distilla-
Hon, suivant le procédé Sraxrorp, mais cela entraîne
trop de dépenses d'installation, et l’auteur donne la pré-
férence à la production des cendres, faciles à transporter
et à répandre.
D'ailleurs, l’idée d’en faire des cendres est loin d'être
nouvelle. Dans nos îles de Bretagne (Batz, ‘Molène,
Ouessant, Sein), où le bois est rare, les stipes de Lam.
Cloustonu, rejetés en abondance considérable après les
tempêtes, sont gardés pour l'hiver après avoir séché long-
temps à l’air; ils concourent au chauffage des maisons et à
la cuisson des aliments pour les hommes et pour les bes-
laux. Les cendres rassemblées et mises en sac sont trans-
portées sur les champs, ou vendues sur le continent.
Sraxrorp contait en 1862 (loc. cil.), que les habitants
des chaumières construites près du rivage, aux iles de
Jersey et de Guernesey, récoltent toute l'année le goémon
épave et, après l'avoir séché sur la grève, le brülent len-
tement dans la cheminée de leur habitation, sans que le
feu, constamment entretenu par un nouvel apport de
yraic, s’éteigne ni jour ni nuit. Le Zostera marina est
ainsi brülé en grande quantité. La cendre recueillie se
vendait dans le pays à un prix élevé, et la beauté des ré-
coltes dans les îles anglo-normandes est célèbre.
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 149
Le procédé a l'inconvénient de se prêter Écilement à
à à . fraude, et de perdre une partie des produits azotés. Il
D A l'avantage de permettre le transport de cet engrais à
ee . une grande distance.
…_ Grevize (loc. cil., p. xxv) mentionne que, presque au
début du x1x° siècle, la soude brute obtenue par incinéra-
tion du goémon, appelée Kelp dans les îles britanniques,
ne trouvant plus de débouché dans les verreries et les sa-
‘vonneries, où l'on préférait la Barille et la soude Le-
blanc (voir plus loin), la Highland and Agricultural So-
… ciety of Scotland s’efforça de lui trouver d’autres emplois
… et fit des essais sur sa valeur comme engrais. On recom-
manda de mélanger le Kelp à de la terre et à du fumier
avant de l’étendre. GREvILLE rapporte à ce sujet une cu-
rieuse observation faite à Crossbasket près Glasgow : Une
forte gelée survenue en septembre endommagea et norrcit
les champs de pommes de terre qui n'avaient pas reçu de
: Kelp, tandis que ceux où du Kelp avait été enfoui conser-
vèrent leurs feuilles en parfait état, et cela même lorsque
les sillons étaient contigus aux précédents.
Pour terminer, je mentionne l'usage agricole du Posi-
donia, cette Monocotylédone marine qui constitue la ma-
jeure partie du goémon épave méditerranéen. M. Raco-
witzA (in Uitl.), qui connait bien toute la côte méditerra-
néenne française et espagnole me dit que les gisements les
plus volumineux se rencontrent dans la province d’Ali-
Je n'ai pas eu entre les mains tous les travaux publiés par celte
Société. On en trouvera l’énumération dans W.-A Sercuezz. — The
Kelp of the United States and Alaska, in Fertiliser resources... ete...
MU D.
Utilisation des algues marines. j 9
la
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i É 3 5
7 £ é ñ
146. UTILISATION AGRICOLE DU GOËMON
cante, particulièrement aux environs de Denia. Les Posi-
donia et Zostera Y forment tout le long de la côte des
bancs hauts de 2 mètres, longs de 50 à 100 mètres et
larges de quelques mètres où tous les riverains viennent
régulièrement puiser: ils sont à peu près l'unique en- 128
grais donné aux vignes et à la culture maraichère.
L'exploration méthodique des gisements de Laminaires
géantes, l'évaluation du tonnage qu'ils pourraient fournir,
la construction de machines pour les moissonner, tout
cela fut entrepris par les Américains, dans l'intention de se
pourvoir d’une source nationalede polasse pour les besoins.
agricoles et éventuellement d’iode. Quelle est donc la va— ;
leur chimique des Algues ainsi fauchées. Le Bureau of
Soils du Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis a fait
de nombreuses analyses. Voici, d'après Cameron, les ré-
sultats moyens fournis par les trois principales espèces au
point de vue de l'exploitation en grand, le Pelagophycus
ne formant pas à lui seul de vrais bancs ; ils s'appliquent
en °/, à des exemplaires séchés à 105° C
Macrocyslis Nereocystis À laria
D SR ES
Total des sels solubles, .! 30,00 46,9 24
KO TENERENRTANERE Pr 12,59 20;1 O,1
LUN lu ER Sr MMENT 0,23 (OP hi) traces
NES re Seb L,97 1,9 2,6
Ééndres -. {4h 9,90 h,2 7,9
"+
Que valent ces chiffres ? ceux qui concernent le Macro-
cyslis sont une moyenne fournie par 58 échantillons, ceux
qui concernent le Nereocystis par 51 et ceux qui con-
|
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 147
… cernent l’Alaria par 1D; en réalité, ces moyennes
_ masquent d'énormes variations, comme on Île voit ci-
dessous : |
N
Macrocystis Nereocystus
Ces pourcentages suffisent pour les besoins industriels,
mais leur caractère scientifique laisse à désirer ; on com-
prend mal que des plantes empruntant tout à l’eau am-
biante présentent d'aussi larges variations dans leur com-
position chimique.
Les botanistes ont depuis longtemps reconnu que l’es-
pèce Macrocysts pyrifera, par exemple, présente des va-
riétés morphologiques plus ou moins bien délimitées et
SrorrsserG (loc. cil., p. 108) cite les noms qui leur ont
été assignés. Toutes ces variétés sont assez vaguement
connues, botaniquement parlant, et cela se conçoit
car, outre la difficulté sans doute inhérente au sujet,
il est difficile de comparer entre eux des individus
d'aussi grande taille, croissant dans des contrées distantes,
ou tout au moins la plupart des Herbiers ne sont pas or-
œanisés à cet eflet. [l est dejà bien difficile de comparer
| ue les collections les divers individus de grandes
plantes comme les L. flexicaulis ou L. Cloustonii, prove -
_ nant des diverses régions européennes, et l'on ne trouve
_ pas dans les collections de séries complètes d'individus
L entiers comme on en peut avoir des Eclocarpus ou des
. Myrionema ; il faut avoir fait ce travail de comparaison
Le is
148 UTILISATION AGRICOLE DU CORON, AE
pour en saisir la dihoullé qui M presque insur- k
montable quand il s’agit des Laminaires géantes. On. ne.
peut donc reprocher aux chimistes américains de ne 0
avoir tenu compte des variétés possibles. Mais :l eut été :
bon de faire l'analyse des diverses lames ou des divers
entre-nœuds du stipe d’un mème individu; peut-êtrey
eut-on trouvé l'explication des variations des pourcen-
tages. Ce travail, de prime abord sans aucun intérêtau
‘a point de vue industriel, peut néanmoins avoir son uti-
" lité. | | | à
Ainsi, le goémon d'échouage offrant un moindre pour-
centage de potasse que le même goémon fraichement
coupé, on pouvait supposer qu'en restant submergé celui-
Cl perd une partie de son chlorure de potassium, perte ER
que compense partiellement un gain en chlorure de so
dium, provenant de l’eau de la mer. Ceci n'est pas dé- "à
pourvu d'intérêt si le procédé choisi pour faucher les La- |
| minaires ne permet pas de les retirer de l’eau rapidement.
_ Pour s'en assurer, on garda, à la remorque, de grands
| exemplaires de Macrocyslis coupés en diverses localités,
d'avril à octobre 1913, et de temps en temps on en préle-.
vait un peu pour les analyses. Quatre tableaux d'analyses
sont ainsi publiés. Autant qu on en peut juger, dit F.-K.
Cameron (loc. cil., p. 25), le Macrocystis qui reste dans
ne. l'eau pendant une semaine ne subit pas de perte appré-
|
|
TERRES SSI ERREUR
x Em PA PET NT L Æ
EME lee er Ans Tr: æ
È FE AUD dd NA: OT ' AL :
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RE fe
TS Ale
wx "Es y
+ à:
:
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_.
nan or RE Ne LE à pur Sete x en 1 'UNE
À DONS < AE.
RER, Lee
ciable en K°0 nien Az, et selon toute apparence, la perte
en K°O devient appréciable seulement après la mort
de la plante, par'suite de la décomposition des tissus.
Or, ces tableaux ne renseignent guère le lecteur qui voit
les pourcentages augmenter ou diminuer avec le temps
d'immersion, sans en comprendre la cause. En choisis-
sant les données,on pourraitmême modifier la conclusion
À Fi K. Crete inst, res le tableau V (loc. cit.,
“#4 P- 24), les nombres correspondant à une durée d'immer-
33 | 36 > 45 48 5r heures
: : sont pour la potasse de :
| ‘He pe ie A NET TE Te “PA tp 1700 NE
à pour l'azote de :
1,54 E,92 [.0/ 1,01 Eu POY | FE 51
et pour l'ensemble des sels solubles de :
Ga Go16 24:78 :: 26,80 28,16 30,66 0},
s
D'où, si l'on s’en tenait à ces données, choisies ilest vrai,
on en conclurait que la quantité de potasse, d'azote et Ps
l’ensemble des sels solubles, qui diminue de la 33° à la
h2° heure d'immersion, croît ensuite de la 45° à la
91° heure, ce qui serait absurde. Cette remarque ne vise
nullement à diminuer le méritedes auteurs qui ont fourni
une somme aussi considérable de travail : l'étude entre-
_ prise ayant des fins industrielles et commerciales, il leur
_ parut sans doute nécessaire d'aller au plus pressé sans se
_ préoccuper dedétails en apparence purement scientifiques ;
Je désire simplement indiquer que des analyses, qui tiennent
imparfaitement compte de la morphologie et de la phy-
siologie des Aloues étudiées, ne peuvent fournir de résul-
tats strictement comparables. Les grandes variations dans
les pourcentages, relevées à la page 147, laissent prévoir
qu'il faut les attribuer, ou bien à des variétés botaniques,
ou bien à des différences de constitution de telle ou telle
partie d’un même individu. Un jour ou l’autre, les ana-
£ ique.
Ke {loc. cit., p. 199):
1
Ge |
ne k Nombre d'analyses Az Pp?Q5 K20 * I
13 Lames de Macrocyslis, San-
Diego et La Jolla . . .| 1,26 | 0,53 | 10,71
6 Lames de Macrocystlis, Pacific |
Grove... ,. 0,07 LEP RERE
13 Stipes de Macrocystis, San- | |
Diego et La Jolla . . .| 0,71 | 0,55 | 19,49 | 0,2
6 Stipes de Macrocystis, Pacific A
Érove Ru te 1,11: | 0,6% 0Mopiot 0,19
13 Lames de Nereocyslis, Pate
Grové.. 4,5" NS LS 2 07 OS SE
13 Stipes de Mereocystis, Pacific
Grove’ 07 1,23 | 0,52 | 26,37| 0,07
5 Lames de FA PR Sa |
Diego :-:. 2. | 1,95 | 0,83 | 18,65 0,92
> Stipes de Pois Sie
Diego .… .:..".e. .! «| 1,00 l'o:50 0 oh
Ces moyennes voilent des variations assez étendues ; il
semble néanmoins, comme le dit l’auteur, que les Macro-
cystis de la Californie septentrionale soient plus riches en
azote, acide phosphorique et potasse, et moins riches en
lyses devront être faites avec cette préoccupation biolo= rs
Burp a fait un pas dans cette voie. Il a analysé compa=
rativement la partie moissonnable et la partie non mois-
sonnable des Laminaires géantes (plus d’une brasse de
profondeur) et, séparément pour chacune, le stipe et les
lames. Je cotils dans son tableau, concernant la partie
moissonnable, les pourcentages rapportés à la plante sèche
< Et Te e Mt Pre Pru “2 Fa
A Pay nee ue À DÉS EC Es EE È Dit Pt
TE
PL A Pre
un
“ à-E $
2
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON FTONE
_iode que ceux de la Californie centrale. Ce qui est plus .
évident, c'est que les lames fournissent beaucoup moins
de potasse que les stipes ; le même fait a d’ailleurs été
constaté chez les L. flexicaulis et L. Cloustonu d'Europe ;
inversement, la proportion d'azote, d'acide phosphorique
et d’iode est toujours plus forte dans les lames que dans
les stipes. En outre, la composition chimique des Lami-
naires géantes, dit l’auteur (loc. cit., p, 190), varie d’un
individu à l’autre comme cela est connu chez les plantes
terrestres ; des variations individuelles sont en effet inévi-
tables ; toutefois, avant d'admettre qu’elles sont compa-
rables à celles des plantes terrestres, qui extraient leurs
L4 4 e £ ’ L4 = L4 r à.
éléments minéraux d’un sol nécessairement hétérogène,
1l serait bon d'analyser des choses strictement compa-
rables : des lames ou des entre-nœuds de même âge ou
de même situation sur la plante.
. J'emprunte encore à Bürp le tableau suivant qui donne
le pourcentage moyen rapporté à la matière sèche de la
portion moissonnable totale (stipe et lames) des trois
grandes Laminaires récoltées en Californie ; on pourra
le comparer au tableau fourni par CAMERON (voy. p. 147),
il donne en outre la composition (plante entière) de
deux autres Laminaires et d’une Floridée de même ori-
gine.
Üne fois connue la valeur chimique des Laminaires
géantes, une fois connus les meilleurs moyens de les
moissonner et de les conduire à terre, les Américains se
sont demandé quel serait le meilleur parti à en tirer. s'il
valait mieux les employer à l’état brut ou en extraire les
substances désirées.
Il serait aisé, dit F.-K. Cameron (loc. cit., p. 31), de
montrer, par des calculs sur le papier, les énormes béné-
“ad PL Ne
| j SA 484 Fe à FD
Nombre d'anal yses
Macrocystis, San-Diego et|
Le Jobs ic PDP RSR
D Macrocystis, Pacific Grove.
2] » (ensemble des
précédentes} ::527\,002:
Nereocyslis HR
Pelagophyeusii "42 257%
Egregia lævigala.
Egregia Menziesii
Laminaria Andersontt .
Iridæa laminarioides.
PRE LEE SE
ET re: rat
2 ; es + 2e
4 A 12 ”
Me. dr 2 al
STE 2ÿ
ba le O9 D OT CO
Le fices que l’on retirerait de ce goémon en l’utilisant pour
obtenir du chlorure de potassium pur, de l’iode et divers
sous-produits. Toutefois, ce goémon séché renfermant
25 t/, de chlorure de potassium, un peu de phosphates et
de la matière organique qui se décompose facilement dans
le soil, où elle apporte environ 2 ‘/, d'azote, lui semble la
meilleure forme pour l'utiliser comme engrais, seul ow …
mélangé à diverses substances, telles que les résidus de
poissons (fabriques de conserves) ou des phosphates d’ori-
gine minérale. C'est aussi l'avis de son collaborateur VE
Ricc. | | 4.70
. * UE" À
Bu» fait une revue des avantages et desinconvénients
HR à
des diverses méthodes d'utilisation, car aucune n'est pe
faite ; 1l a opéré AE Man La de Camerox et de ses.
collaborateurs, sür la côte de Californie, et finalement 4:
recommande, comme eux, l'emploi direct comme engrais
après dessication et broyage. L'inconvénient de cetle mé-
et l'iode, Jamie diminuerait tellement de valeur com-
merciale qu'une évaluation des bénéfices, basée’ sur le
cours actuel de cette matière, est illusoire. On verra
. d’ailleurs plus loin que le Chili n'exirait qu'une petite por-
_ ion de l’iode que ses eaux mères du salpêtre pourraient
fournir, et que déjà le cours commercial de l'iode est
maintenu arlificiellement, au grand détriment du con-
sommateur.
Comment donc le gcémon devrait-il être séché ? Le sc-
- chage à l'air libre n'est vraiment pratique que dans les
pays chauds et secs ; chez nous, où le goémon étendu sur
la grève court souvent le risque d’être mouillé par la
pluie, il perd une partie de sa valeur chimique. Les Amé-
ricains, qui disposent de charbon et de pétrole à un prix
minime, peuvent facilement le sécher dans des usines. Or,
des cfflorescences blanches salines apparaissent à la sur-
face, du goémon exposé à l'air, et, comme Baccx l'a
montré, l’efflorescenceest plus forte quand la dessiccation
_ est lente que lorsqu'elle est rapide; un séchage très ra-
pide l'empêche même quasi complètement. Si, au con-
traire, on veut l’augmenter, on commence la dessiccation
puis on l’arrête au moment où débute l’efflorescence ; celle-
ci alors se continue et devient si importante que, sur les
grandes Laminaires du Pacifique, elle fournit 4o °/, des
sels inclus, qui sont plus propres et plus faciles à isoler les
uns des autres que dans le procédé par lixiviation(voir plus
loin), car ils ne sont pas gênés par la matière organique.
On s’est alors demandé si l’on pourrait employer un pro-
cédé mixte : faciliter l’efflorescence et garder pour l’engrais
9.
154 _ UTILISATION | AGRICOLE DU GOÉMON FPE
seulement le goémon sec après qu'il a cédé une partie a
ses sels ; si l'iode se trouvait dans les sels efflorescents, on
pourrait ainsi l'obtenir à bon compte. Dans ce but, Burn
a fait des analyses comparatives avec les lames et les
stipes de Macrocystis et de Nereocystis. Or, tandis que
l'efflorescence est quasi nulle sur les lames de Macrocystis, : ue
elle est considérable sur les stipes de Nereocystis où, pour …
1.000 grammes de plante fraiche contenant 45 gr. 7 de
sels, il en sort 19 gr. 75 par efflorescence, soit 43,2 °/;,
lesquels renferment 60 °/, de potasse, mais 1l est remar-
quable que, dans aucun des quatre cas étudiés, l’efflores-
cence ne renfermait de traces d’iode; tout l’iode restait
dans le tissu cellulaire. Pour l'extraire, il faudrait donc
soumettre le goémon à une seconde opération : inciné-
ration, carbonisation, ou lixiviation ; la dépense én serait .
augmentée.
Cétte conclusion de Burp ne s'applique peut-être pas à
nos Laminaires. D’après M°°SEcers-Laurexs (loc. cut.),
100 parties d’efflorescence du Z. flexicaulis renfermeratent
4,13 d’eau, 2,70 d'iodure de pe 49,46 de chlo-
rures (surtout de potassium), 42,90 de substances orga-
niques, et une très petite quantité de sulfate de soude ;
l’efflorescence du L. saccharina consisterait surtout en
cristaux de mannite, avec des traces de chlorures et de sul-
fates. Une composition si différente de l’efflorescence de
deux espèces d’un même genre paraît assez extraordinaire.
L'auteur, qui paraît confondre le L. flexicaulis avec le
L. Cloustonü, ne dit ni dans quelles conditions les Algues
ont été cueillies, ni comment elles ont été séchées.
L'usage agricole que l’on fait du goémon sur toutes les
côtes, et depuis un temps immémorial, prouve suffisam-
—
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 159
_ ment son innocuité; cependant, certains se demandèrent
en Amérique si l'emploi du goémon sec, officiellement
recommandé, n'allait pas introduire dans le sol une quan-
üté nuisible de chlorure de sodium, ét quelques-uns pro-
posèrent, parait-il, d'en enlever une portion par des la-
vages à l’eau avant de le sécher; c'était méconnaître que
le chlorure de potassium y est plus abondant que celui de
sodium et qu'ils passent l’un et l’autre dans les eaux de
lavage. D'ailleurs, on sait depuis longtemps que les sols
arables possèdent un pouvoir absorbant remarquable des
solutions étendues potassiques, qu'ils n'ont pas vis à vis
des solutions sodiques. En outre, Burp, pour démontrer
la supériorité des Algues ous sur les sels minéraux
allemands, compare, en ions, ce que ces deux sources de
potasse apportent respectivement de sodium, chlore,
potassium, en prenant celui-ci pour unité.
Potassium] Sodium | Chlore
Moerocysits pynifera ., ,.-... .. .|' 100 38,7. | 118,0
Neocysts Luelkeana.-..",.. .: . .| 100 39,8.| 125,2
Pelagophycus Porra. . . .| 100 24,8 | 117,6
Chlorure de potassium à detds VAS 100 DO 99,9
15 80-85 °/,.| 100 19,0 | 'r4,3
» 70-75 °/,.| 100 D45;} tee
D OR den ne a ir 0 O6 moe el 20e
mé SU Are." 2, 211. 00 108,0 | 454.
PA LU Huit ). aim) 100 194,971 90718
L'avantage, comme on voit, reste très largement aux
Algues et cependant, dit l’auteur, les Etats-Unis con-
somment annuellement 500 000 tonnes de Kaïnite ; seul,
À 7 sa <= nie
n ee + = er
|:
A?
f
il
fe
l:
+ nee PEL
ta
TS
UTILISATION AGRICOLE DE” ot
montre préférable aux Algues, mais 1l n'apporte : pas,
comme celles-ci, des matières carbonées, de F azote et ur
peu de phosphates. : | (HOME ki.
{
Les analyses | précédentes indiquent quelle quantité 0
d'éléments fertilisants les Algues introduisent dans le sol,
mais ces documents His uis nous laissent ignorer com-
ment les plantes cultivées en profiteront et si ces subs-
lances leur sont fournies sous la forme la plus favorable ;
tel élément introduit dans le sol en même temps que tei
autre pourrait nuire à son assimilation ou au contraire la
favoriser. La question semblera oiseuse à certains, car la
preuve est faite, depuis des siècles, que le goémon consti-
tue un ARRET" engrais. Elle n'est cependant pas sans
intérêt, surtout pour les Américains, qui se proposent de
couper leur goémon géant en quantités énormes ; ils l'em-
ploieront sec et broyé; son séchage artificiel rapide est,
comme nous l'avons vu, celui qui entraîne le moins de
perte, mais la température du séchage n’est pas induiffé-
rente, elle peut modifier la rapidité avec laquelle l'azote
deviendra assimilable ; 1l faut donc concilier les conve-
nances commerciales de conservation du goémon sec et
les avantages que les cultivateurs en attendent. STEWART
s’en est préoccupé.
Il a fait de nombreuses expériences d'après les mé-
thodes d’études bactériologiques du sol; dans chacune,
200 grammes de terre neuve, pris à la même profondeur,
humidifiés au même degré, et conservés dans l'étuve à
IGuy R. Srewart, — Availability of the nitrogen in Pacific coast
Kelps, Journal of agricultural research, t. IV, Washington, 1915.
le io ure de potassium à un to supérieur à 1. ‘, se se 19
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 197
_28°-30° recevaient.une certaine dose de Macrocystis, de:
… Nereocystis, ou de Pelagophycus ou, comme comparaison,
de sang desséché ou de farine de graine de coton qui sont
d’excellents engrais. Des prélèvements faits après un cer-
_ tain nombre de jours d'incubation indiquaient la quan-
…._ tité d'ammoniaque et de nitrate contenus dans le sol ;
_ on suivait ainsi le travail d’ammonification, puis de
…. nitrification, qui se faisaient aux dépens de l’engrais.
fourni. |
Les premières expériences furent réalisées avec des
…_. Algues séchées pendant plusieurs heures à r00°-105°, puis
“ broyées et passées à travers un fin tamis, Dès la fin du
9° jour, le résultat était frappant et curieux. Le sang des-
séché s'est ammonifié le plus rapidement, éomme on de-
vait s’y attendre, puis la farine de graine de coton; le:
Nereocyslis suivait celle-ci de très près: puis venait le
Pelagophycus,avec un pourcentage notablement plus faible,
et enfin des traces seulement de l'azote du Macrocystis
étaient converties en ammoniaque ; il fallut attendre
48 jours pour que l’analyse décela d'assez notables
se quantités d’'ammoniaque dans le sol ensemencé . Ma-
crocystis.
La rapidité avec laquelle l'azote des Laminaires géantes
séchées et pulvérisées se transforme en ammoniaque, puis
en nitrates, dans un sol neuf, varie donc considérable-
ment avec l'espèce envisagée. Or, le Nereocystis et le
Pelagophycus étant de moindre importance commerciale
sur la côtecalifornienne, l’auteura continué ses expériences
sur le Macrocystis seul; il l’a emplové frais, séché à l'air
un peu ou beaucoup, chauffé à l'étuve plus ou moins for-
tement et même jusqu à 250-270° C. Ce surchauflage
avait fait l’objet d’un brevet et Srewarr montre que cette
e
A
L 1
2
158 UTILISATION AGRICOLE DU. GOÉMON PR à
haute température nat une perte de 36 °/, de A ma-
bère organique, dont 31 °/, d'azote.
D'après ces expériences comparatives, la rapiiié de la
transformation de l'azote du Macrocyslis est la plus grande
quand l’Algue est fraîche ou seulement un peu séchée;
elle se Rare en proportion du degré de dessiccation ; le
résultat est le même si, avant de é mettre en expérience,
on enlève ce goémon frais ou sec une partie de ses sels
minéraux par un lavage. Le Macrocystis séché au soleil,
de manière qu'il devienne facilement broyable, demande
Æ€nviron 11 semaines pour que, son azole étant ammonmifié,
la nitrification soit appréciable. Le goémon ne pouvant
être commercialement conservé frais, ni même trop hu-
humide, l'auteur recommande de le sécher au soleil, aussi
brièvement que possible, puis de compléter la dessiècation
vers 28° C, en arrêtant celle-ci aussitôt qu’il est broyable.
Le Maërl est une accumulation de fragments ou de
débris d'une Algue calcaire, morte ou vivante, le Litho-
thamniôn calcareum (appelé aussi L. coralloides), dont
M°° P. Lemone a donné une étude détaillée‘, et que les
cultivateurs de Bretagne recherchent pour amender leurs
terres *. La plante vit en abondance jusque vers 25 mètres
de profondeur, mais s'approche aussi des côtes. En outre,
le courant et les mouvements de l’eau entraînent Île
Maërl jusque sur des points constamment émergés et les
vagues le triturent parfois en un sable fin. À Morlaix,
1 Mme Paul Lemoine, — Répartition et mode de vie du Maërl (Litho-
thamnion calcareum) aux environs de Concarneau (Finistère), Annales
de l’Institut océanographique, t. I, Paris, 1910.
? Les décrets du 4 juillet 1853, cités plus haut à propos du goé-
«mon, réglementent aussi l’extraction du Maërl et de la Tangue.
2
_ UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON 199
des bateaux le draguent à une faible profondeur et
l’apportent sur les quais où ilest vendu. À Concarneau,
des charrettes vont le chercher jusqu'au niveau de la
mi-marée. Vers le niveau des marées moyennes, dit
. Mr° Lemone (loc. cit., p. 10), le maërl sableux est formé
de débris assez gros pour laisser reconnaître le Litho-
_thamnion puis « à mesure qu'on s'élève vers le niveau
des hautes marées, ces gros débris deviennent de plus en
plus rares et le sable n’est plus constitué que par des
débris impalpables. C’est un phénomène inverse de l’ac-
tion des marées sur les galets .qui sont amenés au niveau
des plus hautes mers, tandis qu'au niveau moyen des
marées, les plages montrent du sable ou des sédiments
plus fins ». Les courants le transportent souvent dans les
estuaires, d’où l’idée émise autrefois que la plante vivait
au voisinage des estuaires. Mais parfois aussi il abonde
loin de la côte, par exemple sur certaines plages des îles
Glénan. Ainsi, d’après M°° Lemoine, « les îles de Gué-
riden et de Vieux-Glénan sont complètement couvertes
par ce sable dont l'épaisseur est de plus d'un mètre ; il
enfouit les rochers qui servent de support aux Fucus
vesiculosus et Ascophyllum nodosum, et mème les tiges de
ces Algues sur une certaine longueur ».
Des dépôts de maërl (Coral beaches, Coral sand), dus
pareillement au L. calcareum, se rencontrent aussi en
divers points de la côte ouest de l'Irlande ; les débris
d’une autre espèce fruticuleuse, spéciale à cette région,
le L. fasciculatum, s'y ajoute parfois. Ce maërl irlandais
renferme jusqu’à 80 °/, de carbonate de chaux (à Bantry
Bay), aussi les riverains le recherchent-ils comme amen-
dement surtout pour les terrains tourbeux (Cortox,
Clare Island, p. 153).
NRA Er
néenne de Normandie, t IX, Caen, 1853. Ce travail est résumé à
160
On désigne sous le nom de Fu hhs more de mer +
Charrée Hbnches etc., particulièrement dans les dépar- f
tements de la Manor a Calvados, d'Ile-et-Vilaine, une
espèce de sable gris ou blanc jaunâtre, qui se dépose ordi=
nairement dans les baies, anses, hâvres et principalement
à l'embouchure des rivières de la Basse-Normandie et de 0
la Basse-Bretagne. Les populations rurales attachent un
tel prix à l'usage de cette tangue sur leurs terres qu Isid.
Prerre ‘a rencontré, près du Mont-Saint-Michel, des cul-
tivateurs venus de 43 kilomètres pour la choteliéé Sr.
place. La bonne tangue se dépose seulement dans les |
baies un peu profondes que forme l'embouchure des
#0
rivières, tandis que partout ailleurs on ne trouve qu AE: "0
sable grossier plus ou moins coquillier commun à presque
toutes les côtes. [sip. Prerre estimait que, de l'embou- …
chure de la Rance à celle de l'Orne, on en extrayait
annuellement deux millions de mètres cubes. Son usage
remonte à une époque reculée, car des documents au-
thentiques du xu° siècle en font mention comme d’une
chose déjà ancienne.
La tangue varie de composition précise d'un point à
l’autre ; c'est un mélange de carbonate de chaux, dont la
quantité dépasse parfois 50 °/,, d'argile, de sable quartzeux,
feldspathique et micacé (contenant une petite quantité
de matières salines, chlorures, sulfates, phosphates) et
de matières organiques ; c’est à la fois un engrais et un
amendement. |
1J.-1. Pierre. — Ætudes sur les engrais de mer des côtes de la
Basse-Normandie (Manche et Calvados), Mémoires de la société lin=
l'article Tangue, in Morc et Cr Encyclopédie PERS de lagri-—
culteur, t. XEIT, Paris, 1871.
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NE 4
UTILISATION AGRICOLE DU GOÉMON- I0E
La tangue ne peut résulter d'apport fluviatiles ; [sid.
Pierre la considère comme produite par des débris de co-
quilles et des roches contre lesquelles ces coquilles se sont
usées, broyées sous l'influence de l'agitation de la mer.
Leur dépôt s'explique par le passage de l’eau de l’état d'agi-
_ tation à l’état de repos, dans lesanses, baies... etc., où ce
repos est encore facilité par les cours d'eau qui areht
_en sens inverse du flot dont ils tendent à diminuer la
vitesse et la densité. Les géologues paraissent du même:
avis!. Si je cite la tangue à propos des Algues marines,
c'est que je suppose, d’ailleurs a priori, de le Maërl est
son pourvoyeur de calcaire au moins au même titre que
nes ue brisées.
1 De Larparexr (Traité de géologie, 3° édition, 1893) dit : « L’ori-
_ gine de ce carbonate ne paraît pas devoir être attribuée à une autre-
cause que la trituration des coquilles apportées par le flot ».
CHAPITRE IT
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES
“Sommaire. — [. Alcali végétal et alcali marin ; soude d’Alicante ou
barille ; soude de varech, emploi de celle-ci dans les verreries. —
Incinération du goémon. — Composition de la soude de varech. —
Extraction de la potassse et de l'iode. — Procédé par calcination a
% en vase clos. — Procédé par lixiviation; Algine et ses propriétés;
Algulose et papier d’Algues. — Nombreux brevets concernant le Î
: traitement des Algues. — La Norgine. — Procédé par. fermenta- 4
| tion en Amérique et en France. ‘1
II. Les sucres et les Algues marines. — Les composés pectiques k
de la membrane, algine, fucine, fucoïdine. —— Les substances %
intracellulaires, mannite, facnboR à laminarine.
IT. Les Zoslera et Posidonia et la fabrication du papier.
Les Alcalis ont toujours été recherchés pour la fabri- ÿ
cation du verre, du savon, pour nettoyer le linge ou
mordancer les étoffes. Les anciens en distinguaient plu-
sieurs sortes, en particulier l’a/kali fixe végétal extrait
des cendres des plantes terrestres ordinaires, et de préfé-
rence du bois de Hêtre, devant ses propriétés aux sels de
potasse qu il renferme; l’alkali fixe minéral ou alkali
marin, efflorescent à l'air, communément appelé soude, |
obtenu par l’incinération des plantes terrestres maritimes
{Salsola, Salicornia, Suæda... etc.), alors confondues
sous le nom de kali ; la prédominance de la soude sur la:i
Os LR ee”
PET ET ie) pe DATE
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 163
potasse dans les cendres des végétaux terrestres existe
. en effet seulement chez ceux qui croissent sur le rivage
STE TERE
de la mer. Cet alkali marin vitrifiait mieux et donnait
des verres plus solides, plus durables, mais ses savons
restent mous et n'acquièrent point la même consistance
et la même fermeté que ceux d’alkali végétal".
C’est assez tardivement, semble-t-il, peut-être seule-
ment au début du xvu siècle, que l'on s’adressa aux
plantes marines (varech ou goémon), pour obtenir une
soude de varech et pour concurrencer la soude des plantes
maritimes?. Le carbonate de soude (vulgairement soude)
n'existe tout formé ni chez les plantes marines ni chez les
plantes maritimes ; le sodium s’y trouve combiné avec
des acides minéraux fixes et avec des acides organiques
qui, par incinération, donnent le carbonate de soude. Le
goémon donne des cendres où les sels de potasse sont
mélangés aux sels de soude en proportions relatives qui
varient avec les espèces considérées ; le nom de soude,
donné à ces cendres de goémon, vient de la ressemblance
d'aspect avec le produit commercial, plus riche en
soude, et de la ressemblance du procédé de fabrication.
1 Macquer. — Dictionnaire de chimie, art. Alkali, Paris, 1778.
* Bernard Pazrssy (1510-1590) ne connaissait probablement pas la
soude de varech : il utilisait celle des plantes maritimes (Les œuvres
de Bernard Palissy, édition Charavay, Paris, 1880). Il dit : « Le
salhicor est une herbe qui croist communément és terre des marais
de Narbonne et de Xaintonge. Or, ladite herbe, estant bruslée, se
réduit en pierre de sel, lequel sel les Apoticaires et Philosophes
Alchimistes appellent sal alcaly, ... » (loc. cil., p. 29), et encore :
« Ausdites isles de la Saintonge et parmi les marez sallans, on y
cueille de l’herbe salée, de laquelle on fait les plus beaux verres,
laquelle on appelle salicor ». (loc. cit., p. 3or).
un
INDUSTRIELLE DES ai
UTILISATION
L'industrie 5 la oo ER née tout Lle Joie de 7:
la Méditerranée, où les Salsolacées croissent abondamment
sur les terrains salés'. Cependant, tous les pays médi-
lerranéens ne fournissaient pas un produit également
estimé. Soit à cause des sortes de plantes utilisées, soità
cause du soin apporté à leur incinération, la soude d' AÏE "S
cante nommée Barille ou Barilla était, depuis « des temps
très reculés, préférée à toutes les autres ?. Néanmoins, on
ignora longtemps quelle espèce de kali fournissait la
Barille fine et ne Jussieu la décrivit pour la première
lois en 1717. à la suite d’un voyage en Espagne*..
Il nous apprend aussi que la plante est cultivée et que
1 « Puixe dit que la découverte (de la soude) est due à des mar-
chands qui, jetés par la tempête à l'embouchure du fleuve Bélus, en
Syrie, firent cuire leurs aliments avec le kali, dont la cendre unie
au sable sur lequel elle tomboit, forma du verre par la fusion de
l’un et de l’autre » (Encyclopédie de Dinerot et D'ALEMBERT, nou-
velle édition, t, XX XI, art. Soude, Genève, 1778).
2? ANTOINE DE Fe (Histoire " kali d'Alicante. Histoire de l’Aca-
démie royale des Sciences ; Mémoires de 1717, p. 73, Paris, 1719).
dit : « Les Véniliens, les François et ceux qui se Ra de faire
les Glaces les plus fines la préfèrent à toute autre. Le Savon dans
lequel elle entre passe pour le plus pur et le plus beau. La Lessive
qu’on en fait pour dégraisser et blanchir les Draps et les Étoffes est
moins caustique que celle de toutes les autres soudes qu'on a cou-
tume d'employer à cet usage ».
8 « Le genre des Kali est connu en François sous le nom de Soude ;
mais comme le sel fixe dans lequel ils se réduisent presque entière
ment lorsqu’on les brûle, porte aussi le nom de Soude, et que nous
avons cinq genres de plantes desquels on tire également du sel de ce
même nom, il semblerait que, pour éviter l’équivoque et discerner
le produit de la Plante-d’avec la Plante même, on pourrait conserver
à celle ci dans le François le nom Arabe de Kali, et celui de Soude
Ar
«
‘UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 165
la récolte s’en fait avec le plus grand soin’; elle rappor-
. tait de si grosses sommes d'argent aux Espagnols que
l'exportation de sa graine était formellement interdite?.
On s'occupa beaucoup, au xvr° siècle, de la préparation
de la soude et des plantes qui la fournissent ; on cherchait
_à améliorer le produit fabriqué sur les côtes de France et
à augmenter son rendement. Le savant Du HAuez chercha
même à acclimater un Kali dans l'intérieur des terres, la
plante poussa et fructifia, mais le rendement ne fut pas
aux sels fixes seulement que donnent les unes et les autres de ces
Plantes. | cu
« J’appelle celle dont il s’agit ici :
Kali Hispanicum supinum, annuum, Sedifoliis brevibus
Kali d’Espagne annuel, couché sur terre, à feuilles courtes et de
Sedum. » i
C’est l’Halogeton sativus Moq. (Salsola saliva L.) des botanistes
modernes. Je me suis demandé si les Arabes ne l’auraient pas im-
porté en Espagne ; d’après M, Barraxnier (in lift.) auteur de la
- Flore d'Algérie en collaboration avec M, Trarur, c'est peu probable,
car l’Halogelon est relativement rare en Algérie, quoique spontané.
Les ancicns Arabes brülaïent l’« Ouchnan » ou Salicornia (sens large) ;
_ les Salicornes poussent en Algérie en peuplements denses et sont
d’une récolte facile.
1 « La récolte du Kali d’Alicante ne se fait pas tout à la fois et
sans précaution, comme celle des autres plantes dont on tire de la
Soude. On arrache successivement de celui-ci les Plantes les plus
müres avant celles qui le sont moins. On les étend sur une aire pour
Jes faire sécher au Soleil et en ramasser le fruit qui tombe de lui-
même. Lorsqu’elles sont sèches on les met à couvert de la pluye, et
d’abord que l'on a amassé une suffisante quantité, on les brûle de la
même manière que les autres plantes qui donnent de la Soude ».
2 D’après le Rapport au Comilé de salut public fait par Darcer,
Leuèvre et Peccerier, chargés par arrêté du 23 messidor, an «,
d'étudier la fabrication des savons, et que Fourcrox reproduit en
entier à l’article Savon dans l'Encyclopédie méthodicue, Chimie et
Métallurgie, t. VI, Paris, 1815.
106
favorable ‘ : elle péoduisit de la potasse, comme les te 4
plantes de l'intérieur des terres, et non de la soude comme :
lorsqu'elle poussait sur le territoiré maritime.
Pendant le cours des expériences de pu Hamez, CADET
s'occupait aussi, en 1767”, d’une « soude d'une autre
espèce » faite avec le varech « plante de mer très connue
sur toutes nos côtes de Flandre, de Picardie et de Nor-
mandie sous le nom de goémon ou sar ». Il écrit au sujet
de sa récolte : « M. Foxraxer, dans le Journal de l’Agri-
culture et du Commerce, dit que le goemon, que la mer
1pu Hamez. — Observations sur les sels qu’on retire des cendres des.
végétaur, Histoire de l’Académie royale des Sciences, p 51 et Mé-
moires de 1767, p. 233, et Suile des expériences sur les sels qu’on
peut retirer des lessives du Kali. Ibidem, Mémoires, p. 239, Paris,
177 |
Si toutes les plantes contiennent du sel alkali, disait nu Hamez,
elles ne contiennent pas toutes le même; celles de l’intérieur des
terres fournissent un sel alkali déliquescent, tand's que celles des
bords de la mer fournissent la soude. 11 eut l’idée de semer du kali
en divers points du Gätinais, et les cendres, dit-1l, lui donnèrent un
mélange des deux sortes d'alkali, d'où il concluait « que le terrain.
d’une part, et de l’autre la nature des plantes, peuvent côncourir à
la formation des différents sels qu’on retire des végétaux ». L’année
suivante, il sema encore en Gälinais les graines des individus qu’il Y
avait récoltés et crut que cette seconde génération lui donnait les.
mêmes produits « si ce n'est que le sel de la nature de l’alcali du
tartre a paru y être un peu plus abondant ». Mais d’après une ana-
lyse plus précise de Canet (Expérience sur une soude tirée d'un kali
qui avait élé cultivé par M. du Hamel à sa terre de Denainvilliers.
lbidem, Histoire, p. 22 et Mémoires de 1774, p. 42, Paris, 1978)
elle ne cos ns plus du tout de cet alkali marin que ou Hamez
croyait y trouver. On ne devait donc pas songer à cultiver dans.
l’intérieur des terres les plantes qui produisent la soude.
2 Caver. — Analyse de la Soude de Varech. Histoire de l’Académie
royale des sciences, p. 53 et Mémoires de 1767, p. 487, Paris, 1770.
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 167
arrache et jette sur ses bords, ne vaut rien pour faire de
la soude, qu'il faut prendre en marée basse, le plus avant
en mer qu'il est possibie, celui qui est attaché aux ro-
chers ; et que c’est dans le mois de Mars et d'Avril qu'il
_ convient de cueillir le goemon, attendu qu'il est garni
_de bourses ou boutons, remplis, à ce qu'il croit, d'une.
matière plus capable de s’alkaliser par l'action du feu‘. »
D’après Caper, la soude de varech servait alors à
falsifier la bonne soude de Kali dont elle diffère par « une-
forte odeur de foie de soufre » et diverses propriétés chi-
miques. « L'usage en doit être proscrit dans les savon-
neries et dans les blanchisseries », dit-il, « dans Îles.
savonneries parce qu'elles exigent des cendres bien
chargées d’alkali et que celles de varech n’en contiennent
que fort peu; et dans les blanchisseries parce que ces
cendres qui ne contiennent presque que du sel marin ne
feraient jamais une lessive assez forte et que d'ailleurs le
fer qu'elles contiennent... tacherait le linge? ». « Les.
Verriers sont les seuls qui peuvent l'employer utilement »
(loc. cit., p. 492.)
… ! La différence à établir entre la partie végétative et la partie repro-
ductrice des Fucus n’a pas toujours été aussi bien reconnue par les.
chimistes modernes (voy. G. SauvacEau, Réflexions, etc ).
2 Marcoreice faisait la même remarque l’année suivante (Mémoire
sur le salicor, Mémoires de Mathématiques et de Physique présentés
à l’Académie royale des Sciences par divers savants, t. V, Paris,
1708) Après avoir cité la soude d’Alicante, puis celle de Carthagène,
moins appréciée, il dit : « il y a encore une soude, appelée soude de
Bourde qui est d’une très mauvaise qualité; elle ne sert qu'à mé-
langer la véritable... On fait en Normandie une soude, appelée.
Varech, inférieure encore à la bourde ; elle tache le linge et cause
de grands dommages aux blanchisseuses qui l'emploient dans leurs.
lessives ».
OURS
TE
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGURS BRUNES
« Ce serait Deal un très grand avantage, si la
soude de varech pouvait devenir aussi bonne que la Mine 3
d’Alicante, on épargnereit des sommes considérables « qui à
passent à l'étranger pour l’achat de cette matière ». Selon ci à
Caper, le moyen le plus sûr serait de joindre au varech
A!
d’autres plantes maritimes cultivées à terre et moins
chargées de sel marin.
Malzx6 ces inconvénients, la soude Se ie présen- K YF
tait de avantages et jouissait d'importants débouchés,
dans l’industrie de ia verrerie, comme nous l'a montré
l'exposé des motifs de l'ordonnance de 1772, et l’on peut
croire que Couserr, en rédigeant le chapitre de l’ordon-
nance de 1687, qui concerne la récolte des plantes marines,
était préoccupé de ménager les intérêts des verriers
normands. |
Il y avait alors en Normandie, à . de distance FR
Cherbourg, des verreries prospères ‘. La plus ancienne
remonte au xvi° siècle et fut établie à Couville, au lieu dit
Le Breuil, par une famille de gentilshommes verriers. les
de Betreviice. Pierre de Bezrevize Y habitait en 15/8.
En 1553, un autre établissement existait à Brix (à l'Est
de Couville) que les trois frères de Beccevizee (Balthazar,
Robert et Floxel) dirigeaient en 1598 ; à cette époque,
ils étaient les seuls, dans le pays, à fabriquer le verre
« en plat » (verre à vitre); Louis XIIT renouvela leur
privilège en 1616. Au témoignage du sire de GOUBERVILLE
(1553), leur fabrication utilisait les cendres de Fougères
(évidemment Pteris aquilina). En 1750, la verrerie de
Brix fut transférée à Tourlaville, près de Cherbourg.
4
{Je dois ces renseignements à mon savant collègue de Cherbourg,
M. CorBière, professeur au Lycée.
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 169
… Vers 1650, Jacques de Berrevirze avait établi une autre
verrerie au Mesnil-en-Val a. de Cherbourg), mais
elle eut une courte durée.
Enfin, il existait une autre verrerie de Tourlaville, sise
à À à 5 kilomètres au sud, au bord de l'ancienne forêt
de Brix, en un lieu nommé depuis la Glacerie de Tour-
laville, et qu'il ne faut pas confondre avec la précédente.
Elle fut fondée sans doute au début du xvrr° siècle, car
Antoine de Caoueray, sieur des Friches, à qui elle appar-
tenait, fut inhumé à Tourlaville le 21 août 1692. En
1653, en vertu d'un privilège de Louis XIV, Richard
Lucas de Nenou, en prit la direction ; remarquablement
intelligent et laborieux, 1l la rendit bientôt très prospère
et 1l attira l'attention de Corserr. Il y fabriquait du verre
blanc, tandis que le verre avait toujours eu jusqu'alors
une teinte un peu verte!.
Les verreries ne manquaient donc pas aux environs
de Cherbourg, et l’on conçoit que la soude de varech y
trouvait son emploi. Toutefois, j'ignore à quelle époque
celle-ci commença à remplacer les cendres des plantes
terrestres ou des plantes maritimes, mais la soude de
Kali, si elle y a été employée, ne devait pas être fabriquée
sur place, car les Salicornia et Suæda sont relativement
peu abondants sur ce littoral *.
Elphège Frey, Histoire de la Manufacture royale des glaces de
France au XVIIe et au XVIIIe siècle, Paris, 1909. Ce livre insiste sur-
tout sur la vie administrative de la Manufacture ; on y trouve peu
de renseignemen{s sur la nature des matériaux mis en œuvre pour
la fabrication.
2La soude de ARE y était sans doute la seule employée su
xvm® siècle; on lit en effet dans l'Encyclopédie, à propos du varech :
« Son seul usage en quelques endroits est à fumer les terres, et en
TO
RU SORA AN Lee CO RE A SR Nes Re
N @: L
170 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES | RARE
Or, en 1665, Coinnt fondait la Mostetes ie
des Élico à Paris, au faubourg Saint-Antoine, et ache- nee
tait plusieurs maisons pour loger des ouvriers venus des. h
célèbres verreries de Murano, près de Venise, où sefa-
j briquaient les plus belles glaces d’après des procédés …
4 tenus secrets. E. Frey a conté combien les exigenceset
Là les fantaisies de ces ouvriers italiens rendirent pénibles: |
| les débuts de cette Manufacture. Corsertr mit alors la
Compagnie royale en rapport avec Richard Lucas DE
M Nénoc qui sauva « l'œuvre menacée de mourir en naissant »
: ct dirigea la nouvelle verrerie de 1666 jusqu'à sa mort
ll (1675). Il fut inhumé à Tourlaville. Richard Lucas ne
| laissa que deux neveux : Guillaume Lucas, sieur de .
Bonval, lui succéda comme directeur et administrateur
de la Glacerie de Tourlaville, jusqu’en 1720, tandis que.
Louis Lucas pe Nénou vint diriger l'établissement de:
Paris ; celui-ci inventa en 1691 la méthode de couler les.
glaces et, en 1603, transféra la Manufacture de Paris au
Château de Saint-Gobain.
D'après E. Freux (loc. cif., p. 256), «en 1
Louis XIV accorda à la Compagnie le privilège de-
cueillir seule, pendant vingt ans, du 15 mars au 15 sep-
tembre, tout le varech le long de la côte de la Hogue
pour en obtenir des cendres et 16 faire ensuite transporter
à Paris. L'arrêt du 22 juin 1718 révoqua ce droit à la
ve demande des Normands » :
Normandie, à brüler, pour faire une sorte de soude, qu'on nomme
soude de varech, qui se consume en quantité à Cherbourg pour
fondre le verre, soit en table, soit en plat ».
1 C’est sans doute à la suite de cette révocation que les usines de
Paris et de Saint-Gobain firent venir leur soude d’Alicante, où elle-
#4
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES IE
La construction des fours à soude ou fours à 1ode,
comme on les appelle parfois maintenant, n’a guère fait
de progrès depuis que l’on incinère les goémons. Voici
comment P. Guérin (loc. cit.) décrivait en 1917 ceux
quil venait de voir aux environs de Brignogan : « Ce
sont de simples rigoles dont le fond et les parois sont cons-
titués par des blocs de granit grossièrement assemblés.
Leur longueur est de 9 à 10 mètres en moyenne (quelque-
fois 15 mètres) ‘ sur une largeur de 0°,55 à 0",60 et une
profondeur de 0",40. Un four est souvent la propriété de
plusieurs familles... Une fois allumé, au moyen de bran-
ches d’ajonc, le feu est alimenté par des Laminaires que
était si fréquemment falsifiée, que la Manufacture royale dut ÿ ins-
taller un de ses commis « chargé de veiller au brülement des soudes
pour en avoir de plus nettes et de plus pures » (Fr£mx, loc. cit.,
P- 257)
‘ Ceux que j'ai vus au Conquet, à l'ile Callot (près de Roscoff) et
à l’ile d'Yeu (en Vendée) sont notablement plus courts, ont 6 à
8 mètres ; les fourneaux longs sont plus difficiles à alimenter, ou
exigent un personnel plus nombreux. GC. Varraux (loc. cit, p. 235)
dit aussi que les fourneaux de Bretagne sont « longs de 4 à 5 mètres,
larges de 40 centimètres et profonds d’autant ». Autrefois, cepen-
dant, les fourneaux étaient moins longs. On lit, en effet, dans
l'Encyclopédie (loc cit.). « Voici la manière de brûler le varech, telle
qu'elle se pratique dans le ressort de l’amirauté de Cherbourg. On
construit une fosse longue de 7 à 8 piés, large de 3 à 4 et profonde
au-dessus de l’âtre de 18 à 20 pouces ; on sépare cette fosse en trois
ou quatre au moyen de deux pierres plates, qui en traversent la
longueur ; au fond sont des pierres brutes et plates, comme des
gros carreaux et que les riverains trouvent aisément le long de cette
côte. Quand les fosses sont faites, on les remplit de varech sec ; on
y met le feu, etc. ». La planche 101, fig. 2, intitulée Combustion du
varech (Encyclopédie méthodique, Recueil de planches, Planches des
pêches, Paris, 1793), montre que la combustion s'effectuait dans des
fosses carrées ou à peu près.
l'on éparpille en minces cata tout le Fa ho la +
On obtient, dans ces conditions, une bouillie épaisse, de. Ë
couleur gris noirâtre qui, une fois refroidie et solidifiée, À
constitue la soude de Varech », que l'on appelle souvent :
aussi salin ou du nom anglais Rélpé de
On ne parvient à obtenir cette bouillie épaisse qu ‘en
chauffant à une haute température, et en agitantet pé-
trissant fortement la masse en fusion avec de gros bâ-
_lons, ce qui est un travail fort pénible. Après refroïdisse-
ment, la masse vitreuse, bulleuse et scoriacée, ainsi ob-
tenue, est cassée en morceaux pour la vente ‘. Déjà au
xvnr° siècle, alors q5'il n'était pas encore question d'ob-
tenir de l'iode, Macquer faisait observer que ce mode de
fabrication soumet la soude à une température trop
élevée ?. PT du
1 D'après Sraxronp, même les meilleurs échantillons de salin ren-
ferment des fragments réconnaissables, bien que carbonisés, de stipes
du £. Cloustonüu. | —
2 Mac@uer. — Diclionnaire de chimie, art. Soude, Paris, 1778.
« On en tireroit un bien meilleur parti, si l’on donnoit en la fai-
sant une chaleur beaucoup moindre à ces cendres, et qu’on ne les
fit pas entrer en une demi-fusion, parce que cette espèce de fusion
ne se fait qu aulant que l’alkali fixe agit sur la partie terreuse ; et
toute la portion de ce sel qui se combine en une vraie fritle, est en.
pure perte pour tous les usages dont je viens de parler, puisqu'elle
ne peut plus être extraite par la lixiviation. Cet inconvénient est
beaucoup moindre et même nul pour les verreries en verre. com-
mun, dans lesquelles on emploie la soude toute entière, parce
qu'alors la portion d’alkali fixe qui est déjà combinée avec Ja partie
terreuse, n’en est pas moins en état d'agir comme fondant des
autres terres ou sables qu "on fait entrer ns la composition de ces.
verres, De là vient aussi que la soude de varech s'emploie avec
grand succès et grand avantage dans ies verreries en verre commun,
surtout dans celles de Normandie »,
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 173
D'après Grevisre (loc. cit., p. XXIT), qui emprunte
_une partie de ses renseignements à Neizz, la fabrication
- de la soude de varech ou Kelp fut introduite en Ecosse,
. un demi-siècle plus tard qu en France et en Angleterre, et
. les îles Orcades, où elle prit bientôt un développement
_ considérable, exportèrent leur première cargaison en 1722.
Tout d’abord, les habitants de ces îles protestèrent éner-
giquement contre cette fabrication, attribuant toutes
sortes d'influences néfastes aux fumées dégagées par la
combustion des Algues, puis leur mentalité changea
quand ils constatèrent les bénéfices qu'elle procurait à
ceux quis y ivraient. GREVILLE cite, d après divers auteurs,
les sonimes immenses que les propriétaires des terrains
bordés de rochers marins encaissérent aux Orcades et aux
Hébrides. « La valeur des domaines s'étendant sur une
côte bien pourvue d'Algues augmenta tellement que là où
les Algues ne croissaient pas naturellement, on tenta, el
avec succès, de les cultiver en couvrant le sable des baies
avec de grandes pierres qui fournirent une récolte de Fu-
… cus trois ans plus tard, la mer y ayant apporté les germes
nécessaires ». Les bénéfices furent d'autant plus considé-
rables que, pendant les guerres de la Révolution française.
un énorme impôt de guerre empêchait l'importation de
la Barille d'Espagne. Puis, l'impôt ayant été supprimé,
les prix de lä soude de varech tombèrent rapidement :
avant même que l'impôt qui grevait le sel marin eut subi
le même sort (1823), on préparait en grande quantité,
par le procédé Leblanc, une soude plus pure à laquelle les
verreries donnèrent la préférence. Le Kelp, qui se ven-
dait 20 à 22 livres sterling la tonne, tomba à 3 livres
sterling ; 1l n'était plus rémunérateur pour ses fabricants.
On cherchait depuis longtemps en France un traite-
10.
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174 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES Ps “
Cons Cotthner te: 2-7 nr
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ment pratique du sel marin qui permettrait de fabriquer
du carbonate de soude, lorsque LEBcaxc y réussiten 1797,
en perfectionnant une méthode entrevue par DU Havez
puis par DE LA Méraérie. On appela le nouveau produit
soude artificielle par opposition à la soude naturelle des Le
végétaux. Ce fut quasi la ruine, aussi bien pour les pro-
ducteurs espagnols de Barille que pour les producteurs
français et anglais de soude de varech ; leur industrie vé-
géta péniblement jusqu’au moment où les applications de
l’iode, isolé des eaux-mères de la soude de varech par
Courrois, en 1812, se multiplièrent et se répandirent (mé-
decine, photographie. _ etc.). L'industrie de l'iode s’est » *
constituée de 1830 à 1840. Pour avoir de l'iode, on de-
manda de la soude de varech, et les soudiers connurent
une nouvelle ère de prospérité qui devait être éphémère.
À ceci correspondit une autre méthode de récolte des Al-
gues marines à incinérer, dont l'analyse chimique va
nous donner la raison. |
Dèse 1815, GauLraiER DE CLauBry (loc. cit.) s'était
préoccupé de savoir quelles sont les espèces les plus riches
en iode ; 1l établit des comparaisons entre elles, sans don-
ner de chiffres, et range dans l’ordre décroissant suivant
les espèces qu'il a es L.saccharina, L.digiata,
F.serratus, F.vesiculosus, Halidrys siliquosa, Chorda
Filum, celui-ci étant très pauvre. |
J'ai dit récemment (Réflexions, loc. cit.) comment la
plupart des analyses chimiques d’Algues marines tien-
1 Gaucrmier DE CLauBry (loc. cil., p. 137) proposait d'extraire
l’iode cn traitant le L. saccharina « desséché et mis en poudre, par
l'acide sulfurique concentré ; ce qui éviterait un procédé fort long
que l’on suit pour avoir l’eau-mère de la soude de varecks ».
Y “à:
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tt der, le de à AS
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 179
nent insuffisamment compte des conditions biologiques,
pourquoi elles sont incomplètes et manquent de caractère
vraiment scientifique. Elles suffisent néanmoins à nous
faire comprendre la différence d'utilisation du goémon de
rive et du goémon de fond.
J’emprunte quelques chiffres à Hexprick ! qui a ana-
Jysé plusieurs exemplaires, parfois même une douzaine,
de chaque espèce importante ; 1l donne des maximums et
des minimums, mais je retiens seulement les chiffres
moyens des substances solubles qui nous intéressent con-
tenues dans les cendres en °/, de la plante sèche; j'en-
tends les cendres obtenues par incinération selon les
procédés en usage dans les laboratoires. Ces chiffres
concernent 3 espèces de l'ucus et 2 espècesde Laminaria ?:
ils sont extraits du tableau inséré p. 136.
Le potassium et le sodium y sont dosés en potasse et
soude.
8 = È L. flexicaulis L. Cloustonü |
= à Q
2 TS |
> = a RS | |
: &, ; ti lame stipe ] |
$ & stipe an p ame |
Potasse . 77 58 111,85 | 4:54
Soude. . 5 1,98 | 5,09
Jode . . 0,086 re 0,304| 0,552
1 James Henpricx. — The Value of Seaweeds as raw Materials for
chemical Industry, Journal of the Society of chemical Industry,
t. XXXV, Londres, 1916. |
? Le F. vesiculosus d’'Hexpricx est vraisemblablement un mélange
de F. platycarpus et de F. vesiculosus. Son L. digitata, déterminé sur
# ?
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156 UTILISATION INDUSTRIELLE, DES ALGUES BRUNES se
La quantité de soude accumulée dans la plante ie |
donc peu d’une de ces espèces à l’autre. La quantité de
potasse varie davantage ; de 2,58 chez l'Ascophyllum, elle
s'élève à près de 12 dans le stipe du Z. flexicaulis ; le stipe
de ces Laminaires en renferme notablement plus que la
lame. De même, l'iode y est environ 10 fois plus abon-
dant que chez ces Fucacées. Tandis que les Fucus ren-
ferment plus de soude que de potasse, la lame des Lami-
naires renferme autant de potasse que de soude et le stipe
notablement plus. Le carbonate de soude du salin de va-
rech était devenu sans valeur, mais la potasse avait con-
servé la sienne et l’iode devait être de plus en plus re-
cherché. Or, les Fucus cités ici constituent la majeure
partie du goémon de rive, les Laminaires la majeure par-
tie du goëmon de fond. La conclusion s'imposait. Les
pere ne couperaient plus les Fucus insuffisamment ré-
munérateurs ; ils continueraient à incinérer le goémon
épave lorsque celui-ci renfermerait une assez forte pro-
portion de Laminaires, ou choiïsiraient les Laminaires eu
le ramassant ; la récolte sur place se bornerait aux goé-
mons poussant en mer et elle se ferait à l’aide de ass |
Les procédés d'incinération restèrent les mêmes; déjà
défectueux quand il s’agissait de préparer le salin pour sa
soude, ils l’étaient davantage pour la production de l'iode.
Deux nouvelles industries concurrencèrent la soude de
varech. D'une part, on apprit à extraire le chlorure de
la figure du Phycologia brilannica, est l'espèce que je nomme 10
15 Clouslonis. selon la nee adoptée en France, et je traduis
son L. stenophylla par L. flexicaulis sans grande chance d'erreur.
L'auteur n’a pas analysé le L. saccharina qui. cependant, d’après
Sraxrorp, est fréquemment brûlé aux Iles Britanniques.
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 177
| | potassium des riches dépôts salifères allemands de Stass-
_ furt, et le prix de cette « potasse » s’abaissa d'autant plus
_ que les mêmes dépôts fournissaient du brome, et d’autres
produits recherchés, qui diminuaient son prix de revient.
On l’utilisait, comme celle des soudiers, principalement
pour la fabrication du nitrate de potasse et des engrais
composés. D'autre part, on découvrit, en 1843, dans le
Caliche ou salpétre du Chili (minerai du nitrate de soude).
une assez forte proportion d'iodate de sodium, pouvant
fournir de l’iode; on l'extrait des eaux-mères de fabrica-
tion du nitrate par le procédé TnrercELX, et c'est surtout
depuis 1873 que l'iode du Chili vint concurrencer, sur le
marché européen, le produit français et anglais. L'in-
dustrie de la soude de varech périclita de nouveau. L'une
des causes de déclin, à ajouter aux précédentes, fut les va-
riations brusques du cours commercial de l'iode. Srax-
FORD ! donne le relevé des prix cotés en Ecosse, année par
année, de 1841 à 1875; les prix extrêmes furent 4 shil-
lings et 54 shilhings la livre ; or, fait-il remarquer, le prix
de la matière première et celui de la main d'œuvre va-
riant peu, les fabricants subissaient de lourdes pertes
quand les cours étaient bas, tandis que les cours élevés
profitaient à des spéculateurs. D'où le découragement des
soudiers. |
Néanmoins, cette industrie s’est maintenue çà et là.
De la côte du Conquet, on voit, en été, des fumées blan-
ches et épaisses s'élever des fours établis aux îles de Bé-
niguet, de Quéménès, de Trieleu, de Molène où le goémon
_d’échouage est riche en Laminaires. Des usines achètent le
4E.-C.-C. Sravrorp, — On the manufacture of iodine, Chemical
News, t. XXXV, 1873.
Me 4
178 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES
salin pour en extraire l’iode et d'autres produits. Les sou-
diers exercent cette profession seulement durant la. belle.
saison car, avant d’être brülé, le goémon est séché, au
moins partiellement, par un épandage sur la grève ; pen-
dant le reste de l’année, ils se livrent à la pêche ou cul-
vent la terre. Ils y gagnent leur vie, parce qu’un syn-
dicat anglais règle artificiellement les prix de l'iode; si la
concurrence Jouait normalement, les manufacturiers chi-
liens pourraient le fournir à un prix inférieur au prix de
revient de nos soudiers, tout en réalisant un appréciable
bénéfice. ‘
D'après un article de Mariexow, qui reproduit une
conférence faite le 9 novembre 1913, lors de la célébration
du centenaire de la découverte de l'iode !, 1] faut traiter 5
tonnes de minerai, ou caliche, pour obtenir une tonne de
nitrate de soude ; on consomme annuellement environ
2.500.000 tonnes de nitrate de soude ; cela fait donc trois
fois plus de minerai traité soit 7.500.000 tonnes, dont les
eaux mères, si elles étaient traitées en totalité, pourraient
approximativement fournir 3.750 lonnes d'iode. Or, la
consommation mondiale de l'iode ne dépassant pas ac-
tuellement 500 tonnes, l'extraction totale en fournirait en
surabondance « aussi, dit Maricwox, l'extraction de l'iode
est-elle limitée par une convention, de manière à en éviter
l'avilissement des prix.
« C'est en 1886 que fut établie ce qu'on appelle la
combinaison de l'iode, en vertu de laquelle tous les sal-
pêtriers chiliens se répartissaient entre eux la production
annuelle et s'engageaient à livrer leur quote-part à la
maison Antony Gisss et fils de Londres,
1 Camille Marticxox. — L'industrie de l’iode, son histoire, son état
actuel, Revue générale des Sciences, t. XXV, Paris, 1914.
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 17G
« D'autre part, un Syndicat international, dans lequel
entraient les participants de la combinaison, s'or ganisait
entre les producteurs européens pour maintenir les prix
et permettre à l'industrie européenne de subsister malgré
la concurrence chilienne. En France, un impôt de 4 francs
par kilogramme d'iode importé protège dans une cer-
taine mesure les six usines à iode qui fonctionnent encore
sur les côtes de Bretagne, au Conquel, la plus importante
et la plus ancienne, à Aber-Wrach, Pont-l'Abbé, Au-
dierne, Saint- Pierre- de-Quiberon et Ploudalmezeau.
« Sur les’ 160 usines nitratières du Chili, une petite
fraction seulement, 20 à 50 usines environ, extraient
l’iode de leur eaux-mères ».
Le lecteur comprend maintenant que ou moissonneurs
du goémon géant du Pacifique préférent chercher à l'uti-
liser directement comme engrais, et abandonnent l'iode.
Toujours d’après Mariexox (qui écrit en 1913), l'iode
du Chili, rendu à Londres, revient à 9 fr. 65 le kilo ; il
y est vendu 22 francs ; le Chili réalise donc ainsi un bé-
néfice net d'environ 5,5 millions. Le prix de vente par le
Syndicat étant d'environ ho francs, lés intermédiaires.
entre le Chili et le consommateur prélèvent au passage un
bénéfice encore plus élevé, atteignant environ 8 millions.
Le prix de vente de l'iode par les Chiliens ne dépasse
euère le prix de revient dans les us'nes françaises, qui se-
yrait voisin de 18 francs. Depuis l’article de Marienox, la
guerre a entraîné une demande d'iode considérable, son
prix a beaucoup augmenté, et les profits des intermé-
diaires ont dû être encore plus élevés. [l est curieux de
constater, comme suite de la combinaison de l’iode,
qu'avant la guerre, le Chili, le grand producteur, achetait
sa consommation diode à l'Allemagne, qui elle-même
RSR
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RAT + EMEA
Timportait pour “a ot AA en: d'Angers ER ere
c'est de Hambourg que partaient les cargaisons d'iodere- !
vendues ensuite au Chili '. La production d'iode au Chili A 4
a beaucoup augmenté pendant la guerre et dépassait en n.
1916 le tiers di chiffre prévu par Marrenox. Ainsi, %
d’après les statistiques commerciales publiées par ie gou- ui
yernement de Santiago, Donsexxe (loc. cit.) dit que, en
1934, le Chili a Ca l'étranger 488.952 kgs. d'iode, 1
en 1019, 700. ” -58 kgs et, en Lee 1.323.194 FA “à
Se évaluait à 10.000 tonnes environ (tonne an- ?
glaise de 1016 kilos) la quantité de Kelp produite en à
Grande: Bretagne en 1860-1861, correspondant à 206.000. …
ionnes de goémon frais brûlé annuellement, quantité qu'il
estimait insignifiante en comparaison de celle qui est re-
jetée sur les côtes et inutilisée ; en France, on produisait
alors 24.000 tonnes de soude brute?, quantité qui, ju-
geait-il, pouvait être beaucoup accrue. Aussi cherchait:il
à améliorer les procédés de fabrication et à les rendre
moins intermitlents”*. «
C2
23. Donsexne. — Le Chili, L'Economiste français, Paris, 15 Juin L
EVE.
3918, et in lue. ne.
2 Diverses usines lessivaient cette soude brute. D’ après Non:
qui tenait ses renseignements de Tissier père et fils, propriétaires de
Yusine du cree les sept principaux établissements français se
trouvaient à : Le Conquet, Granville, Cherbourg, Montsarac, Pont- .
FAbbhé, Portsall, Quatrevents; leur production totale, évaluée en
tonnes, était : 60 d’iode et iodure de potassium, 2,9 de brome et
bromure de potassium, 2.380 de chlorure de sodium, 1.200 de
chlorure de potassium, 540 de sulfate de potasse, 1.200 de nitrate
de potasse. |
3E.-C.-C. Sranronp. -— On the economic applications # Seaweed,
Journal of the Society of Arts, février, 1862. La partie industrielle
dé”
UTILISATION INDUSTRIELLE DES _ALGUES BRUNES 181
Le mode de préparation pratiqué en Ecosse parait être
le même qu'en Bretagne ; le Kelp d'Irlande, remarquait
STANFORD, est plus riche que celui d'Ecosse parce qu'il
est fait à une température moins élevée; celui de Guer-
nesey est encore meilleur en grande partie à cause de la
_ température de combustion encore plus basse. On a inu-
tilement essayé de faire comprendre aux brüleurs que leur
intérêt serait de préparer des cendres au lieu de Kelp,
ils s’obstinent à travailler comme ils virent travailler leurs
pères au temps ou l’on fabriquait le salin pour en retirer
la soude et non la potasse et l'iode.
SranFoRD énumérait ainsi les défauts de la fabrication
du salin : 1° par la haute température développée pendant
la fusion, la moitié de l'iode environ est volatilisée, et une
certaine portion de potasse est perdue ; 2° au contact du
charbon, cette haute température réduit les sulfates alca-
lins en sulfites, hyposulfites, sulfures ; ceux-ci exigent
ensuite une forte proportion d'acide sulfurique pour être
reconvertis en sulfates, opération qui dégage de l'hydro-
gène sulfuré, toujours gênant ; 5° la manière brutale de
brûler les Algues entraîne de l'argile, du sable, des pierres,
qui d’ailleurs sont parfois ajoutés de parti pris comme
adultérants.
Hexpricx (loc. cit.) a cherché à évaluer la perte en po-
tasse et en iode que fait subir le mode de préparation du
de cette Note est reproduite dans une autre Note du même auteur :
On the manufacture of Kelp. Pharmaceutical Journal, avril 1862. Je
n’ai pas eu entre les mains un autre Mémoire de Sranrorp portant
le même titre que le premier et publié par la même Society of Arts
(t. XXXIII, 1883) ; je suppose qu’il est, en partie au moins, une
réimpression du Mémoire de 1862. — Voir aussi Sranrorp, On the
manufacture of iodine. Chemical News, vol. XXXV, 1837.
Utilisation des algues marines. II
RE Jui ons à l ae en ° «du AR total des en
cendres, les moyennes suivantes : ie
| Potasse | Iode
Lan. Cloustonü, stipe ." .:. 40 EG IS"
» lame . etat SOS
Lam. flexicauls,'stipe . .: .: .., ON
»: + ame. 4 Qi, 0 CONS
As. nodosum. 48. res DOM ONRNONNSS
Fur. vesiculosns . 41. 1e) 00 20e GRO
Fuc, serralnss 242 ete OR EM NE
Des cendres de Fucus, préparées par ce procédé, consti-
tueraient donc un engrais potassique très convenable. Il a
analysé aussi huit échantillons de Kelp préparé par les
soudiers en 1914 et 1915 dans différentes localités des
îles de l'Ouest de l'Ecosse ; je transcris seulement les va-
riations extrêmes pour les mêmes substances :
a LE Su Lis 0
la potasse y varie de 5,17 °/, à 21,96 “Le
Lie = 0
l’iode y varie de 0,407, 3 SERRE
Une notable quantité de produits utiles ne se retrouve
donc pas dans le Kelp, à cause de son mode de fabrica-
tion ; en outre, les échantillons les moins riches sont pré-
cisément ceux qui renferment le plus de matière siliceuse ;
certains, achetés après analyse sommaire, auraient à peine
payé le travail du soudier.
Mais à quels moments de la fabrication se font ces
pertes et quelles en sont les causes. Hevpriex constate
CLS
ee a
re
M, ei à LD LA re a É
D 6 2 NE Ge de urahé folensr RE. 2 +
fe
ÉY
7
ge
rire
gare
4
574
Ex
| UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 183
que, en comparaison de Laminaires séchées au Labora-
toire, des Laminaires séchées sur la grève, et qui pou-
vaient être considérées comme d’une bonne qualité,
perdent dans cette opération du séchage à l’air la majeure
partie de leur potasse, seulement une faible portion de
leur iode et très peu de leur matière organique et de leur
azote. Un séchage artificiel rapide serait donc préférable,
Mi: et déjà la chaleur perdue des fourneaux pourrait être
utilisée à cet effet. La perte attribuée à l’action d’une
…. trop haute température lui semble exagérée ; des Algues
“ propres, portées au rouge sombre. lui ont donné des
cendres de teinte foncée ; au rouge vif (environ 8oo°) elles”
ont donné une masse fondue presque blanche, et, dans les
deux cas, le pourcentage en potasse et en iode était ap-
proximativement le même. Par contre, l'addition de sable
_ fin siliceux, et de carbonate de chaux, en formant des
verres insolubles à la température du rouge vif, entraïînait
une perte notable en potasse et en iode. D'où la nécessité
de fabriquer le Kelp avec des Algues propres.
Toutefois, brüler des Eniaire propres est, dans la
pratique des soudiers, moins facile qu'on pourrait le
croire. Le goémon d'échouage, surtout s’il est pris dans
les amas rejetés par le flot sur une plage sableuse, en-
traine toujours de petits cailloux. Les Laminaires coupées
par les goémonniers sont propres. Etendues sur du sable,
du gravier ou mieux sur des galets, elles sèchent plus
vite que sur un sol cimenté, mais alors de petits cailloux
y adhèrent fortement et seront transportés dans le brasier.
On obvierait à cet inconvénient, il me semble, en les
battant avec un fléau, sur un sol ferme et propre, avant
de les incinérer.
Le Board of Agriculture and Fisheries a récemment
184 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES nues
publié une brochure de DopAE où les Rés
irlandais, trouvent, avéc des conseils pratiques, la figure
‘108 des meilleures espèces à brüler. On les y engage CR
= abandonner complètement les fours en fosse habituels
pour construire, sans difficultés ni grande dépense, des
fours surélevés (raised Kiln) sur le modèle d'un petit four
à chaux. Une grille faite de quelques barreaux de fer
reçoit le goémon sec à brüler, et le salin en fusion tombe
sur le fond du four où il est recueilli par une petite porte
latérale. Le rendement est supérieur à celui des fosses :
le même poids de goémon donne, en beaucoup moins de
temps, deux fois plus’de Kelp; celui-ci, de meilleure
qualité, se vend plus cher. o
Déjà en 1880, THiERCELRX » frappé des inconvénients
des fours en fosse, et de ce que le goémon épave est'plus -
abondant et plus riche en iode en hiver que pendant la
belle saison, réalisa sur la côte nord-ouest d'Espagne un
four utilisant le goémon vert. Il avait la forme d’un four
à réverbère allongé, à sole inclinée ; le foyer, suivi d'une
longue galerie à voûte surbaissée, que continue un sé-
choir utilisant la chaleur perdue, se termine par une
cheminée haute. Le four étant allumé, on obtient un des-
: | séchement partiel dans le séchoir, plus grand dans le four ; $
42 alors on ringarde de haut en bas et les plantes séchées
1e prennent feu ; on ringarde les parties les plus chaudes et
on les amène dans un cendrier latéral où la combustion
2
1 The Kelp industry. Hints for Kelp burners with regard to sea ni
Congested districts Board for Ireland, 1898.
? D' Tarerceuis. -_ Sur la préparalion des cendres destinées à l'ex-
traction de l’iode des plantes marines appelées varechs. Bull. Soc, chi-
mique de Paris, t. XXXIIT, Paris, 1880, p. 559.
|. UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 189
_ se continue. On introduit au fur et à mesure de nouveau
goémon frais dans le séchoir et le travail, une fois com-
mencé, n'est interrompu que par le manque de varech.
Le procédé permet le travail en toute saison et, dit l’au-
teur, la potasse et l’iode sont fournis en plus grande pro-
portion que dans les fours en fosse et sont bien plus faciles
à extraire qu'avec le salin.
Ces fours à goémon, rudimentaires ou perfectionnés,
n'utilisent pas tout ce que contiennent les Algues et
perdent les produits de la combustion.
Aux inconvénients que STANFORD reconnaissait aux
fours en fosse, et que j ai rappelés plus haut, il ajoutait
encore :
h° Le goémon épave d'hiver, le plus riche en potasse et
en iode, est négligé ; d’ailleurs, même pendant la belle
saison, laepluie enlève souvent une parlie de leurs sels
aux Algues étendues pour sécher sur la grève.
5° La chaleur de la combustion et tous les produits de
la combustion sont perdus. Les fumées des fourneaux con-
traignent l'infortuné soudier à travailler dans des régions
inhabitées, ce qui grève ensuite le transport aux usines de
hxiviation,
Pour y remédier, KemP proposait la macération des
stipes broyés de Laminaires dans l’eau additionnée d'acide
chlorhydrique où passe la majeure partie de l'iode!;
après compression et séchage, la pulpe restante, séchée et
brülée, livrait le résidu d’iode. Mais Sraxrorp croyait avoir
1 Les matières organiques libérées par le broyage devaient rendre
difficile l’extraction de l’iode.
11:
ns
trouvé un procédé sue celui de la EAN La :e
qui pouvait fonctionner en toute saison. RE
Les Algues (en fait, c'étaient des stipes de Z. dre
sont enfermées dans des cornues de fonte que l'on chauffe |
au rouge sombre ; on reçoit les produits de la distillation
dans de grands flacons de Wolff, On obtient ainsi, dit.
STANFORD, un gaz inflammable et très éclairant ; de l'eau.
contenant du carbonate et de l’acétate d’ ammoniaque, de:
l’acétone, de l'alcool méthylique et une sorte de naphte;
du goudron contenant une huile volatile; un charbon
léger et très poreux qui, par hxiviation, fournit un liquide
clair et transparent renfermant tout l’iode des Algues. Le
résidu charbonneux, dont la composition tient le milieu
entre le charbon de bois et le noir animal, a un pouvoir
extraordinaire d'absorption, de filtration et de déodorisa-
tion ; son prix est moindre que celui de tout autre char-
bon et son pouvoir déodorisant le met au premier rang.
La nouvelle méthode n'avait aucun des inConvémients
des fours en fosse et Sraxrorp lermine son Mémoire, lu
devant la Soctely of Arts le 14 février 1862, en annon-
çant qu'il a pris un brevet pour l'Angleterre et la France.
L'assistance accueillit cette communication avec enthou-
siasme et vota des remerciements à l’auteur.
D'après Turrexrine?, pe Roussex en 1882 (Brevet an-
1 SranrorD ignorait probablement qu’un chimisye anglais l'avait
devancé dans cette voie. Sur la prière de Sracknouse (Nereis britan-
nica, Bath, 1801, p. XXXVII), son ami, le chimiste Richard
Epwarps, avait analysé parallèlement le Fucus vesiculosus et le Lami-
naria digitala ; pour cela, il calcinait les plantes dans des cornues et
extrayait diverses be AIE du produit distillé, reçu dans l'eau, et
du charbon retiré des cornues.
_ *J.-W, TurrexnNe. — The technology of the Seaweed industry. In
Fertilizer Resources, etc., loc. cit., p. 237.
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 187
: glais h214), puis David M. Barcu en 1909 (Brevet amé-
ricain 747.291) ont apporté des améliorations au procédé
de Sranrorp. Je n'ai pas eu leurs Mémoires entre les
mains et je renvoie le lecteur aux comptes rendus de Tue-
RENTINE. | |
Je citais plus haut les expériences et les analyses de
Hexpricxk. Cet auteur présenta son travail à la section
d'Edimbourg de la Society of chemical Industry le 19 avril
1916. Quelques sociétaires prirent part à la discussion
qui suivit W.-G. O'Beirxe, directeur de The British
Chemical C°, fit diverses remarques sur les produits de
l'incinération des varechs, puis ajouta : On a prétendu
que la distillation pouvait fournir des huiles, légère et
lourde, des alcools, de l’acide acétique, de l'ammoniaque,
un gaz éclairant, mais tout ce qu'on réussit à obtenir fut
une eau goudronneuse mal odorante sans emploi utile:
on construisit des usines à Tiree, Nord Uist et Clyde-
bank, on y dépensa {0.000 livres sterling, et tout fut
perdu.
Nous sommes loin des espoirs que Sranxronp avait fait
naître. M. O’Bernxe a bien voulu me confirmer par lettre
ce quil avait dit devant la section d'Edimbourg. De
_ quelques expériences de laboratoire, l’optimisme de Sran-
FORD avait conclu au succès industriel. Après avoir cédé
son brevet à la British Seaweed Company, il dirigea lui-
même la construction des usines de Tiree et d’Uist, et
s’appliqua jusqu'à sa mort à rendre son procédé pratique
sans y réussir. Le charbon des cornues avait une telle
puissance d'absorption que la lixiviation en libérait diffi-
cilement les sels alcalins ; il en résultait des solutions di-
luées dont la concentration était trop coûteuse.
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188 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES
La vicille méthode des fosses a l'avantage d'opérer sur
place ; on ne transporte à l'usine que la soude de varech,
produit peu encombrant; cependant, quatre ans après |
SraxrorD, Moripe indiquait un autre procédé pour la
remplacer‘. « Bien des fois, dit-il, on a cherché à retirer
directement les sels solubles contenus dans les goémons
au moyen de la macération soit à chaud, soit à froid ; mais”
les transports des Algues à l'usine devenaient souvent im-
praticables, l'encombrement était gênant, le produit des
macérations se décolorait difficilement, et Îles liqueurs,
qu’on n'obtenait que d’une faible densité, étaient coù-
teuses à évaporer ».Parlant de la méthode de Sranrorp
consistant à « distiller les varechs en vase clos dans des
cornues à gaz »,1l dit : « Là encore, ce travail qui néces-
site une main-d'œuvre considérable, un grand encom-
brement et des transports onéreux, a dû être abandonné.
« Ma méthode évite tous les inconvénients ci-dessus.
En effet. je me borne à torréfier, ou plutôt à convertir en
charbon à l'air libre, en tout temps, et sur les lieux
mêmes où elles ont été récoltées, les plantes marines
fraiches ou sèches. Je me sers pour cela d'un appareil
portatif particulier, une espèce de petit fourneau, qui
produit un charbon que je lessive ensuite avec facilité et
promptitude dans des appareïls à déplacement. En géné-
ral, 100 parties de goémon frais représentent 20 parties
de goémon sec, 5 parties de charbon et 3 parties de
cendres ».
1 Ed. MorioE. — Fabrication des charbons de varechs. Nouvelle mé-
thode d’en extraire le brome et l’iode el de doser ce dernier corps au
moyen des hyposulfites alcalins, Comptes rendus de l’Académie des
Sciences, t. LXII, Paris, 1866.
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 189
Mais l’auteur ne dit pas en quoi consisie ce fourneau,
et une difficulté devait être de se procurer sur place le
combustible pour le chauffer. Il s'étend sur la manière
dont il extrait les substances utiles du produit de hixivia-
ton du charbon obtenu. « Quant aux résidus charbon-
_ neux, ils sont pulvérisés, séchés, additionnés de phos-
Le"
Se
AD 4
phate de chaux, de sang, de chairs et d’autres matières
animales qu'ils désinfectent et conservent. Us constituent
ainsi d'excellents engrais.
« Un fait digne ie remarque, c'est que ces composés
noirs, poreux, phosphatés, alcalins, fermentent facile-
ment et deviennent de véritables nitrières artificielles, à
la surface et à l’intérieur desquelles il est facile de re-
cueillir de nombreux cristaux d’azotate de potasse, de
chaux et d’ammoniaque ».
Avec ses 30.000 à 35.000 kilomètres de côtes déchi-
quetées, entrecoupées de baies, le Japon est particulière-
ment favorable au développement des Algues marines ;
elles y sont méthodiquement exploitées et font l'objet
d'une industrie et d'un commerce importants comme
nous le verrons dans les chapitres suivants. Les Chinois
et les Japonais en font une grande consommation pour
leur nourriture ; on le savait depuis longtemps par les
naturalistes et les voyageurs ; néanmoins, le célèbre rap=
port de Hugh Surru a plus que tout autre contribué à
nous documenter à ce sujet. L'auteur, déjà connu par une
notice d'érudition sur l’utilisation des Algues du Japon‘
publiée en 1894, reçut du gouvernement des Etats-Unis,
1 Hugh M. Suit. — The Fisheries of Japan. Utilisation of Alqæ,
Bulletin of the U. S. Fish Commission, 1893, Washington, 1894.
II.
190
rapport très documenté paru en 1904. Deux ans | us. 0
2: ay ant moi-même aucune expérience personnelle sur ce
en 1903, la mission de l” était à sur Ron et a fourni
tard, C.-J. Davipsox, de l’ambassade anglaise à Lara 4 4
envoyait à son gouvernement un rapport sur la même
question. Outre (des renseignements puisés à la source, & #
ces deux auteurs en ont aussi empruntés à un Mémoire 4
du japonais YENpo que je n'ai pas eu entre les mains. | 4
Ces rapports de Smrrm et de Davinsox ont largement
inspiré ceux qui ont écrit sur la question des ram 0
d'Extrême Orient et particulièrement de l’Agar-Agar?; 4
148
qui concerne le Japon, J'imite mes devanciers, et j'aurai À
plus d’une fois l’occasion de citer ces deux rapports. | ù
Le goémon est très utilisé au Japon pour | engrais des 1
terres. On en extrait l'iode seulement depuis peu. se
Li
f
1K. Yenno. — Uses of marine Algæ in Japan, Postelsia, StPaul,
1902. — Hugh M. Surrm. — The Seaweed Industries of Japan Bul-
letin of the Bureau of Fisheries. t. XXIV for 1904, Washington,
1905. — C.-J. Davipson. — The Seaweed Industry of Japan, Bulletin
of Imperial Institute, t. IV, Londres, 1906. — Les Mémoires de
Yrexoo et de Suirn ent l’objet, en 1905, d’une conférence du
professeur H.-M. Ricxanps devant le Torrey Botanical Club (Science,
t. XXI, 1905). (+. CEE
2H. Sazre et Ci°. — L'industrie des Alques marines au Japon. pie. 4
calion de l'Agar-Aqar, Annales de la Drogue et de ses dérivés,
t. VIT, Paris, 1912. “is
E. “rie et C.-L. Gain. — Les Alques marines utiles el en par
ticulier les Aigues alimentaires d'Extrême-Orient, Annales de Fruit 50
océanographique, t. II, Paris, 1912. ‘24
M. Ranaïs. — Dites de la classe 54, section française, Le 70
tion universelle et internationale de Erusellée 1610, Paris, 1912. |
On trouvera aussi un bon compte rendu du rapport de Sur
dans La Géographie (Bull. de la Sociélé de Se nt AY;
Paris, 1006.
«
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES JIOI
temps, et Suiru et Davinsox sont sobres de détails sur
celte industrie nouvelle pour le pays ; L Etat protégea ses
débuts, fit étudier les méthodes les plus économiques et
les plus productives d'extraction et les Algues les plus
riches. Les résultats furent très satisfaisants, cette indus-
trie s’étendit rapidement et, d'’importateur, le Japon de-
vint exportateur.
En 1902 il exportait 3.000 kin pour 1.500 livres sterling
» 1903 » 22,000 » 10.000 »
» 1904 » 92.000 » 27.000 »
Cependant, l'exploitation se faisait déjà moins rému-
nératrice, à cause de la concurrence, et peut-être aussi à
cause de la pêche intensive des Algues qui en réduisait la
quantité exploitable. Elles sont coupées à l'aide d'un cou-
teau adapté à angle droit à une perche de bambou. On
brüle aussi les plantes rejetées à la côte, mais celles qui
sont coupées donnent un pourcentage supérieur. Comme
chez nous, les Fucacées littorales ou voisines de la basse
mer, représentées au Japon surtout par des Sargassum,
sont moins riches en iode que les Laminaires, qui,
comme chez nous aussi, croissent plus profondément et
sont de récolte plus pénible ; ces dernières sont surtout
les Ecklonia cava, Eckl. bicyclis et la série des Laminaires
servant à la préparation du Kombu. Il semble qu'on
évite au Japon la fabrication du salin en masse vitreuse.
Après dessiccation, les Algues entassées sont brülées à l'air
hbre ; on prend soin de ne pas laisser brüler trop vio-
- Jemment, de manière à obtenir des cendres ; quelquefois,
elles sont brülées dans des trous creusés dans le sable et
tapissés d’une couche d'argile. D'autres fois, on les car-
bonise dans des fours de construction spéciale où l'ar-
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192 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES
rivée de l’air est empêchée ; cette carbonmisation donne de
meilleurs résultats, par ses sous-produits et par l’écono-
mie des fumées perdues. L’extraction s'effectue ensuite
par évaporation des eaux de lavage qui donne les chlo-
rures de potassium, de sodium, de magnésium ; l'acide
sulfurique et le bioxyde de manganèse déplacent l'iode des
eaux-mères. Les pêcheurs qui livrent leurs cendres aux
usines pratiquent largement la fraude, en ajoutant du
sable ou d’autres cendres. Davinsox ne donne pas de dé-
tails sur la construction des fours où s'opère la carboni-
sation.
Mais SraxrorD imagina un autre procédé, de rende-
ment encore meilleur disait-1l, qui permettait d'extraire
les sels, les matières organiques dissoutes, une nouvelle
substance l’algine, et d'utiliser les résidus ‘. La méthode
repose sur deux principes. D'une part, deux macérations
dans l'eau froide suffisent pour enlever aux Algues la
majeure partie des sels qu'elles renferment (loc. cul..
p- 296); l'extraction se fait par évaporation et cristallisa-
ions successives”. D'autre part, les grandes Algues
brunes, et particulièrement les Laminaires fraiches, four-
nissent au contact de l’eau une matière glaireuse inco-
1E.-C.-C. Sraxrorp. — On Algin : a new substance obtained from
some of the commoner species of marine Algæ, Chemical news, t.
XLVITI, Londres, 1883. — L'auteur nomme le procédé des fours
Native process ou Kelp process, le procédé par FOR Char pro-
cess, et celui par lixiviation Wet process.
* L'auteur publie des tableaux montrant la quantité de matière
. dissoute ou restante après six macérations, sans dire la durée de
chaque opération.
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 193
lore, Ë algine ou acide alginique, coagulable par les acides
minéraux.
Les Laminaires, coupées en morceaux, macèrent donc
dans de l’eau acidulée par HCI, où elles perdent une
_ grande partie de leurs sels. Elles sont traitées ensuite par
une solution alcaline, carbonate de sodium de préférence,
qui s’unit à l’algine sous forme d’alginate de sodium si-
rupeux, et laisse l’Aloue intacte ou désagrégée suivant la
concentration de la liqueur alcaline. Le résidu cellulo-
sique diffère de la cellulose vraie et l’auteur le nomme
alqulose*. Le liquide filtré, traité par un acide, précipite
l’algine, que plusieurs dissolutions et coagulations suc-
cessives purifient et que, finalement, on obtient inco-
lore.
D'après Srawrorp, les multiples et remarquables pro-
priétés de la nouvelle substance, à l’état d’algine ou d’al-
ginate de sodium, la rendent précieuse pour de nombreuses
applications. L'auteur énumère divers alginates mé-
talliques, simples ou doubles, solubles ou insolubles.
L'algine comprimée à l’état humide prend toutes les
formes qu'on lui donne ; sèche, elle peut être taillée, polie,
tournée.
L’alginate de sodium a 14 fois la viscosité de l'empois
d'amidon, et 37 fois celle de la gomme arabique ; c’est le
meilleur apprêt pour les tissus et le papier ; en teinture, il
sert de mordant pour le coton et la laine ; en pharmacie,
il émulsionne les huiles ; il désincruste aussi les chau-
1E.-C. Sraxronp. — Don iaents in the Manufacture of Algin
and other useful Products from Seaweeds. Engl. Pat. 13.433, Octobre
1884. Résumé in Journal of Society Chemical Industry, t. IV, Man-
chester, 1885,
194
dières à vapeur, ag elutine les Dee de: AUS ra &
autres ; c'est un vernis excellent, un isolant électrique de
grande valeur... etc. Enfin, l'algulose, résidu de la prépara- à
tion, mélangé à des fibres, donne un excellent papier.
Comme on l’a vu, SraNFoRD ne manquait pas d’une cer-
taine hardiesse ; néanmoins, il indique l’algine avec
quelque timidité pour l’alimentation humaine, comme
. épaississant des potages ou des puddings et pour rempla-
cer la gomme dans la préparation des losanges et des ju-
ne jubes. GLoess dit sans réserve qu'elle pourra être em-
ployée « comme matière alimentaire remplaçant les fécu-—
| lents » (loc, cil., p.-173), et plus loin (loc. ait., p. 177),
s la comparant à l’agar-agar, il dit: « L’algine, par contre,
2 qui en sa plus td pertie est constituée d’un hydrate
ÿ de carbone mucilagineux, non gélatinisant et de protéine,
{ représente une matière vraiment nutritive » ; toutefois
l’auteur nous laisse ignorer comment :l s'est rendu
compte de cette valeur nutritive ; son affirmationest peut-
être une extension a priori de l'usage que les Chinois et
Le les Japonais font des Laminaires.
PR Je n'ai faitqu'énumérer ces remarquabl es propriétés de
ï l’algine et des alginates annoncées par Sranrorp ; le lec-
: teur les trouvera moins séchement rapportées dans les
exposés de Watson Surru', Hugh M. Surru (loc. cut.),
| Sercneez (loc. cit.),TurRENTINE (loc. cit), GLosss (loc. cit.).
16 L’algine et l’alginaie de sodium sont d'une préparation
1 facile avec une quelconque des Laminaires de nos côtes,
fraîche ou sèche; dans mes quelques essais, l’algine se
coagulait aussitôt que le liquide alcalin devenait acide,
UTILISATION
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ui 1 Watson Sur. — E.-C.-C. Sranrorp's new Method of trealing
1 © Seaweed, International inventions exhibilion, London. Journal of
À the Soc. of chemical Industry, t. IV, Manchester, 1885.
«
$ - « dut pe ; Gi De à |
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 199
. toutefois, sa filtration était d’une extrême lenteur, et je
_ n'ai pas réussi à la centrifuger. |
= SraxrorD proposait d'utiliser l’algulose, résidu de
la préparation de l’algine, à faire du papier. D'après Ca-
- MERON (Fertuilizer resources, p. 45), on a fabriqué de très
beau papier à écrire avec les grandes Laminaires du Paci-
fique ; pour remédier à l’absence de fibres, on recourait à
_ des plantes désertiques, comme le Yucca commun de la
- Californie méridionale, et ce mélange donnait de bons
résultats ; CauEroN ne croit cependant pas à son avenir
_ commercial. Il semble, en effet, que fabriquer de la pâte
à papier avec des Algues ne peut être un but industriel,
mais seulement un moyen delirer parti des sous-produits ;
. le Sacc. bulbosa, qui renferme des fibres, serait peut être
l'espèce la plus avantageuse à employer.
| Le lecteur des pages précédentes a pu suivre l’évolution
des idées et des procédés concernant les produits à reti-
- rer des Algues marines. Le Mémoire de Sraxrorp sur
- l'extraction par lixiviation et sur l’algine était clair et
d’un caractère bien personnel; il était plus optimiste en-
core que celui où cet enthousiaste des piantes marines
décrivait le procédé par distillation. Nous assistons en-
suite à uneavalanche de brevets concernant des modifica-
tions parfois un peu hâtives, avouées ou inconscientes, aux
procédés de Sraxrorp ; ilen résulte un tel encombrement
que j'ai renoncé à comprendre ce que ces brevets pré-
sentent de réellement original et même à les lire tous!;
certains portent d’ailleurs sur des détails si peu importants
1 Déjà Monipes disait en 1866 (loc. cit.) : « Bien des fois, on a
cherché à retirer directement les sels solubles contenus dans les goë-
mons au moyen de la macération soit à chaud, soit à froid. »
des solutions de SO“*EH* à 5 ‘/, ou de HCRa 020
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| PR
196 UTILISATION INDUSTRIELLE: DES ALGUES BRUNES
en apparence que mOn insuffisante éducation industrielle
ne m'a pas permis d’en saisir la valeur; si l'intérêt ne res-
sort pas au premier coup d'œil, c'est de être qu'ilen
faudrait faire une étude plus approfondie. J'évite done d…
les discuter ; J'en cite simplement quelques-uns, sais au" à
cun souci d'être complet, et sans m'aventurer dans rer. 10
cherche de la priorité. RARE
Je trouve, par exemple, dans le Journalof the Society of
chemical Industry que A. KrerriG prend le brevet an-
glais 11.538 (27 mai 1896), qui semble différer de celui
de SraxrorD surtout en ce que la macération des Algues
dans l’eau acidulée par HCI est de re par une macé- |
ration dans SO‘? variant de 1 “a à 6 °/, ; en outre, l'al-
gine, ou acide UNE est nommée « Tang-acid ». Dans
une addition 12.275 du 31 mai 1898, la solution de car-
bonate de soude de Sraxrorp est remplacée par une solution
d'hypochlorite desoude. Le même jour, d'après une nou-
velle addition (12.277), le même inventeur emploie, pour
les macérations, des solutions ne dépassant pas 2 Ve Le 0},
d'acide ou d’alcali. A. KrerrixG fait encore trois additions
en juin 1808 ; celle du 2 juin (n° 12.416) concerne la fil-
tration ; dans celle du 11 juin (n° 13.151) l'algine ou
« tang-acid » au lieu d'être précipitée de la solution al-
caline par SO“, est précipitée par un courant électrique ;
dans celle du 14 juin (n° 13.289), les Algues, au heu de
macérer dans un liquide acide, macèrent dans l’eau de
chaux.
Le même recueil fournit aussi Findication de brevets :
anglais pris par des français. Ainsi, G. Laureau, le:
7 aviil 1894 (brevet 6.988) fait macérer les Algues dans
Jaues, le 6 janvier 1897 (brevet {22) remplace la macé-
:
«
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 197
ration acide par la macération dans l’eau de chaux. On y
trouve aussi résumé le brevet français 352.060, du 6 mars
N 1905, de M®° J.-IT. Laureau, où les Algues, traitées par
la chaux fusée ou par un lait de chaux, sont mises à dur-
cir en petits tas abrités de la pluie; on extrait ensuite les
sels par lixiviation, évaporation... etc. Ge brevet a sup-
porté quatre additions (peut-être davantage) : le 24 mars
1909, le produit de lixiviation est traité par un alun oule
sulfate d’alumine pour précipiter le « fucose » combiné
à la base du réactif ; en ajoutant un peu de savon, on en
fait un fucose-hydrofuge; le 7 août 1905, avant ou
pendant (si) l’action du lait de chaux, on traite par des
acides de toutes sortes et simultanément par du pétrole ou
du coaltar, ou de la benzine, ou des huiles lourdes; le
14 octobre 1905, on traite tout d'abord par ces hydro-
carbures ; le 2 mairg11, l’alun peut être ajouté à l'état
solide ou en solution.
Tous ces brevets et additions visent l'extraction et l’uti-
lisation totale de ce que les plantes marines peuvent four-
nir ; P. GLoëss exagère donc quandil dit en 1916 (loc. cit ):
_ « Je tiens aussi à faire remarquer que l'exploitation des
plantes marines n’a jusqu’à présent pas fait l'objet d'ex-
tractions simultanées de tous les éléments contenus en
elles. En extrayant la matière organique mucilagineuse,
les sels minéraux et l’iode ont été perdus et, en extrayant
les sels minéraux et l'iode, la matière organique mucila-
gineuse a été perdue ».
P. Gross a conçu un traitement dont le principe
« consiste à scinder la matière organique iodée et bromée
par l’action d’un agent oxydant en milieu acide et à sépa-
rer en même temps la matière mucilagineuse brute des
| lai PET Én RTS PRE ARR CUS Ta re DEN QE à
pr T ü k ra A 2e:
E, ar à
# 1 98 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES À Lg
t
}
éléments qui enter hEné » (loc. cit., p. 174), et se.
ne fait l’objet de brevets français et san allemand, au-
: trichien, belge, anglais, norvégien, américain et japonais.
Toutefois, l’auteur ne dit pas quelles sont les substances
mises en action dans ce traitement. Je l’ai appris en lisant
le brevet français n° 470.943 (du 27 juin 1913). Le pre-
mier liquide de macération, acide ou neutre, qui extrait
1 l’iode et les sels, contient un oxydant : solution de pero- …
| xyde d'hydrogène ou solution de chlore! ; le second li-
quide, qui extrait l’algine, est rendu alcalin par lepe- …
rox yde de sodium ou l'hypochlorite de soude. à
Dans la discussion qui suivit la communication faite .
par Hexoricx à la Society of chemical Industry en avril. |
1916, W.-G. O’Berrxe fit observer que ni l'algine m
l’algulose obtenus dans le traitement par lixiviation (Wet
é process de Sranrorp) n'avaient eu de succès commercial. Il
est à souhaiter que les essais récents faitsen France soient
plus heureux. Dans son ag sur le goémon paru en
1913, DeLAGE (loc. cit., p.7) dit : « dans la région de
Saint-Brieuc, une maison abri expédie ! à Hambourg
environ 3.000 tonnes de goémon frais, dont l'agriculture
et l'industrie nationale sont ainsi privées, tandis que la
maison allemande, qui traite ces goémons pour l’extrac-
tion de la Norgine*, fait 15 millions d'affaires dont pro-
fite ce pays, à qui nous rachetons une partie de la Nor-
1 D’après Lapicque (loc. cit ) ce serait de l’eau acidulée par « l'acide ”
chlorhydrique ordinaire, contenant par conséquent un peu de
chlore ».
? Probablement quelque chose de semblable à l'algine de AR,
Cette société transformait sans doute d'autre goémon que celui de
Saint-Brieuc, car 3.000 tonnes de goémon frais ne peuvent fournir
à 15 millions de marchandise,
UTILISATION IN DUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 19G
gise ue de nos goémons ». D'après GLoess (loc. cit.),
cette entreprise austro-allemande a son siège à Aussig en
Bohême et « nonobstant le prix relativement élevé que
cette maison exige pour son produit, celui-ci a néanmoins
:irouvé un grand intérêt, comme matière apprètante, par-
: ticulièrement dans l'industrie textile ». Depuis, j'ai vu
ces phrases de Derace et de GLosss citées çà et là pour
montrer les bénéfices à attendre de l'exploitation des
Algues marines. En cherchant à me procurer des rensei-
_gnements sur le genre de travail de la Société la Norgine,
. j ai appris qu’elle est en liquidation depuis 1910.
D'autre part, on se rappelle que, dans le procédé par
.incinération, Hexpricx attribue au séchage à l'air une part
importante dans la perté en iode et surlout en potasse;
il a donc cherché dans un but désintéressé, et pour être
utile à l'industrie, à extraire ces substances sans séchage n1
incinération. Après avoir constaté que les Laminaires
- fraiches, coupées en morceaux et soumises à la diffusion
dans l’eau froide, à contre courant, comme on traite les
. betteraves pour en retirer lesucre, laissent passer dans l’eau
50 °/,de potasse et 50 °/, à 60 °/; d’iode, il cherche à obtenir
un meilleur rendement à See Les Laminaires, hachées
menu, sont soumises à l’action de la vapeur d’eau pendant
_unedemi-heure dans l’autoclave à 150° ; la masse est alors
beaucoup moins visqueuse qu’à froid et le liquide se laisse
exprimer plus facilement. L'auteur comprime la masse
sous une presse à vis, puis mouille, presse de nouveau, et
obtient 90 ‘/,de la potasse et de l’iode, sinon davantage ;
il croit que des appareils industriels pourraient augmen-
ter ce rendement de laboratoire. Malheureusement, st
la forte proportion de matière organique qui passe dans
_le liquide ne gène pas l'extraction de l'iode, elle gène
rex A
200 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES ge nr
beaucoup col de la potasse. L'art ne e semble pas A être |
préoccupé de l’algine. a:
L’ exploitation industrielle des Algues brunes eut AC \
pour premier objet l'obtention du carbonate de: soude, %
puis, après l'invention de la soude artificielle par LEBLAXC, à
l'extraction de la potasse et de l’iode. Plus tard, ces deux. 4
produits ayant pu être retirés de minerais, à moindres frais, 1
la récolte du goémon de fond eùt été abandonnée sans.
l'intervention db Syndicat qui, en restreignaut la produc- À
tion chilienne, donne à l’iode une valeur Ce ar-
üficielle et prélève d'énormes bénéfices sur le consomma- …
teur. Les nécessités de la guerre nous ont contraints de |
nouveau à l'exploitation intensive des Algues. Sans faire
de pronostics sur l'avenir de cette A nr il semble
néanmoins que l'extraction des sels de potasse des plantes
marines va devenir, pour des Français, aussi peu ayanta-
geuse que l'extraction du sel marin ou du carbonate de |
soude. Les gisements potassiques découverts en Alsace :
en 1904, et dont l'exploitation commençait à peine au dé- …
but de la guerre, seront encore plus avantageusement »
exploités que ceux de Stassfurt, car, leur carnallite ayant
perdu une partie de son chlorure de magnésium, là po- .
tasse s’y rencontre surtout sous fe de chlorure de
potassium ; Mariexox estime qu'ils sufliraient à la con-
sommation mondiale pendant 300 ans. Plus récemment »
encore, en 1911, on a découvert à Sora (Espagne) un
gisement puissant de sels potassiques qui s'étend sur .
20.000 hectares dans les provinces de Barcelone et de
Lerida, à des profondeurs variant de 100 à 1.100 mètres; \
on y rencontre de la carnallite sur une épaisseur moyenne «
de 80 mètres et de la sylvinite sur une épaisseur moyenne M
+ E.
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 201
_de 20 mètres ; 1} est la propriété d'un groupe franco-.
belge (Compagnie bordelaise des produits chimiques et
… Usines Solvay). La demande européenne s’accroitra cer-
» jainement dans des proportions considérables, mais les
Etats-Unis, grands consommateurs de potasse, peuvent
- trouver dans leur goémon géant plus qu'il ne leur est
. nécessaire pour l'usage agricole. Quant à l’iode, le Chili
ne fournit qu'une partie de ce qu'il pourrait produire et
ses gisements, dit-on, permettront l'exploitation pendant
un siècle encore. Enfin, nous verrons, au chapitre concer-
nant l’utilisation des Algues rouges, que les Russes
extraient maintenant l'iode des Algues de la mer Noire,
et qu'ils se promettent d'en produire beaucoup.
L'exploitation du goémon géant par les Américains,
_ exposée dans les pages précédentes, était prévue avant la
guerre et pour des buts de temps de paix. La guerre sur-
yenant, ils l'ont rapidement adaptée à la fabrication des
produits demandés par les armées '. Les Laminaires ser-
virent à obtenir de l’acétone, dissolvant du coton-poudre,
qui entre pour 79 ’/, dans la composition de la Cordite, à
fabriquer aussi de la poudre noire, un vernis pour les
ailes d'aéroplanes, etc.
Une compagnie créa une usine immense au sud de San
Diego ; il s'agissait d'aller vite, on n'avait pas de méthode
définitive. et chaque mois modifiait la technique suivie le
mois précédent; au fur et à mesure, de nouvelles ma-
chines remplaçaient celles qui étaient en service. Naturel-
lement, la valeur commerciale des produits obtenus ne
__ 1E.-C Cnrossmax., — Sea-Weed for War, Scientific american,
_ 74° année, New-York, 21 septembre 1918. |
LITE EN NL RE,
RG Rs RE
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ifies american, donne l'impression d' une entreprise g gigan- À
tesque. En sus 4 en de décantation, lu usine Manet
chacun 50.000 pote (de 4 Lire 5) eto pores de em-.
magasinement, da 400.000 gallons chacun. On y obtenait à :
la potasse et dsbétone par Rrtiiiios d'où l'épouvan-
table odeur qui s’en dégageait. à
Une moissonneuse, à trois tabliers roulants contigus
travaillant simultanément, construite d'après le principe
exposé par CamErON, fauchait les Laminaires. La .
macérée sur le bateau était pompée dans des bacs « qui 3
l'amenaient à l'usine, où elle était versée dans les réser- à
voirs de digestion ensemencés avec un peu de liqueur À
mère et chauflés, par la vapeur, à la température conve-
nable pour la fermentation. Après trente joursde fermen- …
tation, on filtre pour séparer les débris des plantes, et
des pompes envotent le liquide filtré dans d’autres cuves :
où la fermentation est arrêtée par de la chaux. Le liquide,
concentré par la chaleur, et débarrassé de ses matières
boueuses, est alors envoyé dans la « maison chaude et
froide » comprenant une double rangée de réservoirs ver- 4
tcaux, un côté chaud et un côté re Les sels à acétone 4
se précipitent du côté chaud, entraînant beaucoup de À
potasse, le chlorure de potassium à plus de go°/, de |
pureté se précipite du côté froid; les sous-produits «
sont l’iodure de potassium, l’alginate de sodium dé- -
rivé des matières boueuses ; la boue elle-même, qui con- 4
tient des éléments fertilisants, est employée à la fumure «
LA AE nt DSC AT ru D ra RS ARE OC a
UTILISATION INDÉSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 203
des vergers. Quand l’auteur de l’article où ces rensei-
_gnements sont puisés visita l'usine en 1917 7: elle trai-
L tait environ 1.200 tonnes de goémon par jour et était
- construite pour en traiter 1.500; elle produisait 13 tonnes
- de chlorure de potassium à 95 ‘, et environ 350 gallons
Fa acétone par jour. |
_ Une réclame parue dans le Scientifi american (14 dé-
cembre 1918) disait que la compagnie (Hercules Powder
‘C°), après avoir dépensé plus de 5 millions de dollars à
San Dieso pour les fabrications de guerre, désirait conti-
_nuer ne ci, beaucoup de ses produits pouvant servir à
. des œuvres pacifiques. Les produits énumérés sont : Acétate
d’éthyle. Propionate d’éthyle, Butyrate d’éthyle, Acétone,
des Cétones, Anhydride acétique, Acide propionique,
Acide butyrique, Acide valérique, Acide isovalériqne,
Valérates, Valérate d’éthyle, Acide caproïque, [ode.
Crossmax termine son article en disant que du Kelp,
comme du goudron de houille, on n'a sans doute pas ob-
tenu tout ce qu'on peut extraire. Îl cite le cas d’un chi-
- miste de Los Angeles qui prétend en retirer une teinture
_ belle et érible, et d'un autre chimiste qui en retire
une eau minérale de qualité supérieure !
En France, Kayser a étudié la transformation des hy-
drates de carbone des L. saccharina et L. flexicaulis en
alcool par des levures de distillerie *.
Les Algues séchées, coupées en petits morceaux, étaient
soumises à l'action de l’eau acidulée par HCI ou par
SO*H?, chauffées à r00° ou dans l’autoclave à 120°. Au
1 Kayser. — Utilisation des Algues marines pour l'obtention d’alcool,
_ Feuille d'informations du Ministère de l’Agriculture, Paris, 3 dé
cembre 1918. |
204 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES
moment d'introduire les levures, il est bon d'ajouter un
peu d'azote organique ‘touraillons) qui facilite la fermenta-
tion etaugmente le rendement alcoolique. L'auteur caleule
que 100 kgs d’Algues sèches fourniraient au minimum ‘4
5 litres d'alcool. Au lieu d'alcool, on pourrait obtenir de
l'acide lactique « produit conservateur qui est appelé à un
emploi beaucoup plus grand dans l'avenir », en scumet-
tant le liquide de macération à la fermibiatos lactique,
au lieu de la fermentation alcoolique. |
L'auteur termine ainsi son exposé : « Les vinasses restant
peuvent toujours servir, après l'enlèvement de l'alcool, à
la récupération des diflérents principes minéraux (potasse,
iode, etc., etc.). L” ‘exploitation rationnelle et méthodique
des Laminaires, basée sur des procédés industriels per-
fectionnés, pourra ainsi donner lieu à une nouvelle indus-
trie en apportant un supplément de bénéfices tres rémuné-
rateur ».
J'ai insisté précédemment sur l'intérêt que présenterait
une étude plus scientifique de la répartition des sels, repo-
sant sur des notions morphologiques. L’extraction des
composés organiques, ou de leurs dérivés, conduit à dire
quelques mots de la constitution chimique de la membrane
et des substances organiques incluses dans la cellule ; le
tout est d’ailleurs insuffisamment connu.
Ces composés élant pour la plupart des hydrates de car-
bone, je rappelle d'abord quelques principes généraux qui
trouveront aussi leur application dans l'étude des Algues
rouges et dans l'interprétation des expériences sur la diges-
tibilité des Algues pour l’homme et pour les animaux. Il
ne s’agit nullement de faire ici une étude chimique, mails
seulement de définir un certain nombre de mots de la 4
% <
“I TE
DT DT EUTILISATION
INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 209-
FT
EL
ET
…_ nomenclature chimique. pour faciliter la lecture des tra-
__ vaux où ces nolions sont supposées connues.
Les hydrales de carbone sont des composés ternaires
. de carbone, hydrogène, oxygène, où les atomes de H et
._ de O sont associés dans la proportion qui caractérise l’eau,
H20; leur formule générale est donc CG? EH? O0” ou C?
_ (H?0)" dans laquelle m et n sont variables Ce terme
commode et autrefois d'un usage général, a vieilli ; les
naturalistes s'en servent encore couramment, mais Îles
chimistes le remplacentsouventpar Sucres ou Saccharides.
Ces corp: ont de nombreux isomères, c'est-à-dire que la
même composition chimique brute donnée en C, H,0, s'ap-
plique à de nombreux états qui diffèrent entre eux par un
mode de groupement des atomes dans la molécule, ce qui
entraine des propriétés chimiques et physiologiques diffé-
rentes. Certains de ces groupements existent tout formés
chez les Aloues, d’autres sont des produits de transforma-
lion sous l'influence des diastases, des acides, de la cha-
leur... etc. On dit, en particulier, qu'il y a Aydrolyse quand
la molécule de sucre se dédouble et s'hydrate en présence
_ d'un excès d'eau et d'une minime quantité d'une diastase,
ou d’un acide énergique bouillant. Il y a des sucres hy-
drolysables et des sucres non hydrolysables. La valeur du
pouvoir rotatoire, gauche ou droit, avant ou après l'hy-
drolyse, fournit l’une des caractéristiques auxquelles on
recourt pour déterminer la nature d’un sucre‘.
! Les lettres d et l, abréviations de dextrogyre et lévogyre, dont
on fait souvent précéder le nom de tel ou tel sucre. n indiquent p.s
_ la propriété dextrogyre ou lévogyre du sucre lui-même mais celle
du composé dont il dérive . la lettre i indique un troisième isomère
inactif, dit racémique. Les lettres a, 6, y, indiquent des dispositions
atomiques différentes de la molécule. .
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206 UTILISATION INDUSTRIELLE DES AL UES BF UNE
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Les chimistes distinguent des sucres simples où mono
.saccharides, des dissacharides ou bioses, des trisaccharides 1 ;
ou trioses, des polysaccharides où polyoses, selon le degré
de condensation de la molécule. Tous ces corps ont plu-
sieurs fonctions alcooliques. Les uns et les autres se di- AS
visent en aldoses et en céloses selon que l'on veut distin-
guer les sucres aldéhydiques de leurs isomères cétoniques,
mais nous n'aurons pas à nous occuper de cette distinc-
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Les monosaccharides ? sont des sucres non hydroly-
sables ; on les appelle aussi sucres réducteurs parce qu'ils
donnent avec de la liqueur de Fehling, à chaud, un
précipité rouge d'oxyde cuivreux. Ils ne sont cependant
pas les seuls sucres réducteurs, car le lactose et le mal-
tose, qui n'ont pas bloqué les fonctions aldéhydiques de k.
leurs générateurs hexosiques dans leur condensation, ré
duisent aussi la Hiqueur de Fehling*. Traitéshchaudeten
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présence de l'acide acétique par la phénylhydrazine, qui
est à la fois un réducteur énergique et un déshydrogénant :
se comhinantavec les aldéh ydes et les acétones, ils donnent ,
un précipité de phénylosazone, ou simplement osazone, de
couleur jaune, dont la solubilité, la forme cristalline et le |
point de fusion (au bloc Maquenne) caractérisent la nature
du sucre en expérience, à
| 4
‘ Une partie des renseignements qui suivent est empruntée au 3
livre de Maquexxe : Les sucres et leurs principaux dérivés, Paris, :
1900. Pour la partie pratique, voir G. Bertrand et P. THowas, A
Guide pour les manipulations de chimie biologique, Paris, 1910. 4
* Certains réservent le terme ou la désinence saccharide -ux pro-
duits de condensation ; ils appellent les monosaccharides des glucoses,
à tort, puisque les pentoses y rentrent aussi. PAR
3 Dans ce cas, la quantité d’oxyde cuivreux obtenue est naturelle-
_ ment moindre que si le lactose ou le maltose ont subi Phydroiyse.
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 207
.__ Onles nomme d'après le nombre de leurs atomes de
carbone. Deux sortes nous intéressent : les hexoses, de for-
. mule C°H#05, et les pentoses, de formule CSH*05, qui
comprennent les méthylpentoses GH*0*, où un atome de:
H est remplacé par le radical CH®. Par certaines réac-
tions, on sait changer les pentoses en hexoses et récipro-
quement. On distingue, en outre, des fétroses C*HSO* et
des heptoses C'H**O.
Les hexoses et les pentoses se caractérisent et se distin-
guent les uns des autres : 1° par leur phénylosazone ;
2° par le réactif phloroglucine-acide chlorhydrique con:
centré qui donne la coloration rouge cerise du furfurol;
3° par le réactif de Berrrax», Orcine-acide chlorhydrique
concentré, qui donne, à chaud, avec les pentoses une colo-
ration violet-bleu, et avec les hexoses et les méthylpen-
toses une coloration rouge orangé; on utilise, en outre,
d’autres réactions colorées, celle de Biaz, par exemple,
assez délicate, mais qui donne des renseignements précis.
Enfin, l’on trouvera, dans une note de Denicis, un tableau
des réactions colorées permettant de distinguer les uns des
autres les divers hexoses et les divers pentoses à l’aide du
naphtol « et du naphtol Ê*.
Les hexoses se rencontrent chez les végétaux, à l'état
libre ou sous forme de produits de condensation tels que
les bioses, les trioses et les polysaccharides nommés qlu-
cosanes, mannanes, gulaclanes…, etc., suivant la nature:
des monosaccharides qui résultent de leur dédouble-
ment.
Citons parmi les hexoses : Le glucose ou dextrose, le
1G. Denis. — Diagnose différentielle, à l'aide des naphtols, des:
divers sucres hexosiques el pentosiques, Bulletin des travaux de la
Société de pharmacie de Bordeaux, Bordeaux, 1908.
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h
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plus abondant de tous Les sucres dans la nature, qui prend ; 3
aussi naissance dans l'hydrolyse de la plupart des poly-
saccharides (amidon, cellulose, etc.), ou des disaccha-
combinaisons, les hydrazones et les osazones. Le fruclose
isolé par Tauprcuu dans le cerveau, et identifié depuis avec le galac-
S SERA a SE ET PEUT Re À à À ?
ro AE ; De. j Te RTS e 3 Ft Fra TE Fe 4. ï. :
AR dt LES CRE Ce ai!
208 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES
rides (saccharose, maltose, etc.), soit pur, soit mélangé à
ses isomères. Les hydrazines donnent avec le glucose,
comme d’ailleurs avec les autres hexoses, deux sortes de
ou lévulose, abondant surtout dans les fruits. Le galactose,
l’un des produits de l'hydrolyse du sucre de lait, n’est
pas connu à l’état libre dans la nature‘, mais ses produits
de condensation, galaclanes, galaclo-arabanes, galacto-
glucosanes, y sont fréquents : 1] résulte de leur hydrolyse.
Le galactose, ou l’un quelconque de ses dérivés, trailé par
ce nitrique bouillant, donne de l’acide mucique re-
-connaissable à ses cristaux.
Les Pentloses, moins bien étudiés que Les hexoses, et
inconnus à l'état libre dans la nature, sont très répandus
chez les végétaux sous la forme de produits de conden-
salionsou pentosanes, comme l'arabane ou le xylane.
Citons parmi les pentoses : L’arabinose, ou sucre de
gomme, le æylose, ou sucre de paille, qui résultent de
l'action des acides étendus sur la gomme et sur les prin-
cipes pectiques associés à la membrane.
Les Méthylpentoses sont encore moins bien connus. FE
Citons parmi les méthylpentoses : Le rhamnose appelé
aussi isodulcite, parce qu'avant de le ranger parmiles
sucres réducteurs, on le plaçait dans la fanulle des man-
niles. Le fucose, isomère du rhamnose, s'obtient en sac-
charifiant, par l'acide sulfurique à 5 °/,, les grandes Algues
1 Il est bon, toutefois, de faire une restriction au sujet du cérébrose,
£ose.
Le:
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 209
= brunes préalablement lavées à l’acide chlorhydrique et à
l'eau ; après diverses manipulations, on précipite le fucose
à l’état d'hydrazone par la phénylhydrazine, et l’on régé-
nère par l'acide chlorhydrique. Le fucose agit un peu
moins fortement que le glucose sur la liqueur de
Fehling, |
Les sucres hydrolysables, di-, tri- ou polysaccharides,
se dédoublent par hydrolyse en sucres réducteurs, et par
conséquent réduisent la liqueur de Fehling après avoir
subi l’ébullition avec un acide étendu, même lorsque,
comme c’est le cas pour le saccharose, ils ne la réduisent
pas avant toute hydrolyse ; certaines diastases produisent
le même effet.
Les disaccharides CH#O donnent 2 molécules de
sucres réducteurs ; ce sont des sucres comme le saccharose
ou sucre de canne, le mallose, produit de dislocation de
la molécule complexe d'amidon, le tréhalose, appelé aussi
mycose parce quil est commun chez les Champignons,
et qui a été signalé chez plusieurs Algues marines.
Les polysaccharides se dédoublent par hydrolyse en
plusieurs molécules de sucres réducteurs, mais, leur poids
moléculaire étant mal connu, on ne leur donne pas une
formule correspondant à celle des disaccharides. Suivant
que leur hydrolyse fournit des hexoses ou des pentoses,
on les écrit (CSH"O$)r + mH°0O ou (CSH*0*)" + m H°0,
formules où n et m représentent des nombres entiers in-
déterminés. Ces formules approximatives s'appliquent à
de nombreux composés organiques, amidon, gommes, etc.
Pour les désigner, on emploie souvent la désinence carac-
téristique ane. Ainsi, les polypentoses sont des penlosanes
(arabane, xylane), les polyhexoses sont des hexosanes
(glucosane, mannane, galactane); les polysaccharides
12
ra
qui, comme les mucilages, Oe \ la fois plus Fa
yalactane, xylo-galactane, etc. ; dans la nature, les ar
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRU NES
ss nr Ç
sucres bien définis, reçoivent un nom composé : arabino- nn.
banes sont généralement és à des galactar ..!
tandis que les xylanes accompagnent de pérenne |
glucosanes. + RENTE
Les penlosanes se rencontrent chez toutes re Phanéro- x
games, où ils constituent en particulier la matière in-
crustante du bois et les sécrétions gommeuses. On ne sait
pas les obtenir à l’état de pureté, et on ignore même la
valeur approximative de leur poids moléculaire, mais n
dans leur formule, est sûrement un nombre élevé. Us.
se changent partiellement es furfurol par distillation avec
les ve étendus ; ils donnent les mêmes réactions que
les pentoses avec la phloroglucine ou l'orcine corn
driques. Ils ne fermentent pas, et sont imparfailement
digestibles. DE 2
L'arabane (arabine, acide arabique, acide vel STE
de la gomme arabique est insoluble dans l'alcool, mais
l'alcool ne le précipite de ses solutions qu'en présence
d'un acide ou de sels minéraux; il donne de l'acide
mucique par l’oxy dation nitrique, ce qui parait assez sur- à
prenant, car l’arabane est formé par la condensation de :
sucres en C°, tandis que l'acide mucique est hexacar- 1
boné. La matière pectique, étudiée chez les betteraves et
les carottes, renferme de l’arabane sous sa modification 4
insoluble due l'eau (pararabine de Rsicnarpt). |
Le xylane, ou gomme du bois, s "extrait de la sciure de ‘4
bois, de la paille hachée et, d’une manière générale, de …
tous les produits végétaux qui donnent dia pau par É
ébullition avec les acides. | à
Les chimistes (Torzexs, etc.), qui ont découvert le: mé
_
PE
| UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 21F
_thylpentose nommé fucose, admettaient que sa substance
= mère serait un fucosane, mais ce terme ayant déjà une
“2 acception botanique bien déterminée, Kyrix propose de
_ remplacer le mot facosane des chimistes par celui de fu-
cane s'appliquant à ce méthylpentosane.
…_ Les hexosanes qui nous intéressent comprennent des
4 _ galactosanes ou galactanes et des glucosanes, selon que leur
_ hydrolyse fournit du galactose ou du glucose.
EL. Les galactanes, produits de condensation du d. galac-
“ lose, assez communs chez les végétaux, sont des subs-
tances amorphes, de poids moléculaire indéterminé, qui
: donnent une grande quantité d’acide mucique à l'oxyda-
tion. On distingue les « qalactane, B galactane, ; galac-
—. Lane. Les gommes et les mucilages végétaux (mucilage de:
: Carragaheen..…., etc.), sont généralement des mélanges
ne ee à
» qui renferment à la fois un galactane et un arabane et
» des matières pectiques qui donnent aussi quelquefois du
_ æylose par hydrolyse. TozLexs a proposé de remplacer le-
nom de gélose, donné par Paxex à une substance que
renferment les Algues rouges, par celui de à galactane,
pour éviter sa confusion avec un sucre proprement dit ;
nous aurons l'occasion de reparler de la gélose au cha-
pitre suivant.
Les glucosanes sont les plus répandus de tous les poly-
saccharides végétaux ; l’hydrolyse les transforme Lotale--
- ment ou partiellement en glucose ordinaire, et l'oxyda-
tion nitrique donne de l'acide saccharique. Les plus im-
portants sont l'amidon et la cellulose qui répondent l’un.
et l’autre à la formule (G'HR°OS}7 dans lequel nr est un
nombre entier, indéterminé, mais grand, car la molécule
_ de l’amidon renferme probablement plus de 100 atomes
de C, et t celle de la cellulose encore davantage. Toutefois,
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212 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALBUES BRUNES
d’après Maquexxe, l’amidon renfermerait une molécule
d’eau de plus que ne l'indique cette formule générale.
L'amidon est un produit figuré de l'assimilation chlo-
rophyllienne que l’eau iodée colore directement en
bleu. Il manque chez les Algues brunes et se présente
avec des caractères particuliers chez les Algues rouges.
Son hydrolyse donne souvent d’abord de l ar RIOR soluble
ou amylo-dextrine, puis du maltose, accompagné de dex-
trines, et finalement du d. glucose.
La cellulose constitue la majeure PrEue des parois cellu-
laires des végétaux supérieurs et s’y trouve mélangée ou
combinée à bien d’autres principes, insolubles comme elle,
et appartenant à des groupes différents ; c’est ce qui rend
son étude si difficile. Elle est soluble dans le réactif ‘cupro-
ammoniacal. Elle est colorable en bleu par l'iode. après
traitement préalable par l'acide sulfurique concentré, et
ceci prouve sa complexité plus grande que celle de lami-
don, puisqu'elle prend le caractère de celui-ci seulement
après ‘dislocation moléculaire. Son hydrolyse finale
fournit du glucose et pas de mallose. Le terme assez vague
d’hémicellulose s'applique à des polysaccharides com-
plexes, insolubles dans l’eau, ne se changeant jamais en
sucre par les diastases, et capables d’hydrolyse par
l'ébullition avec des acides minéraux dilués ; les hémi-
celluloses peuvent comprendre des penlosanes et des
hexosanes.
La peclose, encore très mal définie au point de vuechi-
mique, est peut-être un état particulier de la cellulose en
mélange avec d’autres substances (pentosanes, Per
Haies |
Elle s’unit à la cellulose dans beaucoup de Membrants
végétales et s’en distingue par son non bleuissement par
«
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES J19
&
_ j'iode et SO‘H: concentré. Transformée en pecline ou
acide pectique, et unie à la chaux (pectate de chaux), elle
forme le ciment qui unit les cellules entre elles. A l'in-
verse de la cellulose, les composés pectiques donnent de
… l'acide mucique par l'oxydation nitrique.
4 L'étude chimique des produits obtenus par l’action des
…_ agents ou des réactifs ne sépare pas toujours suffisam-
: ment ce qui apparüent à la membrane cellulaire de ce
qui appartient au contenu cellulaire. C’est cependant es-
sentiel pour comprendre le rôle que les diverses subs-
tances extraites jouent dans la constitution ou dans la vie
de la plante ; l'étude chimique et l'étude microscopique
doivent se contrôler mutuellement. La compétence algo-
: logique et chimique de Ksuix donnent un intérêt particu-
lier à ses recherches.
On sait, surtout depuis Maxcix, que Le paroi cellulaire
des Phanérogames est composée de cellulose et de com-
posés pectiques (surtout pectose et pectate de calcium) ; la
cellulose constitue la partie interne, en contact avec le proto-
plasme, tandis que les composés pectiques constituent la
lamelle moyenne, autrement dit le ciment commun aux
cellules contigües ; entre la couche interne et la couche
externe, la proportion relative des deux constituants varie.
Il en est de même chez les Fucacées (A. nodosum, F. ser-
ratus, F. vesiculosus) et les Laminaires (L. saccharina,
L. flexicaulis, L. Cloustonti) étudiées par Kxzi. En outre,
la matière intercellulaire (que j'ai appelée cæœnoglée chez
les Laminaires) y prend un grand accroissement, comme si
les cellules baignaient di une matière gélifiée. L'action
de l’iode et de l'acide sulfurique concentré : vol. SO“ +
x vol. H*0) colore en bleu la couche interne cellulo-
ECS AE
ut
Fe]
K
214 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES
À
sique, mais ne colore pas le reste de la membrane. Ce.
reste, qui se colore en bleu par l’action de l'iode et de
l'acide sulfurique étendu (1 °/,), est un mélange de com-
posés pectiques ; Kvzr en caractérise deux : l'algine etla
fucine de van WissELINGH ; en réalité, la fucine seule se 4
colore ainsi en bleu, mais l'analyse microscopique ne sé-
pare pas les deux substances intimement mélangées dans
la membrane”; l’algine, qui a les réactions des pentoses,
est une combinaison de l'acide algique, et la fucine est
une combinaison de l'acide fucique avec le calcium. La
fucine parait manquer chez les Algues brunes filamen-
teuses (Asperococcus bullosus, Ectocarpus siliculosus, Ela-
chistea fucicola, Spermatochnus paradoæus et Sphacelariæ
cirrosa). Une troisième substance pectique, la fucoïdine,
sel de calcium de l'acide fucoïdique, constitue le mucus
des canaux mucifères des Laminaires, et la cœnoglée i In-
tercellulaire ; assez soluble dans l'alcool à 20-30 °/,, in
soluble dans l'alcool à 50 !/,, la fucoïdine donne les réac-
tions des pentoses et des méthylpentoses. Le méthylpen-
tose fücose, dont il a été question plus haut, dérive de la
fucoïdine qui content, en outre, un pentose non encore
déterminé
L'algine de Sraxror», le tangsäure ou acide ie
(tang-acid) de Krerrne, l'acide laminarique de Scumæpe-
ERG sont vraisemblablement des mélanges d'acide al-
gique, d'acide fucique et peut-être aussi de fucoidine. S'il
en est ainsi, on regrettera que Kxzix conserve à une partie
le nom que Sraxrorp donnait à un ensemble ; 1l eût paru
i La teinte prise par la fucine varie selon la quantité d’acide em-
ployée ; elle est bleue avec 1 °/,, bleue violette avec 10 0 violette:
avec 25 0/,, rouge avec 50 °/,; l'addition d’eau fait revenir la teinte-
rouge au bleu.
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UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 219
_ préférable de changer le nom de l’algine, en conservant
à ce nom un sens industriel.
L'hydrolyse des parois cellulaires fournit toujours des
pentoses ; il n’est pas certain qu elle fournisse des hexoses ;
Kyzi a recherché le mannose et le galactose sans en
trouver. Le glucose, que Bauer prétendait contenu dans
le mucus des Laminaires, proviendrait d'une substance
intracellulaire, la laminarine.
Voyons maintenant divers composés inclus dans la
cellule,
On sait par STENHOUSE, depuis 1844, due les vrandes
Algues brunes contiennent de la mannite'. Cette subs-
tance se rencontre chez les Champignons seulement après
dessiccation, et elle semble due à une transformatiou du
tréhalose. Il n'en serait pas de même chez les \liues
brunes, où Kyxzin la rencontre après dessiccatiüi: «ie la
plante et aussi sur le vivant. D’après STENHOUSE, le Lumii-
naria saccharina en fournit 12,15 °/, du poids sec, imuis
ce pourcentage est trop élevé. il comprend des sei: mi-
langés ; le L. flexicaulis en renferme autant que le ? sue
charina. L'Halidrys siliquosa en renferme 5 à 6°’, et te
F, vesiculosus seulement 1 à 2 °/,. Présente chez toutes
1 La mannite, sucre de formule CSH'*O5, n'est pas un hriliute le
carbone, c’est un alcool hexatomique : elle ne réduit pas la liqueur
de Fehling, elle est lévogyre ; on en obtient du mannose C"ii (° de
propriélés voisines de celles du glucose. GavLruer DE Craurus, qui
avait étudié l’efflorescence de goût sucré des L. saccharina et L diyi-
tata et de l’Halidrys, disait (loc. cit., p. 130) que « le sucre «le fucus
‘diffère essentiellement de celui de la canne : il paraît être absolu
ment analogue à celui que MM. Fourcroy et VauquELIX ont retiré
_ du sucre lé l'oignon (Allium Cepa), el au sucre cristallisable de la
manne »,
fe
do
TA
316
les Algues brutes codien la mannite na manquer |
chez ke Floridées et les Chlorophycées. fr
Toutes les fois que l'on chauffe une coupe, ou des por-
tions du thalle d’une Algue brune, avec la liqueur de
Fehling on observe un dépôt d’ oxyde de cuivre. Néan-
moins, ceci ne prouve pas la présence de sucres réduc-
teurs. En effet, la fucosane, substance parfois abondante
sous forme de Do PRee dans leurs cellules, jouit de la
même propriélé*; ce sont les grains de fucosane de Hans-
TEEN, les pes de Craro, reconnaissables à leur colo-
ralion rouge par la vanilline chlorhydrique, à leur noir-
+" æ nee
Pa ES 2 LÀ
cissement par l'acide osmique, à leur coloration facile et
intense par le bleu de méthylène. Les globules contien-
nent vraisemblablement plusieurs substances dissoutes
dans l'eau, dont la principale, la fucosane, un hydrate
de carbone pour Haxsrgex, est voisine des tanins pour
Kxuw, bien qu'elle ne précipite pas par le perchlorure de
ler ; 1ls apparaissent à la surface des chromatophores, puis
s’en séparent pour rester dans le protoplasme ; la fucosane
ne serait pas un produit direct de l’assimilation, mais se
lormerait aux dépens de la laminarine ; la phycophéine,
ou pigment brun des chromatophores, est de la eee
ox ydée.
Le glucose est en qunute insignifiante, 0,1 à 0,2 °/,
du poids sec ; sa présence n’a qu'un intérêt théorique. au
point de vue de l'assimilation chlorophyllienne. Il n’existe
chez les Algues brunes, parmi les disaccharides., ni sac-
charose, ni maltose, ni tréhalose, mais une quantité mi-
! Hansreex a vu les globules de fucosane, mais la substance qu'il
a relirée de la plante et qu'il a analysée chimiquement ne serait pas
de la fucosane ; ce serait un mélange de fucoïdine et de laminarine,
nr.
À
4
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 217
_ mime d’une espèce inconnue, déviant à gauche le plan de :
_ polarisation, que KyriN nomme laminari lose Sans avoir pu
J'isoler.
En 1885, ScamiepegerG a extrait de plusieurs Aloues
- brunes un polysaccharide, une.sorte de dextrine, der il,
“_ auquel il attribuait la formule 10(CH'*05) — 5H°0 —
BE COH "0" et qu l nomma laminarine, C’est une poudre
blanche inodore, facilement soluble dans l’eau, non co-
| lorable par l’iode, réductrice de la liqueur de Fehling,
lévogyre, qui, par hydrolyse, donne du glucose et pas dé
Jévulose. Pour Kvyzx, la laminarine est un ensemble com-
_ plexe de polysaccharidés voisins, qui diffèrent les uns des
autres par le pouvoir rotatoire, le poids moléculaire, la
solubilité dans l’eau, la précipitabilité par l'alcool ; il leur
attribue les formules 6(CSH20*),H°0, r2(CSH:0°),H°?0,
…. x7(CSH"O:)H?C, ce dernier étant facilement soluble
| dans l’eau froide. Le Z. Clcustontt présente une va-
… riété de laminarine qui lui est particulière, c’est sans
- doute l’hydrate de carbone dont KrertixG ct Torup ont
annoncé la présence chez le L. /lexicaulis, qu'ils confon-
daient avec le L. Cloustonu.
La diastase du malt hydrolyse la laminarine extraite du
L. saccharina ; une diastase jouissant de la même pro-
priété doit exister aussi chez les Aloues, mais Kyzix
n'a pas réussi à l'isoler. Sur des exemplaires de la côte
suédoise, récoltés en août, la quantité de laminarine
varie considérablement avec les espèces ; ainsi, l'A no-
dosum et le F. vesiculosus en présentent 7 °/, du poids
| sec, le F: serralus 19 “/5, le L. fleæicaulis 21 ‘/o, le
* JL. saccharina 34 °/,; cetle proportion est moins grande
en hiver; les lames adultes en renferment plus que
les jeunes, et la plante l'utilise comme matière de ré-
Utilisation des algues marines. 13
218
serve pour sa es + et ke e renouvel leme:
lame. ’ Lee er
Les Algues brunes ne forment pas d amidon ; le pro
duit de l'assimilation du carbone est un sucre simple qui
ne s'’accumule jamais comme tel ; la p présence de la petite
quantité de glucose, signalée plus haut, indiquerait que 4
c'est le glucose qui se ll aussitôt en lamina- E
rine. Gelle-ci ne se rencontre d'ailleurs pas chez toutes les
Algues brunes. Ainsi, des espèces annuelles, comme le
Chorda Filum ou le Spermatochnus paradoæus, en ren- 7
ferment des quantités insignifiantes ou en manquent ; 3]
| l'Hahdrys siliquosa, vivace, en manque aussi. Dans les
ñ espèces qui en sont particulièrement riches, les lun! à
| |
| de fucosane sont clairsemés et manquent presque dans le 2
à üissu d'emmagasinement; au contraire, l'A. nodosum et
k. le F°. serralus, où les globules de fucosane abondent, ont
relativement peu de laminarine. Comme on le: voit, bien F4
des questions restent encore à élucider. Cas #
J'arparlé du Zostera marina à propos de la récolte du
! goémon; J'ajoute quelques mots sur son utilisation in |
à dustrielle. ee
l On le récolte en grande quantité sur certains points
des côles normandes, et on l’expose longtemps à d'air pour
le débarrasser de ses nombreux épiphytes et de son odeur
de marée, Son élasticité, due à ses fibres cellulosiques, le
1 Cette conclusion s’appuie sur des prises raisonnées de matière
analyser, et non sur des matériaux récoltés n'importe comment,
ainsi quon l’a fait trop souvent. En France, où les périodes de :"
végétation des L. flexicaulis et L. succharina sont moins nettes qu’en
Suède, la prise des matériaux devrait être faite avec encore se de
not.
Lens UT 6 fuient ere E
re FES Aa
RSS SLA .
sd PA NE Me D ul te 2 RL EN EPE 0 À
D billace de Fe j'eus alors l’occasion d'examiner le
roduit offert par cette société ; il était très beau et d’une
remarquable blancheur. Cependant, on pouvait prévoir
des difficultés d'exploitation, et, en effet, la société eut
- seulement quelques mois d'existence *.
Déjà en 186», Sraxroro citait un brevet pris par
- Ilanrnazz, le 31 mai 1861, concernant la fabrication de la
_ pâle à papier à l’aide "+ Z. marina, employé seul ou
mélangé à des fibres d'autre origine, et le procédé lui
semblait pratique. Vingt ans plus tard (On Algin, 1883),
il connaissait plusieurs autres brevets ayant le même
objet ; le papier est très bon, disait-1l, et, en outre, les.
. { De La Tourrerre (loc. cil., p. 173) disait en 1782 : « ...le foin
“à de mer, Zostera marina Le plante complette, anciennement nommée
par les Botanistes mêmes (1l s'agit de G. Bavmn et de Tournerort)
_ Alga Vitriariorum, Alque des Verriers, parce que ses feuilles, qui ne
. - pourrissent point, servent à emballer les bouteilles. Leur incorrupti-
_ Dihité et l’élasticité qu'elles acquièrent lorsqu'on les amoncèle, les
L- ont fait entrer utilement dans la composition des digues de la nort-
Hollande; et les fibrilles de la plante, brisées, cntrelacées, roulées.
_ par les vagues de la mer, forment ces espèces d’égagropiles, nommées.
…_ pelotes de mer, si communes sur les côtes de la méditerranée » Ces
2. Ægagropiles de mer ne proviennent pas du Zostera, comme le croyait
DE LA TourreTre, mais du Posidonia (Cf. C. SauvacEau, À propos
d'une note de M. William Russell intitulée : Transformation des cônes
_ de Pins sous l'influence des vagues. Journal de Botanique, t. VII.
| Paris, 1893).
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F À
AE BR EE SP À
A2: LT LE 1 FT, PCSENNPNEER AA
220 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES
fibres du Z. marina ont été proposées pour remplacer ke 4
coton au moment de la disette du coton. On sait que,--
pendant la guerre, les Allemands, À défaut de coton,
exploitèrent les fibres cellulosiques du varech comme
Le.
Érsatz dans la fabrication de la nitro-cellulose ; ce ne peut #
être qu'un expédient de temps de guerre, car, en temps
de paix, le coton sera vraisemblablement toujours offert 4
à un prix bien inférieur. 4
Les plantes marines ayant toujours tenté les inventeurs,
bien d’autres brevets ont sans doute été pris depuis Ê
l'époque de Sraxrorp. On lit d'ailleurs dans l'Encyclo-
pédie chimique * : « Avec les végélaux marins, et notam- À
ment avec les Zostères, on peut obtenir des pâtes à pa- 4
plier qui, combinées avec d'autres pâtes, peuvent fournir
des papiers à bon marché rivalisant sous le rappoit de la
tenacité et de la blancheur avec ceux que l'on fabrique à
l'aide de chiffons ». Le traitement consiste en : chauffage
par un courant de vapeur dans l’eau acidulée par 5t/, de.
HCI du poids de la plante, lavage, nouveau chauffage
dans lFeau acidulée, chauffage dans du carbonate de
soude à 3 °/,; les matières ainsi traitées sont rapidement
prêtes pour leur transformation en papier. Cependant, la 1
place que le varech occupe dans le livre de CHARPENTIER }
en comparaison des autres matières végétales utilisées,
paille, bois... etc., est tout À fait insignifiante. C’est
d’ailleurs jouer la difficulté que vouloir fabriquer du pa-
pier avec le varech quand on sait l'immense Quantité
d’Alfa que l'Algérie pourrait nous fournir et qui est
inutilisée?.
* Paul CHarpexTIER, — Le Papier,
Frémy, t. X, Paris, 1890.
2 À titre de curiosité, je cite ici ce que
Encyclopédie chimique de
John Lussock (L'homme
[ON INDUSTRIELLE DES ALGUES BRUNES 221
dans un précédent chapitre que le
de ne dont les feuilles
di fibres que celles du Z. marina, est te ee en
+. grande abondance sur les rives de la Méditerranée. IL
_ constitue de vastes prairies peu profondes. Pendant la
F4 ;uerre, la Direction des Inventions fut incitée à l’exploi-
. ter pour la fabrication du papier ou de la nitro-cellulose ;
‘é ai su que les fibres se blanchissaient assez bien, mais
. qu’elles présentaient le gravé défaut de s’agglutiner après
la dessiccation finale, et qu’en outre elles se nitraient
_ difficilement; les essais ne furent pas, semble-t-il,
poussés plus loin. |
pr réhistori rate, a Cdit., €, Lp..221, Bibliothèque scientifique inter-
. nationale, Paris, 1888) dit? à propos des débris de cuisine préhisto-
riques du Danemark : « Il ne sembie pas que les hommes des
Kjokkonmoddings aient connu l’agriculture, car on n’a découvert
jusqu’à présent, dans ces dépôts, de céréales d'aucune sorte. Les seuls
… débris végétaux que l’on ait trouvés dans les amas de coquilles con-
_ sistent en morceaux de bois brûlé et en quelques substances carbo-
_ nisées attribuées par M. Forcamammer au Zoslera marina, plante
marine dont on se servait, sans doute, pour en extraire le sel ».
CHAPITRE IV. | FX ©:
É F FES à 2 à
. UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 0
Sommaire. — 1. L'iode. ÉnrrE ee Es.
IT. Propriétés mucilagineuses et Ton Observations de =4
Bouvier, Turner, Lamouroux. — Mousse de Ceylan, Agar-Agar,,
Kanten. — La Late de Paxex. Haï-thao, Thao français, Alguen-
sine et les He périencet de la Société Hndüstéiale de Rouen. _—
Méxier et la gelée de groseille artificielle. Analyse Le
de lAgar par Marcrraxp. 12
RE Mbdete de Funori et du Kanten au Japon. Algues em-. De
ployées à cet eftet. Usages de l’Agar. A
IV. Lichen carragaheen (Chondrus crispus et Gigartina sante de.
sa récolte, ses HÉn OStLE ses usages. Autres Algues gélatinisantes. De.
V. Nature chimique des mucilages ; amidon des Floridées ;
mannite et tréhalose. | RE
} ,
Quelques-uns des auteurs cités aux chapitres précé-
dents ont donné le pourcentage des substances minérales
que renferment certaines Algues rouges ; leurs analyses
| ne concordent pas assez entre elles pour qu'il soit utile 4
f de citer des chiffres. Je rappelle cependant que, d’après
A.-T, Camerox, le Nitophyllum renferme une quantité |
d'iode comparable à celle des Laminaires ; ceci est
d’ailleurs d'intérêt purement scientifique, car les Nito-
phyllum sont des Algues très minces qui ne se rencontrent
guère en quantité suflisante pour permettre une exploita-
tion. D’une manière générale, et quant aux produits que
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 223
. L'on peut retirer aussi des Fucacées ou des Laminaires,
_ celles-ci seront toujours préférées aux Floridées à cause
de leur grande taille et de leur profusion.
_ Cependant, le Journal de Pharmacie et de Chimie a
_ publié, en 1915, le compte rendu d'articles parus dans
- lesquels la mer d’Azow et la mer Noire renfermeraient, en
abondance, une Aloue rouge du genre Fillafora (proba-
_ blement Phyllaphora) très riche en iode’. Elle aurait
donné, à lincinératon, 11 ‘/, de cendres contenant
. jusqu'à 3,8 ‘/, d'iode, et l’on rencontre fréquemment
“ « des endroits, où cette Algue forme de véritables
* massifs s'étendant à 70 .. marins en longueur, sur
_ ho milles en largeur ». « Une premiére expédition en
_ mer eut lieu déjà par de navires de guerre, qui par-.
coururent une distance de 75 à 80 kilomètres, rempor-
tant une moisson considérable. L’enlèvement de cette
_ Algue se fait à l'aide de filets spéciaux qui, d’un seul
. coup, font monter de 600 à 1.000 kilogranmmes ». « Le
_ gouvernement russe tient à assurer la régularité de cette
. nouvelle pèche d'Aloues. Des fours immenses viennent
_- d'être construits à Rkaterinoslay où l'incinération métho-
dique et peu coûteuse va avoir lieu ».
_ Jusqu à présent, les Algues Floridées ont été bien plus
_utihsées pour la gélose (ou des matières similaires), que
fournit leur membrane, que pour les substances incluses
dans leurs cellules, et l’industrie de l'extraction de la gé-
lose n’est limitée que par la difficulté de se procurer la”
matière première.
! Algues riches en iode, Journal de Pharmacie et de Chimie,
_ série, t. XF, Paris, 1915, p. 199 et L'iode russe, ibid., p. 313.
une revue allemande et dans un journal russe d après :
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224 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES
ne
Tuner fit connaître, au commencement du xix° siècle,
les propriétés du Gloiopellis (Fucus) tenax? qui par sa
taille, sa forme, sa ramification, dit-il, ressemble. aw -
Scinaia furcellata de nos côtes, mais en diffère par sa
fructifcation, sa couleur et ses sommets pointus et ré—
fléchis. On le récoltait en abondance sur certaines côtes.
de Chine (provinces de Fokien et Tche-Kiang). Après
dessiccation au soleil, il est vendu sur les marchés et
peut se conserver plusieurs années ; avant de l’employer,
on le lave à plusieurs eaux, pour le débarrasser des im-
purelés, puis on le fait cuire dans l’eau chaude où il fond
entièrement et donne une colle d'excellente qualité pour
tous les usages auxquels peuvent servir la gomme ou la
glu. Ceux qui l'avaient procuré à Turner lui deman-
dérent si les côtes anglaises n'offrent pas des, Algues
jouissant des mêmes propriétés, pouvant suppléer l’oné-
reuse importation de la gomme arabique, Turver n’en
doutait pas, et les Fucus kalifornus(Chylocladia), F. cla-
vellosus (Chylocladia) et F. asparagoides (Bonnemaiso-
na), aussi bien que les « Conferves » les plus gélati-
neuses et les Ulva rubens (Helminthora divaricata), U. fili-
formis (Dumontia), U. furcellata (Scinaia), dit-il,
possèdent précisément ces propriétés, mais aucune
n'existe en quantité suflisante pour mériter d'être
exploitée’. Beaucoup de Fucus anglais, dit Tourner, et
particulièrement le F. ciiatus (Calliblepharis) et le
F. crispus (Chondrus) se liquéfient en forte proportion,
sinon en totalité, quand on les fait bouillir, et forment,
en refroidissant, une gélatine ayant l'apparence de la glu,
1Turwer. — Fuci, t. II, Londres, 1809, pl. 125.
2 Turxer eut pu citer de meilleurs exemples sur les côtes anglaises,
\
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 220
pas d’elles-mêmes. Deux ans plus tard, Turner (loc. cit.,
- p. 216 et 217) dit que le F. crispus et le F. mamillosus
- (Gigartina) donnent, après ébullition dans l’eau, une
gélatine ferme quil ne désespère pas de voir utiliser
… un jour ou l'autre, bien que ses efforts dans ce sens aient
_ échoué.
Turner n'était pas le premier à connaître celle pro-
…. priété de certaines Algues marines. Vingt ans plus tôt,
—._ Bouvier, étudiant l’A/sidium helminthochorton, employé
17 _ depuis”peu en France comme vermifuge sous le nom de
“… mousse de Corse!, le faisait bouillir dans l'eau à nom-
breuses reprises, concentrait chaque fois le liquide et
obtenait ainsi une quantilé considérable de gelée?. Toute-
É 1 Bouvier. — Analyse de la Coralline de Corse, Fucus helmintho-
- corton, Annales de chimie, &. IX, Paris, 1591.
|. . ? L'expérience de Bouvier, peut-être la plus ancienne qui concerne
Fa s la gelée fournie par une Âlgue curopéenne, est peu connue ; je crois
- intéressant de rapporter comment il opérait. |
La Bovvier prenait 1000 grains (53 Bras, d’Alsidium ; après
lavage dans l'eau froide pour enlever divers sels, il traitait par une
livre et demie d’eau distillée bouillante. « Dore la décoction
étoit rapprochée du degré convenable, on la passoit, et on ajoutoii
J une nouvelle quantité d' eau sur la masse restante que l’on soumet-
| toit de nouveau à l’ébullition » , il es celte opération
24 fois ; chaque portion d’eau était évaporée jusqu’au point de pou-
voir se ee en geléc par refroidissement. « La gélatine extraite
par les trois premières décoctions étoit de couleur brune et retenoit
de l'odeur du fucus helminthocorton. Plus le nombre des décoctions
avançoit, plus la gélatine devenoit transparente, blanche et sans
odeur et les dernières décoclions ont fourni une gélatine aussi blanche
et aussi transparente que la gomme arabique.... elle jouissait d’une
élasticité qui m’a paru étonnante ; lorsqu'on lui donnoit une légère
19,
. Recueil des M
220 wriLisaTIoN INDUSTRIELLE DES AL ce
Y A7
L Le Ta
Vin Vas: + PE de NW.
“: DA VE. di AE > à
fois, l’Alsidium (ou la plante qu'il prenait pour lui), Ca
plante filiforme, haute de r à 3 centimètres, ne pouvait
A ’ 0 : CE . . . “ 8 £ 2.Ù
être l’objet d’une utilisation industrielle. Re.
| : LT PA EN
D'ailleurs, Bouvier a cerlainement été trompé sAbaS
, 7 1° 2. Bras UT PENES
étudié ane autre plante ; déjà, en 1782, DE LA ToURBTTE
signalait les supercheries des marchands. Desraux!, vou-
lant répéter l'expérience de Bouvrer, fit plusieurs Hoïs #4
des décoctions avec la plante pure sans « Jamais trouver
dans les décoctés la moindre trace de gélatine végétale »
à
> ;
et 1l croit que Bouvier « a dû se servir, pour son analyse, #2
d’Algues renfermant quelques espèces gélatineuses ». 4
J'ai été plus heureux : en employant de FA. Helmintho-
chorlon pur, j'ai obtenu, après un assez long chauffage "
au bain-marie, une gelée molle, sans consistance etmême
coulante ; le sous-acétate de plomb la précipitait en D.
petits grumeaux. Dans les mêmes conditions, un Gebi- 2e
dium eût donné une gelée ferme et élastique. Bouvier à &
certainement expérimenté avec quelque petit Gelidium,
peut-être le G. crinale, assez commun dans la Méditer-
ranée ét non sans ressemblance avec l'A/sidium., En voici
d'ailleurs une preuve indirecte : la formule de la gelée de
exlension. ses parties se rapprochoient les unes des autres comme 4
celles de la gomme élastique... Toutes ces décoctions rapprochées ARS E.
réunies m'ont fourni 7 livres de gelée d’une consistance qui m'a
d'autant plus étonné que j'étois certain que celte quantité de gelée
n'étoit formée que par les décoctions de r 000 grains de fucus hel-
minthocorton ». « J’observerai…. que le fucus, de brun et opaque :
qu'il étoit avant l'action de l’eau bouillante, est devenu blanc et. 4
transparent pendant les premières décoctions, et qu'il a fini par
n'être plus qu’un résidu fibreux ».
! Desraux.
NET
— Alques marines des environs de Baslia (Corse), 3
émoires de médecine, chirurgie et pharmacie mili-
taires, 1873. + RE ER
> A SO EN P
qe 2 8 7 SE 10
_ UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 227
à. ‘importante . colle de poisson qui eût été rt avec
s Dent:
= Mérar' connaissait sans doute des Algues plus favo-
rables à une exploitation quand il disait Le. Fucus, sans
D cois citer aucune espèce, que « si on les fait bouillir
_ dans l’eau, plusieurs offrent une matière gélatineuse qui
_ se prend par le refrordissement, comme on le voit pour le
… Fucus helminthochorton ». « Je crois, ajoute-t-il, qu’une
ébullition à- une haute température, dans des vaisseaux
fermés, les résoudrait presque entièrement en gélatine.
“C’est encore une branche féconde qui peut être ouverle à
Vindustrie française ». MéraT ne cite aucune espèce,
_ mais peut-être pensait-t-il, en partie au moins, au genre
_ 6Gelidium de Lamouroux.
_ Sous le nom de Gelidium, créé en 1812, Lamouroux
_ désignait plusieurs Algues rouges comprises jusque-là
-dans le capharnaüm des Fucus (Essai sur les genres de la
famille des Thalassiophytes non articulées, Paris, 1813).
_« J'ai nommé ce genre Gelidium, disait-il, parce que la
plupart des espèces qui le composent peuvent se réduire
presque entièrement en une substance gélatineuse par
- d'ébullition ou la macération », propriété d'autant plus
_ emarquable qu'aucune espèce de ce genre ne possède à
. l'état frais cet aspect gélatineux caractéristique de beau-
- coup d’autres Algues rouges ; la plupart sont même
_ fermes ct minces.
1 MérarT. — Article Fueus, in Dictionnaire des sciences médicales,
&. XVII, Paris, 1810.
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228 UTILISATION INDUSTRIELLE | DES ALGUES ROUGES |
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Quelques années » plus tard (art. Gelidie, : KE De
classique d'histoire naturelle de Bory, VIE, Paris, |
1825), sis disait à propos des Pe en gé= a É
néral : « À l’Ile-de-France, et sur toutes les côtes de
l'Océan ni les habitants en font usage dans les
sauces pour leur donner de la consistance ou pour mas-
quer le goût âcre et brûlant des épiceries qu'ils aiment
avec passion ».
Plusieurs espèces de Clidiun vivent chez nous, et 2
d’autres genres de Floridées fourniraient, par la cuisson,
une gelée ou un mucilage. Mais les mers chaudes sont le
vrai domaine des Algues rouges et depuis longtemps les |
riverains en exploitent plusieurs pour cet usage. On
donne, en Malaisie, le nom d'Agar-Agar à une Algue (ou
à plusieurs) dont on importe en Chine, depuis longtemps,
des quantités considérables pour la confection de gelées
alimentaires. Le produit commercial, qui est l’Algue
brute à peine modifiée, ou travaillée, ou l'extrait de
cette Algue, porte le même nom et, depuis que sor
usage s’est répandu en Europe, on l'applique aussi à la
Mousse de Ceylan, produit brut, et au no C des tapes
nas, produit manufacturé.
L’Algue récoltée à Ceylan est le Gracilaria lichenoides
Harv., très voisin de nos Gr. confervoides et Gr. compressa,
dont on la distingue assez difficilement quand elle est
blanchie, état sous lequel elle figure le plus souvent dans
les collections. Les anciens PRE connaissaient ses
10. Desraux. — Algues marines récollées en Chine pendant l'expé-
dition française de 1860-1862. Actes de la Société linnéenne “ee
Bordeaux, t. XXX, Bordeaux, 1875.
? La plante est co E dans les Évis sous diverses Mere
qui peuvent égarer le lecteur, Elle portait le nom de Fucus lichenoides
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 220;
propriétés. En effet, Turner (loc. cit., p. 118) rapporte,
| E d'après Gueux (dont l’Hisloria Fucorum est de 1768),
. qu’on la mange aux Indes orientales après l’avoir lavée ou
… fat macérer dans l’eau douce, puis comprimée pour lur
“ enlever une partie de son mucilage et de sa salure ; on la
mange avec « Atsiar ou Dabbo-Dabbo » ou dans une sauce
É A ie F e + ,
_ dans l’herbier de Lixxé. Puis, le genre l'ucus fut peu à peu démem-
FN % or : =
—_ bréet C Acarpu l’inclut dans son genre Sphærococcus, d’où le nom
“ de Sph. lichenoides C. Ag., maintenant périmé comme le premier.
a _ En effet, le genre Sphærococcus, étant lui même hétérogène, fut dé
—_ membré à son tour; GrEviILLE, entre autres, créa à ses dépens le
—. genre Gracilaria où Harvey fit rentrer notre espèce, d’où le nom de
Ée G. lichenoides Harvey. Quelques années avant la création du genre
Gracülaria par Grevizse, Nees von EsenBecx avait proposé pour notre-
… plante, qu'il croyait être un Lichen, le terme générique Plocaria
FE qui ne fut pas accepté. J. Acarpu a néanmoins conservé Plocaria
…._ pour désigner une section dans le genre Gracilaria. D'ailleurs. si ce.
genre Plocaria était admis, notre plante ne devrait pas s'appeler
& PI. candida, comme la nommait Nges, mais Pl. lichenoides, comme
.#
f
reclifiait Moxracxe en suivant la loi de priorité.
J'ajoute qu’avant la création du genre Gracilaria, GREviLLE avait
décrit en 1828 {Scottish Cryptogamic Flora, pl. 841), sous le nom de
Sphær. lichenoides, une Algue qu’il croyait identique à Ja plante de
Ceylan, et que M"° Grirrirus venait de découvrir sur les côtes
d'Angleterre. Puis Grevize reconnut son erreur (Algæ Britannicæ,
5 1830) et idenlifa la plante anglaise avec le Sphærococcus compressus
de GC. Acarpx; il l’appela Grac. compressa, nom sous lequel elle est
actuellement connue.
Toutes ces hésitations ou contradictions ne doivent pas surprendre
le lecteur ; beaucoup d’Algues ont une synonymie aussi embrouillée ;
la détermination des espèces, même sur de bons échantillons, est
difficile, les caractères manquent parfois de netteté et l'insuffisance.
des descriptions des anciens auteurs empêche souvent une identifi-
- cation précise, L’état des échantillons rapportés par des personnes.
peu compétentes accroit la difficulté pour les Algues des pays.
chauds,
A
_…
“230 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES no
_ Après macération, on peut aussi la sécher et la « co à
ment, car si elle bout trop fort, ou reste trop longtemps = :
dans le jus de citron, elle perd une grande partie de sa
Æurope sous le nom de Mousse de Cerie
TA gar-A gar de Makassar ou de Java, formé par le thalle
truisent leurs nids, si appréciés des Chinois, avec le Fueus lichenoides.
-Jafnapatan.
ls RENTE Le
préparée avec du jus de citron et un peu “de Ing
donglemps ; pour la consommer, on la fait cuire dou
qualité et fond en mucilage'. Le Gras. lishéiailes +4
blanchi, et à peine modifié dans sa forme, est expédié en FA |
4
Un produit comparable à la Mousse de Certéti ei
+ sf
ne
Lr
plus ou moins décoloré de divers Eucheuma, dont on cite S
généralement deux espèces peu différentes entre elles,
Æ. spinosum J. Ag. et E. isiforme Harv., connues en
de LA
Europe surtout par des échantillons décolorés acquis sur
les marchés orientaux, où 1ls sont vendus comme articles
TI
. . r . F x & Fe
culinaires. Cozzxs en a récemment distribué de beaux
échantillons bien préparés *. Ce sont de belles plantesen
toufles atteignant jusqu'à 5o centimètres de hauteur,
d'un rouge clair, dont la teinte devient foncée, presque
noirâtre quand on les prépare rapidement à l'abri du
soleil et de l’air. Elles sont communes sur les côtes de la
Floride et des Bermudes. Après comparaison d'exem-
plaires américains avec des spécimens du Cap, de Singa-
pour et des îles de la Sonde, Corzixs estime que ces
1 Gers dit aussi (cité d’après Tunxer) que les hirondelles cons-
L'un des correspondants de Turner a observé dans ces nids des fila-
ments qui ressemblent à cette Algue, appelée aussi res de”
? Corus, Hozpex et SETCHELL. — Phy cotheca Boreali-Americara,
n° 92 et n° 1886.
| UTILISATION INDUSTRIELLE DES ‘ALGUES ROUGES 231
deux espèces en sont une AE par suite, le nom spéci-
fique spinosum, dû à Lané et antérieur à 1siforme, devrait
_ être seul conservé ; toutefois, Burmax ayant antérieure-
ment (1768) nommé la plante Fucus denticulatus,
_ Cozris propose de remplacer, pour cause de priorité,
les deux noms communément employés par celui d Eu-
_«<heuma denticulatum *.
Se Depuis le travail de Bouvier, les chimistes n'avaient
_ pas étudié cette substance capable de se transformer en
_ mucilage ou en gelée, lorsque Paxex reçut en 1856, sous
- le nom de Mousse de Chine, et sous forme de longues et
_ minces lanières, un produit commercial qu'on disait
“extrait d’un Lichen attaché aux arbres, soit en Chine
soit dans les îles de l’Archipel des Philippines ; il y
servait à préparer des gelées. C'était une matière fabri-
quée, sans structure organique; elle se gonflait dans
l'eau froide et ne s y dissolvait qu'en très petite quantité ;
_ la partie restante, moins une faible proportion de « cor-
- puscules azotés », c’est-à-dire environ 90 ?/, du total, se
_ dissolvait dans l’eau bouillante pour se prendre à froid
_ en une gelée incolore, fournissant ainsi, à poids égal,
10 fois plus de gelée que la meilleure gélatine animale.
Payex étudia les caractères de cette gelée, la trouva com-
posée de Carbone, Oxygène et Hydrogène, sans pouvoir
_ enétabhir la formule rationnelle, et lui donna le nom de
_ gélose*. Le produit étudié par Paye sous le nom de
Mousse de Chine, était ce que nous citons plus loin
nd Cu ant) 2
re at:
& :
1F.-S. Coruxs. — The Algæ of Bermuda, Proceedings of the
‘American Academy of Arts and Sciences, t. LIT, Cambridge, 1917.
2 Payex. — Sur la gélose et les nids de Salangane, Comptes rendus
de l’Académie des Sciences, t. XLIX, Paris, 1859.
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… 5 LÀ x a, 17 Ÿ +
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A Te is UN | Lil Tee
232 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES
comme Kanten et Thao et que l’on nomme communé- FT
ment À gar-Agar, auquel on donne souvent comme syno-
nyme le nom de gélose, assimilation d’ailleurs inexacte
puisque ces produits commerciaux, bruts ou travaillés,
sont plus ou moins riches en gélose'. ù Riyt
€ Il restait à découvrir l’origine de cette substance,
ajoute Payer ; aucun Lichen, soumis aux expériences qui
auraient pu l’extraire, n’en a donné de traces, maïs je l'ai
rencontrée daus une plante marine connue sous les noms
d'Alque de Java, Gelidium corneum, dont j'obtins un
échantillon de M. le D' Gugcer, par l'obligeante entre-
mise de M. le D' Moxracxe*. » Payex constate que :
de L RÉGIE TEEN RRQ
1H. Monix. — Sur la gélose, Comptes rendus de l’Académie des …
Sciences, t. XC, Paris, 1880, dit « Rare à l'époque où elle fut
signalée, la gélose a été introduite depuis quelques années dans le
commerce en quantité assez considérable pour rendre son emplot
industriel. Expédiée primitivement sous le nom de Ta-6 et désignée
sous la dénomination impropre d’Isinglass, la gélose servait à embal-
ler la porcelaine et les bronzes de la Chine. Matière pour ainsi dire
inutilisée dans le principe, elle n’a pas tardé à recevoir des applica-
tions industrielles dans la préparation des gelées alimentaires et dans
l’apprèt de certaines étoffes ». Comme les gommes, « elle se trans-
forme en acide mucique et oxalique sous Paclion de l'acide nitrique;
elle jouit également de la propriété de dévier à gauche les rayons
de la lumière polarisée, et celte dévialion, sous l'influence des acides
et de la chaleur, devient dextrogyre... »
Voir aussi une Note de Partie ed (Sur la gélose, Ibid., t. XC,
1880), publiée quelques jours après celle de Morw, où l’auteur
altribue à la gélose la formule C6H!10>. |
? En 1859, Moxracxe, botaniste fort expert dans la connaissance
des Algues, était âgé et malade ; je m'explique ainsi qu'il n’ait pas
appris à Paye qu’on pouvait étudier chez nous le Gelidium corneum
commun sur nos côtes. D'ailleurs, MoxraGne, comme tous les cryp=
togamistes de son temps, savait la SrOBI TES des Gelidium de pro-
ee des gelées.
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 299
… « Le Gelidium corneum, débarrassé des substances étran-
gères que peuvent enlever les acides étendus, l’eau
ammoniacale et les lavages à l'eau pure, cède à l’eau
bouillante 58 centièmes de son poids de gélose » dont il
apprécia facilement « l'identité avec le principe immédiat
extrait du produit commercial venu de Chine ». Il re-
trouva aussi la gélose en forte proportion dans un échan-
tillon de Gracilaria lichenoides provenant de l’île Maurice.
« Des recherches ultérieures pourront apprendre, ajou-
tait-1l, si l'on trouverait parmi les Aloues de nos côtes la
matière première de la gélose, HR die de remplacer
dans plusieurs applications 10 fois son poids d'ichthyo-
colle ». Nous avons vu que les botanistes avaient répondu
à cette question avant que Paxex l’eût posée’,
Une quinzaine d'années plus tard, la question de la
gélose fut agitée dans les milieux industriels. En 1875 et
1876, la Sociélé industrielle de Rouen? chargea trois de
ses membres, Ccroüer, Herzmaxx et Reper d'étudier, aw
. {Ch. Broxprau paraissait ignorer le travail de Paxex quand it
donnait le nom de goëmine à la matière gélifiable par refroidisse-
ment que le }ucus crispus fournit par l’ébullition dans l’eau, car 1l
_ne fait aucune comparaison avec la gélose (De la goëmine, substance:
neutre extraite du goëmon (Fucus crispus), Comptes rendus de l’Aca-
démie des Sciences, t. LX, Paris, 1865). Cette substance, dit-il,
« n’est point de la gélatine, ainsi qu’on aurait pu le croire, car sa.
dissolution ne précipite ni par le tannin, ni par l’alun, ni par l’acé-
tate de plomb », mais elle précipite par l'alcool. BLonpeau trouvait
dans la goëmine 2,51 0/, de soufre et 21,36 °/, d’azole. Si, disait-il,
elle est « aussi At que sa teneur en azote semble He
elle pourrait, dans telle circonstance donnée. fournir un supplément
de matière alimentaire qu’il serait facile de se procurer ».
? Bulletin de la Société industrielle de Rouen, 3° année, 18:55 et.
4° année, 1876.
TRE, EP nt FAN ent RS OR EE GERS Eee, RE CAE IE Te OR A TPM PTS, TOR ce RTE
ART Br Lee UNE rt. hr ? NPC D Mg 43 RME e 4 Le
ME OT OT Qi PR 29 TER Eat AL ANES +
> LÉ Le: LT AP CASE
-de bons résultats, on désirait connaitre l'avis des indus-
‘triels rouennais sur son emploi dans l APpetese des co
tonnades.
-aplatis et racornis, d'environ 30 centimètres de longs. Il
-sont autre chose que les plis formés par la dessiccation ».
Ses propriétés paraissent semblables à celles que Paye
reconnait à la gélose.
souple, qui donne plutôt du corps que du raide à la toile
-de coton. La dextrine à 5o grammes par litre donne
moins de force que le thao à 1 °/,. La fécule, même à
25 grammes par litre, donne plus de raide que le thao à
-23/ UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES nid ve
“point de vue des are possibles, une s'aubstanoc, * É
amommée Haï-thao où Thao, fournie par la commission
permanente de l'Exposition des Colonies. et extraite d'une
Algue de Cachinchine’. Certaines applications étaient
déjà connues. Ainsi, jusque-là, le commerce français à
-achetait en Fans les baudruches souples qu ‘em. 5
ploient les batteurs d’or pour réduire ce métal en feuilles
minces ; l’isinglass ou colle de poisson donne à la mem-
‘brane le luisant que le tannage lui enlève, maïs bientôt
J'enduit animal se fendille sous le choc répété des mar-
eaux de bois et la baudruche est vite hors d'usage: or,
un fabricant parisien remplaçait avantageusement l'isin-
glass par le thao. D'autre part, des essais faits à Lyon $-
pour apprèter les tissus de soie avec le thao ayant donné
« Ce produit se présente sous forme de gros Et
se compose d’une matière transparente et incolore, dans
laquelle on remarque un réseau de fibres opaques, qui ne
A F4 le ee fournit, selon Hretcmawx, un apprêt
! D’après la Note de Monix citée plus haut, le Thao ne serait autre
que la Mousse de Chine d’où Pavex relira la gélose,
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 239
: 1°), ; mais la dextrine et la fécule en le tissu plus
| sec, plus dur, et garnissent moins le fil que le thao ; une
addition de glycérine rend encore le tissu moins raide et
Jui communique plus de corps. L'usage du thao, disait
_ Hercuann, serait à recommander surtout pour les tissus
| por où l’on cherche, par dessus tout, la souplesse et la
main plutôt que le poids et la raideur.
_ Puis, Hermann essaya le thao comparativement avec
D. de gomme Sénégal, la gomme adragante et le Chondrus
à crispus La première communique à la toile un toucher
… rude et sec, absolument opposé à celui que donne le
_ thao; le toucher que donne la gomme adragante est plus
us. plus moelleux, et se rapproche davantage de celui
in thao, mais le ne avantage de has est de
garnir et de resserrer pour ainsi dire le tissu, tandis que
la gomme adragante le laisse creux et sans corps.
Le Chondrus crispus, employé à la dose de 3 °/,,
communique à la toile un toucher gras et onctueux,
nayant aucune analogie avec celui du thao ; il donnerait
_ de très bons résultats pour les lustrines, qui pourraient
_ employés jusqu'alors.
Le thao, dit Herzuanx, paraît appelé à un grand avenir
- industriel, comme matière à apprêter les calicots, quand
- il aura perdu ses deux défauts : son prix trop élevé (on le
- proposait alors à 8 francs le kilo) et la teinte jaunâtre
quil communique à la toile, teinte qui persiste malgré
l'azurage et malgré l'addition de poudres blanches telles
que talc, kaolin ou sulfate de chaux.
- Un autre commissaire de la Société, ReBer, conclut de
même et dit en outre : Nous avons remarqué que la disso-
lution du Haï-Thao, qui devient très gélatineuse par le
PAUL ESROUn Dar DE
LE
7
acquérir une souplesse que ne procurent pas les apprèêts
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236 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES Me.
refroidissement, au point de rendre son emploi impossible À
à une basse température, peut facilement être convertie 4
en pâte ressemblant à un empois très court, Par qu simple
passage à travers un tamis un peu serré. Les parties
agglomérées se divisent, ne se prennent plus en gelée par
la suite, et ont plutôt une tendance à se liquéfier à la
longue. Dans cet état, l’apprêt peut-être employé à …
froid, même à une dose de 15 à 20 grammes par litre. à
La même année 1876, la Société industrielle de Rouen
chargeait Hersuanx et Rerer d'étudier un autre produit
commercial proposé sous le nom de Thao français.
« C’est une poudre végétale, préparée avec les Algues de :
nos côtes, soil nn. soit mélangées à d'autres sub- . …
stances. Ce sont probablement les proportions variables
de ces mélanges qui constituent les qualités N® r, 2,3.
de ce produit, qualités dont les prix respectifs sont
4 francs, 4",50 et 5 francs le kilo ». Il se présente sous
la forme d’une poudre grise, grossière, mêlée à des par-
celles plus jaunes, d’une odeur forte et sternutatoire,
rappelant celle des varechs. Le produit se dissout im-
parfaitement et laisse sur le tamis un dépôt volumineux ;
au lieu d'une gelée, il donne un liquide filant. |
Après essais comparaüifs, les deux auteurs estiment que le
thao français ne convient pas pour les tissus blancs et ne
pourrait remplacer le Haï-Thao auquelilesthien inférieur.
HeiLManx a meilleure opinion d’un produit qu'il ap-
pelle « gélose de M. Martineau », fabriqué, sous le nom
d'alquensine, avec des Algues (évidemment des Floridées)
recueillies sur les côtes de la Charente-Inférieure, et
proposé à 3 fr. 5o le kilo seulement‘. On cherchait
1 C’est probablement le même Ed. MArTISEAU qui adressa à l’Aca- “2
démie des Sciences, dans la séance du 17 décembre 1877 (Comptes
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 337
_ d’ailleurs beaucoup à cette époque à extraire des produits
utiles des Algues. Herzuanx dit en effet comme préam-
_ bule : « Depuis que les essais entrepris sur le {hao des
colonies ont fait entrevoir la possibilité de l’employer avec
succès dans l’apprêt des tissus, 1l surgit journellement
de nouveaux produits tirés des Algues ou autres plantes
marines, et qui, sous les noms de thao français, fucus
français, facus japonais, elc., sont destinés à le rem-
placer. Mais je dois dire qu'aucun de ces divers produits
que j'ai essayés n'offrait les caractères particuliers qui dis-
_tinguent le haï-thao et qui le recommandent surtout à
notre attention. Aucun d'eux ne pourrait donc le rem-
placer avec avantage. J'ajouterai même que, quoique les
apprêts fournis par le haï-thao aient été fort goûtés par la
consommation, le prix encore trop élevé de cette matière
viendra forcément en restreindre l'emploi ».
L'A/quensine se présente sous forme de lanières cor-
nées, jaunâtres et transparentes, de l'épaisseur d’une feuille
de papier ; elle se dissout complétement dans l’eau
bouillante. Dans l'eau froide, elle se gonfle d’abord forte-
ment, devient blanche et opaque et se dissout compléte-
ment après 24 heures de macération. De même que le
thao français, elle fournit un liquide filant, transparent et
jaunâtre et non une gelée épaisse comme te haï-thao. Ses
qualités comme apprêt sont approximativement les mêmes
que celles du haï-thao; pour qu'elle trouve un emploi
| utüle, :l faudrait toutefois qu'elle fut débarrassée des ma-
tières étrangères qui l’accompagnent et qu’elle produisit
rendus, t. EXXXV), « des échantillons de sulfure de carbone et de
sulfocarbonate de potasse, fixés à l’état solide dans un mucilage
extrait des {Algues marines ». L'Académie décida le « renvoi à la
Commission du Phylloxéra »,
PROS TL 2
C9
238 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES nô
un mucilage moins coloré et plus transparent : g a pour-
et
rait alors remplacer avantageusement le thao.
té e
y
Le bas où d'autres produits similaires d Extrême +
Orient, trouvaient aussi un emploi moins légitime dans
une autre sorte d'industrie. On. Ménien, de Nantes t, en me
examinant au microscope des confitures de groseille li- “4
vrées par une grande fabrique de Paris, reconnut que la 158
consistance gélatineuse de ces confitures était due à des ÊE
Algues, comme en témoignait la présence d’une Diatomée
des mers orientales, l’Arachnodiscus japonicus ; il retrouva
la inême Diatomée dans un produit employé dans l’in- 1
dustrie sous le nom de Colle de Chine ou de Colle dx
Japon, et en conclut que la susdite gelée de groseille était 1
fabriquée avec cette colle. Continuant son analyse, ilre-
connut que la matière colorante était due à la Cochenille-
et à la Rose trémière décélée par ses gros grains de pollen, 4
ES le sucre était du glucose introduit dans la proporhon” 7
de 30 °/,, et que l'acide tartrique donnait l'acidité néces- ‘3
saire, ne
Cu. Méxier ajoutait que la col du Japon serait pour <
les Diatomistes une source aussi facile que précieuse à ex= "3
plorer. Il la croyait fabriquée avec toutes les Algues du
litoral japonais susceptibles de se transformer en gélose.
-*
Du moins, il y trouvait des débris appartenant à un cer-
tain nombre d’Algues très différentes, qu En. Borne
jugeait susceplibles de recevoir une détermination pré- À
cise. 7)
1Ch. Ménier. — Falsification de la gelée de groseille du commerce 2
dévouverte par les Diatomées, Journal de Médecine de l'Ouest, Nantes. 14
1859 de cite ce travail d’après le compte rendu publié di le But. 2
letin de la Société botanique de France, t. XXVI, Paris, 1879. …
| | UTILISATION ANDUSTRIFLLE DES ALGUES ROUGES 23G-
; 0 : ce travail de détermination des débris non déna-
année yo. On ae ne dit-il, ” Chine et du
Japon, sous le nom de 7jintiow ?, une substance que les.
Anglais, bien qu’ils connussent son origine végétale, nom-
> maïent Japanese isinglass, c'est-à-dire ichthyocolle japo—
nais, pour rappeler ses usages et ses caractères extérieurs.
_ 1 proposa, sans succès, de l’appeler phycocolle. Elle arri-_-
: vait en Europe sous forme de baguettes ou de lanières.
- Mancnaxn en obtint d’un entrepositaire qui la lui indiqua.
_conime fournie par le Gloiopellis denax.
Or, la colle livrée parles japonais, en baguettes ou en.
_ lanières. est un produit manufacturé. Tandis qu'il était.
| guide il a vraisemblablement été passé à travers un.
tamis ou un filtre grossier ; à part les Diatomées ou
dr autres Algues microscopiques, on ne trouvera donc plus.
_ dans la masse que de minuscules débris dont la détermi-
_ nation, véritable travail de bénédictin, exige beaucoup de
_ savoir et de patience ; l’auteur ne pouvait l'entreprendre
sh édité ù : és ee % 7
F. qu’ avec l’aide d'un homme aussi érudit qu'En. Borxer.
4 £t encore, ce travail est-il décevant. Les pêcheurs Japonais -
3 | à ’ h , , ; PET
“1e 1 Léon Marcmaxn. — Note sur la Phycocolle ou gélatine végétale :
4 produite par les Alques, Bulletin de la Société botanique de France,
Er:
A dut
+ XX VI Paris 1850.
: 2 On remarquera Îa ressemblance de consennance entre ce mot.
A Tjintiow donné par des Anglais à un produit extrait d’Algues Flori-_
+ dées, et le nom de Clhin- se que DesEaux (Voy. Chap. v), em-
a ploie pour désigner un produit alimentaire fourni par des Lami-
…._ naires. Or les deux produits ne peuvent être identiques et ne portent
4 vraisemblablement pas Île même nom en langue chinoise. TurxER
F2 rapporte aussi (Fuci, pl. 163), d'après Fe que Île Chinchou ou
gelée de Chine «st probablement fabriqué en partie avec le Fucus-
_saccharinus (Laminaria).
dép és
… Her
> STE
240 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES
eneffet, chois'ssent FR et les Algues : à emploÿér,
mais, a priori, ils les choisissent comme on cueille chez
nous le Lichen Carragaheen, en l'arrachant mélangé à
toutes sortes d'impuretés dont un triage ultérieur n'en-
lève qu’une partie. Or, si la fabrication du mucilage est
convenablement conduite, l'examen microscopique du
produit commercial décélera plutôt les impuretés incom-
plétement transformées pendant la fabrication que l'es-
pèce ou les espèces essentielles, dont peu de chose doit
persister. Malgré ses difficultés, le travail de Marcranp
avait donc une portée très limitée; néanmoins, comme
on le voit fréquemment cité, je dois m'y arrêter. Outre
diverses Diatomées, et en particulier l’Arachnodiscus si-
onalé par Méxter, l’auteur énumère treize espèces d’Al-
gues dont la plupart, à cause de leur nature ou. de leur
taille, ne pouvaient être que des impuretés sans impor-
tance ; il en trouvait « un grand nombre d'autres, mais
leurs débris étaient trop endommagés pour être recon-
naissables ». Toutefois, trois d’entre elles attiraient son
attention, le genre botanique auquel il les rapporte ren-
fermant des espèces connues pour leur propriété de géla-
tinisation. C’étaient les suivantes :
6° Endocladia vernicala J. Ag. Mais l’auteur de l’es-
pèce, J. Acarpn’, la cite seulement du Brésil, et le re-
levé des Algues japonaises, fait par De Toxr?, ne la men-
tionne pas. De Tor cite deux Endocladia : E.complanata
1J. Acarpn. — Species, Genera el Ordines Algarum, t. VIT, Epi-
crisis, Leipzig, 1870, p. 599.
2J.-B. De Ton. — Alghe marine del Giappone ed 1sole ad esso
appartenenti, Memorie del R. Istituto veneto di Scienze, Lettere ed
Arti, t. XXV, Venise, 1895.
UTILISATION INBUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 941
Harv. et £.rigens Grun., qui, pour J. Acarpx, sont in-
suffisamment connus. :
7° Gloiopellis tenax (Turn.) J. Ag. dont Turxer con-
_ naissait les propriétés.
8° Gelidium polycladum Kütz. Il est difficile de savoir
ce quest cette espèce. MarcnanD rapporte les fragments
de Gelidium, qu’il a rencontrés, au G. polycladum Sonder
herb., dessiné par KürziwG dans ses Tabulæ phycologqicæ
+. AIX, pl. 24, fig.d. Kürzine était prodigue d’espèces plus
ou moins bien caractérisées qui ont causé d’inextricables
confusions ; or, sa même planche 24 représente aussi un
G.lripinnalum, d'après le même herbier Sonder; les
deux espèces paraissent si semblables que Marcraxp fut
sans doute influencé dans sa détermination parce que la
première provenait du Japon et la seconde des Indes oc-
cidentales. Le Sylloge de De Tor (vol. IV, p. 146)
donne ce G.polycladum Sond. en synonymie du G.crinale
Lamour., qui vit sur nos côtes de France, et je soupçonne
une confusion avec un autre G.polycladum Kütz., de
l’Adriatique, figuré dans le vol. X VILF, pl. 55 des Z'abulæ et
qui, pour Hauck, étaitune variété polycladum du G. crinale.
D ailleurs, De Toni ne cite même pas cette espèce dans sa
Révision des Algues du Japon. Cependant, MarcranD a
comparé les fragments retirés de son Tjintiow avec un
échantillon japonais de l’herbier Thuret ; il a trouvé ce-
lui-ci constellé de cet Arachnodiscus « qui se rencontre
en si grande quantité dans la phycocolle ».
Le genre Gelidium entre certainement pour une part
importante dans la fabrication de cette colle, mais le nom
spécifique de polycladum s'applique vraisemblablement à
plusieurs des espèces utilisées. Les Gelidium de nos côtes
cèdent leur gélose par la cuisson en conservant leur as-
pect extérieur ; si Res Gelidium t japonais ont de ps pro- 208
priété, il n’est pas surprenant que des fragments, .
minables génériquement, se retrouvent dans les produits |
commerciaux - MEET
Des fraudeurs continuent à Pres de L'éne dans à
certaines confitures, mais ils ont soin de le filtrer à
chaud, sur papier, avant de l'i incorporer, et les Disons
soon sont plus rares qu’au temps de Mémen et de
MarcranDp; l’adultération se reconnait CÉpERES Per la
méthode chimique. | +1
es
Ed
=
Surrx et Davipsox nous ont documentés sur la fabri-
cation de deux produits que l’industrie japonaise retire de.
diverses Floridées, le Funori(glu marine ou Seaweed qlue
des Anglais) et le Kanten, pius connu sous le nom ma-
lais d'A gar -A ar, dont le Tjintiow de Marcnanp et Le :
Thao expérimenté à Rouen sont sans doute des variétés,
sinon la même chose. |
D'après Surrn, Funorti signifie : « matière pour raïdir
les tissus ». On fabrique le produit depuis le xvu£ siècle,
et les principaux centres se trouvent dans le sud de l'em-
pire, Osaka, Nagasaki... elc. ; on le vend en paquets de
feuilles roulées qui sont des Algues blanches et soudées
entre elles. Par la cuisson dans l'eau, le consommateur
le convertit en mucilage plus ou moins épais, utilisé pour
l'apprêt ou l’empesage des tissus, pour le glaçageet l'ap-
prêtage du papier, comme enduit pour les murs, dans la
décoration de la porcelaine... etc., autrement dit, ses.
usages sont ceux de notre Carragaheen ; on l'expédie aussi
en Ë urope. = 4
Le Funori est préparé surtout à l’aide de deux pete ra
Floridées du genre Gloiopellis, G.coliformiset G.intricata,
$
«
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 243
. auxquelles il faut vraisemblablement ajouter le G.tenax.
L. La récolte se fait en toute saison d'après Surrx, de no-
…_ vembre à mai d'après Davinsow, par des plongeurs, ou à
. l’aide de dragues ou de crochets longuementemmanchés.
_ Après lavage à l’eau douce, la plante étalée en couche
. minceest pétrie avec les mains et avec les pieds ; les brins
adhèrent les uns aux autres, en feuilles d’une dimension
traditionnelle que l’on expose ensuite à l'air et à la lu-
mière en les arrosant de temps en temps jusqu’à leur
complet blanchiment. Aux Glotopellis, on ajoute aussi
divers Chondrus, Grateloupia, Gymnogongrus, genres
dont divers représentants vivent sur nos côtes, et la ma-
_ tière obtenue diffère probablement peu de notre Carraga-
heen commercial ou de ce que l’on pourrait fabriquer
avec le Carragaheen. Suiru et Davinsox consacrent l’un
et l’autre un paragraphe distinct au Funori et au Kanten,
comme s'il s'agissait de deux produits très différents ; le
premier ne subirait qu'un commencement de préparalion,
_ serait constitué d’Algues pétries, tandis que le second,
qui est un extrait d’Algues, demande des manipulations
- complexes ; toutefois,- certaines des espèces employées
pour leur confection sont communes aux deux. Sazre et
. C*, qui disposaient de renseignements originaux, disent
- même que les qualités inférieures d'Aloues « ainsi que
les déchets provenant de la compression des balles, sont
__ désignés sous le nom de funori et servent à faire une
colle d'Algues utilisée pour la fabrication de papiers sou-
_. ples et résistants destinés à confectionner des parapluies,
…. des lanternes, etc. » D'après ABpeRHALDEN ‘ la mousse du
- Japon ou Gloiopeltis coliformis fournit un mucilage épais
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244 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES
ne se prenant pas en gelée par le refroidissement ; om
comprend ainsi pourquoi le Funori décrit par Smiru eë
par Davipsox se vend en feuilles d'Algues soudées entre
elles et non en extrait. D'ailleurs, d'après Smiru, 100
établissements japonais fabriquaient du Funori en 1908,
et 500 établissements fabriquaient du Kanten; des pro-.
duits préparés dans un aussi grand nombre d'usines, avec
des Algues qui croissent nécessairement en mélange, ne:
sont évidemment pas identiques.
Le terme d’Agar-A gar, ou simplement À gar, a prévalu
chez nous sur celui de Kanten pour désigner le produit
fabriqué que les Japonais consomment en grande quan-
tité et qui fait l’objet d'un important commerce avec
l'étranger. Les rapports de Suirx et de Davipson décri-
vent sa préparation industrielle et cependant certains dé-
tails restent obscurs. Ces rapports ont été longuement
analysés par Penror et Garix, Rapais, H. Sazze et Ci°;
je résume cette préparation.
On fabrique le Kanten depuis le milieu du xvan° siècle;
son nom signifie « temps froid » et rappelle que sa fabri-
cation réussit le mieux de décembre à février. On le fait,
disent les auteurs, avec des Algues du genre Gelidium et
particulièrement avec le Gelidium corneum récolté par
des plongeurs ou à l’aide de crochets ou de filets trai-
nants, de mai à octobre, les mois de juillet et août étant
les plus favorables. Après dessiccation à l’air, on le bat
pour le débarrasser des corps étrangers (coquilles, Coral-
lines, grains de sable), puis on le lave à l’eau douce ; ex-
posé de nouveau à l'air par un temps chaud, la lumière
et la rosée le blanchissent. On le fait cuire durant plu-
sieurs heures dans des cuves contenant plusieurs milliers
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«
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES - 249
de litres d’eau douce, chauffées à feu nu ou par des tubes
de vapeur ; on met environ 1 kilo d’Algues sèches pour
05 à 69 litres d’eau ‘. L’épais mucilage produit est passé
à travers des chausses de toile grossière; la décantation
_ sépare les différentes qualités de la matière qui se prend
_ en masse par le refroidissement ? ; on l'appelle alors To-
koroten. Les manipulations ultérieures ont pour but de
donner une présentation commerciale, de purifier et de
sécher le tokoroten. La masse solide est coupée en ba-
_gueltes ou comprimée sur une passoire comme de la pâte
de macaroni. Les dernières opérations, qui se font dehors
et pär un temps froid, sont les plus délicates. L'endroit:
choisi est exposé à certains vents favorables ; l'air doit
être sec et assez froid pour produire une congélation de
l'eau et une rétraction du tokoroten, mais une température
trop basse diminue sa qualité ; lorsqu'ensuite la tempéra-
ture s'élève, la glace fond, l’eau exsude hors de cette gé-
_ latine entraïnant les substances organiques et inorganiques
solubles et la dessiccation se continue au soleil. Geciest ré-
_ pété plusieurs fois jusqu'à ce que le tokoroten devienne
incolore et insoluble dans l'eau froide ; c’est alors le kan-
ten. La brochure de Sazre et C'° expose des vues de ces
ateliers de plein air où le paysage est tout blanc de neige;
la neige est en effet une circonstance favorable, car le vent
alors n'apporte pas de poussières qui pourraient souiller
la marchandise.
_ Ge procédé de fabrication est le plus ancien et le plus
1 La proportion varie, dit-on, suivant l’état de l’atmosphère : cela
signifie, je suppose, que la plante séchée est hygrométrique et que
l'opérateur tient approximativement compte de l’humidité absorbée,
211 semble que la centrifugation remplacerait avantageusement la
décantation.
246 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES |
répandu ; d’après Marsur, il en existe d’autres, pour la Eee.
plupart brevetés . k ie.
Les auteurs énumèrent plusieurs espèces d° ARE qui
entreraient dans la composition du kanten. Sur citait
seulement le Gelidium corneum, qui serait l'espèce prin- | “4
cipale, et, chez les auteurs français, l'on retrouve ce nom 3 e
allié à celui d’autres espèces Or, le nom corneum est =
plutôt un collectif. Les Gelidium sont de détermination
spécifique fort délicate sinon incertaine. Le conan 2
G.corneum Lamour., antérieurement Fucus corneus Huds.,
était d'aspect si inconstant que, sur nos propres côtes, on
en décrivait de nombreuses variétés. Puis, une étude plus.
minutieuse sépare de temps en temps une de ces variétés
comme espèce indépendante, si bien que, peu à peu, le |
nom de G.corneum s’appliqua surtout à des individus
mal caractérisés, trahissant ainsi l'embarras de l’auteur à
les rapporter à telle ou telle des anciennes variétés élevées
à la dignité d'espèce ; encore d'un usage commode, il a
tant perdu de son ancienne signification qu'il ne figure
même plus dans le Sylloge de De Tor. La plante des mers
orientales a sans doute subi les mêmes avatars que celle de
chez nous. Par suite, si, dans une étude des Algues pro-
ductrices du kanten, on cite plusieurs Gelidium, ne G.cor-
neum ne doit pas être considéré, il me semble, comme
l'un des principaux générateurs de gelée, mais seulement
comme ayant la signification d'espèces incomplètement
déterminées, La figure 19 représente, en demi grandeur
naturelle, la plus grande espèce de Gelidium de nos côtes,
! Hidesaburo Marsur. — Chemical Studies in some marine Algz,
chief Material of « Kanten », Journal of the College of D ue
4. V, N° 4. Tokyo, 1916.
À mn
baie LS * Eu 2 À
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 2/7
. qui constitue de volumi-
_ neuses touffes accessibles
seulement par les grandes
marées. Turxer, qui la
connaissait d’après des
exemplaires récoltés à Ca-
dix, car la plante était en-
__ core inconnue sur les
- bords de la Manche où
elle est rare, la considé-
‘rait comme une variété
sesquipedalis du G. cor-
neum ; Tuurer l’a élevée
au rang d'espèce sous le
nom de G. sesquipedale,
et la figure 19 donne une
__ idée générale des autres -
espèces du genre.
k L'espèce la plus recher-
__ chée, G. Amansiü de La-
MOUROUx, ou l'enqusa des
Japonais, est botanique-
._ ment connue depuis long-
temps ; OKamurA, l’habile
iconographe des Algues
- du Japon, en a récemment N
- publié plusieurs dessins! |
C'est, dit-il,une abondante
plante vivace, cespiteuse,
Fig, 19. — Gelidium sesquipedale Thur.
1
: D — Îcones of y, brin séparé d’une touffe volumi-
Japanese Algæ, Vol. IfT, Tokyo, neuse, récoltée à Guéthary en avril.
1913, pl. 106. — 1/2 gr. natur. |
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248 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES Ms
à
haute de 10 à 25 cm., croissant eu le niveau “de mie E
marée je à une rie de 5 à 14 pieds, suivantles
stations! ; sa forme étant très variable, des individus isolés
An être pris pour des espèces FER Elle est
amplement utilisée pour la fabrication du kanten; et, si
je ne me trompe, c'est la seule espèce de Gelidium men-
tionnée dans les /cones pour laquelle l’auteur donne cette
indication. On supposera néanmoins que d'autres Gelidium
sont cueillis simultanément et pour le même objet, vo-
lontairement ou non. C’est nécessairement le cas du G.pa-
cificum Okam. (/cones, pl. 126 et 127), haut de 15 à
20 cm., parfois de 30 à ho cm., vivace comme le.
G.Amansu, mais plus robuste ; il lui ressemble beaucoup,
dit l'auteur, et croît souvent près de lui; les anciens au-
teurs le confondaient aussi avec le G.cartilagineum, dont
le mode de ramification est différent. Un autre Gelidium,
découvert et nommé par OkamurA G.subcostatum ?, se dis-
tingue des autres espèces du genre par la présence d’une
nervure saillante ; il croît sur les pierres, dans l’eau pro-
fonde, et atteint souvent ou dépasse 1 m.; une paraille
taille doit tenter les plongeurs qui récoltent les matériaux
de fabrication du kanten. J'ai déjà parlé de l'espèce dou-
teuse G. polycladum Kütz. ; le G.eleqgans du même Kür-
ANG est tout aussi problématique. Enfin le Pterocladia
capillacea, commun aussi en Europe, et très voisin des
1 La plante qui vit à une certaine profondeur est, dit-on, plus
estimée que celle de mi-marée ; c’est sans doute parce qué, au Japon
comme chez nous, les épiphytes sont plus nombreux sur les plantes
intercotidales que sur celles de la profondeur et apportent dés: ins
retés dans la fabrication.
2Fr. Senwrz. — Neue japanische Fiorideen von K. Okamura,
Hedwigia, vol. XXXIIL, 1894, et Orauura, Icones, vol. I, pl. 46.
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Pen
ré
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 249
_ Gelidium. est sans doute récolté pour le même usage ;
OKauurA en a donné plusieurs dessins (/cones, vol. II,
pl. 115). À la même famille des Gélidiacées appartient
l'Acanthopeltis japonica Okam., plante de forme bizarre,
abondante sur les parties chaudes de la côte du Pacifique,
haute de 5 à 20 cm., dont les rameaux plats, larges et
pour ainsi dire peltés, enserrent l’axe et les branches ‘ ; ses
rameaux très rapprochés abrilent de nombreux épiphytes,
Éponges, Bryozoaires, Algues calcaires qui la rendent
méconnaissable et gâtent vraisemblablement la qualité
du kanten qu’on en relire.
Le Campylæphora hypneoides J. Ag. ou Yego-nort est
aussi très recherché. On Île prenait autrefois pour une va-
riété du Ceramium rubrum. Haute de 10 à 20 cm., cette
curieuse plante constitue, vers 4 à 6 pieds de profondeur,
de volumineux amas enchevêtrés sur les branches des
Sargassum grâce aux crochets recourbés en hameçon,
comparables à ceux de notre //ypnea musciformis, et qui
terminent ses rameaux principaux ; SURINGAR ?, puis OKA-
murA (/cones, Vol. If, pl. 70), l'ont représentée.
L'Eucheuma spinosum (E.dentliculatum Collins), Algue
de forme bizarre et principal producteur de l’agar de
Java, se rencontre aussi au Japon” OKauura l'a figuré
({cones, pl. 6r et 62), mais son texte anglais le concer-
nant se réduit à l'explication des dessins, tandis que son
texte japonais est beaucoup plus étendu ; j'ignore si la
fréquence de la plante en permet l'exploitation.
Les côtes du Japon abritent encore bien des Algues, et
tK. OKamura. — Illustrations of the marine Algæ of Japan, Tokyo,
tO0r; DE Ü-
2W.-F.-R. SurinGar. — Algæ Japonicæ musei botanici lugduno-
batavi, Harlem, 1870, pl. 14. | |
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250 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES
Po S
en pa rticuher divers Choruel Chad Cyan, etc. ; 15
qui, a priort, fournissent de la gelée. D'ailleurs, le véri-.
table Tenqusa étant moins commun qu autrefois par
suite de son ex ploitation intensive, ces différentes espèces
sont mélangées à lui dans Ja fabrice en proportion
variable suivant le soin apporté à la récolte ou au triage,
suivant qu'elles sont plus ou moins abondantes sur telle
ou telle côte, ou suivant les usines, et ces mélanges
concourent à expliquer les diverses qualités du kanten.
D'après l'analyse d’un Mémoire de Yoiïchiro Takao
{Sur quelques Alques marines qui sont employées à la fa-
bricañion de l'Agar-Agar, Yakugakuzasshi, 1916), pu-
bliée dans le Journal de pharmacie et de Chimie, t. XV,
Paris, 1917, les principales Algues marines exportées de
Formose pour la préparation de l’agar, soztles G. Amansu
Lam.. G. pacficum Okam., G. subcostatum Okam.,
G. Japonicum Okam., Pter ce capillacea Born. et Thur.
Le mucilage des trois premières donne une coloralion
violelte avec l’eau iodée, réaction qui fait défaut avec
celui des deux autres. Par hydrolyse, toutes ces espèces
donnent du galactose, de petites quantités de fructose et
FRA par derdshonr elles donnent de l'acide mu-
cique, mais pas d’ acide saccharique. |
L'agar-agar a des usages multiples. Au Japon, les
meilleures qualités sont employées pour la préparation
de gelées culinaires, de plats sucrés. On s’en servait aussi
en Europe pour le même usage, lorsque le prix élevé des
œufs pendant la guerre a récemment contribué à en pro-
pager l'usage dans les familles ; on vend sous des noms
variés des poudres composées d’agar, de chocolat, etc.,
qu'il suffit de jeter dans le lait bouillant pour obtenir
gl M. D'OMN Lie ne A
RSR D ESS JE RPE CE PES
r:
2
4
+
| UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 297
=. |
après refroidissement une préparation ferme et consis-.
tante servie comme entremets. On dira au chapitre sui-
_vant son usage médicamenteux.
_ Les LR moins fines, en remplaçant les empois:
et les gommes, servent dans le façonnage des papiers, des
_étoffes ; l’agar rend aussi des services pour certains procédés.
de moulage. Enfin, tous les laboratoires l'utilisent mainte-
nant, sous le nom de gélose, comme support solide des
matières nutritives qu'on y incorpore pour la culture des
_microorganismes à des températures que la gélatine ani-
male ne supporterait pas sans fondre ; on recommande
généralement la dose de 15 grammes par litre d’eau,
_et tous les traités de Pau donnent les procédés de
préparation.
On hit dans la A de SALLE et Ci°, imprimée en-
- 1910 où 1911 : « La vente de Po . en France,
suit forcément Le Se du marché et cette drogue-
qui, en 1900, était vendue 4°,75 est tombée à 3,30 le
kilo en 1904 ; depuis, son prix monte graduellement et:
après avoir élé cotée 3",90 en 1909, elle vaut actuelle-
ment 4,50 ». Les prix ont beaucoup monté pendant la:
guerre ; en 1919, le commerce de gros la vendait 20 francs-
le kilo.
Pour préparer des mucilages ou des gelées à l’aide
d'Algues indigènes, on n'utilise guère en Europe que le:
mélange de Chondrus crispus et de Gigarlina mamillosa ;
cest le Fucus crispus des pharmaciens, appelé aussi-
Mousse d'Irlande (Irish moss des Anglais), Petit goémon,
Goémon frisé, Goémon blanc, Lichen Carragaheen (qu’on:
écrit aussi Carragahen, Car ue. Carrageen, Carraï-
gen) nommé parfois simplement Lichen, comme sur les
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292 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES
côles de Bretagne et dans le commerce de la droguerie. Il
ne faut pas le confondre avec la Mousse d'Islande ou Lichen
d'Islande, qui est un vrai Lichen, Cetraria islandica.
Ces deux Algues croissent plus ou moins mélangées
sur les rochers qui découvrent à basse mer, en touffes
isolées ou en gazons plus ou moins étendus, hauts de
quelques centimètres, atteignant même une quinzaine de
centimètres ; on les trouve toute l’année; elles abondent
en Bretagne, plus encore sur la côte britannique et parti-
culièrement en Irlande. Leur coloration varie beaucoup,
surtout celle du Chondrus; elle est d'un pourpre foncé
ou pourpre brun quand la plante reçoit une lumière atté-
nuée ; en été, dans les stations bien éclairées, elle est
d’un vert aussi clair et aussi net que celui d’une Chloro-
phycée; on trouve naturellement toutes les leintes inter-
médiaires. Lorsque, à mer basse, le Chondrus de teinte
purpurine reçoit, dans l'eau, directement les rayons so-
laires, ses sommets brillent d’une merveilleuse irides-
cence azurée qui cesse dès que la plante estretirée de l’eau
ou qu’élle n’est plus directement ensoleillée.
La forme du Chondrus est aussi variable que sa teinte :
Lamouroux l’appelait C. polymorphus et les nombreux
dessins qu'il lui a consacrés montrent ses extraordinaires
varialions'. Les formes les plus accentuées avaient recu
autrefois un nom de variété, comme celles du Gelidium
corneum, mais tandis que celles-ci, mieux étudiées, sont
maintenant interprétées comme des espèces distinctes, les
algologues ont à peu près renoncé à mettre de l’ordre
dans les formes de C. crispus et abandonnent générale-
! Lamouroux, — Dissertalions sur plusieurs espèces de Fucus, peu
connues ou nouvelles, Paris, 1805.
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à “ent Fe anciennes désignations des variétés. La in re 20
2 Hpréente cinq formes; je l'ai empruntée à DaRBisire,
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: Fig. 20. — Chondrus crispus Stackh.
& Diverses formes de la plante à l'ile de Man, d'aprés les dessins
de O.-V. DarBismiRe, — 1/2 gr. natur.
auteur d'une monographie de l'espèce‘, parce qu'il les a
_ récoltées en une même localité (sud de l’île de Man) et
__ 1Oüto V. Darmisuire. — Chondrus, Liverpool ! marine Pics
Committee Memoirs, t. IX, Londres, 1go2.
d-
FR Utilisation des algues marines, | 19
L'dher > as A 22 7 , + \n NE + CU PL dei y" re th N'HFL: FR A on LÉPTÉ PE. > ARE CR ” +
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254 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGE
4
presque le même jour; d’ailleurs, des individus dontle
sommet, bien plus ramifié que sur le dessin À, n’est plus
dessinable directement, ne sont pas rares ; on ditqueles …
frondes larges se rencontrent dans les stations élevées et
abritées, plus encore dans les estuaires, et que les frondes
grêles vivent au niveau inférieur, particulièrement sur les
rochers battus par la mer ouverte, mais ce n'est pas une
règle absolue. D'un disque fixateur, s'élèvent plusieurs
frondes dressées ; la base de chacune, d’abord étroite et
plus où moins cylindrique, s’aplatit et s’élargit progressi-
vement en lame mince et se ramifie en éventail dans un
même plan par bifurcations sucessives ; toutefois, on ne 1
peut généralement pas l'étaler sans que les branches se
recouvrent l’une l’autre, car elles sont parfois tellement
nombreuses qu'elles constituent un ensemble très touffu. e
Les organes reproducteurs forment de légères proémi-
nences plus foncées sur les dernières ramifications. :
Le G. mamillosa (fig. 21) doit son nom spécifique aux À
nombreuses proliférations sphériques, ou ovales ailon- |
gées, ou plus ou moins pédicellées qui couvrent une de
ses faces ou quelques points de l’une de ses faces. Ces :
proliférations sont stériles, ou renferment des organes
reproducteurs, ou même deviennent de vrais rameaux ; la
plante est alors facile à distinguer du Chondrus. Quand
elles manquent, le Gigartina se reconnaît à la courbure ;
en gouttière du thalle, bien qu'elle n’affecte pas toujours
toutes les branches. Néanmoins, la distinction des deux #4
espèces est parfois difficile sur des exemplaires du com-
merce blanchis par un trop long séjour dans l'eau; pour
reconnaître des exemplaires secs, non blanchis, 1l est
souvent utile de leur rendre leur forme normale en
les mouillant. Enfin, bien des individus de prim-
fi
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 255
_ temps, encore jeunes, manquent entièrement de proli-
_ férations.
Fig, 21, -— Gigarlina mamillosa, J, Ag.
Diverses formes de la plante d’après des individus récoltés en novembre,
à Roscoff, — :/29r. nature
Dans la drogue industrielle ou pharmaceutique, connue
sous le nom de Lichen, les deux espèces sont toujours
mélangées, car les collecteurs les ramassent indistincte-
256 UTILISATION. INDUSTRIELLE DES ALGUES Ro
SEE TU ER RES QE AE UE PODES D
, à j D n A
ment, mais en en arlles avec . ont la
FRE
station, la localité. LASER
Le liches fait l'objet d'un commerce Sato os
tagne‘, aux iles de Noirmoutiers, d’ Oléron, etc. D'ar prè
P. Gzosss, on en récolte en France environ 2 000 tonnes:
par an. Réglementée comme celle du goémon de coupe, 4
sa noie S ‘effectue Eee la belle saison, du a mai au
UE à ïs main ou coupent les touffes de « LÉ », .
en remplissent des sacs ou des paniers qu'ils montent
sur la grève pour le faire égoutter. Ils se hâtent, car les
heures favorables ne sont pas longues et la concurrence
est parfois vive, aussi le lichen Re mélangé : le
sortes d’impuretés ; après uu triage grossier, on le trans-
porte sur des brouettes, des ânes ou des barques, dansun
endroit où on l'étale à l’air libre, après l'avoir lavé, à
l'eau douce si l’on peut, lavage qui facilite la dessicca-
tion et le blanchiment. Celui-ci se fait d'autant mieux
que le Carragaheen reçoit plus de soleil pendant le jour,
plus de rosée pendant la nuit ; une pluie légère, suivie de
quelques heures de soleil, Active le blanchiment, surtout
si elle survient lorsque la plante a déjà commencé à
changer de teinte, mais une pluie trop longue outrop
violente endommage la plante, fait fondre les extrémités
jeunes qui deviennent gluantes et ensuite ne sèchent plus "
que lentement ; le Chondrus crispus en souffre plus, 4
semble-t-il, que le G. mamillosa. En septembre, j'a
si
4 1e Mt
F. Guécuex. — Le Curragaheen : ses emplois pharmaceuliques et : 3
industriels et sa récotte en Bretagne, Bulletin des Sciences pharmaco-
logiques, t. X, Paris, 1904. | jt
ne be E CC EU Be en AT tee, L'NAR..
En Ve DER PSE UE ï
“ | ES ER T fe Ag EE. >
Poe INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 257
nié des de on. ee athée cueillies ;
. chaque jour, je les retournais avec soin ; elles reçurent
_ quelques petites pluies, et, après une dizaine de jours,
… tous les individus étaient entièrement d’un blanc d'ivoire,
- quandils étaient humides ; les sommets étaient inaltérés ;
_ un droguiste compétent m'a dit navoir jamais vendu
_ d'aussi FR Lichen. En séchant, la plante jaunit, prend une
_ consistance cartilagineuse et finalement devient cassante.
_ En mai, j'ai exposé sur la terrasse du Laboratoire, de
Banyuls (P yrénées-Orientales) du Carragaheen recueilli
à Roscoff ; à cause du vent, je dus le fixer en petits pa-
…. quets sur une toile grossière et, comme aucune rosée ne
…_ se déposait pendant la nuit, j arrosais les paquets deux ou
trois fois par jour; les parties superficielles n’ont pas
S- tardé à blanchir, mais, aprés trois semaines, les parties
h- profondes en contact avec la toile avaient à peine modifié
leur couleur, bien que le soleil fut très vif dans la journée,
- ce qui montre bien la nécessité de remuer et retourner la
: 74 plante. D'ailleurs, l'année précédente, du Carragaheen
exposé pendant plus de deux mois d’été dans un me de
; Bordeaux avait très incomplètement blanchi, bien qu'il
fut retourné de temps en temps; l'expérience répétée
l’année suivante hors de ville, en avril et mai, sur un
espace bien exposé, a parfaitement bien réussi en une
quinzaine de jours. D’autres espèces d'Algues rouges,
comme le Gigartina pistllata, le G. acicularis, le Gymno-
gongrus palens, etc. aussi vertes que le Chondrus crispus,
sinon presque blanches quand elles croissent sur des
| rochers exposés à la pleine lumière, et qui possèdent aussi
+ la propriété de gélatinisation, se comportent exactement
- de même quand on les fait blanchir à l’air, et subissent les
258 « UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES
mêmes no berne quand la pluie les mobi Han Le. 2
Rhodymenia palmata blanchit facilement sans se gélifier. TER
D’autres, comme l'Halopithys pinastroides noircissent. * :
Les récoltants vendent le Carragaheen blanchi à des
négociants en gros ; le blanchiment se complète parfois 4 à
par l'exposition aux vapeurs d'anhydride sulfureux. La
qualité n'est pas uniforme ; la meilleure est composée
d'individus à brins plus fins et plus propres ; la dernière
se compose de plantes larges mélangées à une forte pa
portion d'impuretés. Let 4
En Irlande, on en récolte plus qu'en France. Les Etats-
Unis sont aussi un pays producteur. D'après Sur,
toute la mousse d'Irlande utilisée aux Etats-Unis jusqu'en *.
1835 s'importait d'Europe et se vendait un prix très
élevé (r à 2 dollars la livre) ; on s'aperçut alors qu'elle
croît en abondance sur la côte du Massachusetts ; on
l'exploita aussitôt et elle donne lieu à un commerce d’une
certaine importance en particulier à Hingham (d’après.
Farcow). Comme chez nous, les deux espèces sont mé-
langées.* D’après Suirx, une petite partie seulement se
récolte à la main, la plus grande partie à bord de ba-
teaux, à l’aide de râteaux spéciaux munis d'un manche
long de 15 pieds et dont la tête, large de 12 à 15 pouces,
porte 24 à 28 dents longues de 6 pouces; ce mode de
récolte indique l’abondance de la plante en larges gazons
sur des rochers plats, et je ne connais guère d'endroits, en ee.
Bretagne, où il serait praticable, Cette abondance est #
d'ailleurs assez inégale et varie selon les années. Le
Hugh M Sauira. — The uiilizalion of seaweeds in the United %
States, Bulletin of the Bureau of Fisheries, t. XXIV for 1904, Eee:
Washington, 1905.
262
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 299
_ Carragaheen d'Amérique est, dit-on, supérieur en qualité
_ à celui de Bretagne parce qu’il est moins encombré de
. Bryozoaires et d’autres épiphytes : c'est possible, mais le
- soin apporté à la préparation -y est sans doute pour
4 quelque chose. D'après SmiTH, la plante débarquée est
… lavée à l’eau salée puis étendue au soleil sur la grève;
…. après 24 heures d’exposilion par un beau temps, elle s’est
__ ratatinée; on lave de nouveau pour l'étendre ensuite ;
cette opération de nettoyage est renouvelée habituellement
trois fois, parfois même jusqu'à sept fois. Après le dernier
lavage, on l’étend dans un endroit ensoleillé jusqu’à
- complet blanchiment ; si la pluie menace, on la met rapi-
- dement en tas que l’on couvre d’une bâche.
| Je doute que l’on prenne autant de soins chez nous ; au
lieu d'éviter la pluie, bier des collecteurs la désirent. Plu-
sieurs des produits commerciaux que j'ai eus entre les
mains eussent facilement pu être mieux préparés. Ils
avaient été trop mouillés, soit parce qu'on les avait laissés
_ séjourner trop longtemps dans l’eau douce pour en hâter
. le blanchiment, soit parce qu'ils avaient reçu trop de
_ pluie, soit parce qu'ils avaient été étalés en couche trop
_ épaisse ou pas assez remuée, ou sur un sol trop peu
perméable. Dès qu'on mettait le lichen dans l’eau douce
pour le gonfler et le laver, les parties jeunes (du Chondrus
plus que du Gigartina) tombaient en deliquium gluant,
et l’eau de lavage collait aux doigts ce qui, dans uneuti-
lisation industrielle qui nécessiterait un lavage préalable,
entrainerait une importante perte de matière. Quand le
Chondrus est touffu, ses rameaux s’enchevêtrent, forment
une tête compacle qui abrite des animaux variés, re-
tient l’eau et sèche mal; ces rameaux se gonflent, se
soudent entre eux et plus tard, au moment de l'usage,
têtes compactes: devraient être dissociées à la main,
; : | | g" e p. s += e ed A \ Re ts A &
260 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGURRE ERA. RMS 5
tomberont en purée. Cela serait très hole à éviter. Ce
car les brins épars de la plante blanchissent plus vite ( Hi 4
plus uniformément que ceux qui sont amassés : on es à:
aussi les séparer de certains épiphytes, comme les
Chylocladia, qui sèchent mal et gâtent le lichen. On ss
demande, d’ailleurs, s’il ne vaudrait pas mieux préparer,
tout au moins pour les usages industriels, du lichen
simplement bien dessalé par la rosée et bien sec, incom-
plètement blanc, puis parfaire le blanchiment, si celui-
ci est nécessaire, par des moyens chimiques. En outre, le
lichen commercial laisse tomber au déballage trop de débris
calcaires, coquilles de Spirorbtis. débris de Corallines, etc.
faciles à éviter aussi. Si, alors que le lichen étalé est en-
core humide de rosée, par conséquent élastique, on le
battait doucement avec un fléau, comme font les Japo-
nais pour leur tengusa, beaucoup de ces impuretés se
détacheraient : la marchandise pèserait moins, mais, ren-
fermant à poids égal plus de matière utile, elle se vendrait
plus cher, à la condilion, toutelois, que les négociants :
consentissent à payer le lichen un prix rémunérateur et
moins variable d'une année à l’autre. Un collecteur de -
l'île de Batz m'a dit avoir vendu le sien, en 1919,
25 francs le quintal de 50 kilogrammes, en 1918, de 30 A
à 50 francs suivant la qualité; de 1911 à 1917, le prix É 4
variait de 15 à 25 francs et 1l était seulement de 10 francs
en 1910. Les îles éloignées du continent, comme l’île
d'Ouessant, sont moins favorisées ; le lichen s’y rencontre
en quantité prodigieuse et il est remarquablement propre,
mais on ne le récolte plus ou presque plus, me dirent les
habitants, car le prix de vente en est trop faible; en
1918, on l’a vendu g francs le quintal, c’élait un Ju
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N INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 261
| Le mucilage du a a de nombreuses applica-
tions nstrielles : on a vu plus haut ses qualités comme
_ apprêt des tissus ; les papeteries l'emploient aussi pour
di. donner du corps au papier : les fabriques de chapeaux de
- paille et de chapeaux de feutre l’emploient au même
à usage ; il sert aussi à clarifier la bière, le miel, etc. *.
Sur nos côtes de Bretagne, beaucoup de die s’en
- servent pour préparer des entremets ; le lichen blanchi
{par la famille, ou acheté chezle pharmacien), après avoir
_ été lavé et mis à gonfler dans l’eau douce, est coupé en
- morceaux ; mis dans du lait que l’on fait bouillir, on
De obtient par refroidissement une gelée dont la fermeté,
_ pour une durée d'ébullition convenable, dépend de la
_ quantité de carragaheen employée. Une simple précaution
. est à recommander : l’Algue, et en particulier la base des
_ tiges, laissant un résidu, le liquide doit être passé à chaud
sur. un tamis fin, ou mieux l’Algue est mise à cuire dans
un petit sac de mousseline qu'on étreint à chaud ; on
parfume comme pour une crême. L’Algue blanche et
propre ne donne aucun goût au lait. Cette facile recette
culinaire était connue en France bien avant que l'agar fut
à la mode. Le carragaheen augmente peu ou point la
_ valeur alimentaire du lait ; sa propriété gélatinisante
1 Tscmircu, article Carrageen, in Mortier et Tous, Real-Enzy-
__ klopädie der gesamten Pharmazie, t. IIT, Berlin, 1904.
62
UTILISATION INDUSTRIELLE DES AL +
EARTT +
qu’une tasse # lait.
Nous avons vu que l'usage de l âgar s'est rép 6
tous les laboratoires de microbiologie pour la prépara- à à
tion des milieux solides de culture. On n'y a songé que
tardivement. En 1885, Miquecz recommanda l'emplo 4
du lichen'. Miquez rappelle, dans son Mémoire, que à À
les botanistes savaient depuis longtemps cultiver les |
moisissures et les bactéries sur des tranches de te, 4
de pommes de terre, des gelées d’os, de peau, etc. “4
que SCHOENAUER, sOn prédécesseur à l'Observatoire ei
Montsouris, semait les germes de l’air sur des Ses:
de diverses origines : colle de pâte, gélatine alimen-
taire, ichthyocolle ; et que lui-même, en 1078, avait
eu l'idée de les nutrifier avec du bouillon de bœuf. Kocn … 2
comprit le parti à tirer de ces milieux solides dans He 1
séparation et la détermination des espèces bactériennes ;
il fit aussi des gelées avec du sérum du sang chauffé six
jours de suite à 58° pour le stériliser. Mais ce ne. 1%
périodique stérilisait incomplètement le milieu ; Miquez 4
eut l’idée de préparer une gelée fondant seulement entre
95° et 6o° et qui pourrait être stérilisée à r 10° sans perdre 3
la faculté de se solidifier; pour cela, il s’adressa au
din ; ll décrit ainsi son procédé (loc. cil., p. 570):
Dans 10 litres d'eau on ajoute 300 grammes à 4
ce grammes de Fucus crispus ; après une digestion a.
100", prolongée pendant plusieurs heures, on passe le “4
décocté : à travers un tamis, qui retient les frondes muci- #22
D' Miquez. — Seplième Mémoire sur les organismes microsco- Fe
piques de l'air et des eaux, Annuaire de l’Observatoire de Mont- |
souris pour l’an 1885, Paris, 1885. |
a
_ UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 263
LS
_ lagineuses du carraghen ; le fillralum, de nouveau porté
| à l'ébullition, est passé à l’étamine dans un entonnoir à
filtration chaude ; la liqueur obtenue est évaporée au
bain-marie, puis versée dans de larges cuvettes de porce-
laine ; la gelée une fois bien prise et refroidie, on la dé-
tache de la cuvette et on la place à l’étuve à 4o° et 45°,
sur un filet à mailles serrées tendu sur un cadre en bois.
Une fois sèche, la gelée de lichen a l'aspect de la gélatine ;
al suffit d’en ajouter 1 lo au bouillon pour le rendre apte
aux cultures solides à 45° et même 50°. »
Le procédé de Miquez, à peu près oublié aujourd hui,
_rendit des services dans les laboratoires, mais la prépara-
on était une perte de temps qu'on évite en s'adressant
_ au produit commercial oriental.
La consommation du carragaheen, comme celle de
l'agar, va en croissant et la quantité de matière pre-
mière est limitée ; les réglementations empêchent la dé-
vastation des côtes sans pouvoir augmenter la quantité
d'Algues à exploiter. D’autres Algues de nos côles se-
raient utilisables de la même facon et des recherches se
poursuivent actuellement dans ce but; aucune, toutefois,
ne semble aussi abondante que les deux constituants du
lhichen, tout au moins dans la zone intercotidale où la
cueillette peut se faire à la main. D'autres régions four-
_miraient sans doute le produit cherché ; le Gelidium carti-
lagineum Gaïll., par exemple, l’une des plus grandes es-
pèces du genre ‘, abonde, dit-on, au Cap de Bonne-Es-
1 On voit parfois écrit œ cartilagineum Grev., tandis qu'il faut
écrire G. cartilagineum Gaïll.. Gaizcox ayant créé cette combinaison
binominale (Dictionnaire des Sciences naturelles de Levrauzr, t. LITI,
Paris, 1828, p. 562), comme Grevice lui-même le reconnaît (loc.
cit., 1830, p. LVII).
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À
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Ce
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Le
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lections de plantes australiennes laisse supposer aussi que
264 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES | Ms
pérance ; Turner disait, voici un siècle (loc. Ge ne nn
qu'il s’y trouve « in immense profinon » ; des ME SE
d'échantillons d’herbier, que j'ai soumis à l'ébullition dans”
l’eau m'ont donné une belle gelée ferme; autant queje
sache, cette plante n’est pas expioitées L'examen des col- 4
plusieurs espèces pourraient être utilisées. On ne s’en est
guère occupé aux Etats-Unis ; d’après Mc Farzanp (Fer-
tilizer resources, p. 203), les Gigarlina radula Ag. et
G. spinosa Kütz, se trouvent en abondance à Point Pinos,
Monterey Bay, vers le niveau de la basse mer, pari les
Laminaria.
Depuis le Mémoire de Pre divers travaux ont été
publiés sur la composition, chimique de l’agar et autres
gélatines végétales ; le traité d'ABDERHALDEN de cut.) en
donne l’'énumération ; les résultats obtenus ne sont peut
être pas proportionnés aux efforts dépensés ; la gélose de
Payen nest plus considérée comme une substance à part;
elle ae parmi les galactanes et on a proposé de la
nommer 0 ) qalactane. Les auteurs obtiendraient peut-être
des résultats scientifiques plus précis en s'adressant à des
espèces pures et non à l’agar préparé dans de multiples De À
fabriques avec des espèces variées, ou au carragahcen des
officines composé au moins de deux espèces n'ayant peut-
être pas entièrement la même nature chimique. Analyser
avec précision un agar du commerce n'est intéressant
que si l’on retire des corps nouveaux ou inattendus, ou si
l'on observe des propriétés remarquables, maïs cela ne
peut établir la composition type d'une matière dont le
pourcentage des constituants est nécessairement variable.
À titre d’indication, je rapporte qu'on a retiré du carra-
UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 265
| gaheen (matière brute) 28 °/, de galactane, que l’agar de
_ Ceylan contient 36,70 °/ de _. et celui du loue
60 °/. |
_ GREENISH!, analysant le Grac. Échendites (sous le nom
_ de Fucus imac} y trouve sept hydrates de carbone
qui sont tous des polysaccharides : 1° un mucilage soluble
dans l’eau froide ; 2° de la gélose, à laquelle il donne la
formule C*H*%O — 4 (CH:°05) — H°?0 ; 3° de l’ami-
‘don trouvé dans l’eau de lavage de celle-ci; 4° une sub-
stance voisine de la pararabine de Rercuarpr; 5° de la mé-
tarabine ; 6° du xylane ; 7° de la cellulose.
__ Comme pour les Algues brunes, nous devons à Kvzin
(loc. cit.) les recherches les plus méthodiques sur les
Algues rouges. La cellulose constitue la paroi interne des
cellules ; sa présence semble générale ; cependant, deux
Bangiacées, Porphyra laciniala et Bangia fusco-pur-
_purea, en paraissent dépourvues, bien qu'une autre Ban-
_ giacée, Erythrotrichia ceramicola, en renferme. Parfois
_ gonflée en substance intercellulaire, la lamelle moyenne
s est formée de composés pectiques où l’on reconnaît le
pectate de calcium. Au point de vue de la matière extraite
par ébullition dans l’eau, Kyzix à étudié trois espèces. Le
._ mucilage du Ceramium rubrum et du Furcellaria fasti-
_ gtala se prend en gelée ferme en refroidissant ; il précipite
. par le sulfate d'ammoniaque et par le sous-acétate de
‘plomb, mais pas par l'acétate neutre ; il précipite par
l'alcool, donne les réactions ordinaires des pentoses et
son oxydation par lacide nitrique fournit de l'acide mu-
. 1GreeNIsx, Untersuchung des Fucus amylaceus, Sitzungsber. Natur-
_ forsch. Gesellschaft Dorpat. t. VI, 1881. Cité d’après l'analyse du
_Botanisches Centralblatt, t. XI, Cassel, 1882.
_d’ammoniaque, mais précipite par le perchlorure de fer
plasme; on trouvera le résumé de ces détails morpholo=
266 UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROLE te
cique. Le mucilage du Dumontia filiformis ne gélatinise
pas par le refroidissement, ne précipite pas par le sulfate
et par le sous-acétate de plomb, le premier précipité à
étant difficilement et le second facilement soluble dans Le
l'acide acétique; le mucilage offre les réactions ordi- “374
naires des pentoses et son oxydation par l'acide nitrique
donne de l'acide mucique. Ces trois mucilages 4
nissent du galactose par l'hydrolyse. Ils sont donc voi-
sins, mais appartiennent néanmoins à deux groupes, le
premier, Ceramium et Furcellaria, est voisin du carra— 14
gaheen, le second, Dümontia, en est différent. D
Voyons maintenant la nature des matières incluses dans
les cellules. | a
A l'inverse des Algues brunes, les [loridées reniefise à
comme matière de réserve, de l’amidon, mais d'une sorte
spéciale, connue sous le nom d’ « amidon des Floridées »,
dont les auteurs se sont souvent occupés. Au lieu de se co-
lorer en bleu par l’iode, il se colore en rouge, rouge vio—
let, brun violet ou bleu violet, ce qui a été attribué à sa
transformation plus ou moins curmpléte en amylodextrine. |
Il ya aussi, chez les Phanérogames, des grains d’amidon
qui se colorent en rouge ; l de des Floridées tiendrait
à la fois des deux états extrêmes. D'ailleurs, tous les
grains d'une même coupe traitée par l’iode ne prennent
pas la même coloration, et celle-ci dure peu ; leur forme,
au lieu d’être celle de grains véritables, comme chez les
Phanérogames, a plus ou moins celle d'une écuelle. Ils
naissent sur les chromatophores ou sur des leucoplastes,
puis s’en détachent et continuent à grossir dans le proto
giques, d’après les auteurs, dans le traité d'Ocrmanss. J'ai
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UTILISATION INDUSTRIELLE DES ALGUES ROUGES 267
_ cité ici cet amidon des Floridées pour concourir à expli-
_quer la coloration de certaines gelées parles réactifs 10dés,
mentionnée par les auteurs.
_ En broyant le Furcellaria fastigiata, Kyuix a extrait
son amidon : l’hydrolyse par SO‘H? à 5 °/, fournit un
sucre dextrogyre. La solution traitée par la phénylhy-
drazine acétique ne produit pas à froid des cristaux de
dérivés hydraziniques, ce qui indique l'absence de man-
_nose ; les cristaux se forment seulement à chaud, et abon-
damment; leur point de fusion à 204° correspond
l’osäzone du glucose. L’hydrolyse fournit donc du glu-
_cose. La diastase du malt attaque promptement | cle
transformé en empois par l’eau chaude, tandis que les
grains intacts ne sont pas liquéfiés.
Dans son Mémoire sur la mannite, STENHOUSE a indi-
qué la présence de cette substance chez une Floridée, le
Rhodymenia palmata, mais Kxzi n’a pu y constater sa
présence, ni sur la plante fraîche, ni sur la plante séchée ;
ses efflorescences cristallines de saveur sucrée seraient dues
au {réhalose et non à de la mannite. Il pourrait se faire,
d’ailleurs, que la mannite manquât aux Floridées, tout au
moins les espèces où l’auteur l’a cherchée : Ceramium ru-
brum, Chondrus crispus, Furcellaria fastigiata, Porphyra
laciniata, Cystoclonium purpurascens n’en présentent
point. Nous avons vu, au précédent chapitre, qu’elle
abonde chez les grandes Algues brunes.
Des fragments de Floridées, chauffés avec la liqueur de
Fenling, ne la réduisent pas. En apparence, le Furcellaria
fastigiata fait exception, mais le phénomène tient à la
présence d’une espèce de tanin et non d’un sucre réduc-
teur. Cependant, en opérant sur de grandes quantités
(70 grammes de matière sèche), Kyzi a rencontré des
D Le &”
: | traces de glucose chez à . espè s mis! sen
D cs rience, où, comme chez les Algues brunes, il est *
D. formé et-ñ apparaît pas pendant Ja réaction. Ris aussi,
nn. présence a un intérêt théorique, comme produi t de la
nr: similation ; 1l se condenserait presque aussitôt en amido:
=. toutefois, chez certaines espèces, une partie se. Canson
rait en tréhalose. La proportion de tréhalose varie :
14,8 °/, du poids sec chez le Rhod. palmata, 4, 1 Le
2 E)0 Le le F tel fasligiata ; son purs co mn P
chez le Ceram. rubrum est remarquable. Toutes | ces
pèces avaient êlé récoltées en juillet. |
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CHAPITRE Y
UTILISATION DES ALGUES MARINES POUR L'ALIMENTATION
DEL HOMME ET DES ANIMAUX.
= x
SOMMAIRE. — ÎI. Alimentation de l’homme.
Emploi actuel très restreint dans les pays septentrionaux. — Em-
ploi ancien en Islande. — Alaria esculenta, Porphyra, Rhodymenia
palmata, etc. — Emploi dans les pays orientaux. Amanori et ses
variétés. Importance du Kombu dans l'alimentation japonaise. —
Algues mangées aux iles Sandwich. — Digestibilité des Algues
marines,
II. Alimentation des animaux.
Iles du Finistère, Islande, Norvège. — Expériences d’'Apriax, de
Larrcque, de Sauvageau et Moreau sur le cheval. — Digestibilité
des Algues marines. — Les herbivores marins ; la Diatomée bleue
et le verdissement des huîtres.
Edm. Perrier dit dans son article sur les Algues ma-
rines alimentaires (loc. cit.) : « Depuis longtemps, on
mange, sous le nom de {angle, sur les côtes d'Angleterre
et de Norvège, les jeunes tiges de Laminaires; une espèce
de Fucus, l'Alaria esculenta, est l'aliment ordinaire des
populations littorales de l'Irlande, de l’Ecosse, du Dane-
mark et des îles Feroë ». Geci semble écrit pour inviter le
Jecteur à suivre l'exemple des peuples septentrionaux.
D’autres auteurs font aussi allusion aux Algues marines
employées par l’homme pour sa nourriture dans le Nord
et en Orient, et regrettent que nous ne sachions pas les
pis PURES NE Sen Pa PRET € its ce Lo TT f, Pr, LR, : -
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à +2 + Le
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utiliser ; ] entente ici comme nourriture les Algues qui
se mens crues ou plus ou moins cuisinées, et non
celles qu'on emploie comme artifices culinaires, pour pré |
parer des gelées ou pour épaissir des sauces ou des po
tages : dans ce dernier cas, en effet, ce n’est pas à pro-
prement parler l'Algue elle-même qui est utilisée, c'est
la substance extraite, produit industriel ou qui peut être
industrialisé. Toutefois, la plupart des auteurs semblent
s'inspirer de ce que GREvILLE (loc. cit.), Hanvex' quieurs
prédécesseurs ont écrit à ce sujet, et bien peu disentqu'’ils
essayèrent d’en manger ; on ne cite cependant aucune es-
pèce vénéneuse?; STANFORD lui-même manquait d'expé-
rience personnelle et s'il expose en 1862 les diverses es-
pèces comestibles, c'est, dit-il, d'après les Mémoires de
P.-L. Srumowns et du D° Maccowax; en 1883, ilesti= :
mait néanmoins que les Algues devraient être aussire-
cherchées que les Champignons, car elles sont aussi J
riches en produits alimentaires, raisonnement qui est un
peu trop chimique.
On remarquera aussi que les : auteurs citent toujours les
mêmes pays comme consommateurs d'Algues ; ce sont :
{ W.-H. Harvey. — Nereis boreali americana, Smithsonian Insti-
tution, Washington, 1852-1858 — Phycologia Babe et À Ma-
nual. Je nomme Grevizce et HArvEY parce que leurs ouvrages sont
très répandus. (GREvILLE, écossais et habitant d'Edimbourg, par
conséquent en situation d’être bien et directement documenté, em-
prunte néanmoins à Liexrroot, GMELN, Gunner, elc., une partie
de ses renseignements.
* En . points des côtes de Norvège et particulièrement du
Finmark, dit Fosix (Ueber die Laminarien Norvegens, Christiania,
1884, p. 55), on utilise l’Alaria, les Laminaria flexicaulis et L. Clous-
tonii rejetés sur la grève, comme succédanés des fourrages pour
nourrir les bestiaux pendant l'hiver, Or, à Berlevaag, on évite soi-
Et
UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 27E
th une part, les pays du nord de l’Europe, particulière-
ment les contrées où les ressources alimentaires n'abon-
_ dent pas, et les auteurs sont d'autant moins précis à leur
: sujet qu'ils sont plus récents ; d’autre part, les pays ha-
_bités par des Chinoïs, Japonais, Hawaïens, peuples dont
les goûts diffèrent singulièrement des nôtres. La consom-
+ EE aation n'est donc pas en voie d'accroissement. Enfin, et
ceci paraît très remarquable, ce sont toujours les mêmes.
espèces qui sont consommées ; on pourrait l’expliquer, il
_ me semble, par la ressemblance de ces Algues avec des
. plantes cultivées (U/va Lactuca), ou bien parce que
._ l’homme a suivi l'exemple des animaux qui mangeaient
celles-là et non les autres (Alaria esculenta, Rhodymenia
- palmala), ou encore parce que, dans les temps anciens,
- des essais ont abouti à un choix transmis par la tradition
(Porphyra).
Pour éviter une désillusion au lecteur, je veux dire tout
de suite que j ai demandé à M. Kolderup RôsexvixGe, di-
- recteur du Jardin botanique de Copenhague, qui publie
- actuellement une magnifique étude d'ensemble sur les
#
3
à
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:
74
de
À
Fr
gneusement de récolter en même temps une autre Laminaire digitée,
mais noirâtre. qui, lui a-t-on affirmé, est très nuisible, produit des
accidents comparables au météorisme, pouvant même entrainer la
mort. FosLiE n’a pas réussi à la récolter ; cependant, la description
qu'on lui en a faite rappelle le L, Gunneri, et, à défaut d’expériences,
1l incriminerait plutôt l'un des nombreux animaux parasites de la
Laminaire que la Laminaire elle-même.
D'après Wesr (A Treatise on the British Freshwater Algæ, Cam-
bridge, 1904), le Lyngbya majuscula, qui croit en abondance sur les
_ grèves de corail du golfe de Mannar (Océan Indien), aurait souvent
_ empoisonné des chevaux. Les conditions dans lesquelles cette Cya- _
nophycée vit sur les côtes européennes ne nous laissent guère com-
prendre comment le fait peut se produire.
utilisent les Algues uniquement comme engrais de leurs
272 UTILISATION ALIMENTAIRE DES : MA
| RE
Algues du Dante si l’on mange eco d Aleu |
en aie quelles sont les espèces préférées et ce
qu'il sait à ce sujet des autres pays septentrionaux. Ma
question l'a surpris, car les Danois, m'a- til répont lu.
champs. Au Groenland, que M. Roms a parcourt
précisément pour en étudier les plantes marines, sur les-
quelles il a publié deux Mémoires, dont l’un a paru dans
nos Annales des Sciences natur elles. si les habitants man-
gent parfois l'Alaria Pylaü et le Rhodymenia hold > Re
c'est à titre exceptionnel, et Jamais il ne les a vus en faire 4 4
de récolte *. [1 a bien voulu aussi interroger notre ami
commun, M. F. BürGEsen, qui, après plusieurs séjours
d'étude aux Feroë, en a décrit la flore marine dans un
Mémoire rapidement devenu classique ; or, M. BünGesEs | 4 à
n'a jamais vu non plus les habitants manger d’ Algues ma-
rines et s'ils en offrent à leurs bestiaux c’est exception.
nellement et en temps de disette. L'algologue norvégien,
M. Wire, professeur à l'Université de Christiania, lui à 2
dit ausSi que les habitants des côtes norvégiennes n ‘ont 4
guère mangé les Algues qu’accidentellement et en cas de
diselte ; par contre, comme nous le verrons plus loin, ils 4
les utilisent comme fourrage. Enfin, M. RosenNvINGE a à
obtenu du professeur Th. ee Ne savant islandais
résidant à Copenhague une précieuse documentation sur
mL, +
"44
A. Croazr (Marine Algæ, in Manual of the Natural History,
Geology, and Physics of Greenland, Londres, 1876, p. 276), men- 3
tionne cependant que les indigènes mangent l’Alaria Pylau. 5
1 M. Rosexvince m'informe que PéGycer de SCHÜBELER (Virida-
rium norvegicum, Christiania, 1886- 1880), écrit en norvégien. ren-
ferme des renseignements sur l’utilisation des Algues en Norvège
dans les temps anciens. re
=
À '
UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 279
À Éd Les deux genres Re menia et Alaria fai-
. saient jadis partie de l'alimentation normale des Islandais ;
_ en temps de disette, ils mangeaient aussi d’autres
_ espèces dédaignées en temps ordinaire, et les Annales du
…. pays mentionnent que certaines personnes en mouraient.
. IL faudrait savoir si ces morts étaient dues à un véritable
_ empoisonnement, ce qui est douteux, ou à des espèces
trop indigestes pour des organismes affaiblis par la fa-
É. _mine. Si les Algues marines ont pour ainsi dire disparu
_ de la consommation humaine en Islande, on verra qu’elles
; y sont encore une précieuse ressource pour la nourriture
des animaux. |
E _ On ne nous reprochera donc plus, comme on l'a
= maintes fois répété récemment dans des journaux, de ne
_ pas savoir profiter, aussi bien que nos frères du Nord, de
= la nourriture végétale que la mer met à notre disposition
_ avec tant de prodigalité ! Dans les îles de l'Ouest du Fi-
- nistère, où les Algues marines sont employées, ou ont
< été employées, pour la nourriture des animaux, l'homme
= _neles consomme point : de vieux habitants, que j'ai in-
_ terrogés à l'ile d'Ouessant, n’ont même jamais en-
tendu leurs parents faire une allusion quelconque à
la comestibilité des Algues; ils connaissent seule-
ment l’usage du Lichen cuit dans le lait, et bien peu s’en
servent. :
Restent cependant les pays britanniques, où quelques
personnes encore mangent des Algues marines, mais bien
plus comme condiment que comme nourriture ; d’ailleurs,
il serait surprenant que dans un pays comme l’Angle-
terre, où les champignons comestibles obtiennent peu de
faveur, on recherchät les Algues marines plus difficiles à
D
récolter.
Mérar’ exposait en la question aéaidé il dis: .
« Dans les climats où la nature est avare de ses dons, 0
l’homme trouve à peine de quoi fournir à sa subsistanc
celui-ci a dû chercher dans tout ce qui l'entourait de q à.
Y
de
Eu |
Le
US du moins rt ou moins propre à sa nourriture
journalière On les mange mélés en diverses proportions 5
à de la farine ou à d’autres substances nutritives ou seuls,
ou cuits dans du lait, etc. Je ne doute point que les Fu- 5 54
cus ainsi préparés ne fournissent une meilleure nourri-
ture que l'écorce de ‘pin et de houleau, que les A à
du nord, non voisines de la mer, mangent faute de *
mieux ». | "28
En résumé, si les anciens habitants des régions sep-. :
tentrionales se sont nourris habituellement d'Algues,
leurs descendants actuels en ont à peine conservé le sou-
venir. de
Je passe néanmoins en revue, à peu près dans l’ordre
botanique, les espèces indiquées comme mangées en Eu-
rope, réservant pour un paragraphe spécial les Algues à
mangées au Japon et aux îles Sandwich. Je m'occuperai
ensuite des Algues données aux animaux domestiques.
L'Ulva Lactuca (ou sa variété lalissima) forme de larges
lames plus ou moins ondulées, d’un beau vert, répandues
dans toutes les mers ; c’est le green laver ou oyster green
des Britanniques qui, disent GREVILLE et SrANFORD, le à
mangent à défaut de Porphyra. En France, on l'appelle e
<
{Mérar, article Fucus, in Dictionnaire des Sciences médicales,
t. XVII, Pre 1810.
UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 279
vulgairement /laitue de mer bien plus à cause de son as-
_ pect que pour l'usage qu'on en fait. Après l'avoir lavé
dans l'eau douce, j'en ai préparé une salade ; c'était co-
riace et cireux et, malgré un bon estomac, j’ai craint d’en
éprouver une indigestion. P. Harior (Atlas, p. 5), dit
aussi: « Le goût des Algues cuites n’est généralement
_ pas très agréable; crues, elles sont, dit-on, préférables.
Nous n'avons pas conservé un excellent souvenir d’une
salade à la laitue de mer (Ulva Lactuca) dégustée au
cours d'une exploration maritime ».
D'après Grevizre, on mange en Ecosse les jeunesstipes
du Laminaria digilala ou Tangle et, de son temps, des
marchands Îles criaient dans les rues d'Edimbourg ; il
s'agit probablement du L. flexicaulis, car le Z,. Cloustonu
est plus résistant et ses canaux mucifères en diminue-
_raient sans doute l'agrément. Un Anglais habitant la
France, avec qui J'ai été en relations épistolaires au sujet
de la comestibilité des Algues marines, m'a affirmé
qu'un ami, habitant Belfast, lui avait envoyé, en 1918,
un paquet de Tangle et de Dulse acheté chez une mar-
chande de légumes. |
Une très jolie Laminaire de l’Europe septentrionale.
l’A laria esculenta, est commune à l’île d'Ouessant, mais
elle est rare et sporadique sur nos côtes de la Manche ;
elle tend cependant à s’y répandre, et s’est récemment im-
plantée à Cherbourg, où M. CoRBièRe a suivi son exten-
sion‘. La plante croit sur les rochers très battus ; sa lon-
gueur est souvent de 2 mètres sur 15 centimètres de lar-
geur, Contrairement aux autres Laminaires de nos côtes,
1 C. SauvacEau. — Sur la dissémination et la naturalisation de
quelques Algues marines. Bulletin de l’Institut océanographique,
N° 342, Monaco, 1918.
Eve ee Fe 3 “A tre
270 UTILISATION. ALIMENTAIRE ons
sa bre est parcourue par une nervure (saillante
mr Le
parles latérales minces et délicates se déchirent tr
Fig. 22. — Alaria esculenta, Grev.
Individu récolté devant la digue de Cherbourg, par M. Conniire, en ai
1/4 gr. natur.
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14
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salement à la manière des feuilles du Bananier, Au lieu
de développer ses sores sur la lame, elle produit sur son
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5) ee HE
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LD M 0 25
«
_ UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 277
P -
_ Stipe des organes foliacés spéciaux ou sporophylles sur
lesquels ils se localisent (fig. 22). |
-_ D'autres A/aria, extraeuropéens, sont encore en faveur.
-_ Ainsi, d’après Yexno!, les sporophylles mûrs de l’A.mar-
D ginata, et d’autres grandes espèces, sont des friandises
be pour les indigènes de l'Alaska, et 1l a vu les indigènes du
4 _ Kamtchatka, manger la nervure de l'A. fistulosa, comme
- Rurrecur l’a dit en 1848, Si les A/aria ‘sont presque
_ négligés au Japon, inalgré leur abondance, c'est que
…._ d’autres Algues brunes, Laminaria et Undaria, qui
_ vivent avec eux, sont préférables comme goût, comme
- consistance, etc.; cependant, les Aïnos des îles Kouriles
…_ consomment fréquemment les sporophylles mûrs.
=. L’Alaria paraît avoir été l’une des espèces les plus es-
…_ timées. Son nom spécifique est de Linxé; on peut donc
…. supposer que la plante était mangée de son temps en
Scandinavie. DE La Pyrair écrit à son sujet *. « L'on ne
…_ fait à Terre-Neuve, ni en France, aucun usage de cett=
… Algue intéressante, parce que l’on ignore qu'aux îles Fé
- roé elle est recherchée et même estimée parmi les plante.
- alimentaires. Les habitants la mangent crue ou cuite et
trouvent le goût de la moelle de choux à cette côte qui
traverse le milieu de la fronde longitudinalement, En Is-
lande, elle figure aussi, diversement apprêtée, parmi les
mets de la table du riche aussi bien que sur celle du
41Kichisaburo YExpo. — A Monograph of the genus Alaria, Journal
of the Col ege of Science, Imperial university of Tokyo, t. XLILF,
Tokyo, 1919.
2 De La Pycars. — Quelques observations sur les productions de l’île
de Terre-Neuve, et sur quelques Alques de la côte de France apparte-
nant au genre Laminaire, Annales des Sciences naturelles, t, IV,
Paris, 1824,
10
278
pauvre » (loc. cit., p.1 se S’il en était ainsi du temps ie
De La Pyrarr, l'Alaria y a bien passé de mode. C'estle
Murlins des Irlandais, le Badderlocks des Ecossais. Tur-
Er (loc. cit., pl. 117) nous dit que cette plante est beau-
5 coup mangée en oo. les parties employées. à cet effet
È sont la nervure dépouillée de son épiderme, qui esttrès …
| douce, et les sporophylles ; on porte ces derniers au mar-
L ché seulement quand ils sont épais et charnus, jamais
quand ils sont minces et membraneux. Turner dit, d'après
Licarroor, que septembre est sa meilleure saison et
qu'on l’emploie pour fortifier l'estomac et restaurer l'ap-
pétit dans la maladie appelée pica, ou perversion du goût.
Sile Murlins etle Tangle se mangent encore en Irlande, .
ce n'est certainement pas sur toute la côte; Corrow, en
effet, ne les cite pas parmi les Algues consommées dans
la région de Clare Island. 3 4
J'ai mangé des nervures crues et fraiches, en sep-
tembre à l’île d'Ouessant, elles sont légèrement croquantes
-et leur goût est plutôt agréable.
Jadis, et jusqu'au milieu du xrx° siècle, dit M. Taoropo-
sEx, les [rlandais mangeaient fréquemment le marinkjarnt,
nom qui s'applique aux deux Laminaires À laria Pylau et
A laria esculenta, mais cet usage a disparu. On les faisait
tremper dans l'eau douce, puis on les hachait avant de les
faire bouillir dans de l’eau ou du petit lait avec de lafa- …
rine ou du gruau ; cette bouillie se mangeait avec du Jait |
-ou de la crême. ti À
D'après les énumérations des auteurs, ces Laminaires
paraissent être les seules Algues brunes que l'homme ait
mangées couramment en Europe. Edm. Perrier, il est
vrai, dit que « d'une Algue brune, la Padina pavorua, qui
-semble faite de petits éventails greffés les uns sur les autres,
_ UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 279-
on peut aussi tirer une excellente gelée consommée sur
k | plusieurs de nos côtes » : toutefois, aucun des livres que.
ai consultés n’en fait mention et, a priori, 1l paraît sur-
prenant que cette Algue, dont les bandes concentriques,
blanchäâtres, font effervescence par les acides, fournisse une-
_ excellente gelée. J'en ai fait cuire sans obtenir de gelée.
En feuilletant les auteurs anciens, je n'ai pas trouvé le
nom du Dictyopteris polypodioides parmi les Algues ali-
_mentaires européennes; les Hawaïens consomment ce-
pendant une espèce du même genre. Fréquent pendant
la belle saison sur nos côtes de l'Océan et de la Méditer-
ranée, le D. polypodioides appartient, comme le Padina,
au groupe des Algues brunes Dictyotées. C’est une jolie
plante d’un jaune brunâtre, en lame mince dichotome,
longue d'une vingtaine de centimètres et pourvue d’une.
nervure médiane. À sec, elle répand une odeur forte et.
caractéristique, puis elle se corrompt très rapidement en
virant au vert intense par suite d'une modification de son
pigment brun, due sans doute à l’action d'une oxydase
puissante‘. Sa saveur poivrée, très forte, rappelle celle des
Laurencia : je la recommande aux amateurs pour les.
mêmes usages.
La gigantesque Fucacée Durvillea edulis Bory, du sud
américain, récoltée par le navigateur et naturaliste Du-
MONT D'Urvizze, est utilisée par les indigènes (Flore des
Malouines). « D'un disque épais et aplati, naissent plu-
_ sieurs tiges comprimées, larges de 21 à {o centimètres et
1 Le D. polypodioides n’a pas encore été étudié à ce point de vue;
tout au moins il n’est pas cité dans le travail de W.-R.-G. Ars,
Oxidases and their inhibitors in plant lissues. Part, TT : The locali-
zation of oxidases and catalase in some marine Algæ, Notes from the-
botanical School of Trinity College, t. IT, Dublin, 1915.
280
qui atteignent jusqu à 11 et 15 mètres ae De "+
ÿ tiges se den en un grand nombre de ramifications D:
FE très étroites, allongées, Ro comprimées et semble ble .
4 - à autant de courroies... Au Chili, les pêcheurs vont le re 4
fi cueillir à la côte, le transportent à dos de mule à la ville,
et pour la basse classe du peuple 1l devient une bee De
alimentaire assez importante ». Harior, qui fit partie de
l'expédition scientifique du Cap Horn (1882-1883) dit F
dans son Atlas (loc. cit.) : & Dans l'Amérique du Sud, le
gigantesque Durvillea sert à l'alimentation : ce n'est pas Fe.
un mets tropdésagréable, ainsi que nous avons punousen …
rendre compte pendant un voyage d’ exploration dans le 4
détroit de Magellan ». 5
Re T.-C. Frye et C.-E. Macnusox ont fa- É.
briqué un bonbon breveté sous lenom de Seatron, ressem« …
blant à un fruit candi, préparé avec le stipe coupé en 4
tronçons et le pneumatocyste du Nereocyslis ; on lavea
l’eau douce pour enlever les sels solubles, on incorpore
| du sucre, et on parfume avec un extrait de citron, ou
, _ d'orange... etc. Howe (loc. cit., p. 12), qui a dégustéce
bonbon, l'a trouvé excellent. 240
Les Algues rouges utilisées en Europe ne sont guère è
plus nombreuses que les brunes. Le Porphyra (P. laci=
niala où P. vulgaris), dont les lames violacées rappellent
l'Ulva par leur forme et leur consistance, est très É.
fréquent sur nos côtes françaises à un niveau élevé,
un peu au dessous de la ligne de haute mer. Les anciens
auteurs, faisant abstraction de sa teinte violacée, leréumis- ©
saient à l’Ulva dans une famille des Ulvacées. Depuis, À
l'étude plus précise de la structure et de la reproduction £
permet de ranger le Porphyru près des autres Algues de.
UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 281
. même coloration. Mais l’espèce commune sur nos côtes
je varie tellement dans sa forme qu’elle reçut des noms dif-
_ férents quand on croyait que ces formes correspondent à
gl ÿ l)
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FL DT DID
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1 B AT)
RU US eh Porphyra laciniata Ag. f. linearis ; B, le même, f. vulgaris;
€, le mème, f, umbilicalis, d’après des duc récoltés par Tuurer
?
È à Cherbourg et au Croisic. — 1/2 gr. natur.
des espèces indépendantes, d'où une synonymie compli-
_ quée. On s'accorde généralement, en France, après Tuv-
+ ET, à nommer l'espèce P. laciniata et les anciennes
de © 16.
UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUE
appellations servent à désigner des états. Ati “la form
linearis (fig. 23, A) est un état Jeune qui se rencon tre
seulement en hiver ; quand la plante s’élargit sur toute sa
longueur, c'est la FE vulgaris, qui correspond au des- =
sin or par Harvey dans le Phycologia britannica. Si |
elle reste étroite à la base (fig. 23, B) on a une forme
étroite, commune, et souvent appelée laciniata ; si, au +
contraire, sa base s’élargit, à tel point que ses bonds se r'e= À
couvrent et que son insertion paraisse centrale, c'est 1e |
forme umbilicalis. Toutes ces formes passent des unes à
aux autres. Récemment, De Toxr les a interprétées autre
ment, mais nous n avons pas à nous en OCCuper ICI.
Tizzkr et Foucéroux nous apprennent (cf. p. En, *
qu'au xvin siècle, on le mangeait parfois en salade, sur les Le 3
côtes de France. D'après bros SravrorD, Har-
vEY, eic., le Porphyra est très connu en Angleterre sous
le nom F laver, et en Ecosse sous celui de sloke: c'est le 4
fe mets favori de certaines personnes ; un étuvage de plu-
F sieurs,heures est nécessaire pour le rendre plus tendre.
3h Grévizce (loc. cil., 1830) mentionne ! « que les habitants
LE des îles de l'Ouest le récoltent en mars et, après pulvéri-
1 sation puis étuvage dans un peu d'eau, le mangentavec du
. poivre, du vinaigre et du beurre ; d’autres le cuisent avec …
des poireaux et des oignons. En Angleterre, ilest généra-
lement mariné avec du sel et conservé dans des Jjarres, :
puis on le fait étuver et on le mange avec de Phuile et du
jus de citron ». a.
En Irlande, onle nomme, d'après Corte. Sloke, Slouk, È
1 GREVILLE, qui vante le Laver, n’en faisait pas grand usage puis. | ”
qu'il Re ce renseignement à Liemrroor dont le Flora Re
est de 1777. < |
103 de set
rare Re
SR de D AD eme RE
Ù Se ES TR Te RS SA Na TA te D Pl Va es
a pres {= À : à ‘ ’ É VAS sé
UTILISATION ALIMENTAIRE RS ALGUES MARINES 2853-
Fe D niuen, Sloukaum. À Clare HS. on récolte au prin-
temps la forme chiffonnée qui croît abondamment sur les
.…. rochers exposés et on le consomme cuit, immédiatement,
_ ou en conserve, comme au temps de Licnrroor; la grande.
- forme plate n’est guère recueillie qu’à Mulranny (Achille
Island) pour être vendue aux touristes.
…_ Le Laurencia pinnalifida a une saveur poivrée, d'où .
_ son nom de Pepper dulse sous lequel les Ecossais le re-
< cherchaient comme condiment : les Irlandais le chiquent
: dit Srawrorp. Les Laurencia, dit Lamouroux (Essai, p.42),
- paraissent plus tendres que les Gelidium, mais ils ne se
réduisent point en gelée ; quelques espèces développent,
_ à certaines époques de l’année, ajoute-t-il, une saveur
- àâcre et brûlante qui les fait employer comme assaisonne-
ment par les Irlandais et d’autres peuples des régions
… polaires. Le L. pinnalifida est commun sur nos côtes de
- l'Océan et de la Méditerranée. Sur les rochers exposés de
“ Ja côte basque, il forme, au niveau du F. vesiculosus, des.
gazons denses et sombres, qui deviennent plus foncés en-
core lorsque la marée les a exposés quelque temps au so-
Jeil ; il commence à paraître au milieu de l'hiver et est
mélangé çà et là au Gigarlina acicularis et au Caulacan-
thus ustulatus. La figure 24 en représente un jeune exem-
plaire récolté en mars. Son odeur est forte et sa saveur
piquante est fortement poivrée. Un certain jour d'avril, que
j'avais dû m ‘étendre sur l’un’de ces gazons pour alteindre
d’autres Algues, son-odeur m'a longtemps poursuivi. J’en
ai rapporté à Bordeaux quelques poignées encore très hu-
mides par la pluie qui les avait mouillées et, d’après des.
amis très connaisseurs en truffes, mon paquet répandait
_ une odeur comparable à celle des truffes dites musquées.
_ Le Laurencia répand la même odeur quand on le fait cuire
. une odeur forte, comparable à celle du Laurencia, je ne
AS
ARE
em. + à x
UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES M
"= BR: Er NL
dans l'eau. Par la dessiccation, il devient coriace et perd. 4
son odeur particulière qui, comme nous le verrons plus |
loin, attire les poissons herbivores. Enaoût, alors qu'ilest
frucüfié, le L. pinnatifida a un aspect tout différent : il :
forme des pyramides de teinte verdâtre, composées de j
bouquets de petits cylindres renfermant des tétraspores : :
Fig. 24. — Laurencia pinnaufida Lamour.
Individu jeune récolté à Biarritz en mars. — 2/3 gr. natur.
ractéristiques. Bien que le Polysiphonia fastigiala répande
crois pas qu'on l'ait employé à des usages culinaires ou 20
autres. : Ts
Lorque M*° Grirrirus découvrit le Gracilaria com-
pressa en Angleterre, nous raconte GREVILLE (loc. Cil.,
p. 126), elle crut que cette plante étaitle Grac. lichenoïides
mangé dansles pays d'Orient; elle en prépara dans du vi-
RP ee
| Fe UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES | MARINES 285
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Fig. 25. — Rhabracnts palmala Grev.
Individu à agé qui commence à produire des frondes nouvelles marginales,
récolté à Roscoff en septembre. — 1/4 gr. natur.
Le Rhodymenia palmata fut, semble-t-il, l'espèce la
PRE es
le criait dans les rues d’ Ediahobre et de CURE leu "4 ë
nom de Dulse. Cette belle plante d'un rouge violacé, en. 74 |
lame ramifiée, prend des formes variées. En automne, ses.
frondes sont foncées et de consistance ferme, leur bordest
We, va :
[9
plus ou moins uni ; elles sont alors en état de Re “A
tion. Puis, de nouvelles frondes, plusminces, plus souples
et plus roses, apparaissent sur ses bords par bour- 22
geonnement ; ces nouvelles frondes latérales, parfois très
nombreuses, changent entièremeut l'aspect de la plante. 4
Il faudrait plusieurs douzaines de dessins pour montrer les
divers aspects du À: palmala, aussi polymorphe que le 3
Chondrus crispus. La figure 25 représente un individu
récolté en septembre à Roscoff et qui commence à bour-
seonner latéralement; on peut imaginer son ‘aspect “4
Fe chacune de ces pousses aura décuplé de longueur. RS
En séchant à l'air, 1l reste souple, avec la consistance
du caoutchouc et se couvre d’efflorescences cristallines 4
blanches qui, comme nous l'avons vu au chapitre précé
dent, sont dues en majeure partie au tréhalose. DE ;
Les Ecossais et les Irlandais le lavent dans l’eau douce, »
le font sécher au soleil, l’enroulent et le chiquent comme
du tabac ‘. D’après Sracknouse (1801), des botanistes,
qui, de son temps, étaient déjà de vieux auteurs, SIBBALD,
1 D’après (rrevicre (loc. cit., p. XIX), on le mange aussi dans
l'archipel grec. Kixc, auteur dont TurRenriNe (in Fertilizer
resources. p 259) donne un extrait, dit que le À. palmala «est très.
employé dans certaines contrées maritimes européennes, d’Islande
jusqu'en Grèce ». Cette mention est probablement empruntée à
Grevizce. Toutefois, le R. palmata n'existe pas dans la Méditerranée;
peut-être s'agit-il d’espèces plus petites dont l'utilisation comme
nourriture serait assez surprenante. | : 7
= + ri
PT he
pe
|
AE Tel g
à are at nm
sé
N
_ UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 207
_Morisox et Ray, en parleraient comme d’un masticatoire.
On le mange habituellement frais, au sortir de la mer, dit
Grevizze ; je l’ai moi-même gouté en herborisant, et je
J'ai jugé plus mangeable que l'Ulva ou le Porphyra.
Harvey (Nereis, p. 33) nous apprend que son goût varie
suivant sa station; quand il est épipby te sur le stipe des
_ grandes Laminaires, il est plus coriace, moins savou-
reux et par suite moins estimé que s'il croît parmi des co-
quilles et des Balanes, près du niveau inférieur de l'eau ;
c’est alors la meiïlleure variété et la plus appréciée sous le
nom de Shell dillisk. En quelques points de la côte d'Ir-
lande il constitue l’assaisonnement préféré des paysans.
Harvey ajoute qu'on le vend communément dans les ma-
gasins de fruits des villes et qu'on le trouve. pareillement
_ dans lesquartiers irlandais de New- York. L’ étrange asser-
tion de Harvey concernant la différence de goût du Rho-
dymenia est expliquée dans le Phycologia (pl. 218); c’est
que les coquilles arrachées avec la plante en parfument
agréablement le goût. Les exemplaires couverts d’épi-
phytes, tels que le Calhithamnion virgatulum et l'Ectocar-
pus siliculosus, sont les plus appréciés, disent Jouxsrone et
Croazz, et beaucoup de personnes sont satisfaites d’y
trouver quelques petits Crustacés (/dotea) ou de petites co-
quilles (Rissoa, jeunes Moules .. etc. ) D'après le récent
travail de Corrow, le Dillisk continue à être recherché par
les Irlandais de Clare [sland, qui le mâchent à l’état frais
ou sec, sans quil soit pour eux un véritable aliment ; le
Crannogh est la forme grêle des rochers exposés, tou-
jours associée à de petites Moules. Le Dullisk et le Cran-
nogh sont plus estimés que le Sloke.
D'après le renseignement fourni par M. Tuoronpsex à
M. Rosenvince, l'homme, en Islande, mange le sül ou Rho-
288 UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES Fe
re
&
mentionné pour la première fois dans l’Egilssaga, en 960
après J.-C. Du début du xn° siècle à la fin du xix° siècle,
le sül fit l'objet d’un commerce assez important ; les pay-
sans des côtes le vendaient à ceux de l'intérieur du pays,
ou l’échangeaient contre des produits agricoles. Ce com-
merce s’exerçait surtout dans deux localités, à Saur-
bær, près du Gilsfjord, dans l'Islande occidentale, et à
Eyrarbakkt, port de l'Islande méridionale, mais on récol-
tait aussi la plante en bien d’autres endroits, et les ca
dymenia palmata depuis une HT éniaai LÉ ft St ;
%
ie
CE
ke ”
dastres et matricules donnaient une valeur particulière
aux propriétés situées sur une côte riche en Rhodymenia.
On le récolte à mer basse. on le laisse tremper dans l'eau
douce pendant 2 à 5 Jours, puis on le fait-sécher à l'air
avant de l’emballer dans destonneaux, où il se couvre bien- AS
tôt d’une efflorescence blanche sucrée nomme hneitat. ‘
Jusqu'à la fin du xviu° siècle, le sûl se consommait mie
dans toute l'Islande comme nourriture habituelle et
appréciée ; on le mangeait avec de la morue séchée, du
beurre et des pommes de terre, mais, en temps de disette
de céréales, on le hachaït pour l'incorporer au pain ou à la
bouillie de gruau. Des réglements de l’an 1700 prescrivent
que le sül ferait partie du menu des élèves du lycée d'Ho-
lar. Cependant, la consommation du Rhodymenia dimi- :
nue progressivement en Islande et, actuellement, onnele
mange guère que sur la côte méridionale; néanmoins, en
‘Le nom spécifique du R. palmata et celui du Laminaria saccha-
rina sont dus à Lixné. Or, d’après LEmax (art. Laminaria, loc. cit.),
en donnant ce qualificatif au Laminaria, Linné « croyait que c'était
là le varech sucré et comestible des Lana ». La saveur de l’efflo- 2
rescence du Z. saccharina est en effet moins sucrée que celle du
Rhodymenia : nous en avons vu la raison au précédent chapitre.
fe #1
88, le kilo de Fa sèche se vendait encore à Eyrar-
pou: 1 kroner fe fr. Re
2 le nord de Fin dit (Joc. cit. p. 373) que le
rer laver (Ulva Lacluca), le pink laver “ phyra) et le
liens Haida de se Charlotte Island et par F autres He
( 4 > la côte nord-ouest; ceux-ci les sèchent, puis les pressent
en blocs compacts ; pour les consommer, on les conpeeton
. les fait bouillir dans l'eau. Swan participa à un repas de
dulse bouilli avec de l'Halibut (poisson plat voisin des
Plies et des Limandes, appelé en France Flétan, Hippo-
_glossus vulgaris) et l'a trouvé de goût agréable. seau
_ (Fertilizer resources, P. 214) à vu aussi les Indiens de
okutat- -Bay (Alaska) récolter le Rhodymenia en grande
uantité; ils l'utilisent cru, comme masticatoire, ou cuit,
_ pour Fe nourriture, et en sont très friands.
= Dans les villes maritimes des Etats-Unis, particulière-
É ment à Boston, dit Farcow?, il est vendu surtout aux
| _ matelots et à la population SENTE il est généralement
D. James G. Swax. — Notes on the Fisheries and the Fishery In-
hrs Of Puget Sound. — On the economic Value Of the Giant Kelp
and other Seaweeds of the northvest Coast of north America, Bull. of
il the U. S. Fish commission, t. XIII, for 1893, Washington 1894.
2W.-G. Farcow. — Marine Alaz 0f New England and adjacent
à Coast. Reprinted from report of U. S. Fish Commission for 18 70:
É A ashington, 1881.
Utilisation dos aloues marines. 17
Srft
importé des provinces canadiennes (loc. cit., p. 9) : l'im-
290 UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES
EM LT
Sa J
+ DER
CRT
| ee
LEE
porlation continue actuellement, car M Swarrzapuen
acheter 2 kilos pour ses expériences sur Ja digestibilité.
On lui attribue des propriétés anthelminthiques ce qui,
dit Farcow (loc. cit., p. 150), est vraisemblable à en ju-
ger par son goût désagréable. æ SET.
Cependant, certains gentlemen écossais, personnelle- %
ment connus de Sraxror», préfèrent, dit celui-ci, le ‘ REA
palmala boutili dans du lait à tout autre légume, et bien
que ces gentlemen soient sans doute morts depuis long-
temps, je trouve celte affirmation de Sraxrorp citée par
plusieurs auteurs récents : Swax (loc. eil., p. 373). Hugh
M. Swrrnt, Marshall A. Hows°, Mr Svwarrz. Jen ar
moi-mêm fait préparer ainsi à Roscoff; le lait n'avait
pas mauvais goût, mais l'Algue (en thalle adulte), sans
doute insuffisamment bouillie, était encore trop ferme L
comestible. Le cuisinier de l'hôtel voulut faire
pour être
périence en préparant l’Algue à la mamière
une seconde ex
d'un plat d'épinards et je lut en rapportai quelques poi-
gnées fraichement cueillies ; il Ja fit « blanchir », c'est-à-
dire la passa à l’eau bouillante pour l'attendrir, puis, après
l'avoir hachée, la fit cuire avec da lait et du beurre. Les
personnes qui en goûtèrent ne jugèrent pas la préparation
# Hugh M. Suite. — The utilisalion of Seaweeds in the United.
Slates. Bulletin of the Bureau of Fisheries, t. XXIV, for 1904,
Washington, 1909.
? Marshall à. Howe. — Some economic uses and possibililies of the
seaverds. Journal of the New-York Botanical Garden, t. XVIEF,
New-York, 1q17.
# Mary Davies SWARTZ. — Nutrition investigations on the carbohy-
-drates of Lichens, Algæ, and reialed substances, Transactions of the
Connecticut Academy of Arts and Sciences, L. XVI, New-Haven,
I OXT.
UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 201
_ mauvaise, malgré son goût de marée un peu trop pro-
noncé. Le cuisinier espérait mieux réussir une autre fois.
_ Cependant, pour donner l'exemple, j'en avais mangé une
‘portion assez copieuse, et, la nuit suivante, ] éprouvai une
. diarrhée violente ; le Rhodymenia en était peut-être inno-
_ cent, mais celane u ’engageait pas à continuer les essais !;
Pa ailleurs, nous étions alors en septembre 1918 et la con-
signeétait d' économiser le lait, le beurre et le charbon.
: LE qu'il en soit, le Rhodymenia étant extrêmement
abondant sur les côtes de Bretagne, et n'ayant pas de
goût désagréable, quoiqu en dise FarLOowW, mérite peut-
. être que l’on fasse des essais pour en introduire l'usage
_ dansl’'alimentation humaine; son pentosane est digestible
d’après les expériences de M°° Swarrz.
Malgré son nom spécifique, l'/ridæa edulis Bory (appelé
aussi Dilsea, Schizymenia ou Sarcophylhs edulis selon
“ la manière dont on comprend les genres), mangé par-
a fois en Écosse et dans le sud-ouest de l'Angleterre, de-
—_ vrait la majeure part de sa réputation, dit GREvILLE, à ce
:. qu'il était confondu avec le À?.palmala ; serré entre des
fers chauds, comme font les pêcheurs, il aurait le goût
—. d’huitres grillées. HARVEY, qui n'a Jamais vu personne en
manger, regrettaitque Sracknousel'eûtnomméedulis. Mais
ce quahficatif, dans la pensée de son auteur, s’appliquait
moins à l’homme qu'aux animaux, les individus qu'il ré-
coltait en place étant toujours fortement échancrés ou
_perforés de nombreux trous faits par les animaux qui s’en
. we UE
Ÿ RE M ARTE
1 Cependant, Turxer (Fuci, pl. 115) rapporte ceci d’après le Flora
Scotica de Lienrroor : le BR. palmala est parfois employé à l’île de
Skyé coutre la fièvre, pour provoquer la transpiration ; il est alors
bouilli dans l’eau avec un peu de beurre. Préparé de cette manière,
c'est souvent aussi un purgatif.
: ; ee ee Et . à
292 UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUE
. ë SAPIN FAT TEE
nourrissent. J'ai goûté plusieurs fois à l’Jride
réduit à me nourrir d’Algues fraîches, je le classera
l'A laria, mais avant le Rhodymenia. Tout
CE e27
‘ 4. s
Fig 26. — Jridæa edulis Bory. LATE 2308
Individu récolté à Rescoff en septen bre, — 1/4 gr. patur.,
LL
plus brun, plus épaisses et plus raides que celles du
R.palmata, ont une base étroite et un sommet arrondi #
sans proliférations marginales. La figure 26 représente
une touffe récoltée à Roscoff, en septembre 1918 ; les …
la LT -
- LE es."
frondes sont souvent moins orbiculaires, plus allongées,
à base plus graduellement retrécie; deux des frondes fi-
LE « M NS
gurées ont élé rongées par des Mollusques. ie
Ru
&
| UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 295
F D’ aprés Lieurroor, cilé par Turner (loc. cit, 0),
_ les Ecossais et les Irlandais mangent SE le
… Callblepharis ciliata avec le Rh. palmala. |
__ Le Chondrus crispus, qui fond en mucilage par la cuis-
_ son, na guérc été utilisé dans l'alimentation humaine pro-
prement dite ; en Islande, où on l'appelle goendargrôs, il
- était cependant autrefois l'objet d’un commerce impor-
tant à Eyrarbakki ; on en faisait des bouillies, mais qui se
mangeaient plutôt en temps de disette que dans les cir-
_ constances ordinaires. |
En résumé, la consommation d’Algues marines faite
_ actuellement par l’homme de race blanche pour sa nour-
_ riture se réduit à peu de chose, à presque rien. Si les an-
_ ciens botanistes n'ont pas exagéré en nous parlant de leur
emploi alimentaire dans les pays septentrionaux, l’habi-
tude s'en est perdue comme nous l'avons vu pour lIs-
lande. L'homme en mangeait à défaut d'autre chose et
surtout en temps de disette; elles n'étaient qu'un pis
aller que les chemins de fer, la plus grande rapidité des
communications, ont fait disparaître en répartissant plus
ie le produit des cultures par voie d'échanges.
Les espèces longtemps employées, comme le R.palmala et
- l'A.esculenta, sont sûrement digestibles. On admettra ce-
pendant que, si les riverains qui en mangeaient avaient
apprécié les Algues marines comme un aliment particu-
lièrement agréable, sain, nourrissant ou réconfortant, l’in-
- verse se serait produit, ils auraient continué à relirer de
la mer ce produit qui leur coûtait seulement la peine de
le cueillir, 1ls en auraient même récolté de plus en plus
pour l'exporter à l'étranger contre d’autres marchandises ;
au lieu de disparaitre, l'usage s’en serait maintenu parmi
À
29/4 UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES sans <
= +
eux et se serait répandu ds les pays sd l'intérieur. Ve
son usage s'être conservé çà et là n’est pas plus étonnant :
que de voir certaines personnes aisées acheter par friandise
des pains de seigle ou des galettes de maïs. Mais dire que
les habitants d’ route ou d'Irlande en font leur aliment
ordinaire serait tomber dans l’exagération deces Anglaises
qui croient que toutes les Françaises mangent desgre
nouilles à chaque repas. Les Algues marines sont donc
employées surtout comme masticatoires ou comme con-
diments, comme stimulants de l'appétit. C’est peut-être
le moment de dire ici que des Phanérogames maritimes
peuvent être utilisées à ce titre, avec l'avantage sur les
Algues marines d'être accessibles à toute heure. C'est par ”
exemple le cas du Crithmum marilimum ou Perce-pierre,
Ombellifère à feuilles charnues, fréquente sur les terrains
_arides ou même sur les rochers exposés à l'embrun, dont
les jeunes feuilles, confites dans le vinaigre, remplacent
F avantageusement lé Sormchose Ex
Poatfors le lecteur a pu remarquer que Île nombre
ÿ _ des espèces utilisées est très pelit, en comparaison de la
no. variété de la végétation marine. On admettra difficilement
ii que les riverains de chaque pays, de l'Ecosse à l'Alaska,
je après avoir successivement essayé de manger les diverses
| Algues de leurs côtes, soient arrivés à choisir les mêmes - …
à espèces. En mangeant le R.palmala et l'A. esculenta,
De: baie tbe nb en l'exemple des animaux; Je
choix du Porphyra pourrait s'expliquer par un usage
irès ancien qui s’est conservé sur quelques points. 1750
Les conditions sont bien différentes chez les Lie |
orientaux.
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Les Chinois font une assez grande consommation d'A
UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 209:
portées du Japon que récoltées sur leurs propres côtes ;
_ nous sommes d'ailleurs assez mal documentés à ce sujet.
._ «La famille des Laminariées, dit Degeaux, produit un.
dE petit nombre d'espèces, dont l'usage, pour l'économie.
| 5 domestique, est pour ainsi dire universel dans toute la
_ Chine. Les Chinois attribuent au Laminaria saccharina
_ Lamour. ? des propriétés nutritives et surtout aphrodi-
_ siaques. Cette espèce nommée Haï-Taï, Kouanpou, Haiï-
_Hoüan, Yan-isaï, Chai-lai par les NA et Kan-Hôa
_ par les Japonais, croit principalement sur les côtes du Yé-
4 É: so au Japon, où on y récolte trois variétés principales de
4 celte espèce. |
«Le Laminaria saccharina, après avoir élé lavé avec
2 soin dans l’eau douce, est ensuite séché à l'air libre, puis
“ inciséen petits fragments. Dans cet état, on en forme de-
grosses balles qui sont expédiées dans les provinees du
nord et du centre de la Chine. Cette Algue est surtout
_ fort appréciée comme substance alimentaire. On en retire
. par décoction une gelée nommée Clun-chou, à laquelle on
ajoute du sucre et divers aromates. Les Chinois ont la
croyance que toutes les plantes marines gélatineuses ont
la propriété de donner à l’homme plus de die et de vi-
_gueur, aussi se font-ils servir celte gelée dans leurs prin-
…_ 10. Dessaux. — Algues marines récollées en Chine pendant l’expé-
dition française de 1860-1862. Actes de la Société linnéenne de
_ Bordeaux, t. XXX, Bordeaux, 1875.
2e Z. Re cité par Deseaux et divers auteurs sur les côtes
du Japon semble une espèce collective ; les auteurs japonais récents
y ont reconnu plusieurs espèces, et il est possible qu'aucune d'elles.
ne corresponde exactement au L. saccharina européen dans lequel,
d’ailleurs, J. Acarpu distinguait le L. saccharina proprement dit et
le L. hieroglyphica.
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296 UTILISATION ALIMENTAIRE DES. ALGUES ARINES
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À Kombu dont 1l est question plus loin. ; À
1: Au Japon. les Algues entrent pour une part plus i im ne.
jt portante dans l' etes humaine, et certaines subis-
hé sent des préparations variées. Les goûts culinaires des
Fe Orientaux diffèrent notablement des nôtres ; en outre, le ->
a Japon réalise des conditions particulières avec sonétendue
4 immense de côtes sous des climats Yariés; sapartiecentrale
étant montagneuse, la population est dense sur le rivage, en à
contact incessant avec la mer; les habitants sont adroits
et patients, la main d'œuvre est bon marché". Question de 3
goût mise à part, on peat donc préparer au Japon des =.
ee alimentaires dont la fabrication commerciale *.
serait irréalisable ailleurs. Nous verrons plus loin l'utilité
nutrilive de cetle alimentation. Dans son rapport de 1904,
Surru cite une trentaine d'espèces qui, les unes, font l’ob-
jet d’un commerce local, les autres, sont consommées dans |
les familles des récoltants ; on supposera que le nombre
en est plus orand, car on ne voit guëre pourquot,: si cer-
taines espèces sont mangées, d’autres seraient négligées ;
on croirait plutôt que les Japonais, ou tout au moins cer-
tains Japonais, mangent toutes les Algues de récolte fa-
cile par leur taille ou leur station. Je transcris néanmoins
les noms donnés par Surrir. | 25e
L'Ulva Lactuca, l'une des rares espèces vise l'état
frais, s'emploie couramment pour la garniture de plats |
de . ou de poisson, comme chez nous la Laitue où
le Persil; il se mange aussi en salade. Le Gracilaria
confervoides sert au même usage, particulièrement à To-
> th
t Elle était bon marché avant la guerre. D’après une « Lettre
japonaise » parue dans l’Economiste français du 29 novembre 1919,
le Japon est le « pays du monde où la vie est le plus cher ».
«ium; parmi les grandés Algues brunes, Laminariacées
ou Fucacées, des Sargassum, Cysltophyllum, Ecklonia,
Algues rouges, des Nemalion, Chondrus, Gigartina,
… Gymnogongrus, Graleloupia, Sarcodia, Cerarnium,
. Campylaephora, Digenea, Callymenia?, genres qui, pour
Ja plupart, ont aussi des représentants, sinon les mêmes
espèces, sur les côtes de France. |
. Ces espèces sont apprêtées dans les familles, mais deux
4 _ préparations surtout, l’Amanori etle Kombu, font l'objet
_ d’un commerce important.
E’Amanor!i (et ses variétés, Asakusanori, Hoshinori,etc.)
est le Porphyra, ou Laver des Britanniques ; on le cultive
… au Japon. La préparation estsimple, puisqu'il s'agit surtout
_ defaire sécher l’Algue après nettoyage, mais elle est assez
ut car Fine est mince et, bien que le Porphyra
_ laciniata abonde « en France, si Jamais son usage y venait
se LS di RENE
+ M Pour FAlarta, ef. p. 275. |
& __ ?Le Phvlloderma sacrum Sur., cité aussi par Surru, vit dans les
. eaux douces et est HR. un Mostoc.
17.
_ UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 207
298 UTILISATION ALIMENTAIRE DES saut 7.
cevoir se Japon que de le tv sur de ’autan de
plus que la fabrication est parfois plus compliquée (ose
ne hinori); les Porphyra, lavés dans l'eau douce et coupés en
| petits morceaux, sont ensuite réunis en lames, pue:
_ des feuilles de papier, puis séchés à la lumière diffuse.
| | Ce produit est un des légumes favoris des Japonais: on.
le vend partout, dit Surru, dans les gares. dans les rues,
| et son importance dans ki consommation quotidienne
égale celle des sandwichs aux Etats-Unis ; sur une feuille 3
1 de Porphyra, on étale du riz bouilli, puis, sur le riz, des :
(4 tranches de viande ou de poisson; le tout est roulé “puis “4
de débité en tranches. 5 : 3
34 Son prix varie avec la couleur, la saveur, le no :
4 la pr a plus ou moins élégante. OKkupa et Nas
xama! ont analysé des qualités de Porphyra lenera
Kjellm. dont les prix s'étageaient entre 35 et 77 sens les
100 grammes. Or, la proportion d'azote et d'hydrates de 1
catbBne: à l’état frais ou à l’état sec, qui donne la valeur |
alimentaire, suit la même gradation que le prix; l'asaku-
sanor!i 1e Le cher est aussi le plus riche en ces ne
Fr: aie d'origine connue * et aboUtES ni même con-
clusion. En outre, la qualité supérieure, riche en arote, |
proviendrait d’emplacements plus favorables À la culture,
tels que le courant principal de la rivière, où l’eau est
4 Yusuru Okupa et Seisaku Nakayama.— On the Quality of « Asa- à
kusanori », Journal of the College of Agriculture, L. V No, TUE de
1916.
? Hidesaburo Marsur. — On the Relation between the heal
Constituents of « Asakusa-nori » (Porphyra laciniata) and ils Quality,
Journal of the College of Agriculture, t. V, N° 4, Tokyo, 1916,
UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 29%
avons déja cité un fait comparable, d'après Lerrs et Ri-
… cuanps, à propos de l'Ulva Lacluca des eaux de la baie
- de Belfast polluées par les égouts.
La préparation commerciale de l’Amanort est plutôt
. un mode de présentation qu une fabrication ; il en est au-
à
_ trement pour le Kombu, dont la manipulation assez longue
+ se fait dans des usines. Des quantités ae se
‘% consomment au Japon et s’exportent en Chine‘. D'après
% Swrr et Davinsox, le Kombu est essentiellement fait avec
de vraies Laminaires : Laminaria Japonca, L. religiosa,
…. L.anguslata, L. longissima, L.ochotensis, L.yezoensis,
“À, Jragils, L.diabohca, L.qyrata et d’autres plantes de la
…_ même famille, les Arlhrothamnus bifidus et A.Kurilensis,
F:
RL
lAlaria fistulosa.. etc., surtout pêchées autour d’ Hok-
kaïido, l’une des îles les plus septentrionales de l'archipel
japonais. Ces espèces vivent assez profondément ; des pê-
cheurs, montés sur des bâteaux, arrachent les Algues à
l’aide d'hamecons ou de crochets emmanchés sur de lon-
gues perches et Surr donne de jolies images qui les
montrent occupés à cetravail. P. Gross (loc. cit., p. 173)
fait « remarquer que la récolte du goémon par la coupe
n est plus rationnelle, au point de vue de la conservation
des Algues et de leur reproduction, que la récolte par
? à chine pratiquée au moins partiellement par les Ja-
_-ponais. » ainel ou non, le procédé japonais est pro-
bablement le seul pratique. Ainsi, parmi les Laminaria
CPAUAUEN TON POLE
tre
PP OMR 2 /AUTUA
a
: 1L’article de l’Economisie français du 29 novembre 1910, cité plus
haut, donne la kste de trente sortes de marchandises ayant subi une -
hausse notable de prix depuis la guerre, et compare les prix actuels
à ceux de 1902 Le kombu est celle qui a haussé Le plus. Son prix,
représenté par 100 en Janvier 1902, devenait 651 en septembre 1919.
300
cités plus haut, les L.yaponica!, ee anjesiars DA Lgyratn, Fe "
connus depuis Rues sont construits sur le même e
type que le L.saccharina, leur lame peut atteindre plu a
sieurs mètres, tandis que le stipe mesure seulement quel “4
ques centimètres ; la coupe serait donc difficile ; les autres 1
espèces, décrites récemment par les Algologues ; japonais, 7
sont peut-être du même type. L’Ar throtka ti bifidus a
un stipe décombant, et, pour certains auteurs, l'A.Kuri-
lensis n’est qu’une forme de celui-ci. Le Japon possédant k
une immense étendue de côtes, l’arrachage y est moins
dommageable qu'en France. Se à 4
Le nie se fabrique depuis 1730, dit-on, et les pro |
cédés misen œuvre sont encore assez primitifs. Après des-
siccalion à l'air, on coupe les stipes pour conserver seule-
ment les lames qu'on met à bouillir dans l’eau douce (co- ‘#4
lorée autrefois par un sel de cuivre, actuellement par -
vert malachite, qui leur donnera une teinte appréciée des
consommateurs), puis on les fait sécher à demi, on les
entasse,; on les comprime en bloc pour les raboter sur la
tranche ; les fins copeaux ainsi obtenus sont empaquetés
et ads On fabrique une douzaine de sortes de kombu ;
dont la qualité dépend de la Laminaire employée. les :. À
plus minces étant les meilleures, et du soin apporté à
sa préparation. Son emploi est des plus variés; on en fait
des potages, on le mange comme AE ou BoxsA dans ES
la sauce au Soja, ou RAP à du riz... etc. ir
Le L. japonica Aresch. e:t annuel d’après Oxamura (On Lamina-
ria of Japan, Botanical Magazine, t. X, Tokyo, 1896). J’ignore silon
possède des renseignements précis sur la durée des autres espèces. <
? Leman écrivait en 1822 à propos du L. saccharina (loc. cit):
« On prétend qu’on peut en préparer un aliment sain. en lavantla
plante à l'eau douce lorsqu'on la sort de la mer, et en la faisant
ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 301
UTILISATION.
mn. Les Laminaires non havulles industriellement por tent
: le même nom générique de kombu. Un Jeune Japonais, in-
corporé dans l’armée américaine, me disait récemment
_ que, dans sa famille, on achetait du kombu frais aux pê-
fa
e.
à
Pr
- cheurs, on le conservait dans le sel pour le faire cuire au
moment voulu et le servir comme légume. Ce jeune
É. homme avait quitté le Japon depuis dix ans, il était ins-
- truit, mais nullement naturaliste ; pour sortir de mon La-
É boratoire, je le fis passer dans une pièce où, parmi d’autres
n Algues mises à sécher, étaient étalés quelques L.Cloustoni
- et Z.flexicaulis de touie petite taille, tels qu’on les trouve
_ rejetés dans le golfe de Gascogne. Dès qu'il les vit, 1l
| s'écria : « mais vous demandez ce qu'est le kombu, en
_ voici, tel que mes parents l’achetaient aux pêcheurs ». Et
- à mes questions sur la valeur nutritive, il répondit : « Nous
- mangeons le kombu avec plaisir, mais celui qui ne man-
_ gerait pas autre chose durant plusieurs jours consécutifs
_ tomberait d'inanition ».
.__ Miss Resp! et W.-A. Sercuecr ? rapportent que cer-
à cuire dans le lait ou du bouillon. Les Japonais en sont extrêmement
friands. Ils attachent plusieurs portions de ce varech sur du papier,
et les fixent avec des fils d’or ou d’argent. Ainsi disposés, ils les
mettent au nombre des objets dignes d’être offerts en présent. Le
…. firome ou kombu, noms japonais de cette plante, suivant Kæwurrer,
après sa préparation, est encore un aliment -coriace ».
1 Minnie ReeD. — The economic sea-weeds of Hawaii and their food
value. Annual report of the Havaii agricultural experiment Station
for 1906, Washington, 1907. Je n’ai pu me procurer ce travail ; Je
le cite d’après Perrot et Garix.
. ? W.-A. Seromecc. — Limu, Universitv of Cars Publications
in Botany, t. Il, Berkeley, 1905. Aux îles Sandwich, le mot Limu
_ désigne de nombreuses espèces d’Algues.
DPVRARULE., REA Éd RS pa 1, EPP Pos N ON OT es
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302
taines Algues marines se mangent aux Fa San vich.
Perros et Garix (loc. cit.) exagèrent en qualifiant +
pèces d’Algues utiles. Si les anciens Hawaïens ne _
une notable consommation d’Algues marines, c’est qu ils
manquaient parfois d'autre nourriture ; seit s'est
perpétuée chez leurs descendants pour certaines eue
particulièrement prisées, encore vendues aux marchés,
mais la consommation ne s'accroit pas. Quand Simair
voulut se documenter près des indigènes, il constata que
les jeunes gens connaissent mal e Algues comestibles,
ignorent leur nom, ou qu'ils lui donnaient des te me 4
erronées ; de vieilles femmes ou de vieux pêcheurs le ren-
seignaient beaucoup mieux. Cependant, certains ou ”
japonais (Kombu.... etc.) sont importés.
Après avoir kahèts les îles Sandwich pendant dis ans,
Mac Cauemerx a publié une Liste des Algues qui y vivent,
en mentionnant l'habitat de chacune et, quand il y adieu,
son emploi dans l'alimentation des indigènes. Or, Vas
teur né dit d'aucune que la population blanche en fasse
usage. Ge serait donc imprudent de propager l'idée que
ces espèces, dites alimentaires, pourraient faire l’objet
d'un commerce important ; si les conditions s’y prêtent,
l'extraction de la gélose, ou d’un produit similaire, don-
nerait plus de profits ?. Néanmoins, le fait que les indigènes
recherchent et apprécient seulement certaines espèces,
semble indiquer (les questions de saisons, de dimensions,
de consistance, d’abondance, de facilité de récolte étant - À
supposées les mêmes) que ces espèces renferment des A ee,
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! Vaughan Mac Cauenex. — Algæ of the ARE Archiplage, ;
Botanical Gazette, t. LXV, Chicago, 1918. | #0
? Les conditions de l'exploitation des Algues marines aux Des: | É
Fandwich pourrait se modifier prochainement, car l'immigration #1
UT
it) 2 F2;
x ;
ts
LE = UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 303
_ stances leur donnant une saveur particulière et, d’ailleurs,
_ pourquoi n’en serait-il pas de même que chez les plantes
_ terrestres. Sercmezc entendit même affirmer dans le pays,
_ que certaines espèces d'Algues, parfois immangeables,
_ devenaient délicieuses dans d’autres stations, et que cer-
. faines espèces, mangeables partout, étaient particulière
_ ment savoureuses dns telle ou telle localité. Les connais-
seurs en [imu apprécieraient les crus comme les gour-
mets apprécient chez nous les huîtres ou les vins. Si ces
Algues étaient préalablement débarrassées de tous les ani-
maux parasites, épiphytes ou commensaux, des différences
locales de saveur seraient peut-être moins marquées.
Les principales de ces espèces sont :
Ulva Lactuca 1.., mangé communément en salade.
Enteromorpha compressa Grev. espèce la plus popu-
laure, la plus largement employée, et l’une des plus faciles
à se procurer ; se vend sur les marchés.
… Sargassum divers qui se mangent cuits.
Ductyopteris plagiogramma Mont., ou Limu Lipoa, ré-
. colté par des plongeurs et particulièrement estimé comme
assaisonnement pour sa saveur poivrée, qui se retrouve
également très prononcée chez notre D. polypodiordes (cf.
P: 279).
Porphyra leucosticta Thur.
Ahnfellia concinna J.Ag., dont la gélose est dépassée
en qualité seulement par celle du Gracilaria.
Gracilaria coronopifolia J.Ag., l’une des espèces les plus
_ appréciées ; la préparation de sa gélose, d'excellente qua-
D © lé, exige moins de cuisson que celle des autres Algues.
japonaise y est considérable. En 1919, on y comptait plus de
110.000 colons-cultivateurs jeponais (Economiste français, 29 no-
vembre 1919).
304 UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALcues à AR
Hypnea armala J.Ag. et HI. ride ca J. Ag. . ès bon
dants sur les récifs de coraux et parfois bete à la ec ôte |
en quantité considérable, fournissent une bonne ra
dépassée cependant, comme qualité et quantité par celle
des Gracilaria et Ahn/ellia. Hs se mangent très met .
ment, et surtout bouillis, avec des Poulpes. Fat
Aspar agopsis Sanfordians Harv., dont on faitune sorte
de culture, à l'île de Kauaï, par le sarclage des autres
Algues ; très estimé et vendu en grande quantité, il doit
préalablement tremper pendant 24 heures au moins pour A
perdre sa saveur amère 1odée. Sa richesse en 1iode est à
rapprocher de la même particularité que} ‘al signalée cher |
l’Asparagopsis Delilei e ET,
Divers auteurs se sont préoccupés de savoir si l'homme
digérait les Algues marines; Saikr, Larayerre Menez, etc,
ont fait des expériences à ce sujet, en s'adressant surtout
à l'agar-agar ou au Chondrus Crispus. Plus récemment
Mr es 1 a entrepris des expériences sur diverses TS “
micelluloses empruntées aux Algues, aux Lichens, au Sa-
lep... etc. Elle à étudié diverses Gas. d'Algues ; deux,
le Rhod. palmata et le Ch. crispus ?, avaient été achetées
en Amérique ; les autres, que mangent les ind'gènes des.
îles Sandwich, avaient été reçues ne miss Reep. Leses:
pèces qui lui ont fourni des pentosanes sont les Rhod.
palmata, Dictyopleris pardalis (la seule Aleue brune 44
étudiée), Enteromorpha intestinalis, Ulva Lactuca et Ulva
fasciata*. Le R.palmata renferme une notable proportion
1{(Loc. cit.). On trouvera dans son Mémoire une Ste es |
très étendue. FRÈRE *
? L'auteur ne parle pas du Gigartina mamillosa, maïs son irish moss É
était probablement un mélange des deux espèces. nr Er PS.
$ L'auteur a trouvé de l’amidon dans les Ulva, comme on devait
_ UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 309
_de pentosane soluble, tandis que les autres espèces ren-
ferment surtout des pentosanes insolubles ; le Diclyopteris
D: possède, en outre, un peu de mannane. Les autres sont
. des Algues rouges qui contiennent une minime quantité de
. pentosane et une forte proportion de galactane qui est
- l'élément gélatinisant de l'extrait par l’ébullition. Ce sont,
3 - outre le Chondrus, les Gracilaria coronopifolia, Hypnea
+ nidifica, Ahnfellia concinna qui donnent une gelée abon-
- dante après 2 à 3 heures d’ébullition dans l’eau, tandis
É que deux espèces de Gymnogongrus et l’Asparagopsis
É San/fordiana, après une ébullition plus longue, donnent
LE. un extrait moindre et moins gélatinisant.
E. Des cultures de diverses bactéries de laboratoire ou de
- bactéries extraites des fèces ont été réalisées sur des mi-
L- lieux où entraient le pentosane du Rhodymenia, ou les ga-
lactanes du Chondrus ou du Gracilaria. Or, les pento-
_ sanes sont décomposés, tandis que les galactanes restent
__ inaltérés.
= . Des expériences de digestion in vi lro, faites avec di-
3 _verses enzymes Pre pancréatique.. etc.) ont fourni
ne résultats presque entièrement négatifs. Le pentosane
. du Rhodymenia et le galactane du Chondrus, introduits
:. . chez des chiens en injections sous-cutanées ou intra-péri-
: _ tonéales, se retrouvent inaltérés dans les urines, car ces
7. hémicelluloses doivent être transformées en monosaccha-
… rides avant d’être assimilées; celle du Rhodymenia est
complétement éliminée en 4 à 5 jours, celle du Chondrus
en I à 3 Jours.
M°° Swarrz a fait aussi manger des Algues à des chiens
et à quatre femmes ; les matières cellulosiques étaient au-
s'y attendre, mais n’en a pas trouvé dans l'Enteromorpha, ce qui est
surprenant.
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| nique. Îl resterait, dit l’auteur, à démontrer, par des ex-
306 UTILISATION ALIMENTAIRE DES auGuss |
tant que possible supprimées dans les aubrés des le
pentosane soluble du Æhodymenia était mélangé : à la +
boisson, et les Algues à pentosane insoluble (Dictyopteris,
Ulva Enteromor pha) étaient mangées comme des lé-
gumes après avoir été bouilhes dans l'eau ; les galactanes
saisies étaient fournis sous forme de gelée ou de blanc- :
manger sans dépasser 15 gr. par jour ; les fèces étaient &
recueillies et analysées. Or, le pentosane du Rhodymenia
disparait presque enüièrement dans le tube digestif hu- à
main, tandis que les chiens en digèrent seulement 73 "Jo: êe à
les Algues ingérées in toto ARE dans la propor-
tion ds 51 J chez Fhomme, de 28 °/, chez le chien, cs
chiffres approximatifs n'ayant d'autre valeur que celle de
terme de comparaison. Quant aux galactanes solubles, le à
coellicient de digestibilité serait, avec le Chondrus 33°},
pour le ciuen, 6 °/, pour l'homme ; avec le Gracilaria :
33 ‘/, pour le he 30 ‘/, pour l’homme ; avec l'Hypnea
06 °/, pour le chien, 10 °/, pour l'homme, avec l'Ahn-
Jellia 60 °/, pour l'homme, mais la personne,en expé-
rience avec l’Ahnfellia était atteinte de constipation chro-:
périences sur le système respiratoire, si la partie digérée
doit être considérée comme une source d'énergie.
Ces données, comme les précédentes, sont approxima-
iives ; les quantités ingérées sont faibles, les dosages dans +
les féces sont he les expériences sont trop courtes
(3 jours) et leur nombre (r ou 2) est insuffisant pour
fournir une conclusion probante ; d’ailleurs, l’auteur dis-
persait trop ses efforts sur un sujet trop vaste. Toutefois,
si les sucs digestifs attaquent peu ou point, in vitro, les
éedliioe en expérience, la proportion qui en dis- £.
paraît a dû être transformée par des fermentations pro-
VA
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EE ur de Uma Er NEO ARE Re dé 7) le QU
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UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 307
duites par des bactéries autres que celles qui ont été préa-
_ lablement expérimentées. D'ailleurs, le mode d alimen-
. tation favorisant a priori la pullulation de telle ou telle
. sorte de bactérie intestinale, les bactéries expérimentées
_ n'auraient pas dû être extraites de fécesquelconques, mais
de matières excrétées par des personnes nourries d’Algues
» depuis quelque temps, et, de préférence, par des Ha-
» waïens ou des Japonais adaplés ; à défant de ceux-ci,
oneût pu extraire ces bactéries de crottins d'animaux
_ mangeant des Algues depuis plusieurs jours. M®° Swvarrz
. ne formule pas d'appréciation sur le bénéfice alimentaire
_ que les Hawaïens retirent des Algues; elle semble plutôt
. croire, comme son maître Larayerre Menez, à l'utilité
_ des galactanes pour combattre la constipation, D'après
- les expériences de celui-ci, l’agar reste indigeré et retient
- un haut pourcentage d’eau, il dilate, amollit les fèces et
. facilite leur évacuation journalière ; grâce à sa résistance
. aux actions bactériennes, il ne forme dans l'intestin n1 gaz,
- m1 produits nuisibles de décomposition et À. Scauipr a
_ conseillé dele prendre, à ceteflet, à la dose de 25 grammes
par jour en deux repas.
_ Ge côté de la question a intéressé Perror et GATIx,
auxquels }'emprunte les lignes suivantes (loc. ci. p. 84):
« Cette vogue extraordinaire (des Algues marines en
_ Extrème-Orient) est assez difficile à expliquer au premier
abord. En effet, il vient d’être établi que les gelées retirées
- des Algues ne présentent qu'une valeur nutritive nulle ou
négligeable et que, par conséquent, il ne saurait être
_ queshion, comme on a essayé de le faire en Amérique, de
les offrir au public comme des matières alimentaires ayant
L Ja plus haute valeur.
: « L'explication de l'usage constant que les Chinois, les
308 UTILISATION ARR AA vs ALGUES.
. - S
cherchée bien er à dans la manière de v vitres he ces F
pulations, qui consomment en grande abondance du p pois-
son ct du riz, ct chez lesquelles les gelées d'Algues
forment un aliment complémentaire dont le but est,
sans nul doute, de faciliter les fonctions intestinales.
« La matière mucilagineuse ingérée, en passant dns |
l'intestin, servirait à constituer un bol fécal d'une consis- |
lance Te aqueuse et d’un volume plus grand, cé qui
rendrait plus aisés et plus réguliers les mouvements pé- L
ristaltiques de l’intesun. & À
« On peut dire-que la preuve de cette manière de voir 2
s
est faite depuis que l’on a employé, le plus souvent avec
succès, dans le traitement de Ja constipation, des prépa- .
rations à base de gélose. Ces préparations sont, en effet, e
de la gélose Rae ou non d’une petite: quantité de 4
Cost a (Régulin) ou de Rhamnus frangula (Thaolaxine), É
ou encore des préparations diastasiques (Jubol). &
« L'addition de substances purgatives a pour résultat: |
d'accélérer l'effet thérapeutique attendu, et cela peut être à
utile dans cerlains cas de constipation chronique. Mais,
1
és
le plus 8 généralement, l’ingestion répétée de 2 à 68 grammes | : |
par jour d’agar-agar pur, découpé en pelits fragments ou
pulvérisé, ou ele au potage ou à des purées de lé:
gumes, suflit à une Sr régularisation des selles ».
Ces considérations, probablement exactes, s'appuient
surtout sur des expériences faites avec de l’agar ou de la
gelée de carragaheen, mais PError et Gas exagèrent 3
quand ils pe (loc. cit., p. 73) : « Les Algues marines, #4
si elles doivent être nas comme un adjuvant inté- 4
ressant à ranger dans l’arsenal thérapeutique, ne peuvent
en aucun cas rentrer dans le cadre des denrées alimen- si
DE SL
2 UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 309
res, si ce n'est comme adjuvant utile jouant le rôle de
upport pour d’autres substances de réelle valeur, ou bien
omime susceptibles d'intérêt dans le processus d’évacua-
ion des résidus alimentaires ». Gette conclusion ne peut
appliquer en bloc à l'ensemble des Algues marines; si
. les Islandais ont, pendant des siècles, fait entrer le Rhody-
-menia et les Alaria pour une part importante dans leur
- alimentation ordinaire, ce n ‘était pas. apparemment, pour
- lutter contre la constipation ; si ces Algues ne les avaient
- pas nourris, ils s'en seraïent aperçus.
Quoi qu'il en soit, la consommation des Algues ma-
_rines par l’homme est en décroissance ; elle ést presque
. abandonnée en Europe. Les progrès de la civilisation, les
| moyens rapides de transport, en évitant les famines, ont
mi is à la disposition de l'homme, par la culture ou par
É voie d'échange, des produits de récolte plus régulière et
- dé plus grande valeur nutritive. Si les Algues étaient
autrefois très employées pour la nourriture de l’homme
pus les pays septentrionaux, les habitants actuels en ont
ER
RC
RER
e Pour résumer ce qui précède, on dira que la valeur
_ alimentaire des Algues marines pour l’homme est très
5. mal connuc. Gelles qui sont mangées comme condiments
- ou comme hors-d'œuvres, sont des stimulants de
| l'appétit au mème titre que Le olives, les cornichons, etc.
: D'autres Er ent agir utilement sans être digérées ou en
. étant à peine entamées par les sucs digestifs ; ee agissent
par leur simple présence, en divisant, en gonflant les
_ résidus de la digestion dont elles chien l'évacuation.
Enfin, elles peuvent agir comme matière nourrissante
a | réparant les perles des tissus, entretenant l'énergie. Ce
310
rôle est dévolu aux A ce aux graisses, Fee certains
hydrates de carbone, mais nos connaissances à ce sujet À
sont extrêmement restreintes. Ladies 2
Les analyses cilées précédemment dire en effet, ‘4
une certaine proportion d'azote, mais non dans quelles
combinaisons il est engagé. Les Algues renferment évi- |
demment toutes du protoplasme en tant que matière 3
vivante, peut-être aussi des matières azotées de réserve,
mais toutes les protéines n’ont pas la même valeur ali- :
mentaire ; certaines sont nutritives et d’autres ne le sont ;
pas; or, on ne sait rien sur la valeur nutritive des pro 2
téines Ge Algues. s CR
\ 18
Il suflit AT, observé des Agées traitées par un
fixateur à lacide osmique pour savoir que la plupart
d’entre elles renferment des matières grasses: certaines …
en sont même riches, mais nous ne sommes pas plus ins-
truits sur leur nature, ni leur digestibilité, que sur celles
des protéines. Chez aucune espèce, les corps gras ne s'ac- …
cumulent autant que chez certaines Phanérogames et,d’une
manière générale, le rôle des graisses dans l'alimentation
par les Algues semble Ft
Les sie sont “insuffisamment connus. Les
monosaccharides, qui représentent là forme assimilable, …
sont rares ; parmi les disaccharides, le tréhalose existe :
parfois en proportion assez notable; les polysaccharides ;
sont abondants ; ce sont surtout des dextranes (cellulose,
composés pectiques variés) chez les Algues brunes, sur-. :
tont des galactanes chez les Algues rouges et aussi des …
pentosanes. Les diastases qui les solubilisent sont in -
connues et les galactanes et pentosanes résistent aux ac-. É
tions bactériennes essa yées. Bien que les expériences à
ce sujet soient quasi infructueuses au laboratoire, 1l n'en. n
“11
UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES SLI
est cependant pas entièrement de même dans le tube in-
… testinal. D'ailleurs, la nature offre nécessairement des
FE microorganismes qui les décomposent, sinon les Aloues
… arrachées par les vagues s’accumuleratent en amas chaque
- jour plus grands; la rapide décomposition du goémon
utilisé comme engrais suffit à démontrer leur existence et
. leur activité.
L'utilisation des Algues marines semble plus intéres-
. sante en ce qui concerne Îes animaux domestiques ; 1l est
même possible qu'elle augmente dans l'avenir.
3 On trouve partout, dans les revues ou les journaux,
- les mêmes affirmations en ce qui concerne l'alimentation
des animaux domestiques par les Algues marines; ces
à . renseignements, comme ceux qui concernent l'alimentation
- humaine, sont surtout empruntés, directement ou indirec-
_ tement, à Grevisce ou à Harvey qui eux-mêmes les ont
_ puisés dans les livres des vieux botanistes septentrionaux :
È : Linvné, Gueuis, Guxxer, etc. ; 1ls se réduisent en résumé
; à ceci : Le rene palmata est si recherché par les
: . moutons et les chèvres scandinaves que Guxver F appelait
- Fucus ovinus ; à l’île de Gothland, on nourrit communé-
ment les porcs avec du Fucus vesiculosus bouilli mélangé à
un peu de farine grossière; en Norvège, le F. serratus et
. le Chorda F'ilum constituent une partie du fourrage donné
“en hiver aux bestiaux ; dans certaines îles de FEcosse, le
bétail descend à la côte en hiver, à la basse mer, pour y
manger le F. vesiculosus. Tout cela date de près de deux
siècles ; je ne m'y arrête pas davantage. Je relève néan-
moins, à propos du Z. saccharina, les affirmations con-
_ tradictoires rapportées par GREviLLE (loc. cit, p. 34)
_ d’après Gunner, les bestiaux le mangent en Norvège,
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312 UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES Ê RUN
et d'après VAHLENBERG, . nr. n'y |goûtent pas. &
D'ailleurs, Leman disait en 1822, dans son article La-
minaria, cilé plus haut à propos des efflorescences « du
Rhodymenia : « On lui donne les surnoms de beaudrier É
et de Ceinture de Neptune à cause de sa forme semblable ee
à celle d'un large ruban. C’est encore le varech des. :i
chevaux ou diable de mer des Norvégiens et des Lapons, 4
dont ils ne font pas d'emploi comme fourrages, les 2
bestiaux refusant d'en manger. C'est ce qui avait fait
croire aux anciens peuples e ces contrées boréales que
cette plante était ensorcelée, et l'instrument employé par 4
les sorciers pour exciter les chevaux marins ». 7
A Roscoff et à l'ile de Batz, on nomme le R. ut Se
goémon à vache ou goémon à bestiaux parce que les bes-
taux qui le trouvent rejeté sur la grève, ou sur:les tas
de goémon destinés à l’engrais Fe terres, le mangent LA
volontiers et ne semblent pas rechercher d’autres espèces
d’Algues ; les observations manquent au sujet de l’Alaria, |
rejeté à la côle en quantité insignifiante. Dans les îles
situées à l'ouest du Finistère, le bétail trouve parfois
difficilement à se nourrir et mange des Algues. Des ma-
rios du Conquet m'ont dit qu à l’ ile de Béniguet, les vaches
viennent souvent chercher leur pâture parmi les tas de
goémon épave, qu'ils ramènent à terre pour l'engraisou
pour l'incinération, et ils m'ont désigné le L. saccharina ;
L.
a
L:
comme l'espèce la he recherchée. A l’ile de Molène (où
il n'y a ni chevaux, ni moutons), certaines vaches
mangent des Algues d’échouage, fraiches ou sèches, “4
on leur caprice, mais jamais en grande quantité Re
elles s'adressent, m'a-t-on dit, à toutes les espèces (?)
sauf au goémon noir; on nen récolte d'aucune sorte Se
pour les donner à l’étable. F
SHRSES ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES STE
“Do Fe PyLaiE ue és à l'ile de Sein Il dit
(Quelques observations. etc., 1824, p. 182) du L: leplo-
poda de la Pyl. (Z. de enét- : QC Quand la fronde va
se détruire, sa couleur vert olivâtre devient blanche
comme un morceau de parchemin, lorsqu'elle est sou-
mise à l'action de la pluie ou de la rosée. C'est la seule
_ espèce de Laminaire qui nous offre ce genre d’altération,
et que les vaches recherchent pour leur nourriture, le
long du rivage à l'île de Sein : elles vont l'y trouver
_ quand la mer est basse, et ia mangent avec avidité lors-
qu'elle a blanchi; mais elles n'en veulent point dans son
état naturel! »
M. Marzn, gardien du phare à l’île de Sein, m'écrit
que les vaches de l'île descendent d’elles-mêmes à la
grève pour manger le /è. palmala et qu'elles s’en régalent ;
1] me dit aussi que des Algues fraîches, sortant de la mer
(mais je ne sais pas quelles espèces), lavées à l'eau douce,
sont données aux bestiaux dans de l'eau chaude, mélan-
_ gées à un peu de son, et qu'ils en sont friands.
A l'île d Ouessant, de mémoire d'homme, ni les mou-
tons. ni les chevaux n’ont mangé d'Algucs. Mais. voici
peu d'années encore, lorsqu'un coup de vent d'hiver accu-
mulait du goémon dans les anses, on y conduisait les
vaches, on disposait même les galets (qui sont énormes
sur cette côte battue) pour leur préparer un chemin
moins difficile; elles s'Y nourrissaient avidement de
Rhodymenia et d'autres Algues qu'on n'a pas su me dé-
signer, Mais Jamais On ne re a récoltées pour les distribuer
dans les étables. La cause de la cessation de cet usage va-
riait avec mes interlocuteurs : la qualité du lait était
i Les goûts du bétail semblent donc différer en Ecosse et en Bre-
… tagne Je me borne à fournir les renseignements que j'ai recueillis,
18
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314
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moins «bonne, les animaux dues tés ane
les variétés de pommes de terre et de betteraves actuelle-
ment cultivées sont plus productives, il fallait trouver
de la nourriture pour les bestiaux, car File avait alors 2
moins de terres incultes et plus de bêtes à cornes. AE
tuellement, en effet, les femmes cultivent seules la terre
et elles y suffisent d'autant moins que la charrue est
presque inconnue dans l'île; les hommes s'engagent
comme marins de l'Etat, reçoivent des salaires avan-
tageux, des pensions be se désintéressent de l’ agri- me :
culture, d'où la diminution du troupeau. Quand
_j'objectais que les habitants de Sein continuent à nourrir.
leurs bestiaux avec des Algues, on me répondait
victorieusement qu’ils manquent de foin, de paille, de
betteraves et de pommes de terre et qu'ils ne peuvent
mieux faire. Les conditions sont en effet différentes dans
ces îles : Sein est plate et très peu élevée, tandis qu'une
falaise d'une vingtaine de mètres protège les terres beau-
coup plus étendues d'Ouessant, et certains points de
l'île cotent {o mètres, 5o mêtres et même 65 mètres
d'altitude. |
J. Hennricx a observé ceci dans la partie ouest de
l'île Lewis (Ecosse) ! : Les vaches et les moutons sont en
À;
ER |
L
n
fi
EL
liberté, 1ls descendent d'eux-mêmes sur la grève à basse
mer pour y chercher leur nourriture parmi les Algues
marines ; les agneaux suivent les brebis. Les moutons
mangent seulement le À. palmala et l'A. esculenta, et
certains négligent même ce dernier ; bien que le R. pal-
mata soit souvent fixé sur le stipe des Laminaires, les
1J. Hexpricx. — The Composition and Use of certain Seaweeds,
The Journal of the Board of Agriculture, t. XXIS, Londres, 1916
-et in litt.
LE
A à rude dr EN HÉbARS
\ à
Dis PER
UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 319-
noutous broutent = halyméhse sans toucher à son
LT Quant aux vaches, elles s'adressent uniquement
au L. flexicautis (L. stenophylla) et à l’Alaria ; bien que
le L. Cloustonii (L. digitata) fut si abondamment rejeté
qu'il couvrait souvent les autres espèces, les vaches n'y
goûtaient pas, elles le soulevaient du museau et le
- fouillaient pour trouver les deux espèces qu'elles re—
_ cherchent, et encore choisissaient-elles, dans le L. flexæi-
caulis, la lame pour laisser le stipe. Enfin, bien que le
L. saccharina fut abondant sur la grève, Hexpricx n'a vu
ni les vaches ni les moutons y goûter; on lui a dit cepen-
dant qu'ils en mangeaient quelquefois. Henpricx a fait ces
observations en été, alors que l'herbe ne manque pas;
pendant l'hiver, le bétail de Lewis est pareillement en
liberté et se nourrit de même. Les paysans récoltent
aussi des L. flexicaulis en grande quantité pour le donner
aux bestiaux à l'étable, car ils le considèrent comme ure
nourriture très saine, et Hexprick« m'a confirmé par lettre
que cette Algue est donnée fraîche, telle qu'elle est ré-
_ coltée sur la grève, et sans être préalablement lavée dans
_ l’eau douce.
M. Rosexvixce m'a fourni, d'après M. Tuoroppses,
quelques renseignements intéressants sur la nourriture
| des animaux en Islande. Les Rhodymenia, Alaria,
- - Chondrus, et plusieurs autres, y jouent un rôle considé-
rable dans l'alimentation des moutons et aussi des che-
vaux. Sur toute la côte islandaise, durant tout l'hiver, et
même aussi çà et là en été, des milliers de moutons
vaguent librement et se repaissent d'Algues marines ; en
certaines localités, comme à Langarnes, on ne leur donne
aucune autre nourriture ; ailleurs, ils reçoivent en outre
316 UTILISATION ALIMENTAIRE DES a: “MARI
un peu de foin; Res ils ape ne engraissent, et
leur viande est de bonne qualité ; on dit cependant que 4
leurs agneaux ont des membres plus faibles que ceux de
l'intérieur de l'ile. Les chevaux cherchent aussi Leur Le
nourriture sur la côte, surtout pendant l'hiver, et pré-. .
fèrent le L. saccharina dont ils choisissent la partie infé-. ‘ -
rieure {la plus jeune) de la lame. Les vaches ne vont pas 4
chercher elles-mêmes leur pâture à la côte ; on leur donne
à l'étable du À. palmala et de l'A. esculenta, et leur lait
j: n'en conserve aucun goût. En outre, depuis quelques
1) années, les Islandais Cent les Algues comme PRE
, de pour cela, ils les trempent dans l’eau pour les
laver et les ae du sable adhérent, les entassent s
dans des fosses profondes où elles sont pressées sous une
couche de madriers et de pierres ; ainsi comprimées, elles
forment une masse ferme que l'on fend à coup de hache : :
et que les animaux mangent en hiver avec grand appétit. +
En certains endroits, les Alaria récoltés en automne sont
séchés à l'air après ane à l'eau douce, pu:s conservés
dans le fenil en couches alternant avec des couches de
foin. L’équivalence nutritive entre ces Algues et le foin,
encore mal connue, varie naturellement avec la qualité :
et la digestibilité des différentes espèces de plantes et
aussi avec les animaux. D'ailleurs, les moutons de a ©:
<ôle islandaise, qui sont nourris d’Algues depuis de
Fi nombreuses généralions, les digèrent bien plus facilement :
| que les moutons de l’intérieur, habitués à manger uni-
4 jou de l'herbe ou du foin; cette remarque ne
ik s'applique pas seulement aux Algues, car M. Rosexvincé
me fait observer que les vaches landes de l'intérieur,
accoutumées depuis des siècles à manger diverses espèces Ë
de Carex, les De très bien, engraissent et ii é
4 p: à AV
Fe PR LATTES
. UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 317
nissent du lait en abondance, tandis que les vaches da-
noises accepieraient difficilement cette nourriture. La
# question d’accoutumance, et même d'accoutumance par
- hérédité, joue donc un rôle important. On le voit bien
» encore en Islande où parfois les chevaux consentent
difficilement à manger de l’avoine.
J'ai dit plus haut, d’après Fosure, que certaines Lami-
_naïres servent, dans le Finmarck, à la nourriture du
. bétail. D'après M. Ware, qui a fourni ces renseigne-
ments à M. Rosexvxce, les Norvégiens distribuent fré-
quemment des Algues marines dans les étables, après
des avoir trempées dans l’eau douce et souvent bouillies ;
_ce sont de petites Laminaires, surtout l’Alaria esculenta
(d’où son nom de Kutara, algue de vache), et l’Asco-
_ phyllum nodosum {d'où son nom de Grisetanqg, algue de
cochon). Actuellement, on tend à les utiliser davantage et
_ 1l existe deux usines, en Norvège, l’une à Bergen, l'autre
+ à Trondhjem, où les Algues sont séchées puis broyées.
- À dose convenable, elles ne donnent pas de mauvais
- goût au lait et ne causent pas de diarrhée aux chevaux ;
; _1l faut prendre garde, toutefois, de ne pas les donner aux
AE
4
Si Lorna Le
pla
: ? ri
ÉtiQu s FO css DE
Ÿ 4 CE NT ONE
. animaux comme nourriture exclusive, les sels inclus, et
- surtout les combinaisons iodées, pouvant devenir nui-
- sibles. Cette réserve contredit ce que nous disions plus
haut du bétail islandais et écossais ; peut-être est-ce une
- question d'accoutumance plus ou moins longue”.
… D'ailleurs, le lecteur s’est rendu compte que les rensei-
É.. 1M. Rosexvince m'’envoyait en même temps une brochure cù
- M. Isaacnsex expose l’état de la question en Norvège, mais mon
. ignorance de la langue norvégienne m'a empêché d’en prendre con-
- naissance, elle est intitulée : H. [ssacusen, 10 de berelning :1915-1 6}
2 fra foringsforsôkene ved norges landbrukshôiskole, Christiania, 1917.
18,
318 UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES | Re E-
Far FR
7%
gnements que J'ai e sur LS divers pays où les &
tee sont utilisées présentent d'autres discordances.
“aps
+3
SU'LARE
D'après A.-T. Cameron (loc. cit, part. EE, p. 2), ds > %
rer et Simpsox ont établi (en 1915) que le tissu FR de. 4
la glande thyroïde de moutons des îles Orcades nourris
dan l'hiver surtout d'Algues marines, contient des
quantités d’iode variant de 0,418 2/, à 1,050 %/, selon les
individus, ce qui, à leur avis, confirmerait l’idée émise
par CamEroN « que les na boe en teneur d’iode de
la thyroïde sont attribuables à des différences de régime».
Les Algues marines étaient complètement ou presque.
complètement négligées en France pour l'alimentation
des animaux not te lorsque survint, pendant la
guerre, la pénurie d'avoine et de fourrages qui obligea :
de recourir à des succédanés variés. Par ses fonctions,
l'intendant militaire Abrian (l'inventeur du casque de
nos poilus et des baraques Adrian) s'en préoccupait plus
que tout autre’. Îl a conté?, qu'en mai 1917, un chi-
miste industriel (P. GLoess) vint lui « proposer, pour
l'imperméabilisation des étoffes, un produit retiré des
mn
»
Algues marines de la classe des Laminaires préalablement
débarrassées de leurs sels par un traitement approprié » ;
1 Je n’ignore pas les arlicles publiés par Orrviero, RenauL», etc.
dons la Revue de pathologie comparée et pour lesquels cette Revue a
réclamé le bénéfice de la priorité de l’utilisation des Algues marines,
mais je crois vraiment inutile de les citer. On y lit, par exemple,
(ne 137, p. 259) que la brochure de Desmormes, que j'ai brièvement .
analysée (Cf. p. 21), est « un très brillant travail d’algologie »,
2 Apnian — Sur l’emploi de certaines Alques marines pour l'alunen-
talion des chevaux, vue rendus de l’Académie des ie sed
4 CLXVI, Paris, r918
=
. UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES 31G
ce produit était l’algine ou l’alginate de sodium dont
nous avons vu les Leo et de ee au cha-
D celle des avoines de Brie, Re par
Bazcan», et pensa à les utiliser pour remplacer l’avoine.
_ Cette conclusion un peu hâtive prouve combien Aprrax
| _s'exagérait la signification des analyses chimiques des
_ végétaux ; on dois néanmoins lui en savoir gré, car son
_ idée fut le point de départ d'expériences dont les _
pourraient avoir un intérêt pratique.
__ Aussitôt, des ZL. /lexicaulis (mélangés à quelques
_ L. Cloustonit) expédiés secs de Bretagne, furent traités
au Muséum, dans une dépendance du service de Lapicque,
sous la direction de P. GLosss : on les déminéralisait dans
- J’eau acidulée par HCI, procédé recommandé jadis par
…. Sraxronp ; on séchait après rinçage à l’eau douce. Dès
- le mois de juin suivant, Apriax s'en servit pour des
; ‘expériences. Trois chevaux de réforme, en mauvais état
et atteints de lÿmphangisme, furent soumis au régime
_ ordinaire, avoine, foin, paille ; trois autres chevaux dans
le même état reçurent progressivement de l’Algue en rem-.
placement d’avoine ; après 24 jours, «on constata que,
dans leur ensemble, les chevaux nourris à l’Algue alimen-
taire avaient augmenté de 6 °/, de leur poids, que leur
__ état général s'était sensiblement amélioré et que le lym-
_ phangisme avait disparu. Cette affection persistait, par
_ contre, chez les animaux du premier lot ». Ce résultat
_ encourageant ne prouvait en somme rien au point de vue-
_ même de l'alimentation, sinon que les Algues étaient
_ inoffensives ; la déminéralisation n étant que partielle, les
sels restant avaient guéri le lymphangisme ; l'’augmenta-
“320 UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES ee
que 0,750 d’Algue alimentaire équivalent à r kilo-
n'ait pas donné plus de renseignements sur chacun d'eux :
avec un minimum et un maximum ? en supposant que
tion de poids pouvait être une conséquence de leur action
thérapeutique. sÉRRE mi
Aprran effectua une nouvelle série Fespésonhe sûr: à
des chevaux sains : « À la date du 8 août, deux lots de
20 chevaux furent Fe au 1‘ cuirassier, au Quar- 4
tier Dupleix, dans le même escadron ; 20 chevaux ont été
soumis au régime normal, les 20 autres ont reçu 5 kilo-
gramme d’? And alimentaire en remplacement de 1 kilo-
gramme d'avoine... L'expérience a duré deux mois, et, à 1
a pesée du 8 Fabre: on constata que les chevaux nourris
à l’Algue alimentaire avaient gagné individuellement É
13 kilogrammes en deux mois, tandis que les chevaux té
moins n'avaient gagné que 2 kilogrammes à peine. La
première expérience se lrouvait EU pleinement con- : :
firmée. À la suite de ces essais, disait l’auteur, j'estime
gramme ve mais c'est un point qu'il conviendra
d'éclaircir ».
Portant sur un tel nombre de chevaux, cette expérience
était fort intéressante. On regretlera toutefois qu'Aprrax
les 20 chevaux avaient-ils également accepté la Lami-
naire ? mangeaient-1ils tous du même appétit et en tota= *
lité cette nourriture si nouvelle pour eux ? la digéraient-ils
tous avec une égale facilité? l'augmentation moyenne de
13 kilogrammes comportait-elle des écarts forts ou faibles
nd { DATE
| TNA VAPONA PU 15 0
1à kilogrammes fut une moyenne avec de très faibles
écarts, cette augmentation de poids dénotait donc une
assimilation parfaite du 1/5 ou du 1/4 du poids de l Algue e
ingurgitée, ce qui parait énorme. ne
La Direction des Inventions chargea LaricquEe de pour-
+7,
à
4
“à
2
3
UTILISATION DES ALGUES MARINES 321
re l étude physiologique de la quéstion ‘. Il s’est servi
. de ce qui restait des Laminaires préparées pour Abri,
. puis d’autres lavées soit dans l’eau acidulée par Pie
_ sulfurique, soit dans l’eau de chaux, la chaux ou l'acide
. ayant le même effet d'empêcher le passage du mucilage
no l’eau de lavage. | |
_ Les Algues, ingérées par des chevaux militaires de ré-
- forme, semblérent tout d’abord indigestibles ; LaPICQUE
=. les retrouvait dans le croltin, mais « à parlir du jour sui-
_ vantelles perdirent peu à peu leur consistance, se rédui-
…_ sirent à de vagues grumeaux mucilagineux et disparurent
-. totalement dans le crottin correspondant au 6° jour du
- régime ». « Sur des chevaux au repos (1 heure de pro-
. menade haut le pied), réglés à l'entretien strict, dit La-
- PIcQuE, on peut remplacer la lotalité de l’avoine par des
- Algues. Avec un travail léger, 2 heures de traction de
. tombereau sur route payée, l'équilibre nutritf a été obtenu
- avec 1.500 grammes d’Algues et 500 grammes d'avoine
* (outre foin et paille) ; il ne l'a plus été en remplaçant
D ur par son poids de marc de pommes ».
à Les expériences ont porté sur deux espèces d’Algues,
+ L. flexicaulis et F. serratus ; avec celui-ci, l’auteur a eu
… « des accidents », dit-il, sans rien spécifier sur leur na-
- ture n1 sur leur cause probable. Finalement, il arrive « à
cette conclusion que les Algues employées (L. flexicaulis
. Javé à l’acide ou à la 5 sont pour le cheval diges-
‘tibles et nutritives, mais qu elles doivent être ne
ANRE ji
FR MT
1L. Lapicque. — Emploi des Alques marines pour l'alimentation des
chevaux, Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. CLXVIT,
Paris, 1918 ; sous le même titre, l’auteur a publié une Note un peu
_ plus étendue dans le Bulletin du Muséum, t. XXIV, n° 7, Paris,
Ét- 1918.
A LEA
ait; Li
ete LA,
322.
plutôt du foin que de l'a avoine », ce qui ne né po |
avec la Note d’'ADrtax. LAPICQUE croit, il est vrai, que des
procédés de préparation étaient trop lents el que si les.
Laminaires fraîchement cueillies sont plongées seulement |
un quart d'heure dans un lait de chaux léger, puis lavées
un quart d’heure à l'eau douce et séchées à l’air, ce qui
suffit pour qu'elles ne soient plus hygrométriques, elles 3
renferment encore toute leur laminarine et par suitecons-
tituent un fourrage vraiment précieux pouvant remplacer
l’avoine. I a traité ainsi plusieurs tonnes de L. fexicaulis, &
mais ses Mémoires ne disent pas que l'essai alimentaire
en ait élé fait. L'auteur semble d’ailleurs s’exagérer la L
rapidité avec laquelle une substance de poids moléculaire
aussi élevé que la laminarine passe par osmose dans les À
lavages destinés à diminuer la teneur en substances sa-
lines, et, d'après les expériences de Henpricx (Cf. p. 183),
| le séchage des Laminaires sur la grève leur fait perdre
| beaucoup plus de potasse que de matière organique. 3
1
|
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ae pare gr lle memes crée PEER SR De Dr SN re her: si QE =
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, : É * 4 3e te
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ie D pe De ae digne mem roger rt
| Vers la fin de l'été de 1918, la Direction des Inventions %
m'invitait à reprendre ces expériences sur la nourriture
des chevaux par les Algues marines. J'étais alors à la
Station biologique de Roscoff et son directeur, M. Yves
Decace, mit le personnel à ma disposition dans lamesure
où le permettait le service des laboratoires. Nous avons
fait aux marées de fin d'août et de septembre, d'amples
récoltes sur place de F. serratus entier et de lames de
L. saccharina et de L. flexicaulis ; aussitôt débarquées, les
Algues étaient étalees sur la vaste terrasse sablée de la sta-
TS SE dd
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+
RÉQMQE mb ge
ZT ES os
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La + tie me 2
RE TR RE
; tion ou sur le promenoir cimenté qui entoure le grand ré-
e servoir ; la rosée nocturne, toujours abondante, suffisait à
F les dessaler ; de temps en temps, on les retournait pour
be assurer la dessiccation ; les premières récoltes séchèrent :
D =
qe PM sv
NE”
he:
le |
À
L :
LI le : 4
en
_ UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES. 323
rapidement, les dernières reçurent plusieurs pluies abon-
_ dantes, puis séchèrent lentement. Le L. flexicaulis blan-
. chit entièrement. Finalement, les Algues, mises en sac,
_ furent transportées à Bordeaux. C’est alors que commen-
F _cèrent les difficultés, car je dispose d’un laboratoire
»_ exigu où je ne pouvais songer à déminéraliser de grandes
-_ quantités d’Algues et encore moins à amener des chevaux.
à M. Louis Moreau, l'un des vétérinaires les plus qualifiés
de la région, a bien voulu s'associer à moi pour faire les
expériences et s'occuper de toute la partie zootéchnique *;
nous étions d'accord pour expérimenter sur des chevaux
…._ de travail et non sur des chevaux de réforme et pour ne
$ pas opérer dans une caserne, ni confier une surveillance
quelconque à des soldats de corvéé.
Nos Algues avaient été séchées à l'air libre ; nous vou-
> — lions en outre, comme dans les expériences d'Aprian, les
- déminéraliser d’après le procédé de Sraxrorp. propagé
par P. GLoess, comme si les substances passées dans le
liquide de macération dussent être récupérées, bien que,
naturellement, nous n’eussions mi l'intention de recueillir
ce liquide, n1 les moyens d'extraire les sous-produits.
Pour cela, M. BaronveT-Frucës, le grand raffineur bor-
delais, nous a généreusement aidés en mettant à notre
disposition son usine et le personnel nécessaire sous la di-
_ rection de son ingénieur, M. Félix Moreau, qui surveilla
la préparation et les analyses.
Toutes les Algues furent coupées au hache-paille en
morceaux de quelques centimètres * ; puis, de petits frag-
=. 4C. Sauvaceau et Louis Moreau. — Sur l'alimentation du cheval
par les Alques marines, Comptes rendus de l’Académie des Sciences,
t, CLXVII, Paris, 1919.
2 Des grains de sable restent toujours collés aux Algues quel que
” re tdi ns pe dé le LA ons sde di d PRES EE a > pe - 4 A mr mr mr sé * LA
> pa pe L r de À : LE — ED D : ÉcERRees ne _
RECENSE el om 6 eme RS Dan pm ere QUE no HARAS Era ) DRE SES SR 0 De EE T E x à
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ments nb de os je servirent à |
nos rapportées à la matière seen ee 105° °). Les |
nirent A 15,70 of a 17. 17 0, : ù Ms rèr.
Les
espèces, rapidement séchées, 17,70 DA et 19,85 Dre 4
Cas
L. sacchartna, qui avait aussi reçu la, pluie, en fo irni
18,47 0/,. sr È : Ru ER
re L. flexicaulis qui avait été très. me ne ne
cun traitement. Après des essais démontrant que la dé-
minéralisation dans un même temps croît avec l'acidi ité à
de la solution, on s’arrêla, pour les autres Algues, au à rOs à
cédé suivant : 25 kilogrammes d’Algues macéraient r2 2ou
2h heures dans de grandes barriques, dont un fond avait.
élé retiré et RARE 180 litres d’eau acidulée par ne 2
de HCI ordinaire, qu'un homme brassait de iemps en
lemps ; après changement de la solution pour une nou-
velle macération acidulée de même durée, on lavait. Re
ment. À défaut d'un pressoir de vendanges, les Algues
ont été ‘essorées aux turbines Caïl tournant à 1.200 tours
(le liquide expulsé réduisait fortement le Fehling) ; la
saison (en novembre) et l'espace ne permettant pas le.
séchage à l'air libre, elles furent exposées : en couche
iince pendant A8 heures dans les étuves à sucre chanéee: ©
de 309 à Bo°. Le poids des cendres, rapporté à la matière
sèche, variait alors, suivant les lots, de 3,77 °/, à 6,65 Ji 54
toutefois, par suite d’un accident au moteur, le L, RE É .
caulis fut séché sans essorage; il donnait 8, 25 tal de
cendres. as
Les Algues furent transportées dans un endroit sec, “chez à
soit leur état de dessication ; pour les faire pote et ménager | Fe
lames coupantes de nee on bat tout d’abord les Algues É & 4
Le | UTILISATION ATIMENTAIRE -DES. ALGUES MARINES - 329
: M. us Moreau qui possède une clinique et une marc-
- chalerie. À cette époque, la crise de l’avoine et des four-
_ rages sévissait plus que jamais ; les chevaux étaient af-
__ famés. Néanmoins, nous n'étions pas sans une cerlaine
e. . appréhension sur la manière dont ils consentiraient à
| Le la nourriture que nous leur préparions, car les
_ ouvriers de la raffinerie Frugès s'étaient plusieurs fois
_ _amusés à offrir nos Algues aux chevaux et loujours sans
- succès ; c’est une difficulté que ni Anrrax ni LAPiCQuE ne
_ mentionnent. Le contre-maître de M. Louis Moreau reçut
. donc la mission de présenter aux chevaux de la clientèle,
conduits pour le ferrage ou la consultation, et venant de
Bordeaux ou de la banlieue, une poignée de ZL. flexicaulis
É- non traité et de l°. serralus traité. Sur 314 chevaux,
- 3 seulement les ont volontiers acceptés et avalés; Îles
n autres les refusaient d'emblée ou les rejelaient après avoir
- commencé à les mastiquer*. Il fallait donc habituer les
animaux à celle nourriture et par conséquent commencer
re VE" Ou
ee - dei
us Ce 2
E l'expérience à la clinique. |
E _ Pour la faire dans les meilleures conditions, nous vou-
- Jions un cheval sain et robuste qui serait soumis à un
“ travail régulier et pénible. MM. Asné et Gouer, entre-
s preneurs de camionnage, ont obligeamment laissé M. Mo-
+ reAU, qui est le vétérinaire de leur entreprise, choisir
4 parmi les 560 chevaux de leurs écuries, la. bête qui lui
. conviendrait pour cela.
4 10. au début de janvier 1919, Margoton, superbe ju-
- ment de 10 ans, propre au gros trait, en parfait état.
ss _ 1 Cet essai, pratiqué sur une centaine de chevaux avant de com-
£. mencer les expériences, fut continué tandis que Margoton élait à la -
#. _ clinique; on nolait les chevaux ; il s’agit donc de 314 cheraux
&. .diflérents.
Utilisation des algues marines. rs à
326 UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES Ne
d ok dentition, a yant ne d'un repos d quelques 4
Jours par suite d’un javart cutané, fut choisie pour l’ rexpé- :
rience et conduite à la clinique le 7 janvier. Elle pesait :
640 kilogrammes ! . Aux écuries AsrTié et Gower, sa ration
à
| quotidienne { (de temps de guerre) commune à toute l'écu- +
rie, était : foin 8k,500, son de mauvaise qualité 4 litres,
opinambours 6 kilogrammes, avoine 2,500. Par prin-
cipe, durant tout le séjour de Margoton à la clinique, son #
régime fut réduit et consistait en : foin 6,500, et son
18 litres, que nous prenions chez ses propriétaires pour
que les conditions fussent bien comparables. Les ne
o janvier, du L..flexicaulis traité, soigneusement mé-
langé au son, restait intact dans sa mangeoire, trié avec
une surprenante habileté. Pour l’obliger à y gouter. Mir : 3
goton fut mise à la diète hydrique à partir de 10 ; on Jui à.
présentait une poignée de Laminaires trois fois par jour. :
aux heures habituelles de ses repas. Elle les accepta : seu- 3
lement le 12 au soir. Dès lors, elle recut du foin et du
son et, à chacun des trois repas, 300 grammes de Z. flexi-
caulis, traité ou non, qu’elle mangeait entièrement, mais …
Le ja CA È
“DES PE Tate date 12
sans plaisir.
Comme dans l’expérience de LapicQoue, des morceaux |
d’Aloues, d'abord presque intacts, simplement gonflés, |
se retrouvaient dans les crottins ; . diminuèrent prôgres-
sivement de taille et de consistance pour disparaître en-
tièrement le 24. Le 28, le L. flexicaulis est remplacé pars \P
un même poids de F. serratus; l'animal s'aperçoit des
celte substitution, hésite, mais le mange néanmoins en- À
ticrement ; des débris apparaissent de nouveau dans les
crotlins, puis bientôt on n'en voit plus, 1l y eut done une .
1 Toutes nos pesées d'animaux ont été faites par % Poids Piblies 5
gere re DES ALGUES MARINES 7 |
ce cela, les crottins furent toujours normaux, de .
| kilogrammes en moyenne par jour, avec de faibles
coke Le seul Shoes de l'animal était une heure de
É. serratus par Jour au lieu de 900 grammes, mais elle
en laisse ER une es fois elle a tout Hans Ë
… posés d'éléments He tenus, comme si la ep était
04 complète.
_ Le :2 février, Margoton rentre à la maison Asrié et
Gouer où elle va fournir le même travail de gros camion-
LR nage que ses voisins d'écurie. Elle Fe la même ration
ournalière que ceux-ci et, en outre, 2,100 de F. serra-
tusi. Soit par accoulumance, soit par augmentation
d’ appétit, elle mange tout. Malgré le travail auquel elle.
est soumise, elle pèse 651 kilogrammes le 27, ce qui re-
- présente T1 kilogrammes d'augmentation sur son poids ini-
Hal: or, avant d'entrer à la clinique, elle avait exactement
be même 2 on alimentaire, moins le F. serratus qui,
_ pendant ces 31 Jours, n'a causé aucun trouble ni acci-
dent. Le F. serralus convient donc aussi bien pour la
nourriture que le JL. Jleæicauls.
dE in eut assurément été préférable de ne pas donner d'avoine, mais
< ur ne nous appartenait pas et l’animal, à cette époque, repré-
sentait une valeur de 4 000 à 5000 francs ; nous devions expéri-
menter avec prudence.
; _
D. éléments de la ration restant te mêmes. nie ue
| on remplace le F. serr atus par 5 kilogrammes de D: |
caulis ; Margoton n’y touche pas: de en mange sc
ment le surlendemain 2 mars et ‘alors s’en mon! 1
friande ; des débris réapparaissent dans les crottins
dant quelques jours, ce qui confirme la remarqu
dente de la nécessité d’une nouvelle, mais rapide |
À : tion digestive. Ce nouveau régime est continué jusq
k 22 avril. Bien que la jument, privée d'avoine dep k
| 4 28 février, ait fourni son travail habituel de gros camion-
5 nage, elle a encore au gmenté de poids et pèse, le 22 avril, 4
+ ds, kilogrammes. On ne pouvait espérer un résultat, :
f + Rap Lee
Tandis que Margoton était soumise au régime e
F. serralus dans les écuries AsTié el GouEr, on rem
les efforts d’une voisine de stalle, Esclandre, Ë à lui « en dé-.
rober. M. Moreau en profita pour mettre celle-ci en: expé- 5
rience le 5 avril. Esclandre, jument de 16 ans, en bon 2
état, ne au trait rapide, pèse h72. kilogrammes. 5
en est fai ts n’en he pas : encouragés par ce suêces, |
nous lui en donnons, à par tir du 12 avril, D kilogrammes, à
quotidien de livraison des Lure en ville a été continué *
pendant l'expérience sans modification n1 alténuation ; à ca
malgré cela, la bête pèse, le 20 avril, 18 kilogrammes ss
_ plus que le de av ril. a ir :
SE, ER NE APRES PE TS NS os, VOS DES ANSE dis
as RE PT ET Lee, É < = be Me DEN E ire hrs re
er Pan Se RTS SAS NT VIRE P Yes EU
2 LS TRE MERS ee É =
+ 3 > FR =
“D<-
IASATION | ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES en
uis Margoton ah à en manger us te à
e Drome. tandis qu Esclandre Fa refusait obstinément.
= abrite portent généralement de nombreux er.
=
he . ae — l'eau dc dutée et ce qui était présenté aux
_ chevaux n'en portait plus. Je ne crois donc pas que ces
330 UTILISATION ALIMENTAIRE DES AL U
Spirorbis aient laissé une odeur désagréable po
DZ Av:
vaux ; il serait bon, néanmoins, de recommencer l'ex
rience avec dés individus récoltés dans une me
en sont ee |
quentité d’ indé y étant rt aranidé avec le L. ps ;
qu'avec le F. serratus ; le ilot de centrifugation n'a pré- He :
senté ni cylindres, ni elite épithéliales, pouvant faire |
soupçonner une altération du rein. Le pouls est demeuré
normal, la conjonctive aussi. L'intestin a toujours bien :
Rene En somme, rien d'anormal n'a été constaté,
dans les limites de temps où nous nous sommes placés.
Le travail des animaux en expérience s’est effectué nor- 4
malement, sans essoufflement, et leur poil “4 peut-être m.
meilleur que celui'de leurs voisins d’écurie*. SR
Quelle est donc la portée de ces expériences ?. | 4
Sur 314 chevaux appartenant à un très grand nombre 1
de propriétaires, et par conséquent soumis, en celte pé-
riode de disette, à une alimentation variée et à pemme suis à
fisante, 3 seulement ont accepté d'emblée nos Algues. li. 4
faut donc une certaine période d’accoutumance olfactive ‘4
et gustative pour les faire accepter. Ceci n'est d’ailleurs
‘nullement extraordinaire : les chevaux islandais acceptent 5
difficilement l’avoine, et beaucoup de chevaux refusent tout ne
d’abord les aliments nées puis!s’en montrent friands.
Le F, serratus et le L. flexicaulis constituent l'un et …
”
!J’avais aussi rapporté de Roscoff un sac de Rhod. palmala sec ;
M. Moreau en a MERE à divers moutons qui l'ont aussitôt a
accepté, bien qu'ils n’en eussent jamais vu. Nous comptons faire Ne.
avec le R. palmata des expériences précises sur les moutons, DM à à 3
er UTILISATION ALIMENTAIRE DES ALGUES MARINES J3I
+ l'autre une clone nourriture. Nos expériences portent
_ sur 2 chevaux seulement, mais sur 2 chevaux très sains,
soumis à un travail dur ; bien qu'elles aient duré peu de :
semaines, leur conclusion semble avoir une portée géné-
rale. Les prévisions d'Aprrax se sont réalisées et au delà.
. Non seulement les animaux ne souffrent pas du remplace-
. ment de la ration d’avoine par la même quantité d'Algues,
mais ils augmentent de poids plus que les témoins, tout
en icante le même travail.
4 Aprian a essayé le L. flexicaulis parce qu’on s’en ser-
#4 vait pour extraire les sels, l’iode et l’algine, mais l'usage
du F. serralus serait plus pratique, car sa récolte, plus
facile et moins coûteuse, dépend moins des marées, E As-
cophyllum nodosum aurait sans doute lès mêmes qualités
* et sa récolte est encore plus facile. La récolte de ces deux
#4 pe heurterait le privilège et les intérêts des agri-
e _ <ulteurs habitués à les utiliser pour leurs champs, mais il
_ est des endroits (île de Ré..., etc. }, où, comme nous
4 Pavons vu, la profusion du goémon épave fait négliger la
- coupe du goémon de rive ; elles y seraient exploitées sans
inconvénient, pour l'alimentation animale. Il ne faut
FT ailleurs pas se dissimuler que, malgré son abondance,
de L. flexicaulis, récolté sur place, est toujours assez coû-
=”
E
e
Ces
Me. =
4
| 4 teux. Il faut aussi se rappeler que dans les pays où les
» animaux mangent des Algues marines, ils mangent du
74 _goémon épave et non du goémon coupé, ce qui diminue
- les frais. Les Américains trouveraient peut-être là un in-
E. _ téressant débouché pour leurs grandes Laminaires.
4 Nous avons largement déminéralisé nos Algues pour
> nous placer dans Le mêmes conditions qu'Aprrax et pour
_ expérimenter sur des animaux de prix qui ne nous ap-
partenaient pas ; toutefois, cette opération est peut-être.
7 une ed AS
se | . ” à #
pluie, non soumis au res Er PR
aussi facilement que les autres et paraissent possé
mêmes qualités nutritives. La préparation alimentaire
pourrait donc êlre beaucoup simplifiée. Je ne discute pas
l'intérêt industriel du traitement des Laminaires pour en
retirer les sous-produits des eaux de lavage, cette ques-
PTE LM À
IN
pee
À, FL
72
Are
tion ayant été traitée au chapitre nr. Je ne discute pas 4
non in l'utilisation des Algues fraîches, parce pes 1
maux ef qu elle est nr olbite seulement pour des die | :
rains. 4 HT MERE
Les phénomènes chimiques auxquels les Algues ma-
rines sont soumises dans le tube digestif des chevaux sont
à peine soupçonnés. Il est donc intéressant de signaler |
que l'accoutumance digestive à une espèce déterminée est
progressive, que celte adaptation, une fois acquise, n Fe
traine pas la digestibilité immédiate d'une autre espèce ; :
clle la facilite Sn abrège l’accoutumance à celle-
ci. Comme je l'ai fail remarquer plus haut, les expé-
riences de M° Swarzr et d'autres auteurs (réalisées avec
des Algues rouges à galactane, mais les choses sont sans
doute ortpataliess n'auraient donc pas dû être faites .
avec des microbes quelconques, des fèces quelconques, ni
sur des animaux et des personnes quelconques.
Nos expériences prouvent nettement qué 1 0 serratus 22
et le L. flexicaulis, même après un séjour prolongé enr 2
liquide acidulé, constituent un excellent aliment d'entre
tien et de travail. Elles confirment, en outre, le résultat
assez surprenant, obtenu par Anriax à la caserne Du-
pleix, d’une augmentation considérable de poids des ani-
maux en proportion du poids d’Algues ingérées. Les...
tu eu
AiiaLE ,
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PNR ve Det
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L'ERS
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Fa ï É
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hrs EL
ATION ALIMENTAIRE E DES ALGUES MARINES R 5 4
Les herbivores marins vivent d’Algues : comme parmi
èces, et des spécialistes, qui s’attaquent de préférence à
| = 5 areas l'étude de 1 SE A des
telle ou telle Mure qui abonde dans certaines
; nuque bé d’autres localités où elle devrait
> trouver; l'étude de leurs sucs digestifs permettrait
à aussi d'apprécier les transformalions que subissent les
s polysaccharides des Algues !. : :
- Sans nous occuper du plancton microscopique, qui
iourrit de nombreux animaux, mentionnons que certaines
iatomées, Algues microscopiques à carapace siliceuse,
vivent parfois en épiphytes, ou sur la vase, en si grande
abondance que leurs amas se distinguent facilement à
l'œil nu ; c'est le cas des « sables à Sat d'Amble-
ieuse » étudiés par Grarp *, accompagnés d’une faune de
4 D'après H. Biernyvet J. Grasa (Digestion des mannanes et des
uactanes. Comptes rendus de l’Académie des Sciences t. cx£vur,
Paris, 1909), le suc gasiro-intestinal de divers escargots et aussi de
l'écrevisse, du homard, de l'araignée de mer, du crabe vulgaire,
n'ont aucune action sur l’agar-agar. Mais aucun de ces animaux ne.
se nourrit d'algues marines ! |
= 2A, Gaaro. — Sur une faunule a des sables à Diatomées
d'Ambleteuse | Pas-de-Calais), Comptes rendus de la Société de Bio-:
ls. t. LVI, Paris, 1904.
7 19.
UTILISATION D ee me
- d TN?
ria spas souvent Dialtomée es parce que Lee vacu sde È
de son Anse: renferment un suc cellulaire à +
jai eu d'oceou de constater que. celte pres Mr
gitée par les huîtres, laisse filtrer sa matière bleue qui se
fixe sur les branchies et les colore en vert : c'est tout le.
_ secret du verdissement des huîtres qui fait la réputati ion
des produits de Marennes’. David Caraza, professeur à RE
l’université de Padoue, qui étudia la question du verdis- 4
sement sans la comprendre, crut que ce phénomène dé- + S,
_pend de la nature du terrain ; son erreur et les termes …
heureusement rares dans lesquels il la soutint lui ont valu 9
une certaine notoriété ?. : TRES Re S
Dans une claire en verdeur, la partie submergée des ve
talus, le fond de la claire, la valve supérieure des co.
quilles, sont couverts d'un duvet bleu verdâtre qui ne
pelle une couche de Cyanophycées ; l'eau prend une
2 teinte d’un bleu foncé, presque noir, par les milliards de 4
12 Navicula ostrearia qu’elle contient. Par une journée en- 4
à de soleillée, des bulles de gaz apparaissent dans la couche
profonde de Diatomées et la soulèvent ; des lambeaux
viennent floiter à la surface et la marée les emporteau
loin. Les ostréiculteurs de la région de Marennes cui F4
leurs huîtres comme le faisaient leurs pères, voici as
f 1C. SauvacEau. — Le verdissement des huîtres par la Dialomée
+ bleue, Bulletin de la Station biologique d'Arcachon, 10° année,
Si | Bordeaux, 1907. \ ATEN
4 2C. SauvaGEau. — Le professeur David Chrazzi, les huîtres de.
Marennes et la Dialomée bleue, Bordeaux, 1908.
mor Hilane : naguère Codbise les mes de culture ne ee
4 parfaits et routiniers, j'ai suggéré quelques change- Eee
ments qui me paraissent être des améliorations, mais je
ais bien surpris d'apprendre qu’ un Hnlienr cha >
: rentais a fait des essais dans ce sens. Ïl faudra sans doute cs |
‘0 que l'exemple vienne ie Japon ou des Etats-Unis. ne
#
FT RD
CHAPITRE VI | #
USAGES DIVERS ET CULTURE DES ALGUES MARINES
SOMMAIRE. — [, Utilisation des stipes desséchés de Laminaires, —.
Utilisation des Algues comme fil et comme amorce pour la pêche.
à la ligne. — Les Algues rouges et la pourpre de Tyr. — Emploi
médical du Fucus vesiculosus, du Lichen carragaheen, du Corallina
officinalis, de la Mousse de Corse.
I Préparalion des Algues pour les collections scientifiques ou
pour obtenir un effet artistique.
IT. Culture des Algues marines en Grande-Bretagne et au
Japon.
En séchant, les Algues à thalle massif diminuent de
volume, se rident ou se ratatinent: mises ensuite dans
l'eau, ou simplement exposées à l'humidité, elles absor-
bent de l’eau, se gonflent, reprennent leur forme. « Cette
lacibté des Fucus à pomper l’eau, dit Mérar (loc. cit.), les
a fait regarder comme de bons hygromètres. Si on veut
sen servir pour cet usage, il faut choisir les espèces à
{rondes allongées- et arrondies ». Les chirurgiens mettent
à profit cette même propriété en employant ce qu'ils ap—.
pellent «la laminaire » ; c’est le stipe du L. Gloustonü
coupé en tronçons et passé au tour ; il leur sert à dilater
des trajets fistuleux, à dilater le col utérin en vue d'un
curelage ou pour provoquer un accouchement prématuré.
Ces « crayons » sont pleins ou creux, de longueur et de
% D co ET. _— DES ALGUES MARINES 337 |
diamètre “arables selon les besoins : le commerce les
LV: ee avec des Fr d'asepsie ou bien ils doivent être
la . s’allongeait, poussait la pie qui brisait
EF ampoule, et le contact de l'acide et du chlorate détermi-
. pes : TR D d’ autres grenades, l'aiguille
et: si tante qu on en fait, dit Farcow, sous le nom de
corne de cerf artificielle, des manches de couteaux, des
_coupe-papiers... elc.; une usine fut même établie à Mar-
D pour Libsiques des boutons, mais on dut l’aban-
> « Élisièurs espèces, dit Mérar, présentent tant de té
À nacilé que l’on peut en faire des cordages... Le fucus fi-
_lum (actuellement Chorda Filum), très Fr sur nos
ps el qui à cinq à SIX mètres de 1ApUCSS
EE Il faut qu'ils soient etes Stftont lors-
338 USAGES DIVERS ET CULTURE DES ALGUES
-qu'on veut s’en servir, parce qu alors ils présenten pl
-de force et seront moins cassants. On ne peut: no plus 1
bien travailler qu’étant humides ». Fe
Suivant Swan (loc. cit.), les péchedts de l'Alaska
ploient au même usage, et depuis des siècles, le stipedu
Nereocyslis, qui est bre flexible, de la grosseur « d'une
corde ordinaire de fenêtre ». Ils le coupent au-dessous a É-
pneumatocysle, le trempent dans un ruisseau d’eaucou- …
rante jusqu'à ce qu'il soit presque blanc, puis l’élendent,
le frottent pour le réduire à la grosseur voulue et Mb -
sécher à à la FIPUE de Fm habitation ; très cast ét |
ue alors les meilleures lignes à pêche de lin ou dec co- |
ton. Ces morceaux, variant de 10 à 15 brasses, sontnoués
ensemble à la longueur de 80 brasses requise pour. la : >
pêche à l'entrée de détroit de San Juan de Fuca, ou de
200 brasses pour la pêche de la morue (black cod) à île
Queen Charlotte (Colombie britannique). Autrefois, les
Indiens de la côte se servaient aussi des pepe
-de Nereocyslis comme récipient pour conserver l'huile de |
chien de mer (dog-fish). Rise 4
Nos pêcheurs à à la ligne prennent g A enmer
des poissons carnivores et appätent avec des vers, ie À
crustacés, des morceaux de poisson. etc. ; les poissons 4
De sont plutôt capturés dans Fe filets, car les pé-
-cheurs ignorent de quelles espèces d’Algues ils senour- | 4
rissent. Récemment, des espagnols, venus à Port-Vendres,
ont enseigné la manière de se servir à cet effet du Lau 4
r'encia pinnatifida et j'ai vu les amateurs de Banyuls- SUr- 4
mer capturer ainsi de fort belles pièces. D'après M. ue 5
amaturaliste du service des pêches maritimes détaché au
nu DIVERS ET CULTURE DES ALGUES MARINES 339 -
PH L. anciens, dit MÉRAT oc. cil:), tiraient parti d'une
espèce « qu'ils appelaient: fucus rouge où fucus des lein-
duriers. Ils l’employaient effectivement à teindre les draps
et autres étoffes de laine. On se servait aussi de ce genre
de teinture dans l’île de Gandie. Il parait même que le
fard des dames était extrait de cette, plante : c'est de là,
sans doute, qu'est venu le mot fucus qui, en latin, si-
gnifie rouge ou fard. PLauTe et Tigurze emploient en
plusieurs bete de leurs ouvrages le mot fucus pour
indiquer le rouge de toilette dont usaient les femmes ro-
maines... Peut-être est-ce de ces plantes que la fameuse
couleur pourpre des anciens était extraite... GMEz re-
_ marque que les jeunes Kamtchadales mêlent les fucus
_ avec la graisse des poissons pour se rougir le visage. Il
< _ ajoute que les femmes de plusieurs régions maritimes de
+ Æurope, non moins soigneuses de leur beauté, font ma-
… cérer le fucus dans l’eau, et se frottent les ] Joues avec cette
& _macération ».
DesEaux ayant eu l’occasion de récolter le Rytiphlæa
dincloria à Bastia, où ilest fréquent ', remarqua que « si
_ lon en place or touffes dans un vase plein d’eau
_ douce, celle-ci prend tout de suite une magnifique teinte
| pourpre carminée », et crut pouvoir en induire que la
ce pre de Tyr des anciens devait être préparée avec
x
ÿ
é 0. LR — — Algues mar ines des cnvir ons de Bastia (Gorse),
3h40 USAGES DIVERS ET CULTURE DES ALGUES MARINES .
cette Algue et non retirée des Gastropodes auxquels on en.
attribuait la sécrétion. Mais l’année suivante, LEsranc
rectifiait celte assertion ‘ et, pour lui, les commentateurs
ont raison quand ils disent que la pourpre d'Amorgos se
tirait du Lichen Roccella linctoria* et que la pourpre de
Tyr était fournie par les deux Gastropodes Murex bran-
daris et Murex trunculus. k
D'ailleurs, toutes les Algues floridées colorent l’eau
douce en rouge; le Ryt. lincloria la colore seulement
avec plus de rapidité et d'intensité; c'est une question de
plus ou de moins, variable avec les espèces. Descousr
ignorait cette propriété et la croyait particulière au Ry£:
Linctoria: en 1877, il attribua la teinte violette anomale,
que les huîtres du bassin d'Arcachon possédaient cette
année-là, au développement considérable d'une Floridée:
qu'il supposa être le Ryt. tincloria*. La présence de cette
Algue dans le bassin d'Arcachon est extrêmement dou-
teuse et l’Algue incriminée par Descousr était peut-être
le Polysiphonia violacea ou plus probablement le P. elon-
qata plante commune sur nos côtes atlantiques *.
Le Fucus vesiculosus fat beaucoup employé autrefois
i Edouard Lerraxc. —— Les Roccella et le Rytiphlæa tinctoria de
la Méditerranée par devant la poupre de Tyr, Bulletin de la Société
botanique de France, t. XXI, Paris, 1874.
2 Le Roccella tinctoria D. C. est un Lichen fruticuleux, souvent
long de 3 à 10 cm. et atteignant parfois 20 cm. qui croit près de la
mer, sur les rochers des côtes méditerranéennes d'Europe et la côte:
africaine atlantique (d’après O.-V. DarBisaime).
3 Descousr. — Sur les causes de la coloration violacée des huîtres du
bassin d'Arcachon, Comptes rendus de l'Académie des Sciences;
+ LXXXV, Paris, 1877.
#C. Sauvacrau. — A propos du Colpomonia... elc., 1906:
4
7 he L L # ai D [24 = »
Due en cataplase. et aussi contre la scrofule, Soit
l'extérieur, soit à l’intérieur... etc.; d’ailleurs, ba que
n usage soit tombé en Hrue il figure encore dans
IC à tort que les or donnent la ra |
au Faous vesiculosus sur ses congénères. Ce varech est,
en effet, l'un des plus pauvres en Li que j'aie rencontré,
et l'on trouverait peut-être un avantage sérieux à le rem-
. placer par le Fucus digitatus (Laminaria) qui en offre une
roportion septà huit fois plus considérable ». C'est aussi
ce qu'avait remarqué GAULTHIER DE Craüery en 1815. La
thérapeutique n’emploie plus guère les Algues marines
pour l’iode qu'elles renferment, mais un revirement pour-
_ rait se produire ; nombreuses sont les Phanérogames dont
l'usage médical s'était perdu, parce qu'on croyait savoir
en extraire tout le principe actif, et qui sont de nouveau
recommandées. : |
_ Le Carragaheen était autrefois si recherché pour Pali-
méhlation de malades, disent Jouxsroxe et Croazr, qu'il
- fut un temps où on le vendait 2 à 3 shillings la livre.
D’ après Corrox, on le prescrit encore, dans quelques lo-
calités oi. pour le traitement des maladies pul-
monaires. Son mucilage est la partie agissante dans le.
_cataplasme de Lecrèvre, qui consiste en un gâteau d’ouate
_ imbibé d'une décoction de carragaheen, puis desséché ; il.
1 Eugène MarcnaxD. — Composition des cendres de l'ucus. Journal
_ de pharmacie et de chimie, 4° série, t. 1[, Paris, 1865.
. Æ.
gelée, se le lait, à chaque repas*.
342
<ntre aussi dans la Re o V de certaine ehuliohs
pharmaceutiques, en particulier dans l’émulsion delhuile
-de foie de morue, qui (Guéquex, loc. cit.) est obtenue avec :
décoction de carragaheen à 3 ° > 325 centimètres LT
huile 500 centimètres cubes, sirop de tolu 500 centimètres
cubes, eau en quantité suffisante pour compléter un litre ‘.
La nue vétérinaire l'emploie aussi. D'après Cério
-on l'utilise en Irlande pour l’engraissement des veaux.
Housrox, professeur . au Royah College of Science de
Dublia? rapporte, d'après ses élèves, qu ‘on Re 0
avec des résultats surprenants pour nourrir les veaux à
biles, un changement d'état survenant en quatre jours ;
rissement et neuf moururent ; les trois autres, qui étaient
“en mauvais état, reçurent du carragaheen et guérirent.
Pour préparer le remède, on met une livre de l'Alguedans
un sac de mousseline, que l’on fait bouillir dans un gallon
d’eau (4 litres et demi) ; par le refroidissement, l’eau: se
prend en gelée et l’on donne aux veaux un verre de celte
1 L'auteur a évidemment commis une erreur de chiffres. -_
2 Cité par H.-E. Anwerr, F.-V, Danrsismire, E.-J. Russezz. —
ÆEdible Sea-weeds, Journal of South cree ist ie College,
Wye, n° 16, 1907.
3 Dans certaines parties de l'ouest de l'Ecosse et aux Hébrides, le ta
-Glæocapsa magma se trouve en grande quantité sur la terre et parmi
les pierres humides, sous forme d'innombrables petites masses gélati-
les avoir réduits en bouillie pourpurger les veaux (G.-S. Wesr, Algæ,
&. [, Cambridge Botanical Handbook. Cambridge, 1916. p. 30). Bien
»#
a
37
dans la ferme des parents d’un de ses élèves, un Ir DE A “,
de douze veaux futatteint d'une sorte de maladie de he +
neuses lobulées d’un brun pourpre ; les habitants leur donnent le nom
-de Mountain Dulse et, d’après Lienrroor, ils s’en servaient jadis après AN
«que le Gl. magma ne soit pas marin, j'ai cru bon de citer ce fait.
v.
2
25
usages DIVERS ET CULTURE DES ALGUES MARINES 343
‘18 blanche ou Corallina Rs + et la Coral
… line rouge ou Corallina rubens L.‘ appelée plus tard
% Jania rubens par Lamouroux. Puis l'usage s’en perdit
ee rapidement, quand on connut les propriétés d’une autre
_ petite Algue, beaucoup plus active, dont on attribue la
É- _ découverte, en 1779, à Srepmanopozr, médecin d origine
_ grecque établi en Corse ; elle formait des gazons courts et
_ denses, rougeûtres, sur “ rochers de l'ile qui assèchent
# ‘ quand la mer est basse et très calme ; elle fut bientôt un
4 objet de commerce sous le nom de mousse de Corse, qui
é Lu a élé conservé. STEPHANOPOLI connaissait ses propriétés
pays d’origine : Lussox dit même que déja les grecs de
_ l'antiquité l’utilisaient, Cependant, d'a près Lerranc?, les
4 anciens traités de botanique médicale n’en font aucune
: mention, et 1l serait possible que la plante eût été d’un
usage vulgaire, avec d'autres petites Algues filiformes,
_ dés le xvi° siècle, sur les côtes de Toscane et A ange
aussi de France.
Quoi qu'il en soit, à partir de cette époque, la Mousse
ne - de Corse devint à la mode, son usage se répandit rapide -
1 ment, elle guérissait sûrement et les savants s'en occu-
_ pèrent;de lue en plus demandée, sa récolte fut de moins
“en moins soignée. De La Tourrerte, auteur de la com-
_ {Ceci d’après De La TourreTtTe (loc. cit., p. 169), car pour
DE Canpoze, la Coralline rouge était la Mousse de Corse.
_ ? Edmond Lerranc. —— De l'Helminthochorton et de la mousse de
_ Corse chez les anciens, Bulletin de la Société Le de France,
é. XXI, Paris, 1874.
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3/44 USAGES DIVERS ET CULTURE DES ALGUES MARINES
binaison binominale Fucus Helminthochorton qui servit
longtemps à désigner la plante, a écrit son Mémoire de
1782 en partie dans le but « de diriger ceux qui le re-
cueillent et de prévenir les supercheries des marchands
qui le débitent »'. Son travail, qui est remarquable,
donne une description, une planche et une diagnose très
reconnaissables de la plante ; l'auteur a bien vu le rhizome
d'où s'élèvent les filaments dressés.
Ces supercheries, dont parle ne LA Tourretre, nous
font comprendre l'erreur de Bouvier (loc. cit.)qui, croyant
analyser la vraie mousse de Corse, eut affaire à un Gel-
dium, et aussi l'erreur de Mérar (loc. cit.) qui, s'appuyant
sur le travail de Bouvier, disait que l’abondant mucus
fourni par la plante est une si bonne nourriture que les
Ascaris « périssent par une sorte d'indigestion, et sont
chassés par suite du mouvement péristaltique des in-
testins, qui entraîne vers le rectum les matières qu ils
renferment ». |
D'ailleurs, elles s’accentuërent ultérieurement. Ainsi,
DE GCaANboLLE écrivait en 1804 °: » En examinant la
mousse de Corse, M, Decaxpoire s'est convaincu que
cette substance n'était pas homogène comme on la cru
jusqu'ici, mais au contraire qu'elle était très composée.
A peine le fucus helminthochorlon forme-t-ilun uers de la
1 pe La Tourrerre. — Dissertation botanique sur le Fucus Helmin-
thochorton, ou vermifuge de Corse, improprement appelé Mousse,
Corulline, etc., contenant des recherches sur quelques plantes Crypto-
games, Dbscre ations sur la Physique, sur l” ne. Naturelle et sur
les Arts, t. XX, Paris, 1782.
L et — Extrait d’une Note sur la Mousse de Corse, Bui-
. letin de l'Ecole de médecine de Paris et de la Société établie dans
son sein, 1° année, an XIIL (1804), p. 125.
È L 4
rs
à der Fioler les rochers où il leur
nr.
Eve:
Vas abondant, font sé-
ie paitone aux marchands. Ils : sont maintenant
4 d aller Rs la mousse de ee sur les côtes
ve Le avec “je fucus Ra sont en
: grande quantité, comme nous l'avons déjà dit, les deux
tiers dans celle qui est choisie | et les in huitièmes pour
1e de: dnce participent de cette enr ».
Les botanistes ont naturellement Æxtrait cette petite
: Ploridée de l’ancien genre Fucus : Lauouroux en fit un
. Gigartina, C. Acaron un Sphærococcus, J. Acarpn un
_ Gracilaria, Expricuer un Plocartia; ils s'accordent actuel-
lement à l appeler Alsidium Helminthochorton av ec Kür-
ANG. RE
. Un produit aussi impur étoigna peu à peu les praticiens
| de son emploi ; les bocaux des officines en renferment en-
core, mais 1! n'en sort guère, bien que le nouveau Codex
_ ait conservé la formule d’un sirop. D'ailleurs, sa qualité
_ commerciale ne s’est pas améliorée. Les pharmaciens de
Bastia ont déclaré à Desraux (loc. cit.), qu'ils achetaient
. leur mousse de Corse aux droguistes de Marseille, et les
… échantillons qu’il a examinés ne lui présentèrent aucune
_ trace d'A/sidium ; au contraire, la mousse de Corse prise
_ dans les pharmacies d’Ajaccio en renfermait les neuf
_ dixièmes. J'ai moi-même passé sous le microscope à dis-
seclion 250 grammes ‘de mousse Sd SCOR
achetés dans l’une des maisons de droguerie les
putées pour là qualité de ses produits, et jen ai
ment quelques brins, dont le poids ne devait guè
dépasser quelques centigrammes, toute la petite flore m
rine des rochers. avec de nombreux débris de coqui e
de Corallines, formait le reste."
D'ailleurs, la présence de |’ Ati Helminthoehortn
ne parait pas indispensable pour que la mousse de.
agisse comme vermifuge. Quand Desraux résidait
:
l'hopital militaire: (e est-à-dire qu'il râcla les ee
couverts de petites Algues) la dessécha, puis en _sour
un échantillon moyen à à l RS normand Levei, Jeq que
n'existe pas un brin d’' Helrinihochor{on a toujours in |
A
employé avec succès à l'hopital militaire, et il en est de. |
Cr
mêmes “de Loutes les variétés de ce M Pre de 2x
RAT
de Bastia ». Toutes les petites pren récoltées dans .
bonnes conditions, concluait-1l, PO donc les mêmes ?
propriétés vermifuges. L’ Bei du remède ne pouvant de
être attribuée en Parc cas à son action sur Min ,
du malade, il faut bien admettre que tout au moinsd’ autres
pelites Algues ont un effet anthelminthique: | EM ET
D’ iléors DeBeaux n’en était pas à son premier essai.
PROS ARE A
Lors de l'expédition française en Chine, de r860- 1862, a
récolta, à l'entrée du golfe de Petchili, plusieurs petites. .
Agnes. dont il a «e formé u un mélange is qui a tou-
S DIvE ET NRA: Meme MARINES _.
08 eu souvent l’occasion de tres ct espèce pure à
€ s clients qui en ont eu toute satisfaction, alors qu'ils
‘avaient obtenu aucun résultat satisfaisant en employant
e la mousse de Corse ordinaire des épiceries ». Le même
Dose a fait en outre des FR se elles
74 Re : à te Arericola piscätorum, vers are
qui vivent au bord de la mer, enfouis dans le sable, et
que les pêcheurs emploient comme appât. Plongés dans
une infusion d’A/sidium (1 gramme dans 30 centimètres.
3 _ cubes), les Arénicoles sont purgés violemment et meurent
en une demi-heure; la rapidité de l’effet dépend de la
quantité d’A/sidium infusée; si l’Alsidium est remplacé.
_ par d’autres Algues, vivant sur les mêmes rochers, les
animaux meurent par asphyxie longtemps après leur
immersion. :
_ Il resterait à concilier les assertions de Dergaux et celles
de Gançanx.
Fe si F4 à peine besoin de dire que l'observation des
: Algues s sur le vivant est indispensable pour étudier le. con--
n 4 ne Gançaix. — Recherches sur l’Alsidium Helminthochorton.
du golfe d'A jaccio, Thèse de Montpellier, 1906.
| ss = [USAGES DIVERS ET cuL
ESS A uelts et faciliter la circulation dé lai ir
il-est utile d'avoir à sa disposition un herbier
SD RER: ON RP
PIE PES. re
D PR ER COLE NE PS TR
La 14 ÿ Ve #4
“ £:
S,
durée des pétAs brin aux ur ‘marées,
qu,
MES ESS Lier Le
sons. etc.), rendent nécessaire l'étude des in |
bo Les Algues délicates, ou les portions d'Algues
lesquelles on se propose de suivre des détails s his tologi ues
=
Êz
ou des Era de structure, sont ps dans des
Celles ds grande taille, comme les pins Cy ira,
Sal ‘gassum, Laminaria.… elc., sont avantag emen
ue
tard, chez soi, on les étend pose à r aise sur PRE
papier, autrement dit conservées pour Phecbtees Ces €
nablement étalées, elles gardent leur aspect, et la com]
raison des échantillons d'herbier a permis aux algolo,
de reconnaitre les affinités et les différences morphe |
giques, d'établirles classifications, de délimiterles es]
genres, familles... etc. À cause des variations que : sub
forme des Algues avec les climats, l'exposition aux va
les saisons... etc., les descriptions données par les li Te
même si elles sont agrémentées de figures, sont insuf :
santes pour permettre des dre précises,
identifier les échantillons. Quand les plantes d
| USAGES DIVERS ET CULTURE DES ALGUES MARINES 9/49
it été Mes en Fos: qu ‘elles ont été has
hi Rise des Lu que l'on détache
vent 1 renseignements Re à aussi pe
que des Éhantilon frais. Les algologues font même
‘avec leurs confrères des échanges d’Algues ainsi pré-
parées, qui leur permettent Édentifeatfon des formes
récoltées en différents pays, ou même en diflérentes sta-
tions d'une même localité. C’est ainsi que s étudient les
limites des variations d’une espèce el l'on conçoit que,
dans la plupart des cas, la comparaison sur des individus
frais serait matériellement impossible.
_ Cette préparation est facile. À moins qu'il s'agisse d’es-
pèces rares, ou que les marées ne découvrent pas, les
Algues doivent être récoltées en place, autant que possible
pures ; à moins que les épiphytes présentent un intérêt
à particulier, on détache ceux-ci des espèces que l'on veut
conserver. Les Algues, en effet, ne croissent pas seulement
sur les rochers, clés poussent les unes sur les autres, et
| certaines espèces sont toujours épiphytes ; elles croissent
D sur des espèces de même couleur ou d’une autre cou-
_ leur, et de grandes Algues, comme les Cysloseira, portent
: M ent de mb espèces épiphytes, chaque
à … individu âgé est une sorte de jardin botanique, Les touffes
. de plantes filamenteuses sont généralement trop volumi-
neuses pour être conservées Hire elles sécheraient
el et les parties constitutives ne seraient pas distinctes ;
on en choisit donc seulement les portions les plus ne
ou que caractérise la présence d'organes reproducteurs.
La préparation proprement dite se fait dans l’eau ; l'algue
Le déposée dans une cuvette d’eau de mer, de cer
=
20
me
x RE BR ÈS ee
*
Es + + ©
ke
…
_- st PL h. cum = ot Et ee
D 2
TR DLL
PRE.
‘émoussée: les aiguilles de bois, d'os, ou de cellu |
dont les femmes se servent pour tricoter, ‘au besc in à
on lé dépose ensuite sur un coussin de papier buvar arc 4
sf
A PT ONE
étale | igne d’abord avec té à AE a Fa. retir
peu la feuille de papier en maintenant les filament
leur faisant prendre la position désirée, avec. une p
CANONS
PONS PTIT
L Æ Ql mA
pointies sur une pierre à aiguiser, convienn (a
ment pour cela. Le papier retiré entièrement del a
et tenu par un ou deux coins, laisse écouler l’e excès d
le couvre d'ün morceau de calicot, puis d’un cot 1s In
papier buvard, et l'on continue ainsi; le papier
peut être remplacé par du papier de paille comn |
dont se servent les bouchers, ou, à la rigueur, ar d
vieux journaux. Quand le tout forme une pile suffisante,
couvre avec une planche ou avec un chassis à jour etl
comprime avec des courroies ou des pierres. Quel qu
heures après, on remplace les coussins de buvard_
d’ autres coussins secs et l'on recommence le Jendemai
rence au papier cs à Les collections d’ Leu sis
sont indispensables pour les comparaisons ; cerlains ne
logues ont préparé leurs récoltes avec un soin et. une ha
bileté remarquables, et l'herbier Thuret, légué par Ed. |
Boner au service de cryptogamie du Muséum de Paris, 3
dont les espèces françaises ont été préparées par THURET
: 1e è :
el par DORE, est un modèle d° élégance el de Lénine
| USAGES DIVERS ET CULTURE DES ALGUES MARINES 391
ils qe
4 eh les échantillons | conservés soient utiles,
Le ‘circonstances de la récolte, autrement dit. consdoer
un document. On s’en servira pour l'étude au microscope,
n mouillant d'abord avec un pinceau le fragment à dé-
tacher , choisi, autant que possible, dans une partie de la
plante qui peut-être enlevée sans altérer sa forme générale ;
certains échantillons de collections ont ainsi servi à divers
travailleurs et ne paraissent pas endommagés.
_ Le botaniste cherche à posséder ainsi des échantillons
: complets sur lesquels 1l pourra ultérieurement étudier la
base fixatrice, les parties végétatives, les diverses sortes
d'organes reproducteurs. etc. Mais certaines Algues
étalées sur le papier, produisant un effet fort joli par la dé-
_licatesse de leur teinte, de leur forme, de leurs contours,
“les amateurs en préparent aussi comme souvenir de villé-
giature, ou pour orner du papier à lettres, des cartes pos-
_tales, faire de petits tableaux artistiques ; naturellement,
: leurs préoccupations sont autres, ils n'ont pas le même
2 _ souci d’exactitude documéntaire ; des fragments leur suf-
_fisent, pourvu qu'ils soient agréables : à l'œil; les Entero-
à — morpha et Cladophora parmi les Algues vettes, les Ecto-
ca pus: parmi les Algues brunes, les Plocamium, Bonne-
_maisonia, Delesseria, Ceramium, Polysiphonua parmi les
| Ane rouges, sont particulièrement recherchés à cause
- de l'élégance de leurs formes. Le mode de préparation et
P de: dessiccation est le même; toutefois, on emploie l'eau
_ douce au lieu d’eau de mer, Fe les Algues sèchent plus
_ vite et mieux ; en outre, un court séjour dans l'eau douce,
Len gonflant É. paroi de certaines espèces, facilite la fixa-
tion sur le papier ; le pigment brun ou rouge, étant plus
: ou moins s rapidement soluble dans l’eau douce, la colo-
352 USAGES DIVERS ET CULTURE DES ALGUES ps 2
ration est modifiée et on obtient des effets variés. Da
certaines stations de bains de mer, des personnes adroites
préparent des collections locales pour la vente, ou des
cartes postales illustrées, où les Algues, judicieusement
choisies et bien étalées, semblent des miniatures peintes à :
la main. M°° Dovecer, de Cherbourg, en prépare ainsi de
fort jolies qui sont d'autant plus estimables que ses con-
naissances botaniques lui permettent de nommer chaque
espèce avec sa véritable désignation scientifique. C'est
même à l'aide de cartes postales préparées par elle que
M. Cormière a pu démontrer que le Colpomenia sinuosa,
Algue des mers chaudes, s’est établi à Cherbourg depuis
plus longtemps qu'on le croyait.
Les rapports de Surru et de Davipsox décrivent Ja ma-
nière dont les Porphyra sont cultivés au Japon * ; depuis,
des auteurs, qui se sont inpirés de ces rapports, s ’extasient
sur l'ingéniosilé déployée par les Japonais en cette cir-
constance. [Il n’y a cependant là rien d'extraordinaire; on
a pensé en Europe, voici longtemps, à cultiver des Algues
quand le besoin s’en faisait sentir et nul doute que si iles
Porphyra étaient aussi estimés chez nous qu au Japon,
nous fayoriserions pareillement leur développement,
Ni les Fucus ni les Porphyra, par exemple, ne poussent
dans une anse sableuse ou vaseuse, car ils n'y trouvent
pas de point d'appui, mais qu’une pierre s y trouve éga-
rée, des Algues s’y implanteront sûrement, à la condition
1Ils ne l'ont pas fait connaitre, ils en ont seulement répandu la
connaissance ; ainsi, un travail de KzeLcmax sur les Porphyra japo=
nais, paru à Stockholm en 189%, donne les mêmes dessins que le
rapport de Suirn, mais le Mémoire de KsEzLmax, écrit en suédois,
n’est consulté que par les spécialistes,
JSAGES DIVERS ET CULTURE DES ALGUES MARINES 303.
à fa une Rate tellement facile que de hrs où les
Arcachonnais estimeraient plus avantageux de cultiver ces
Igues que les Huitres, ils jetteraient des tuiles ou des
erres sur le sable, - planteraient des pieux ou œultipli-
ient les pignots, mais la question ne s’est pas posée.
_ Elle s'est posée au contraire, voici près de deux siècles,
ur le rivage britannique, à l’époque où la soude de varech
: isait la these des îles Orcades et des îles Hébrides.
J'ai déjà rapporté plus haut, d'après Grevirie, que « la
aleur des domaines s on sur une côte bien pourvue
0 ‘Algues augmenta tellement que là où les Algues ne crois-
saient pas Ent, on tenta, et avec succès, de les
ultiver en couvrant le sable des baïes avec de grandes
pierres qui fournirent une récolle de Fucus trois ans plus
ard, la mer y ayant apporté les germes nécessaires ».
Jonxsroxs et Croarr. (loc. eit., t. EV, p. 239) disent aussi
qu’à la fin du xvnr siècle, 1e que le prix du varech mon-
| _ taità à 20 livressterling la tonne, la demandeétait si grande
= que les propriétaires . îles du nord de l’Ecosse, désireux
d'accroître la production, firent des plantations simple-
128 en couvrant les rivages sablonneux avec des pierres
sur r lesquelles les TS se développaient.
M
PET 4
Æ GS Re ac — À propos du Colpomenia sinuosa signalé dans
les huitrières de la rivière de Vannes. Bull. de la Station biologique
d Arcachon. 9° année, 1906, et Sur deux Fucus..., etc. 1bid., 1908.
20.
USAGES DIVERS (8 euro
RE ie
du goémon pour l'engrais des terres. CE rivers
sur le sable des pierres d'un pied carré environ, di
en rangées régulières espacées d’un mètre ; elles se co
bientôt de germinations. Ce sont généralemt
vesiculosus, par fois des À. nodosum ; le Fe ser
1 mètre de longueur. lé récolte se ar en fa
deux ans de croissance, puis l'on retourne les pierre
que des germinations se développent sur ie É
CE est par un procédé semblable Le les Japoi
pierres ou des blocsde Re au niveau et à ir eh pi
convenables. La culture du Porphyra, plante annue d
fournit l’Asakusanort, se fait en plantant dans la vase
ligne serrée, des faisceaux de bambou ou de pre
ou sudaie ; Ja ace se Rip en ee les bee
- nt à
système de la transplantation, récemment essayé : Ë vec.
Pernor et Garix donnent une longue analyse. Les suda ile l
élevée, s’y couvrent de plantules; on les arrache alors
pour les planter en d’autres stations où un afflux d'en
eu
| . Res NET RRr E
‘ L'auteur ne dit pas pour quelle raison les pierres sont retou D
A L4 - = te 7 Fe
après la récolte ; les laisser en place semblerait, a De “k lu
logique, car des germinations s’y trouvent déjà. ta 3, Pa RATS
l’année suivante. Ce Se de culture est “fort ancien. Le
établis dans les stations où la densité de l’eau de mer est.
succès, fournit de meilleurs résultats; OxamurA en aex-
posé le détail dans un Mémoire publié en 1905, dont "
‘pa
$
… vaucs muse € CULTURE DES ALGUES MARINES 99)
cs tunes d Les de oi couverts par : mer
servent à celte culture. D'après les analyses citées au
chapitre précédent, le Porphyra ainsi cultivé est plus
2 riche en matières azotées que celui des rochers.
be système de la culture des Algues marines pourrait être
; aussi appliqué aux espèces qui vivent plus profondément
_ queles Fucus et les Porphyra, mais les dépenses seraient
_ hors de proporton avec les bénéfices à en retirer. Certains
_se sont demandés pourquoi on ne cultiverait pas les Geli-
_ dium et les Laminaria. 11 faut cependant savoir que les
_ Gelidium de notre pays, assez grands pour mériter d’être
- récoltés, croissent vers le niveau inférieur de la marée ou
2 au- -dessous, sur les rochers exposés au choc des vagues.
A priori, on peut cultiver en mer toutes les Algues ma-
. rines ou du moins favoriser le développement de toutes
E “les espèces qui croissent dans une région. Pour cela, on
Le aurait le choix entre deux moyens. D bien déposer des
blocs de rochers, ou construire des murs, dans les points
__ où la profondeur, l'exposition au choc des vagues, la pu-
_ reté de l'eau, l’amplitude des marées, la rapidité des cou-
_rants.. . ete., sont convenables ; des germes apportés par
la mer ne tarderaient pas à s’y fixer. Ou bien faire l'in-
verse, creuser dans la zone intercotidale des excavations
#4 4 où and séjournerait à mer basse sans trop s’y échauffer.
_ Evidemment cela n’est pas réalisable pour les espèces qui
habitent à à une certaine profondeur ; les dépenses seraient
3 _ énormes pour un bénéfice minime; la digue de Cher-
_ bourg a considérablement augmenté i Le des indi-
ns D. vidus de Laminaires et de Floridées que l’on pouvait ré-
ol TL de RON RS À: EE
ans di æ Ge,
# | TRACE EE ain
LU
M
ed
356 USAGES DIVERS ET CULTURE DES ÂLGUES MARINES
colter dans la région, mais elle n’a pas été construite pour
cela. |
Cependant, des essais pourraient être tentés dans une
autre voie. On sait avec quelle profusion certaines mau-
vaises herbes d'origine américaine, comme l’Azofla filicu-
loides, V'Elodea canadensis, l'Erigeron canadense, pour ne
citer que les plus vulgaires, se sont répandues chez nous,
prenant la place des espèces indigènes. Les cas d’inva-
sion d'Algues,ou même d’acclimatation constatée,sont plus
rares !. On a récemment assisté, sur les côtes de France et
d'Angleterre, à l'invasion fortuite d’une Algue brune, le.
Colpomenia sinuosa,. connue jusqu’alors seulement dans
des régions plus chaudes, et rien ne laissait prévoir qu'elle
résisterait aussi facilement aux hivers des côtes de la
Manche. Il est néanmoins préférable, pour des essais
d’acclimatation, de s'adresser à des espèces qui croiïssent
dans des conditions comparables à celles qui leur seront
offertes ; ceci demande une étude préalable. Avec les ac-
tuels moyens rapides de communication, il ne serait pas
impossible de tenter l'acclimatation de quelques unes des
espèces gélatinisantes orientales qui vivent au niveau. de
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À teen platycarpus ou Fucus spiral 3. Jbidem, 12° année,
De _ Bordeaux, 1909.
_ 9. À propos des Cysloseira de L zyuls el de Guéthary.
Tbidem, 14° année, Bordeaux, 1912.
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2%:
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378 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
140, 159, 176, 182,
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Atsiar. .
Azolla HU.
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Bangia fusco-purpurea .
Barilla ou Barille .
Baudrier. 070$
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Bladder kelp . . .
Bonnemaisonia aspara-
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Caliche .
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Campylæphora. . . .
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Carragaheen . . 2/2,
Carragahen, (Carrageen,
Carragheen, Carraigen.
Cascara . :
Caulacanthus tnt
Ceinture de Neptune.
Cendre de mer.
Ceramium . EU e
—— rubrum, 265,
267.
Cetraria islandica . 252,
Chai-tai .
Char process
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289
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Charrée blanche .
Chêne de mer . Su
Chin-chou . . . 239,
Chondrus crispus, 17, 39,
224, 295, 298800
253, 256, 267, 268,
286, 293, 297, 304,
Chondrus polymorphus .
Chorda Filum, ‘7 218,
DÈE eV
Chordaria . , . 207,
Chou aux Loutres.
Chou de Loutre de mer.
Chylocladia clavellosa,
— kaliformis
Cladophora .
Codium. "0e
Cœnoglée
Colle de Chine.
— du Japon.
— de poisson
Colpomenia sinuosa, 352,
Coral beaches -.”, : 70
Corallina officinalis
—" TSpUENs
Coralline blanehe .
— de Corse,
— rouge
Coral sand .
Costaria. 3
— Far.
Crannogh
Craquet . PP
Crin végétal. . 31, 79,
Crithmum maritimum
Cymathaere. ;
Cymodocea æquorea .
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
NE = | Pages Es
»e0 nodosa : .. … 17 | Elachisiea fucicola. . …
nium purpuras- | Elodea canadensis. . .
0 TA LS d Rarachné 0
_. . . 297 | Endocladia complanata .
Mn re LME MERE TR
SFR RO | Pate He véritienlas
7) as | Enfefomorpha, : ,
de 1 70niu 0 br _— compressa 70.
‘ru de 1772, 54, 60 — intestinalis, .
ne 9 janvier 1852, 62 | Erigeron canadense . .,
du 4 juillet 1853. 62 | Erythrotrichia cerami-
du 8 février 1808. 65 FT RO ee M ee)
du 31 mars 1873... : 65 | Eucheuma denticulatum,
0 ts _66 ANNE CRE
! le de RE En — isiformé, 230,
sh detre UE 99 EE spinosum,
— californicum. 107 | 236) 297r
ee lo Mb, .
=Ÿ _ plagiogramma. 303 Fillafora. Trek re e Sue
Prin, | HUE diode. LE 4e
| mois Jo For. soude. : 20
nea MR" one Pobane oi Cr
sk ou à Disk ‘12400, 287 LT TERRES a ERA ERER 22e
u Nr | 291. Fucoïdine . . . 214,
varech . . 30 | Fucosane. . 211, 216,
Have 270) 286, 289 | Fucose, 197, 208, 211,
ntia filiformis, PA, on | ueus pire m6
r\ Îlea antarctica, 119, 11/ nn DS: er
: _utilis, iL 270, 280 — antarclicus,. : .
à 207 — asparagoides , ,
Bicycls 3 a 197 — ceranoides. , .
à Re A 1 TE PLAN) AE NA
|siliculosus, — clavellosus . ., .
‘ MON a — |}! cOrReRS ss AS
1 | RSA 05 — crispus, 17, 224,
Nigata . . . 192 | ‘38h, 2e
mes, 107, -.102 — dichotomus, 41,
Men. 95 — digitalus. , . ,
| 380
| |
Fil
e—
——
——
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Fucus filam.. 7%
français. .
furcatus, 107, 140,
Helminthochorton,
225, 226, 227,
344
japonais.
kaliformis .
lichenoides .
lutarius.
mamillosus .
nodosus ,
Ovinus 5
platycarpus, 41,
La 14; 00847:
70, 72» 74, 82,
platycarpus var.
228,
spiralis. 43,
saccharinus 17,
serralus, 12, 17,
26, 46, 49, 57,
67,:72 748 E
118, 128, 136,
174, 182, 219,
217, 218, 296,
311, 321,922 à
AE RER eee
spiralis .
stenobolus
stenophyllus.
tenaz.
vesiculosus, 12, 17,
26, 46, 49, 70,
rh TRE TO
1306, 140, 159,
17h, 179, 102,
186, 213, 215,
Pages
337
237
217, 283, 311,
340, 34r.
Funori: ,4:, 9e:
Furcellaria fastigiata,265,
267 + “eh
Galactane . :. . 209,
Gelée de Chine . . .
— de mousse de Corse
Gelidium, 226, 227, 228,
283, 344.
— Amansii, 247,
248
— cartilagineum,
2h81:
— corneum, 2332,
233, 244,
2NSESEN
— corneum, Var.
sesquipedale.
—— crinale:.1 510
— crinale var.
polycladum.
=— elegans .
— japonicum,
— pacificum,248,
— polycladum ?
241 .
— sesquipedale .
— subcostatum,
248: : 084
— tripinnatumb .
Gélose 281,
— de Martineau. .
Giant kelp.
Gigartina Es 0
—. acicularis 257,
— Helminthochor-
HONTE
“LT Pages
‘4 Gin Puillose. DER
A 0 2191, 2544 . 290
Le re D. tr A0
D Prndula: 2 208
il ne spinosa .. .. . 204
_ Glæocapsa magma . . 342
d: 2 EE MP RO
coliformis, 242, 245
intricata, . . 242
tenax, 224,
DUR ATEN EE LC
Glu marine. . . + * 242
Romane. ©, +. . . . 299
oémon à bestiaux . , 912
D + vaches. . . 912
blanc. - 79, 391
del. -:0. 119
de coupe. . . 38
de dérive ou
d'échouage . 39
de fond . . . 38
derive . 33, 38
épave. . . : 33
Ps .. 951
Pair. 40, 73
poussanten mer 34
rouge . 119, 191
| Mn. 110
ioendargrôs . . -+ + 299
jouesmon, Gouémon,
_ Gonesmont, (Goëmon
Gna 4 Des ao US
ne nn 27.028!
ta dE. _ confervoides, |
D 21,228. . 297
—. ‘coronopifolia,
303, 305. . 306
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Gracilaria Helminthochor-
ORDRE
== lichenoides,
228,220,233,
MA. ee
Grains de fucosane , .
Grateloupia. . . . .
Green laver. . . 274,
Grau, 4.
Gymnogongrus. . . .
— patens .
Haï-Hoüan, . . . .
PP ou De
Haï-thao. . . . 234,
Halidrys siliquosa, 57, 87,
ER rer
Halogeton sativus. . .
Halopithys pinastroides’,
EE SEUL 8 PER
Hedophyllum . ,. . .
Helminthochorton . . .
Helminthora divaricata .
Himanthalia Lorea, 38,
57, 79; 119, 120, 121,
PAT Te Te
Hippoglossus vulgaris .
Hosminors "4. .
Hypnea armata. . . .
— musciformis . .
— nidifica, ,. 303,
EdOtEgR Es RUE
Iridæa edulis . . 291,
— laminarioides. ,
Irish moss 0 5 AU
Isinglass. . . . 232,
Jania rubens . . ,. .
Japanese isinglass. . .
Fuboli fus OEM
981
Pages
ET
Le où et à nn
382 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Pages
ET PME ARR RO LE EL à 217, 218,270,
Kanten, 228, 232, 244, 245 275, 313 à
Kelp américain, 94 Laminaria fragilis .
— anglais. 94 — Gunneri ù
— à vessie 96 > gyrata . 299,
— process RS 192 Er hieroglyphica .
Kombu . 206, 207; 1200 rEe hyperborea .
Kouanpou . ADR PRES de
Kutara . 317 Tex Lejolisii, 84,
Lacet. à 57 NA leplopoda Fe.
Laitue de mer . EU ni longicruris.
Laminaria “5 4600," 285 Bi longissima .
— Andersonii. 152 x ne
— Phyllitis.
— angustata,299, 300 nr
— religiosa ,
— bullata 4 + — saccharina, 17,
ÉE T4 Cloustonii, 21, 29, 26, 39,
PQ RE 57, 79, 81,
7, 81 à 88, 87, 92, 115,
92,119, 119, 132,154, 174,
132,196, 198, 176, 203,213,
144, 147,197, 219,217, 210,
194,172,170, 239,288, 295,
182,213,217, 300,311,312,
270,279,919, 315,316.322,
319,996 . 337 — stenophylla, 82,
— diabolica 299 176 .
_ digilala,21,8t, — yezoensis .
82,174,17, Laminarine. 215, 216,
186,219,279, 217 LS
315. 341 | Laminariose. . . .
“au flexicaulis, 26, _ | Laurencia pinnatifida
39, 97; 80, 283, 284.
82) C0 07, Laver.
115,132, 136, Lessonia. Mr
138,147,191, — flavicans, 119,
154,176, 185, Lessoniopsis.
203,213,219,
Lachen 77
329
319
299
218
217
338
282
99
11/4
99
251
hen carragaheen,
TRE
RS 242, 243, 34x,
‘Islande. à
11/4,
à a 4
sy Pine 2
de! Corse. .
— d Irlande. .
“ d'Islande .
du et =
98, 103,
| 146,
158 .
coralloides .
_ fasciculatum À
É 252,
L2 ?:-0.
| 228,
SO:
225,
291,
de Jafnapatan. .
109,
147,
555,
Pages |
342.
__ 289
302
309
159
158
159
271
158
198
267
119
278
I19
297
123
3/2
229
234
343
258
252
230
243
340
340
278
192
‘334
297
338
| TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Nitophyllum. . .
Nomanez Le
23;
198,
LICE 2 Ra Eee EEE R
OEdogonium . . . .
Ordonnance de 1681. .
DCR LUI.
Der precni "00 2
Padina Pavonia. . . .
Padleule Te "05
Parisete. rio
Pelagophycus Porra, 25,
05, 99, 100, 102, 109,
109, 110, 113, 146,
190, 2932 1D0N re
?
_Pelotes de mer. . . .
Pelvetia canaliculata . .
Perce-plerre!, 1. 04.1
Phacocole mairie
Phycophéine . . . .
D'RATIAR ir a er ne
Phyinsis Qn ce
Phylloderma sacrum . .
Philophora, 2 7x
MASON alle ee
PatiaVer AE A
Pleurophycus . . . .
Plocaria Helminthochorton.
lichenoides. . .
Polysiphonia elongata. .
fastigiata,
us 40
violacea. .
Porphyrg 2e,
laciniata, 140,
265,267, 271x,
274,280, 281,
282,289, 204,
296 UE
—_——
=—
——
1309
384 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Pages R Pages
Porphyra laciniata f. linea- San SAR JU Ta
ris. . 281, 282 | Salpètre du Chili . 4: RS7
— Jaciniata f, um- Salsola- 2" TR Ni GR
bilicalis, 281, 282 — sabiva 165
— Jaciniata f. vul- Sar où Sarti OR 29 1
. | À
garis . 281, 282 | Sarcodia, . . PU 209 a
— leucosticta . . 303 | Sarcophyllis edulis. 297 à
—— (tenera . . . 298 | Sargassum . . .) 297, 303
——. vulgaris «+ . . 280 — enerve. , . 27
Porra. . . 99 — Horneri 1100 27
Posidonia cubes 19, 38, Sargus . . SNS
145,219. . 221 | Schizymenia edulis,. ,. . 291.
RE TN UD 17 | Scinaia furcellata . . . 224
Postelsia. . . . .-. 95 | Sea-otter’s cabbage . . 96
— palmæformis. . 107 | Seaweed glue . . .
Pourpre d’Amorgos . . 34o | Shell dillisk. . . . 287
— deTyr . . . 340 | Sloke, Slouk, Stoukaë Fra
Pteris aquilina. . . ,. 168 Sloukaum. + + 282, 287 .
Hi Pterocladia capillacea, Société d'agriculture de
[ht 7. M NNERRS AN ÉPURENRSPETE EE Cherbourg ,:,. . . 64
Il Pterygophora . , . . 95 | Sôl . à NON
w
=
cad
IL Quercus marilima . . 57 | Soude
|| Rated Ralr "4 0 OUTTrS — artificielle . . . 174
| Régulin...*. «+ . 7: 908 — de Bourde . . , 167
| Rhamnus frangula. . ,. 308 — de Varech . 163, 170
Rhodymenia palmata, — naturelle, . . . 174
258, 267, 268, 271, Spermatochnus paradoxus,
272, 285 à 294, 304 à 316 214. + UNE
Rissoa . . . . . . 287 | Spermothamnion roseo- de
Robes 2740 57 lum. 7 NOUS 26
Roccella tinctoria . . . 34o | Sphacelaria cirrosa . . 214
Rockweed . . + 107 | Sphærococcus compressus . 229
Rytiphlæa here c' TOE a crispus x 17
Va tinctoria, 339, 340 — Helmintho-
Saccorhiza bulbosa, 39, chorton. .
57, 79, 86, 87, 92, — lichenoides .
119, 149.0, NU Spirorbis. . 260, 329,
Salicornia . + +. 102, FE | Suæda, : 40 0 162,
x aid ;
TABLE ALPH
269, 275,
ne "D. ; e e »247;
Thalassiophyllum . . .
- français . . 236,
aolaxine . . + . .
À (02408,
alose . . . 209,
inaria fusiformis. ,
Îva fasciata . . . ,
— fiiformis,. , . .
_ furcellata. AM CP
- Lactuca, 271, 272,
_ 279 296, 299.
ABÉTIQUE DES MATIÈRES
_ 954
Pages
82
85
214
Ulva Lactuca var. latis-
sima(U.latissima),
149,124, 129.
ÉRBERESE RS he 0
Éindania 07
Nan nn in
Varech. Vraic ou Vraicq,
TS à RAM SES
Varech à feuille de Chène.
— à main, ,. . .
à silique . . .
=
— à vésicules. . .
2%, à vessies ! 5 LS
— des chevaux . .
Nraigin "ir Lie
Mrarplat ect ne
Wet process . ,. . .
Wrack ou Wreck. . .
Masai min
Yego-nori . .
Zostera marina,
17; 31,
37; 79. 123, 144, 318,
MAL A0 Ne a Ve
Zostera nana . . 17,
20
| INTRODUCTION
Pages-
et causes | ones des erreurs. — L'iode et le brome
s plantes marines. — (Goémon et Varech. PO Z
CHAPITRE PREMIER
Le goémon et la récolte du goémon.
mon de rive; les Ordonnances, TEubr dous
êtés et Décrets qui en règlent l’exploitation ; la
goémon en divers points de nos côtes. — Le
marina. — Le goémon de fond.
on gée éant d'Amérique ; : Nereocystis, Pelagophycus,
388 TABLE SYSTÉMATIQUE DES MATIÈRES
CHAPITRE IL. PER EUR
Utilisation agricole du goémon.
T. Diverses sortes de goémon épave ; le goémon de Belfast, —
Avantages de l'emploi agricole du goémon; culture des
pommes de terre. — Son emploi en diverses régions (Ros-
coff, Ré, Noirmoutiers, Irlande, Canada, etc.). — Expé-
riences de Henpricx en Écosse. — La culture de l’orge à .
l’île de Ré. — Le goût de terroir des vins, — Emploi du
goémon vert, du goémon sec et à l’état de cendres.
TI. La valeur he des Laminaires géantes moissonnées
dans le Pacifique. — Leur séchage et les efflorescences, — me
Les Américains emploient directement le goémon géant 1154
comme engrais. — Rapidité de la nitrification dans le sol. | |
AE Maërl et Tangue. 1... 4 ON
CHAPITRE III
Utilisation industrielle des Alques brunes
T. Alcali végétal et alcali marin ; soude d’Alicante ou barille ; ;
soude de varech, emploi de celle-ci dans les verreries. —
Incinération du goémon. — Composition de la soude de
varech. — Extraction de la potasse et de l’iode. — Procédé
par calcination en vase clos. — Procédé par lixiviation ; TES
Algine et ses propriétés; Algulose et papier d’Algues. — Cr
Nombreux brevets concernant le traitement des Algues. — |
La Norgine. — Procédé par fermentation en Amérique et
ns
| en France.
ik IT. Les sucres et les Algues marines. — Les composés pecti-
# . e e 7° ,
ques de la membrane, algine, fucine, fucoïdine. — Les VASE
substances intracellulaires, mannite, fucosane, laminarine.
IF, Les Zostera et Posidonia et la fabrication du papier . . 162
mr 7
Se —"
TRE SEA NEO RTE 79 Mmnen ere
À
TABLE SYSTÉMATIQUE DES MATIÈRES 380 7 0
CHAPITRE IV | À
Utilisation industrielle de Algues rouges.
“AE Rien” — 1 dos: 4 Fi ren Haï-thao, Thao 4
français, Alguensine et les Expériences de la Société te Ml:
_trielle de Rouen. — Méxier et la gelée de groseille artifi-
_cielle. Analyse microscopique de l'Agar par ! diurne
III. Fabrication du Funori et du Kanten au Japon. Algues
4 employées : à cet effet. Usages de l'Agar. ds REA
| losa) sa récolte, ses pos ses usages. Autres Aires
# » Sainientes.
“mannite PTE) CÉSAR AR RES EE EEE “ 292
CHAPITRE V
Utilisation des Alques marines pour l'alimentation
de l’homme et des animaux.
Al mentation des dou
2 T
390 TABLE SYSTÉMATIQUE DES MATIÈRES
CHAPITRE VI
Usages divers et culture des Algues marines.
Ï. Utilisation des stipes desséchés de Laminaires. — UÜtilisa-
tion des Algues comme fil et comme amorce pour la pêche
à la ligne. — Les Algues rouges et la pourpre de Tyr., —
Emploi médical du Fucus vesiculosus, du Lichen carra-
gaheen, du Corallina officinalis, de la Mousse de Corse.
11, Préparation des Algues pour les collections scientifiques
ou pour obtenir un effet artistique.
III. Culture des Algues marines en Grande-Bretagne et au
Japon nt ts tes PEN OS SNS
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1." Là 4 SORTE
TABLE DES NOMS D'AUTEURS - ... 4.02 0,0 OU NON
TABLE ‘ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ,. . : CU OO
TABLE SYSTÉMATIQUE DES MATIÈRES . ." . "0 00
Pages-
336-
307
971
977
387
_ TABLE DES BIBLIOTHÈQUES
jr : D' TOULOUSE, Directeur de Laboratoire à l'École.
| des Hautes- Études.
PAL GÉNÉRAL : H, PIÉRON,
]
Sr
Darecreurs Des BIBLIOTHÈQUES :
phie dans ses rapports avoc la Science à la
Sorbonne.
I. Sciences PURES
ea, Sciences mathématiques
Mathématiques . + + J. Dracu, chargé de cours à la Faculté des
VAR Sciences de l’Université de Paris.
ue . . . . J, Dracu, chargé de cours à la Faculté des
+
D: Sciences de l'Université de Paris.
Ro te M Leouc, professeur adjoint de physique : à la
D once
5, Chimie physique . . J. Pennix, professeur de chimie-physique à la
Sorbonne.
+ + + e À. Prcrer, professeur à la Faculté des Seiances
de l’Université de Genève.
lesle … . . . . de l'Observatoire de Lyon.
étéorologie,. . + « J. Mascanr, professeur à l'Université, directeur
5 de l’Observatoire de Lyon.
gie el Pélro- À. Lacroix, secrétaire perpétuel de l’Académie
es toire naturelle.
. Philosophie des Sciences. A. Rex, professeur d'Histoire de la Philoso-
nom Ée el Physique J, Mascarr, professeur à l’Université, directeur
: + + + des Sc'ences, professeur au Muséum d’His-
20. Patho- /
39 2 TABLE DES BIBLIOTHÈQUES
10. Géologie. , . . . M, Boure, professeur au Muséum d'Histoire
naturelle, directeur de l’Institut de Paléon
tologie humaine.
11. Océanographie physi- J. Ricmanv, directeur du Musée Océanogra-
que. A MN phique de Monaco.
C. Sciences biologiques normatives :
12. Biologie générale . . M. Cauixerv, professeur de zoologie à la Sor-
bonne,
13. Physique biologique . A. Iumenr, professeur à la Faculté de Méde-
cine de l’Université de Montpellier.
14. Chimie biologique . . G. Berrrann, professeur de chimie biologique à la
Sorbonne, professeur à l’Institut Pasteur.
15, Physiologie et Patholo- L. Maxex, de l’Institut, directeur du Muséum
gie végélales . . , d'Histoire naturelle.
16. Physiologie . . . . J.-P. Laxcrors, professeur agrégé à la Faculté
de Médecine de Paris, directeur äe la Revue
générale des Sciences. |
17. Psychologie . . . . LE. Tourouse, directeur de Laboratoire à l'École
des Hautes-Études, médecin en chef de
l'asile de Villejuif,
18. Sociologie . . . . G. Ricaanv, professeur à la Faculté des Lettres
de l’Université de Bordeaux.
19. Microbiologie et Para- A, Carmerre, professeur à la Faculté de Méde-
solome tie cine de l’Université, directeur de l'Institut
Pasteur de Lille, et F, Brezançon, professeur
à la Faculté de Médecine de l'Université de
Paris, médecin des Hôpitaux.
! A, Paiholog. M, Kiiprez, médecin des Hôpitaux de Paris.
| médicale .
B, MNeurolo- E. Tourouse, directeur de Laboratoire à l’École
AUS RO PAT MAS des Hautes-Études, médecin en chef de
logie.. | l'asile de Villejuif.
C. Path. chi- L. Picqué, chirurgien des Hôpitaux de Paris.,
rurgieale .
D. Sciences biologiques descriptives :
a1. Paléontologie . . . M. Bouc, professeur au Muséum d'Histoire
naturelle, directeur de l’Institut de Paléon-
tologie humaine.
\
«
TABLE DES BIBLIOTHÈQUES 393
| [A. Généralités H. Lrcoure, de l’Institut, professeur au Muséum
Fo À stphanéro- ‘d'Histoire naturelle.
22. Boia- games . . |
= Cryptoga- L. Maxeix, de l'Institut, ae du Muséum
10 le mes. . . d'Histoire naturelle.
.… 23. Zoologie. . . . . G. Loiser, directeur de Laboratoire à l'Ecole
“UP des Hautes-Études.
24. Anatomie et Embryolo- G. Loiser, directeur de Laboratoire à l'École
D 'Uige.. . : . ... "des Hautes-Études.
25. Anthropologie et Ethno- G. Pariirauzr, directeur-adjoint du Laboratoire
graphie tie dt De d’Anthropologie à l’Ecole des Hautes-Etudes,
ATEN | professeur à l’École d’Anthropologie,
26. Economie politique. . G. Renarr, professeur d'Histoire du Travail
Pa te ‘ au Collège de France.
IT. Sciences APPLIQUÉES
A. Sciences mathématiques : :
29. Mathématiques appli- " D Poire professeur à l’École Polytechnique
TGS PES SPIPRERESS à l'École des Ponts et Chaussées.
28. Mécanique appliquée et »'Ocuexe, professeur à l’École Polytechnique
génie . . . . . et à l’École des Ponts et Chaussées.
B. Sciences inorganiques :
29- iris physiques . H. Cnauwar, professeur au Conservatoire des
Arts et Métiers, sous-directeur de l'École
supérieure d'Électricité de Paris.
30. Photographie . . = À. Sexewerz, sous-directeur de l’École de Chi-
1e RS mie industrielle de Lyon.
4 31. nes chimiques . J. Derôue, isnpecteur général de l’Instruction
È | publique, inspecteur des Établissements classés.
32. Géologie et minéralogie L. Cayeux, professeur au Collège de France
appliquées. . .-. et à l'Institut national agronomique.
A #3. Construction . Li A
_C. Sciences biologiques :
dures biologiques , G. Berrrann, professeur de chimie biologique à
pe la Sorbonne, professeur à l’Institut Pasteur.
394 TABLE DES BIBLIOTHÈQUES
35. Botani- / A. Phanéro- H, Lecoure, de l'Institut, professeur au
q Ne games . Muséum d'Histoire naturelle.
e
TE / B. Crypto- L. Mancnn, de l’Institut, directeur du Mu-
f. 175 DRE EUR: games . séum d'Histoire naturelle.
36. Zoologie appliquée, + J. Priecrw, assistant au Muséum d'Histoire
naturelle.
35. Thérapeutique générale G. Poucaer, membre de l’Académie de méde-
et pharmacologie, . cine, professeur à la Faculté de Médecine de
| | l'Université de Paris.
4e 38. Hygiène et médecine A, Caruerre, professeur à la Faculté de Méde-
pe publiques . . . . cine de l’Université, directeur, de l'Institut
Pasteur de Lalle.
39. Psychologie appliquée. ÆE. Tourouse, directeur de Laboratoire à l’École
des Hautes-Études, médecin en chef de l’asile
de Villejuif.
40. Sociologie appliquée . Tu. Ruvyssen, professeur à la Faculté des Lettres
de l’Université de Bordeaux.
M. Azsear Maire, bibliothécaire à la Sorbonne, est chargé de l’{ndex
de l'Encyclopédie scientifique.
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SAINT-AMAND (CHER). — IMPRIMERIE BUSSIÈRE.
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